Texte intégral
L'installation de mon gouvernement coïncide avec un certain nombre de rendez-vous internationaux importants, y compris dans le domaine de la Défense. J'ai par ailleurs eu avant-hier l'occasion devant l'Assemblée nationale, dans ma déclaration de politique générale, de préciser les principes et la méthode qui vont guider notre action.
Dans le secteur de l'industrie aéronautique et de défense, je connais les attentes, je mesure les enjeux, je sais les échéances. Pour autant, le gouvernement vient d'être constitué. Conformément à la ligne de conduite que je me suis forcé, je souhaite que les questions importantes fassent l'objet d'un examen approfondi au sein du gouvernement avant toute prise de décision. Ces décisions seront alors mises en oeuvre par les ministres concernés dans les meilleurs délais.
Le 42ème Salon du Bourget, qui s'achève aujourd'hui, est un succès incontestable, qui témoigne de la place qu'a su prendre et conserver l'industrie aéronautique et spatiale française. J'adresse mes remerciements à M. Serge Dassault, président du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, et à M. Yves Michot, commissaire général du Salon, qui ont fait de ce "cru 1997" une vraie réussite.
Situation et perspectives de l'industrie aéronautique et spatiale L'industrie aéronautique et spatiale est une des forces de notre pays. La France, qui a compté de nombreux pionniers de l'aéronautique, a de tout temps consacré à ce secteur une part importante de son génie et y a investi des moyens importants.
Ces efforts n'ont pas été consentis en vain : l'aéronautique et l'espace sont devenus au fil des ans des secteurs clés de l'économie française ; leur devenir constitue un enjeu majeur pour l'emploi, la défense nationale, le commerce extérieur, le dynamisme économique du pays et la diffusion du progrès technologique.
Je me réjouis que ce Salon se tienne alors que la situation et les perspectives de cette industrie sont redevenues favorables, comme l'attestent plusieurs indicateurs : chiffre d'affaires 1996 porté à 108 milliards de francs, en hausse de 7 % par rapport à 1995 ; prises de commandes s'élevant à plus de 118 milliards de francs l'an passé ; résultats financiers sensiblement améliorés pour les principales entreprises du secteur ; perspectives encourageantes, liées à la poursuite prévisible de la reprise dans le secteur civil.
Le secteur de l'aéronautique civile et militaire, qui emploie aujourd'hui près de 100 000 personnes, réalise les deux tiers de son chiffre d'affaires à l'exportation et dégage ainsi près du quart de notre excèdent commercial extérieur.
Il doit aujourd'hui évoluer pour conserver la position d'excellence qu'il occupe sur le plan mondial.
Les Etats-Unis concentrent rapidement et fortement leur industrie aéronautique et de défense en constituant de véritables géants dans ces domaines.
C'est pourquoi l'attention des pouvoirs publics doit porter en priorité sur la nécessaire évolution de notre industrie, à la fois en termes de structures et de moyens, sans négliger les conditions permettant de préparer et de mener à bien les programmes qui lui sont confiés.
L'effort de recherche et développement
L'avenir de notre industrie aéronautique et spatiale est largement conditionné par l'ampleur de l'effort de recherche et développement qu'elle sera en mesure de soutenir pour maîtriser les technologies d'avenir.
Le gouvernement apportera aux industriels français son soutien. Il veillera en particulier à ce que les entreprises disposent de moyens financiers leur permettant de mener à bien les programmes de recherche prioritaires. Il y contribuera notamment, dans le respect des accords internationaux, par l'octroi, non seulement de crédits de recherche, mais aussi d'avances remboursables permettant de partager le risque associé au développement pré-concurrentiel des nouveaux produits.
Cet effort doit aujourd'hui être conduit dans un cadre européen, dès les premières phases des projets : c'est par la conception en commun des réponses les mieux adaptées aux besoins des futurs marchés civils et militaires que nous poursuivrons l'édification de l'Europe de l'aéronautique et de l'espace.
Aucun programme futur, qu'il soit civil ou militaire, ne peut désormais se soustraire à l'impératif de la coopération.
Les programmes aéronautiques civils
Je salue à cet égard les initiatives qui ont été prises et annoncées au cours de ce Salon en faveur de nouveaux programmes européens.
