Texte intégral
Je veux donc évoquer plusieurs sujets :
- Les suites de l'intervention de Jacques Chirac
- La campagne, son déroulement et notre volonté d'en faire une campagne de projet et de confrontation sur les propositions des uns et des autres
- Le procès d'un médecin et d'une infirmière en Dordogne
L'intervention de Jacques Chirac
À l'évidence, elle n'a surpris personne. Chacun savait que Jacques Chirac ne pouvait être candidat à un troisième mandat. La durée même de l'exercice qui fut le sien au pouvoir, les conditions de son élection et surtout de sa réélection faisaient qu'il y avait pour lui une quasi-impossibilité d'être de nouveau candidat.
On peut avoir du respect pour la fonction, on peut saluer deux décisions qu'il a prises au nom de la France et qui ont été des décisions de rassemblement des Français : le refus de la guerre en Irak, la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français par rapport aux déportations de juifs pendant la seconde guerre mondiale.
On peut aussi y ajouter la loi sur les signes religieux à l'école que le Parlement a fait voter suite à sa proposition.
Mais, pour le reste, c'est-à-dire tout le reste, Jacques Chirac termine son deuxième mandat sur un constat d'échec. Il est grave. La fracture sociale qu'il avait dénoncée en 1995 s'est élargie. La dette publique de la France atteint un niveau record ; la compétitivité des entreprises est gravement dégradée et la sécurité -sur laquelle il avait pourtant fait campagne en 2002- n'a pas été maîtrisée.
C'est pourquoi, le bilan qu'il laisse à son successeur -quel qu'il sera- est lourd.
Nous pouvons dès lors comprendre pourquoi ceux qui ont participé, de près (pour Nicolas Sarkozy) ou de loin (pour François Bayrou), ne viennent pas en continuateurs, mais s'ingénient à apparaître en rupture ou, au contraire, en différence.
Nous voulons ramener chacun à sa propre responsabilité.
Celle de Jacques Chirac qui ne peut pas faire un discours à la fin de son second mandat pour dire tout ce qu'il aurait fallu faire pendant 12 ans.
Sur les discours, Jacques Chirac dit l'essentiel. Mais, le problème de Jacques Chirac, ce ne sont pas les discours, mais les actes. Le dernier discours aurait du être le premier. Sauf qu'il s'est écoulé douze ans et que les actes n'ont pas suivi. Ni dans le domaine social, ni dans le domaine économique, ni dans le domaine éducatif, ni dans le domaine écologique.
Ce qu'il faut retenir de l'intervention de Jacques Chirac, c'est qu'il aura fait des rappels à l'ordre, des mises en garde à celui qu'il va soutenir dans quelques jours. Finalement, il connaît bien le candidat Sarkozy. Il l'a fait travailler auprès de lui, au sommet de l'Etat comme numéro deux du gouvernement. Il l'a en définitive laissé conquérir le parti, celui qu'il avait lui-même fondé : l'UMP. Tout son entourage proche, ses deux anciens Premiers ministres (JP Raffarin et D. de Villepin), sans oublier celui de 1995/1997, A. Juppé, soutiennent aujourd'hui Nicolas Sarkozy. C'est parce qu'il connaît bien Nicolas Sarkozy que Jacques Chirac sait les risques à faire courir aussi au pays ; d'où les mises en garde. Car à qui d'autre, en définitive, s'adressait le refus des extrémismes, au moment même où Nicolas Sarkozy avait cédé à un mauvais calcul électoral pour aller chercher les formules du Front national, et tenté de replacer l'immigration au coeur de la campagne. À qui d'autre s'adressait-il lorsqu'il évoquait la préservation du modèle social, si ce n'est à celui qui veut en terminer avec le modèle social français.
Voilà la situation cocasse et baroque que nous vivons : un Président de la République sortant qui a échoué, qui donne des conseils sur la politique qu'il faudrait faire alors qu'il a été 12 ans au sommet de l'Etat et qui met en garde le candidat qu'il va soutenir par rapport à ce qu'est le combat de sa vie : la lutte contre l'extrémisme.
