Déclaration de M. Jean-François Roubaud, président de la CGPME, sur le lbéralisme et le CNE, ainsi que sur le programme économique du Front national pour l'élection présidentielle, Paris le 21 mars 2007.

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Circonstance : Rencontre avec Jean-Marie Le Pen, candidat à l'élection présidentielle 2007, à Paris le 21 mars 2007

Texte intégral


Monsieur le Président,
Après Nicolas SARKOZY et François BAYROU, et avant Marie-Georges BUFFET, et peut-être Ségolène ROYAL, je suis heureux de vous accueillir à la CGPME.
Vous avez été le premier à répondre à notre questionnaire « Impact PME ». Sur ce point vous faites la course largement en tête, les réponses écrites du PS et de l'UMP se faisant toujours attendre...
Notre organisation a choisi de prendre part à la campagne présidentielle pour faire entendre la voix des PME mais surtout pour que chacun se prononce au moment du scrutin, selon ses convictions, mais en toute connaissance de cause.
Le rôle d'une Confédération comme la nôtre n'est pas de faire de la politique. A l'inverse, il nous revient de faire en sorte que les politiques nous écoutent. En écoutant les PME, ils favoriseront la croissance et l'emploi, et ce dans l'intérêt de la Nation toute entière.
Vous l'avez compris nous ne souhaitons pas engager cette après midi un débat sur l'ensemble des questions qui se posent à la France. Notre objectif est ici de nouer un dialogue pour mieux comprendre - et préciser - le programme économique et social que vous envisagez.
En effet, on ne peut parler de distribution de richesses sans parler d'abord de création de richesses. C'est pourquoi, l'économique doit précéder le social et cela est encore plus justifié dans le contexte actuel de l'état des finances publiques !
En quelques mots, je voudrais vous rappeler que vous avez devant vous, Monsieur LE PEN, des chefs d'entreprises patrimoniales qui ont eu le courage de se lancer, avec leurs propres deniers, dans l'aventure qu'est la création ou la reprise d'une entreprise. Ici, nous ne parlons pas simplement de grandes entreprises, d'entreprises high-tech ou d'entreprise de croissance. Certes, elles existent mais la plupart de ceux qui sont dans cette salle se battent au quotidien pour faire vivre un commerce, une activité de service ou une PMI telles que celles que nous côtoyons au centre de nos villes ou de nos villages. Nos entreprises ne font pas, la plupart du temps, la Une des journaux économiques. Alors vous comprendrez notre désarroi, et notre exaspération, lorsqu'on nous prend pour des nababs aux poches cousues d'or.
Nos intérêts sont les mêmes que ceux de nos salariés et ce n'est pas un hasard si nous avons coutume de rappeler que nous nous retrouvons autour de valeurs simples de travail, d'effort, d'initiative et de partage.
Notre action s'inscrit dans le cadre d'un libéralisme tempéré faisant une place centrale à l'Homme. Qu'il soit blanc, noir ou jaune, nous le considérons comme la première richesse de nos entreprises.
Nos combats se nomment sauvegarde des conditions réelles d'une concurrence saine et loyale, encouragement de l'initiative plutôt que de l'assistanat, mise en place d'une fiscalité juste pour financer une action publique utile et rationnelle, assouplissement des contraintes législatives et réglementaires qui brident notre activité, reconnaissance du rôle de l'entreprise...
Nous n'avons pas peur de la mondialisation, à condition que l'on nous retire un certain nombre de boulets sociaux et fiscaux. Nous croyons que l'Europe est une chance pour nos entreprises, qu'elle constitue le moyen de résister aux géants qui nous entourent, qu'elle est un formidable vecteur de développement pour nos PME !
Nous ne sommes donc pas, vous l'avez compris, et encore une fois je m'en tiens au seul sujet économique, tenant de la fermeture des frontières. La France n'est pas une île et le retour au franc, permettez-moi de vous le dire, serait une catastrophe économique !
La CGPME est, vous le savez, une organisation interprofessionnelle représentative des PME. A ce titre, nous sommes partenaire social habilité à signer des accords interprofessionnels, le dernier en date étant celui sur la diversité. Sur ce point, notre position est claire : toute forme de discrimination, y compris la discrimination dite « positive », est inacceptable. Seuls comptent le mérite, les efforts et les compétences de chacun ! L'entreprise a un rôle à jouer mais elle ne peut porter la responsabilité de l'échec des politiques d'intégration. Quant à ceux qui cherchent à nous stigmatiser, je ne prendrais qu'un seul exemple : le mien. Qu'ils viennent constater la diversité des salariés dans mon entreprise : 5 nationalités ! Où trouver un plus bel ascenseur social qu'une PME ?
En tant que partenaire social, nous sommes également gestionnaires d'instances paritaires, par exemple, dans le domaine de la protection sociale ou de la formation professionnelle. Alors je vous le dis, confier la totalité des clefs de ces instances au seul Etat se traduirait immanquablement par une gabegie synonyme, assez rapidement, d'augmentation de cotisations. Nous apprécierions vos précisions sur ce point !
L'homme d'entreprise que vous êtes, car je n'oublie pas que je m'adresse au candidat à la Présidence de la République mais également à Monsieur LE PEN, longtemps gérant d'une société d'édition musicale, réclame une « simplification du code du travail et que l'on fasse cesser son instabilité permanente ».
J'ai d'ailleurs noté avec satisfaction que vous ne remettiez pas en cause le CNE, si utile pour nos petites entreprises.
Bien évidemment, nous vous rejoignons sur ce point mais là encore nous aurions besoin d'éclaircissement sur ce que vous entendez mettre en oeuvre pour parvenir à cette simplification et par quoi, concrètement cela se traduirait.
Je vous avoue également avoir été quelque peu surpris de voir figurer dans le programme du FN une « suppression de 50 % des subventions d'Etat aux entreprises » et le « remboursement des aides publiques pour les entreprises qui délocalisent ».
J'ai eu l'occasion de ferrailler, il y a peu de temps, avec Madame ROYAL sur ce point en lui rappelant que nos PME ne demandent pas d'aide mais davantage de liberté. A l'inverse lorsqu'on leur impose de nouvelles contraintes leur survie passe parfois par des aides !
Pour conclure mon propos par un clin d'oeil, je citerai simplement une phrase de Pierre DESPROGES :
« Méfiez-vous des gens qui font l'unanimité contre eux. Méfiez-vous encore plus de ceux qui ont tout le monde pour eux ».
Jean-Marie LE PEN vous avez la parole.Source http://www.cgpme.fr, le 26 mars 2007