Je pense en premier lieu, bien entendu, à Airbus, dont plusieurs projets importants devraient prochainement voir le jour, comme l'avion de 100 places, qui fait l'objet d'un partenariat avec la Chine, ou les nouvelles versions de l'A340.
Quant au très gros porteur A3XX, il constitue un élément important dans la stratégie d'Airbus à moyen terme.
Ces nouveaux types d'appareils compléteront la gamme d'Airbus et lui permettront d'être pleinement compétitifs sur le marché international.
La réussite d'Airbus, qui a vu ses commandes tripler en 1996, est d'ores et déjà remarquable. Je salue à cet égard la récente commande de 12 A320 par la compagnie finlandaise FINNAIR, qui s'ajoute aux autres succès rencontrés depuis le début de cette année.
Mes encouragements vont aussi aux autres segments du marché de l'aéronautique civile :
- celui des avions de transport régional,
- celui des avions d'affaires, dans lequel Dassault rencontre des succès remarqués,
- celui des hélicoptères, qui, avec la société franco-allemande Eurocopter, fournit l'exemple d'une coopération européenne réussie, notamment dans le domaine commercial.
Dans le domaine des moteurs, Snecma a su, par son alliance avec General Electric, conquérir une position commerciale enviée avec le CFM 56. Ce moteur constitue aujourd'hui un atout fondamental pour cette entreprise.
Je n'aurai garde d'oublier, à côté des grandes entreprises que j'ai citées, les fabricants d'équipements et les petites et moyennes entreprises, dont le savoir faire est une condition du développement du secteur aéronautique en France et en Europe. Dans les choix que nous aurons à faire, nous prendrons en compte les intérêts de ces entreprises. Elles constituent une richesse pour notre pays au regard de l'emploi et de l'aménagement du territoire.
Tout cela témoigne de votre dynamisme, et je suis convaincu que de belles perspectives internationales s'offrent à nouveau à notre industrie aéronautique.
Les programmes aéronautiques militaires
Dans le domaine militaire, la situation est, nous le savons tous, plus difficile.
Les industries de défense doivent, d'une part, prendre en compte les bouleversements stratégiques qui ont entraîné une contraction des marchés et, d'autre part, les impératifs de maîtrise des dépenses publiques, qui s'imposent à nous comme aux autres.
Dans ce cadre nouveau, la recherche de coopérations plus larges est nécessaire. De même, nous devons poursuivre, voire accentuer l'effort de réduction des coûts des matériels militaires que notre pays a engagé. Nous devons enfin adapter nos instruments d'action, en poursuivant la rénovation des modalités de préparation et de conduite des programmes et la réforme de la délégation générale pour l'armement.
L'avion de combat Rafale, qui doit équiper nos forces aériennes, est aujourd'hui en phase de production. Les appareils ont récemment vu leur prix baisser ; il reste naturellement à préciser les conditions applicables aux commandes avec le double souci de donner aux industriels concernés une visibilité suffisante et de ne pas obérer de manière inconsidérée le budget de l'Etat.
Plus généralement, le processus en cours d'actualisation des programmes d'armement doit tenir compte de l'objectif de maîtrise des dépenses publiques. Mais j'ai aussi conscience, à la lumière des conclusions du récent rapport de la Cour des comptes, que nous devons améliorer nos méthodes de gestion financière et aller, le moment venu, pour les programmes que nous jugerons prioritaires, vers la mise en place de mécanismes pluriannuels.
S'agissant de l'avion de transport militaire futur, l'ATF, M. Lelong vient de me remettre un rapport dont les recommandations sont actuellement en cours d'examen. Je me réjouis que la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Turquie soient tombés d'accord sur les termes de la demande qui sera faite à l'industrie d'une proposition relative à la phase de "pré-lancement" du programme.
Le programme d'hélicoptère de combat Tigre, réalisé en coopération franco-allemande, est l'un des programmes phares de l'OCCAR (Organisme conjoint pour la coopération en matière d'armement), qui a été créé avec l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie pour rénover nos méthodes de conduite des programmes en coopération. Je suis heureux de saluer la signature, hier, des contrats d'industrialisation de cet hélicoptère.