Il faut en terminer avec cette longue période Chirac, avec cette contradiction entre les discours et les actes, avec cette confusion, cette indifférenciation entre la gauche et la droite, avec ce clientélisme, avec cet oubli de l'impartialité de l'Etat, avec cette façon de faire de la politique qui consiste simplement à préparer les élections mais pas à diriger le pays avec courage. Il faut donc en terminer. Mais, comme il a des successeurs, il faut aussi tourner la page de Jacques Chirac, mais fermer le livre de la droite au pouvoir.
2/- La campagne
C'est pourquoi nous voulons que cette campagne soit une campagne de clarté.
La campagne présidentielle commence maintenant à se dessiner. Nous savons qui est candidat et qui ne l'est pas. Nous devons maintenant évoquer les propositions des uns et des autres car c'est sur les projets que les Français doivent se prononcer.
Bien sûr, les personnes jouent leur rôle, mais elles portent des démarches, des conceptions et donc des propositions pour le pays.
S. Royal dans cette campagne est la seule candidate du changement. Le seul changement possible, c'est la victoire de Ségolène Royal. Il n'y en a aucun autre. Il y a le non-changement, la continuité en pire, ça c'est Nicolas Sarkozy ; il y a le faux changement, c'est-à-dire une différence de degré et non de nature par rapport à la politique qui s'est faite depuis 2002, ça c'est François Bayrou. Et puis, il y a le seul changement, le vrai changement : le pacte présidentiel présenté par Ségolène Royal.
Nous ferons campagne dans les semaines qui viennent sur les 7 piliers du pacte présidentiel de Ségolène Royal : le travail pour tous, la garantie du pouvoir d'achat, la réussite éducative, l'excellence environnementale, les sécurités, la République nouvelle et la place renforcée de la France en Europe et dans le monde.
Le pays aspire à un grand débat, mais il y a aussi tous les risques : risque de la confusion où les candidats oublieraient jusqu'à leur identité, jusqu'à leur histoire, jusqu'à leur parcours, jusqu'à leurs intentions. Nous devons, de ce point de vue, écarter les risques de la confusion. Il y en a d'autres qui sont ceux de la démagogie où chacun se met contre le système dont il est pourtant le produit. Et, quand on veut diriger le pays, forcément on doit prendre sa part de la responsabilité collective. C'est là que nous verrons aussi la clarté apparaître : qui veut changer les institutions, qui veut les laisser à l'identique. Il ne peut y avoir une politique de changement s'il n'y a pas de politique qui change aussi nos institutions.
Clarté enfin sur les alliances : il est normal qu'il y ait des rassemblements qui s'opèrent. Dès le premier tour, Ségolène Royal a su convaincre les Radicaux de gauche, les amis de Jean-Pierre Chevènement de soutenir sa candidature sur la base du pacte présidentiel. Il en sera de même pour le second tour de l'élection : rassembler autour du pacte présidentiel tous ceux qui veulent gouverner sur cette base.
Il n'y a d'alliance que dans la clarté, il n'y a de rassemblement que sur une politique. Et, c'est sur cette stratégie simple, claire que les candidats doivent se présenter devant les Français.
L'alliance des contraires, c'est le contraire d'une alliance. C'est pourquoi, nous devons favoriser toutes les démarches qui permettent de donner à notre démocratie les bases pour se conforter. Et, dans toute démocratie, il faut qu'il y ait un choix entre deux projets de société, deux politiques ; il faut qu'il y ait aussi une majorité et une opposition, de manière à ce que la contradiction puisse se former et l'alternance se produire.
3/- Procès d'euthanasie
Nous sommes alertés, comme nous l'avions été dans le cadre de ce que l'on a appelé « l'affaire Imbert », par le procès qui se déroule actuellement en Dordogne.
Le Parti socialiste considère qu'il faut, en ce domaine sensible qui touche à l'essentiel (la dignité, la vie, la mort), légiférer avec précaution, avec respect et faire en sorte que ce droit fondamental à vivre et à mourir dans la dignité puisse être préservé et ouvert. Il y aura là des évolutions législatives qui devront être concertées ; bien entendu, les professions de santé, les familles doivent être consultées et nous ferons en sorte qu'il ne puisse plus se reproduire ces procès-là dès lors que des hommes et des femmes n'ont fait que leur devoir.
