Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le rôle des centres Défense 2ème Chance dans l'insertion sociale des jeunes en difficulté, à Strasbourg le 22 mars 2007.

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Circonstance : Inauguration du centre Défense 2ème Chance de Strasbourg, le 22 mars 2007

Texte intégral

Madame le Maire
Messieurs les députés, Messieurs les sénateurs,
Monsieur le Préfet
Mesdames et Messieurs
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour inaugurer ce centre Défense 2ème Chance à Strasbourg.
Lancée à l'été 2005, l'idée d'un dispositif Défense 2ème chance pour les jeunes en difficultés a fait son chemin dans les esprits.
L'échec scolaire que connaissent de très nombreux jeunes est toujours vécu douloureusement.
Il ne doit pas être une fatalité.
Aujourd'hui, au prix d'un effort de tous les instants, le dispositif Défense 2ème Chance oeuvre sur le territoire à l'intégration de la jeunesse.
Le dispositif Défense 2ème Chance démontre sa pertinence
Plus de 20 centres sont ouverts sur l'ensemble du territoire. Je compte en voir encore 5 ouvrir leurs portes avant mon départ du ministère. Leur nombre doit atteindre 45 à la fin de l'année.
Défense 2e Chance a démontré l'efficacité de sa démarche éducative. Les résultats sont en effet au rendez-vous.
95% des jeunes obtiennent leur certificat de formation générale alors que 30% d'entre eux étaient illettrés lors de leur recrutement.
90% des jeunes qui vont au terme du cursus trouvent un débouché :
70% obtiennent ainsi un emploi en CDD ou CDI et 20% choisissent de poursuivre un cursus classique de formation professionnelle (CAP, BEP ...).
Au-delà de ces résultats prometteurs, c'est la pertinence même du dispositif Défense 2ème Chance qui est largement reconnue.
Cette reconnaissance est effective dans le milieu de l'entreprise.
La convention que j'ai signée avec le groupe Vinci en est un témoignage concret.
Je remercie M. Pierre Coppey, directeur général adjoint du groupe Vinci - et toute son équipe présente aujourd'hui - pour son engagement à nos côtés.
Je n'oublie naturellement pas toutes les autres conventions déjà signées ou en cours avec les fédérations du Bâtiment, des Travaux Publics ou du Transport ou avec des entreprises comme Flunch, Eurodisney ou Veolia.
Les collectivités locales nous apportent également un précieux soutien.
J'ai souvent été témoin de l'inquiétude d'élus, réticents à accueillir des jeunes en difficultés dans leur ville.
Quelques mois plus tard, j'ai recroisé les mêmes qui avaient accueilli un centre sur leur territoire : eux aussi étaient devenus des ardents défenseurs du projet !
J'en ai recroisé d'autres qui, ayant visité un centre Défense 2ème Chance entre temps, me pressaient d'en ouvrir dans leur ville.
Mme Keller, vous avez, quant à vous, dès le premier jour, apporté votre soutien actif à ce projet. Je m'en réjouis.
Votre lien avec la Défense, vous êtes officier de Marine de Réserve, y est pour quelque chose. Mais c'est avant tout cette volonté partagée de donner aux jeunes la possibilité de s'épanouir dans une formation, en croyant à leur avenir.
J'ai souhaité que le Conseil Economique et Social porte un avis sur le dispositif Défense 2ème Chance.
Et c'est une Strasbourgeoise - Mme Geng, ici présente - qui assumé la tâche de rapporteur.
J'ai également souhaité qu'un rapport d'information parlementaire soit effectué pour évaluer le dispositif.
Ce sont Madame Françoise Branget, député du Doubs, et M. Gilbert Meyer, député du Haut-Rhin, qui s'en sont chargés.
Tous s'accordent sur le succès de ce dispositif et sur la nécessité de le voir perdurer et s'étendre.
Défense 2ème Chance ouvre la voie vers une réflexion plus large sur le système éducatif.
La réussite de Défense 2ème Chance repose sur la volonté de comprendre la jeunesse de notre pays.
Tous les jeunes n'ont pas la chance d'avoir une famille, d'y recevoir une éducation et d'y apprendre des règles de vie.
Pour beaucoup d'entre eux, la famille c'est « la bande » et ses règles propres souvent fondées sur la violence physique ou verbale.
Pour beaucoup d'entre eux, le temps c'est l'ennui, l'inactivité, le sentiment angoissant d'une vie où l'avenir semble hypothéqué.
Pour tous, l'échec est une souffrance profonde, un rejet de soi et des autres.
Face à ces problèmes, je me suis attachée à apporter une réponse spécifique au travers d'un cursus éducatif global, orienté vers l'emploi durable.
Le volontariat permet à chacun d'assumer, en toute connaissance de cause, son engagement personnel et de donner toujours le meilleur de lui-même pour progresser.
Une pratique sportive régulière et soutenue est nécessaire pour reprendre confiance en soi, s'épanouir. Nous en faisons ici une priorité.
Le choix d'un enseignement personnalisé, en petites classes, permet d'adapter la formation à chacun, pour noter les efforts consentis et les progrès effectués plutôt que le niveau général atteint.
L'autorité ne repose ni sur un rapport hiérarchique ou de force mais sur l'écoute, le dialogue, l'encouragement et la reconnaissance des mérites. Elle est ainsi mieux reconnue et respectée.
Des horaires stricts et un emploi du temps planifié sécurisent les jeunes en leur donnant des repères stables.
Enfin nous proposons ici une orientation professionnelle choisie et assumée, en relation étroite avec les entreprises et les perspectives d'emploi à moyen terme, pour l'intégration réelle de nos jeunes.
Ce qui fait la force du dispositif Défense 2ème Chance, c'est cette intégration des dimensions scolaires, comportementales et pré-professionnelles dans un même cursus global.
Je tiens à remercier les cadres et enseignants qui ont choisi de s'engager à nos côtés pour offrir à ces jeunes une nouvelle voie vers la réussite.
Vous, les anciens militaires, vous avez déjà beaucoup donné au pays qui vous en est reconnaissant.
Vous avez choisi de poursuivre cet engagement au service des jeunes en difficulté. La France en est fière.
Vous, les enseignants, vous avez choisi de nous rejoindre et de vous impliquer dans ce projet éducatif novateur.
Je tenais à vous en remercier collectivement.
Enfin, vous, jeunes volontaires, vous avez rejoint ce nouveau centre D2C pour changer, pour effacer vos échecs passés et vous donner les moyens d'une ambition professionnelle nouvelle.
Je vous en félicite et vous encourage à aller jusqu'au bout.
Vous devrez vous accrocher, faire des efforts, persévérer.
Ce ne sera pas toujours facile mais la réussite vous attend : ne la laissez pas passer !
Je vous remercie.

Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 avril 2007