D'autres programmes militaires importants sont actuellement en cours : je citerai l'hélicoptère NH90, la famille de missiles sol-air FSAF et les missiles aéroportés Apache, Scalp et Mica. Ces programmes, dont plusieurs sont conduits en coopération avec d'autres pays européens, témoignent de la vitalité de notre industrie d'armement dans le secteur aéronautique, mais aussi de la nécessité d'aboutir à un rapprochement des acteurs industriels concernés : je reviendrai sur ce point.
Les programmes spatiaux
Depuis le début des années 1990, la France n'a pas ménagé ses efforts pour convaincre ses partenaires que l'Europe devait se doter des nouveaux moyens de l'indépendance stratégique que constituent les systèmes spatiaux. Le satellite d'observation Hélios 1A, lancé en juillet 1995, en fournit chaque jour la démonstration.
Il nous faut maintenant poursuivre le programme Hélios ; seul le satellite d'observation permettra en effet d'assurer la continuité de service du système Hélios 1, tout en améliorant ses performances. Je me réjouis que des discussions aient pu s'engager avec l'Italie et l'Espagne pour prolonger notre collaboration à ce second système. Je souhaite que l'Allemagne puisse, lorsqu'elle l'aura décidé, rejoindre ce programme et faire ainsi d'Hélios 2 un système complètement européen.
En matière de télécommunications spatiales militaires, la France prépare activement avec le Royaume-Uni et l'Allemagne le lancement du programme Trimilsatcom, qui relaiera à l'horizon 2005 l'actuel système national Syracuse 2 pour assurer les liaisons nécessaires au commandement et à la conduite de l'action de nos forces armées.
Maîtriser l'accès à l'espace implique de disposer des lanceurs nécessaires pour garantir notre indépendance stratégique mais aussi pour accroître nos performances commerciales. Ariane 4 a d'ores et déjà prouvé à cet égard toutes ses capacités : Arianespace, faut-il le rappeler, assure aujourd'hui plus de la moitié des lancements de satellites commerciaux dans le monde. Nous espérons maintenant la mise en service rapide du lanceur Ariane 5.
Je suivrai avec la plus grande attention les projets conduits dans les autres domaines de l'espace civil, qu'il s'agisse d'améliorer nos moyens de communication et de télédétection ou de progresser dans la conquête par l'Homme de l'Espace, en veillant à ne pas nous engager dans des programmes que nous n'aurions pas les moyens de mener à leur terme.
La modernisation de notre industrie
L'industrie aéronautique et spatiale française doit faire face à une concurrence de plus en plus vive. Nous devons lui donner les moyens de prendre part à cette compétition avec les meilleurs atouts.
Je considère en premier lieu comme essentiel d'assurer un cadre concurrentiel équitable.
La majorité des échanges internationaux dans votre secteur sont libellés en
dollars : la stabilité des parités entre devises à un niveau équilibré
constitue donc un enjeu majeur. La concertation internationale a permis de
progresser sur la voie d'un ajustement ordonné entre les principales devises.
N'en doutons pas la réalisation de la monnaie unique constitue pour l'Europe
aéronautique et spatiale un atout absolument déterminant.
Cette concurrence doit être équilibrée et transparente. Il nous appartient dans le cadre européen, d'y veiller particulièrement. L'apparition récente de pratiques commerciales inhabituelles sur les marchés américains - je pense notamment aux contrats d'exclusivité signés par Boeing pour de très longues durées avec trois des plus grandes compagnies américaines - est à cet égard très préoccupante.
C'est pourquoi la fusion entre deux des principaux constructeurs mondiaux, Boeing et Mac Donnell Douglas, mérite un examen attentif. J'ai noté avec intérêt que des enquêtes ont été ouvertes tant par la Commission européenne que par la Federal Trade Commission américaine.
Mais l'avenir de l'industrie aéronautique et spatiale sur le Vieux Continent passe avant tout par la constitution d'ensembles européens puissants, capables de se développer face à leurs concurrents américains. Nous avons été trop longtemps figés ; nous devons être aujourd'hui en mesure de répondre à cette exigence.
La France dispose des atouts nécessaires pour être pleinement présente dans une industrie européenne de l'aéronautique et de la défense plus intégrée. Le gouvernement est déterminé à favoriser cette évolution, sur la base de projets industriels précis, permettant ainsi de mieux valoriser les compétences des entreprises françaises et apportant à leurs personnels des perspectives claires.