Source http://www.partisocialiste.org, le 29 mars 2007
- Les suites de l'intervention de Jacques Chirac
- La campagne, son déroulement et notre volonté d'en faire une campagne de projet et de confrontation sur les propositions des uns et des autres
- Le procès d'un médecin et d'une infirmière en Dordogne
L'intervention de Jacques Chirac
À l'évidence, elle n'a surpris personne. Chacun savait que Jacques Chirac ne pouvait être candidat à un troisième mandat. La durée même de l'exercice qui fut le sien au pouvoir, les conditions de son élection et surtout de sa réélection faisaient qu'il y avait pour lui une quasi-impossibilité d'être de nouveau candidat.
On peut avoir du respect pour la fonction, on peut saluer deux décisions qu'il a prises au nom de la France et qui ont été des décisions de rassemblement des Français : le refus de la guerre en Irak, la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français par rapport aux déportations de juifs pendant la seconde guerre mondiale.
On peut aussi y ajouter la loi sur les signes religieux à l'école que le Parlement a fait voter suite à sa proposition.
Mais, pour le reste, c'est-à-dire tout le reste, Jacques Chirac termine son deuxième mandat sur un constat d'échec. Il est grave. La fracture sociale qu'il avait dénoncée en 1995 s'est élargie. La dette publique de la France atteint un niveau record ; la compétitivité des entreprises est gravement dégradée et la sécurité -sur laquelle il avait pourtant fait campagne en 2002- n'a pas été maîtrisée.
C'est pourquoi, le bilan qu'il laisse à son successeur -quel qu'il sera- est lourd.
Nous pouvons dès lors comprendre pourquoi ceux qui ont participé, de près (pour Nicolas Sarkozy) ou de loin (pour François Bayrou), ne viennent pas en continuateurs, mais s'ingénient à apparaître en rupture ou, au contraire, en différence.
Nous voulons ramener chacun à sa propre responsabilité.
Celle de Jacques Chirac qui ne peut pas faire un discours à la fin de son second mandat pour dire tout ce qu'il aurait fallu faire pendant 12 ans.
Sur les discours, Jacques Chirac dit l'essentiel. Mais, le problème de Jacques Chirac, ce ne sont pas les discours, mais les actes. Le dernier discours aurait du être le premier. Sauf qu'il s'est écoulé douze ans et que les actes n'ont pas suivi. Ni dans le domaine social, ni dans le domaine économique, ni dans le domaine éducatif, ni dans le domaine écologique.
Ce qu'il faut retenir de l'intervention de Jacques Chirac, c'est qu'il aura fait des rappels à l'ordre, des mises en garde à celui qu'il va soutenir dans quelques jours. Finalement, il connaît bien le candidat Sarkozy. Il l'a fait travailler auprès de lui, au sommet de l'Etat comme numéro deux du gouvernement. Il l'a en définitive laissé conquérir le parti, celui qu'il avait lui-même fondé : l'UMP. Tout son entourage proche, ses deux anciens Premiers ministres (JP Raffarin et D. de Villepin), sans oublier celui de 1995/1997, A. Juppé, soutiennent aujourd'hui Nicolas Sarkozy. C'est parce qu'il connaît bien Nicolas Sarkozy que Jacques Chirac sait les risques à faire courir aussi au pays ; d'où les mises en garde. Car à qui d'autre, en définitive, s'adressait le refus des extrémismes, au moment même où Nicolas Sarkozy avait cédé à un mauvais calcul électoral pour aller chercher les formules du Front national, et tenté de replacer l'immigration au coeur de la campagne. À qui d'autre s'adressait-il lorsqu'il évoquait la préservation du modèle social, si ce n'est à celui qui veut en terminer avec le modèle social français.
Voilà la situation cocasse et baroque que nous vivons : un Président de la République sortant qui a échoué, qui donne des conseils sur la politique qu'il faudrait faire alors qu'il a été 12 ans au sommet de l'Etat et qui met en garde le candidat qu'il va soutenir par rapport à ce qu'est le combat de sa vie : la lutte contre l'extrémisme.
