Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur le retrait du Contrat Première Embauche (CPE), le CNE et le syndicalisme étudiant, Paris le 23 mars 2007.

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Circonstance : Congrès de l'UNEF à Paris le 23 mars 2007

Texte intégral


« « Voilà presque un an, jour pour jour, organisations d'étudiants, de lycéens, de salariés, nous remportions ensemble une très grande victoire avec le retrait du CPE.
Cette victoire est celle de toute la jeunesse et de tout le salariat. Elle est le résultat de la mobilisation et du rassemblement des organisations syndicales de notre pays.
C'est une victoire, sachez-le, qui a marqué l'ensemble du syndicalisme européen, l'ensemble du syndicalisme mondial. »
(...)
« Les victoires syndicales d'une telle ampleur ne sont pas si courantes et elles méritent qu'on les célèbre comme il se doit. Mais elles n'ont jamais autant de force que lorsqu'elles servent de tremplin pour de nouvelles avancées sociales.
Nous avons encore une épine dans le pied avec le Contrat nouvelle embauche, mais nous venons de marquer un nouveau point ; En effet, malgré tous les obstacles des procédures multipliées par le gouvernement depuis un an, les Conseils de Prud'hommes viennent d'être reconnus habilités à traiter les litiges nés du CNE.
C'est un encouragement pour en finir au plus vite avec le CNE. Il est inacceptable qu'en France, en 2007, en infraction aux Conventions de l'Organisation Internationale du Travail, les employeurs de moins de 20 salariés aient la possibilité de licencier sans avoir de justificatif sérieux à présenter.
Ensemble, nous aurons la peau du CNE ! »
(...)
« Il me semble que les conditions sont réunies pour que le syndicalisme étudiant et le syndicalisme salarié travaillent plus étroitement encore pour mieux élaborer des revendications convergentes et mieux agir ensemble. C'est en tout cas le souhait que la CGT réaffirme à l'occasion de votre congrès.
Nos deux organisations ont une longue histoire centenaire qui les a vues se retrouver à des moments cruciaux comme la guerre d'Algérie, et plus récemment dans la lutte contre la précarité des jeunes, la discrimination envers les femmes ou le combat contre ce fléau absolu qu'est le racisme.
Permettez-moi de considérer, au passage, le projet d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale dans l'organigramme d'un futur gouvernement de la France comme une opération de ratissage électoral aux odeurs nauséabondes. »
(...) Aujourd'hui, (....)
Le manque d'adéquation supposé des formations aux besoins de l'entreprise camoufle trop souvent l'absence de cadre protecteur dans le monde du travail : lorsqu'un étudiant titulaire d'un bac +5 est embauché au SMIC, ce n'est pas que sa formation n'a servi à rien, mais que son employeur bénéficie gratuitement de ses compétences, sans les rémunérer à leur juste valeur.
L'avenir de notre pays, mais aussi de l'Europe et du monde, passe par un effort sans précédent en matière d'éducation et il faut mettre un terme au sous financement chronique du service public d'enseignement supérieur. »
(...)
Si j'ai bien suivi les évènements de ces derniers jours, des candidats à l'élection présidentielle veulent parler d'amour à la jeunesse tout en la traitant de racailles, moi je veux vous parler de luttes, de résistances, de progrès pour tous, de solidarité, d'humanité et de respect.
La CGT alerte sur la volonté du Medef de parvenir, à l'issue des élections, à l'instauration d'un gouvernement totalement acquis à sa vision ultralibérale de la société et de l'économie dont les salariés et leurs libertés seraient les victimes. Ainsi les intentions déclarées de plusieurs candidats de s'attaquer au droit constitutionnel de grève dans les entreprises, les administrations et les universités, ainsi qu'à la représentation syndicale ne relèvent pas du débat public.
Ces prétentions viennent en appui aux exigences patronales de s'attaquer au Droit du travail et qui s'illustrent, par exemple, par l'exigence de supprimer toute durée légale du temps de travail, de banaliser le travail du dimanche, le temps partiel imposé, le licenciement par consentement mutuel et tout ce qui pourra dédouaner l'entreprise dans les mécanismes de financement de la protection sociale collective à propos de santé et de retraite, notamment. »
source http://www.cgt.fr, le 29 mars 2007