Dans le domaine de l'aéronautique civile, il est important de progresser vers l'adoption d'un nouveau statut pour Airbus. Ce statut permettra notamment de financer dans de meilleures conditions les nouveaux types d'avions dont nous connaissons tous les coûts de développement très élevés.
Je sais que les négociations sont difficiles. Elles ne pourront trouver une issue favorable que si l'on prend en considération les atouts et les compétences de chacun des partenaires.
Les nécessaires regroupements dans les industries de défense sont restés à l'étude ces dernières années sans aboutir. Il nous faudra procéder rapidement, mais avec méthode, à des choix qui, dans ce domaine essentiel pour la souveraineté de notre pays, ne peuvent être faits sans l'Etat. Le gouvernement jouera pleinement le rôle qui lui revient en la matière.
Par ces adaptations, la base industrielle et technologique ainsi constituée sera une composante majeure de l'identité européenne de défense.
Je mesure aujourd'hui les attentes sur plusieurs dossiers importants. Vous comprendrez que je ne me prononcerai, s'agissant de secteurs stratégiques pour l'avenir du pays, qu'après avoir examiné minutieusement les différentes options.
D'ores et déjà, je puis vous indiquer que je considère comme essentiel le rapprochement des compétences civiles et militaires dans le secteur aéronautique.
Dans le secteur électronique, dont l'importance n'a fait que croître depuis la chute du Mur de Berlin et plus encore depuis la Guerre du Golfe, il nous faut valoriser notre potentiel technologique. Par sa taille et sa compétence, Thomson constitue un atout déterminant et un pôle incontournable pour relever ces défis.
Ainsi que je l'ai indiqué dans ma déclaration de politique générale, ces dossiers seront examinés à la seule aune de l'intérêt national, sans tabou ni exclusive, sans bien sûr se laisser enfermer dans des schémas préétablis, et avec le souci de se rapprocher d'autres partenaires européens, en valorisant les savoir faire et les compétences des hommes et des femmes qui travaillent au sein de ces entreprises.
L'industrie européenne de défense doit, sans attendre, se constituer, se structurer, se mettre en position de conquérir de nouveaux marchés. Ce salon et les succès remportés me renforcent dans la conviction que les entreprises françaises disposent des atouts leur permettant de prendre toute leur place dans cette nécessaire évolution. Je voulais vous en porter témoignage.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juin 2001)
Dans le secteur de l'industrie aéronautique et de défense, je connais les attentes, je mesure les enjeux, je sais les échéances. Pour autant, le gouvernement vient d'être constitué. Conformément à la ligne de conduite que je me suis forcé, je souhaite que les questions importantes fassent l'objet d'un examen approfondi au sein du gouvernement avant toute prise de décision. Ces décisions seront alors mises en oeuvre par les ministres concernés dans les meilleurs délais.
Le 42ème Salon du Bourget, qui s'achève aujourd'hui, est un succès incontestable, qui témoigne de la place qu'a su prendre et conserver l'industrie aéronautique et spatiale française. J'adresse mes remerciements à M. Serge Dassault, président du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, et à M. Yves Michot, commissaire général du Salon, qui ont fait de ce "cru 1997" une vraie réussite.
Situation et perspectives de l'industrie aéronautique et spatiale L'industrie aéronautique et spatiale est une des forces de notre pays. La France, qui a compté de nombreux pionniers de l'aéronautique, a de tout temps consacré à ce secteur une part importante de son génie et y a investi des moyens importants.
Ces efforts n'ont pas été consentis en vain : l'aéronautique et l'espace sont devenus au fil des ans des secteurs clés de l'économie française ; leur devenir constitue un enjeu majeur pour l'emploi, la défense nationale, le commerce extérieur, le dynamisme économique du pays et la diffusion du progrès technologique.
Je me réjouis que ce Salon se tienne alors que la situation et les perspectives de cette industrie sont redevenues favorables, comme l'attestent plusieurs indicateurs : chiffre d'affaires 1996 porté à 108 milliards de francs, en hausse de 7 % par rapport à 1995 ; prises de commandes s'élevant à plus de 118 milliards de francs l'an passé ; résultats financiers sensiblement améliorés pour les principales entreprises du secteur ; perspectives encourageantes, liées à la poursuite prévisible de la reprise dans le secteur civil.