Il faut en terminer avec cette longue période Chirac, avec cette contradiction entre les discours et les actes, avec cette confusion, cette indifférenciation entre la gauche et la droite, avec ce clientélisme, avec cet oubli de l'impartialité de l'Etat, avec cette façon de faire de la politique qui consiste simplement à préparer les élections mais pas à diriger le pays avec courage. Il faut donc en terminer. Mais, comme il a des successeurs, il faut aussi tourner la page de Jacques Chirac, mais fermer le livre de la droite au pouvoir.
2/- La campagne
C'est pourquoi nous voulons que cette campagne soit une campagne de clarté.
La campagne présidentielle commence maintenant à se dessiner. Nous savons qui est candidat et qui ne l'est pas. Nous devons maintenant évoquer les propositions des uns et des autres car c'est sur les projets que les Français doivent se prononcer.
Bien sûr, les personnes jouent leur rôle, mais elles portent des démarches, des conceptions et donc des propositions pour le pays.
S. Royal dans cette campagne est la seule candidate du changement. Le seul changement possible, c'est la victoire de Ségolène Royal. Il n'y en a aucun autre. Il y a le non-changement, la continuité en pire, ça c'est Nicolas Sarkozy ; il y a le faux changement, c'est-à-dire une différence de degré et non de nature par rapport à la politique qui s'est faite depuis 2002, ça c'est François Bayrou. Et puis, il y a le seul changement, le vrai changement : le pacte présidentiel présenté par Ségolène Royal.
Nous ferons campagne dans les semaines qui viennent sur les 7 piliers du pacte présidentiel de Ségolène Royal : le travail pour tous, la garantie du pouvoir d'achat, la réussite éducative, l'excellence environnementale, les sécurités, la République nouvelle et la place renforcée de la France en Europe et dans le monde.
Le pays aspire à un grand débat, mais il y a aussi tous les risques : risque de la confusion où les candidats oublieraient jusqu'à leur identité, jusqu'à leur histoire, jusqu'à leur parcours, jusqu'à leurs intentions. Nous devons, de ce point de vue, écarter les risques de la confusion. Il y en a d'autres qui sont ceux de la démagogie où chacun se met contre le système dont il est pourtant le produit. Et, quand on veut diriger le pays, forcément on doit prendre sa part de la responsabilité collective. C'est là que nous verrons aussi la clarté apparaître : qui veut changer les institutions, qui veut les laisser à l'identique. Il ne peut y avoir une politique de changement s'il n'y a pas de politique qui change aussi nos institutions.
Clarté enfin sur les alliances : il est normal qu'il y ait des rassemblements qui s'opèrent. Dès le premier tour, Ségolène Royal a su convaincre les Radicaux de gauche, les amis de Jean-Pierre Chevènement de soutenir sa candidature sur la base du pacte présidentiel. Il en sera de même pour le second tour de l'élection : rassembler autour du pacte présidentiel tous ceux qui veulent gouverner sur cette base.
Il n'y a d'alliance que dans la clarté, il n'y a de rassemblement que sur une politique. Et, c'est sur cette stratégie simple, claire que les candidats doivent se présenter devant les Français.
L'alliance des contraires, c'est le contraire d'une alliance. C'est pourquoi, nous devons favoriser toutes les démarches qui permettent de donner à notre démocratie les bases pour se conforter. Et, dans toute démocratie, il faut qu'il y ait un choix entre deux projets de société, deux politiques ; il faut qu'il y ait aussi une majorité et une opposition, de manière à ce que la contradiction puisse se former et l'alternance se produire.
3/- Procès d'euthanasie
Nous sommes alertés, comme nous l'avions été dans le cadre de ce que l'on a appelé « l'affaire Imbert », par le procès qui se déroule actuellement en Dordogne.
Le Parti socialiste considère qu'il faut, en ce domaine sensible qui touche à l'essentiel (la dignité, la vie, la mort), légiférer avec précaution, avec respect et faire en sorte que ce droit fondamental à vivre et à mourir dans la dignité puisse être préservé et ouvert. Il y aura là des évolutions législatives qui devront être concertées ; bien entendu, les professions de santé, les familles doivent être consultées et nous ferons en sorte qu'il ne puisse plus se reproduire ces procès-là dès lors que des hommes et des femmes n'ont fait que leur devoir.
Source http://www.partisocialiste.org, le 29 mars 2007