Le secteur de l'aéronautique civile et militaire, qui emploie aujourd'hui près de 100 000 personnes, réalise les deux tiers de son chiffre d'affaires à l'exportation et dégage ainsi près du quart de notre excèdent commercial extérieur.
Il doit aujourd'hui évoluer pour conserver la position d'excellence qu'il occupe sur le plan mondial.
Les Etats-Unis concentrent rapidement et fortement leur industrie aéronautique et de défense en constituant de véritables géants dans ces domaines.
C'est pourquoi l'attention des pouvoirs publics doit porter en priorité sur la nécessaire évolution de notre industrie, à la fois en termes de structures et de moyens, sans négliger les conditions permettant de préparer et de mener à bien les programmes qui lui sont confiés.
L'effort de recherche et développement
L'avenir de notre industrie aéronautique et spatiale est largement conditionné par l'ampleur de l'effort de recherche et développement qu'elle sera en mesure de soutenir pour maîtriser les technologies d'avenir.
Le gouvernement apportera aux industriels français son soutien. Il veillera en particulier à ce que les entreprises disposent de moyens financiers leur permettant de mener à bien les programmes de recherche prioritaires. Il y contribuera notamment, dans le respect des accords internationaux, par l'octroi, non seulement de crédits de recherche, mais aussi d'avances remboursables permettant de partager le risque associé au développement pré-concurrentiel des nouveaux produits.
Cet effort doit aujourd'hui être conduit dans un cadre européen, dès les premières phases des projets : c'est par la conception en commun des réponses les mieux adaptées aux besoins des futurs marchés civils et militaires que nous poursuivrons l'édification de l'Europe de l'aéronautique et de l'espace.
Aucun programme futur, qu'il soit civil ou militaire, ne peut désormais se soustraire à l'impératif de la coopération.
Les programmes aéronautiques civils
Je salue à cet égard les initiatives qui ont été prises et annoncées au cours de ce Salon en faveur de nouveaux programmes européens.
Je pense en premier lieu, bien entendu, à Airbus, dont plusieurs projets importants devraient prochainement voir le jour, comme l'avion de 100 places, qui fait l'objet d'un partenariat avec la Chine, ou les nouvelles versions de l'A340.
Quant au très gros porteur A3XX, il constitue un élément important dans la stratégie d'Airbus à moyen terme.
Ces nouveaux types d'appareils compléteront la gamme d'Airbus et lui permettront d'être pleinement compétitifs sur le marché international.
La réussite d'Airbus, qui a vu ses commandes tripler en 1996, est d'ores et déjà remarquable. Je salue à cet égard la récente commande de 12 A320 par la compagnie finlandaise FINNAIR, qui s'ajoute aux autres succès rencontrés depuis le début de cette année.
Mes encouragements vont aussi aux autres segments du marché de l'aéronautique civile :
- celui des avions de transport régional,
- celui des avions d'affaires, dans lequel Dassault rencontre des succès remarqués,
- celui des hélicoptères, qui, avec la société franco-allemande Eurocopter, fournit l'exemple d'une coopération européenne réussie, notamment dans le domaine commercial.
Dans le domaine des moteurs, Snecma a su, par son alliance avec General Electric, conquérir une position commerciale enviée avec le CFM 56. Ce moteur constitue aujourd'hui un atout fondamental pour cette entreprise.
Je n'aurai garde d'oublier, à côté des grandes entreprises que j'ai citées, les fabricants d'équipements et les petites et moyennes entreprises, dont le savoir faire est une condition du développement du secteur aéronautique en France et en Europe. Dans les choix que nous aurons à faire, nous prendrons en compte les intérêts de ces entreprises. Elles constituent une richesse pour notre pays au regard de l'emploi et de l'aménagement du territoire.
Tout cela témoigne de votre dynamisme, et je suis convaincu que de belles perspectives internationales s'offrent à nouveau à notre industrie aéronautique.
Les programmes aéronautiques militaires
Dans le domaine militaire, la situation est, nous le savons tous, plus difficile.
Les industries de défense doivent, d'une part, prendre en compte les bouleversements stratégiques qui ont entraîné une contraction des marchés et, d'autre part, les impératifs de maîtrise des dépenses publiques, qui s'imposent à nous comme aux autres.
Dans ce cadre nouveau, la recherche de coopérations plus larges est nécessaire. De même, nous devons poursuivre, voire accentuer l'effort de réduction des coûts des matériels militaires que notre pays a engagé. Nous devons enfin adapter nos instruments d'action, en poursuivant la rénovation des modalités de préparation et de conduite des programmes et la réforme de la délégation générale pour l'armement.
L'avion de combat Rafale, qui doit équiper nos forces aériennes, est aujourd'hui en phase de production. Les appareils ont récemment vu leur prix baisser ; il reste naturellement à préciser les conditions applicables aux commandes avec le double souci de donner aux industriels concernés une visibilité suffisante et de ne pas obérer de manière inconsidérée le budget de l'Etat.
Plus généralement, le processus en cours d'actualisation des programmes d'armement doit tenir compte de l'objectif de maîtrise des dépenses publiques. Mais j'ai aussi conscience, à la lumière des conclusions du récent rapport de la Cour des comptes, que nous devons améliorer nos méthodes de gestion financière et aller, le moment venu, pour les programmes que nous jugerons prioritaires, vers la mise en place de mécanismes pluriannuels.
S'agissant de l'avion de transport militaire futur, l'ATF, M. Lelong vient de me remettre un rapport dont les recommandations sont actuellement en cours d'examen. Je me réjouis que la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Turquie soient tombés d'accord sur les termes de la demande qui sera faite à l'industrie d'une proposition relative à la phase de "pré-lancement" du programme.
Le programme d'hélicoptère de combat Tigre, réalisé en coopération franco-allemande, est l'un des programmes phares de l'OCCAR (Organisme conjoint pour la coopération en matière d'armement), qui a été créé avec l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie pour rénover nos méthodes de conduite des programmes en coopération. Je suis heureux de saluer la signature, hier, des contrats d'industrialisation de cet hélicoptère.
D'autres programmes militaires importants sont actuellement en cours : je citerai l'hélicoptère NH90, la famille de missiles sol-air FSAF et les missiles aéroportés Apache, Scalp et Mica. Ces programmes, dont plusieurs sont conduits en coopération avec d'autres pays européens, témoignent de la vitalité de notre industrie d'armement dans le secteur aéronautique, mais aussi de la nécessité d'aboutir à un rapprochement des acteurs industriels concernés : je reviendrai sur ce point.
Les programmes spatiaux
Depuis le début des années 1990, la France n'a pas ménagé ses efforts pour convaincre ses partenaires que l'Europe devait se doter des nouveaux moyens de l'indépendance stratégique que constituent les systèmes spatiaux. Le satellite d'observation Hélios 1A, lancé en juillet 1995, en fournit chaque jour la démonstration.
Il nous faut maintenant poursuivre le programme Hélios ; seul le satellite d'observation permettra en effet d'assurer la continuité de service du système Hélios 1, tout en améliorant ses performances. Je me réjouis que des discussions aient pu s'engager avec l'Italie et l'Espagne pour prolonger notre collaboration à ce second système. Je souhaite que l'Allemagne puisse, lorsqu'elle l'aura décidé, rejoindre ce programme et faire ainsi d'Hélios 2 un système complètement européen.
En matière de télécommunications spatiales militaires, la France prépare activement avec le Royaume-Uni et l'Allemagne le lancement du programme Trimilsatcom, qui relaiera à l'horizon 2005 l'actuel système national Syracuse 2 pour assurer les liaisons nécessaires au commandement et à la conduite de l'action de nos forces armées.
Maîtriser l'accès à l'espace implique de disposer des lanceurs nécessaires pour garantir notre indépendance stratégique mais aussi pour accroître nos performances commerciales. Ariane 4 a d'ores et déjà prouvé à cet égard toutes ses capacités : Arianespace, faut-il le rappeler, assure aujourd'hui plus de la moitié des lancements de satellites commerciaux dans le monde. Nous espérons maintenant la mise en service rapide du lanceur Ariane 5.
Je suivrai avec la plus grande attention les projets conduits dans les autres domaines de l'espace civil, qu'il s'agisse d'améliorer nos moyens de communication et de télédétection ou de progresser dans la conquête par l'Homme de l'Espace, en veillant à ne pas nous engager dans des programmes que nous n'aurions pas les moyens de mener à leur terme.
La modernisation de notre industrie
L'industrie aéronautique et spatiale française doit faire face à une concurrence de plus en plus vive. Nous devons lui donner les moyens de prendre part à cette compétition avec les meilleurs atouts.
Je considère en premier lieu comme essentiel d'assurer un cadre concurrentiel équitable.
La majorité des échanges internationaux dans votre secteur sont libellés en
dollars : la stabilité des parités entre devises à un niveau équilibré
constitue donc un enjeu majeur. La concertation internationale a permis de
progresser sur la voie d'un ajustement ordonné entre les principales devises.
N'en doutons pas la réalisation de la monnaie unique constitue pour l'Europe
aéronautique et spatiale un atout absolument déterminant.
Cette concurrence doit être équilibrée et transparente. Il nous appartient dans le cadre européen, d'y veiller particulièrement. L'apparition récente de pratiques commerciales inhabituelles sur les marchés américains - je pense notamment aux contrats d'exclusivité signés par Boeing pour de très longues durées avec trois des plus grandes compagnies américaines - est à cet égard très préoccupante.
C'est pourquoi la fusion entre deux des principaux constructeurs mondiaux, Boeing et Mac Donnell Douglas, mérite un examen attentif. J'ai noté avec intérêt que des enquêtes ont été ouvertes tant par la Commission européenne que par la Federal Trade Commission américaine.
Mais l'avenir de l'industrie aéronautique et spatiale sur le Vieux Continent passe avant tout par la constitution d'ensembles européens puissants, capables de se développer face à leurs concurrents américains. Nous avons été trop longtemps figés ; nous devons être aujourd'hui en mesure de répondre à cette exigence.
La France dispose des atouts nécessaires pour être pleinement présente dans une industrie européenne de l'aéronautique et de la défense plus intégrée. Le gouvernement est déterminé à favoriser cette évolution, sur la base de projets industriels précis, permettant ainsi de mieux valoriser les compétences des entreprises françaises et apportant à leurs personnels des perspectives claires.
Dans le domaine de l'aéronautique civile, il est important de progresser vers l'adoption d'un nouveau statut pour Airbus. Ce statut permettra notamment de financer dans de meilleures conditions les nouveaux types d'avions dont nous connaissons tous les coûts de développement très élevés.
Je sais que les négociations sont difficiles. Elles ne pourront trouver une issue favorable que si l'on prend en considération les atouts et les compétences de chacun des partenaires.
Les nécessaires regroupements dans les industries de défense sont restés à l'étude ces dernières années sans aboutir. Il nous faudra procéder rapidement, mais avec méthode, à des choix qui, dans ce domaine essentiel pour la souveraineté de notre pays, ne peuvent être faits sans l'Etat. Le gouvernement jouera pleinement le rôle qui lui revient en la matière.
Par ces adaptations, la base industrielle et technologique ainsi constituée sera une composante majeure de l'identité européenne de défense.
Je mesure aujourd'hui les attentes sur plusieurs dossiers importants. Vous comprendrez que je ne me prononcerai, s'agissant de secteurs stratégiques pour l'avenir du pays, qu'après avoir examiné minutieusement les différentes options.
D'ores et déjà, je puis vous indiquer que je considère comme essentiel le rapprochement des compétences civiles et militaires dans le secteur aéronautique.
Dans le secteur électronique, dont l'importance n'a fait que croître depuis la chute du Mur de Berlin et plus encore depuis la Guerre du Golfe, il nous faut valoriser notre potentiel technologique. Par sa taille et sa compétence, Thomson constitue un atout déterminant et un pôle incontournable pour relever ces défis.
Ainsi que je l'ai indiqué dans ma déclaration de politique générale, ces dossiers seront examinés à la seule aune de l'intérêt national, sans tabou ni exclusive, sans bien sûr se laisser enfermer dans des schémas préétablis, et avec le souci de se rapprocher d'autres partenaires européens, en valorisant les savoir faire et les compétences des hommes et des femmes qui travaillent au sein de ces entreprises.
L'industrie européenne de défense doit, sans attendre, se constituer, se structurer, se mettre en position de conquérir de nouveaux marchés. Ce salon et les succès remportés me renforcent dans la conviction que les entreprises françaises disposent des atouts leur permettant de prendre toute leur place dans cette nécessaire évolution. Je voulais vous en porter témoignage.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juin 2001)