Texte intégral
Q- Vous êtes le premier des douze à avoir dit hier qui vous nommeriez comme Premier ministre, si vous étiez élu président de la République. Vous vous voyez déjà à l'Elysée ?
R- Ecoutez, je ne sais pas si je me vois déjà à l'Elysée, mais j'avais juste une petite remarque à vous faire. C'est vrai que je suis content quand on trouve mes propositions enthousiasmantes. Un peu moins quand on les trouve ridicules. Alors j'ai lu votre propos. C'était juste un petit clin d'oeil quand même que je lisais quand même...
Q- C'était un commentaire sur le blog après le "Grand Jury" que nous avons fait dimanche. Donc N. Hulot à Matignon si vous êtes à l'Elysée. Vous vous voyez à l'Elysée ?
R- Ecoutez ça fait partie effectivement d'une vision. Quand on demande à quelqu'un qui se présente à l'élection présidentielle : "Comment vous envisagez la suite, quel est le Gouvernement que vous allez mettre en place ?", le fait de nommer un certain nombre de personnes donne une indication sur l'objectif. J'ai dit N. Hulot" dans cette interview à 20 minutes, pour montrer que la question de l'environnement est une question centrale. C'est-à-dire faire de la politique uniquement à court terme comme on le voit actuellement...En gros, les projets politiques sont à cinq ans, parce que c'est le temps du politique. Eh bien moi j'ai voulu montrer à travers cette nomination symbolique, que la politique devait s'inscrire dans le temps, et que le temps long aujourd'hui était plus important que le temps court, parce que c'est lui qui allait structurer et qu'on pouvait pas avoir aujourd'hui une logique à court terme sur les questions de production, de consommation ; qu'il fallait effectivement construire dans la durée. Le problème, c'est qu'on veut pas le faire simplement dans un pays. Donc il faut avoir en même temps une vision globale. Il faut être à la fois local et en même temps global. C'est pour ça que le débat, il se pose bien sûr au niveau français, au niveau européen mais que toutes les institutions internationales sont parties prenantes, et de ça, personne n'en parle aujourd'hui, malheureusement, dans la campagne. C'est très curieux, le président de la République, normalement, il est chargé des affaires internationales. Or il n'y a pas un des candidats qui parle aujourd'hui des grands enjeux internationaux, que ce soit en terme de paix, des institutions - les Nations Unies - ou de ce qui se passe de manière très choquante par exemple à l'OMC à Delhi.
Q- On va en parler. Revenons à N. Hulot. Vous lui avez dit que vous utiliseriez son nom ?
R- J'ai pas eu besoin de dire à N. Hulot que j'utilisais son nom, vous verrez dans quelques jours...
Q- Il ne va peut-être pas être content ?
R- ... Que j'ai été encore plus loin dans mon Gouvernement, que je l'aimodifié. Mais ça vous le savez en tant...
Q- Vous avez modifié votre Gouvernement ?
R- Mais je l'ai rallongé. Mais ça vous le verrez bien évidemment. Au fur et à mesure, on peaufine le message. Je crois que c'est important...
Q- Excusez-moi, "modifier votre Gouvernement", c'est quand même une formulation comment dirais-je, un peu amusante ce matin.
R- Evidemment parce que je pense que il faut là aussi être, lancer des messages ; donc voilà, on lance des messages, on construit des projets. Et c'est à travers ce genre de propositions que les gens se disent : "Voilà quelle est l'orientation". Il faut qu'il y ait une vision globale.
Q- Donc N. Hulot, vous ne lui en avez pas parlé. Il a découvert ça...
R- Mais je pense que c'est comme cela que les choses se passent. Bien sûr. On téléphone au Premier ministreen lui disant : "Est-ce que tu veux être Premier ministre ?" Il vous répond oui ou il vous répond non.
Q- D'accord. Alors dans votre programme, parce que le Premier ministre va bien être obligé d'appliquer votre programme, vous dites la perspective c'est d'aller vers les 32 heures de travail hebdomadaire sans perte de salaire, ni aggravation des conditions de travail. 32 heures, ce n'est pas beaucoup quand même ?
R- Ecoutez, il y a cent ans la revendication était à 40 heures. Aujourd'hui, on le sait, dans les trente dernières années, les gains de productivité ont été énormes. Et que ces gains de productivité, effectivement permettent de partager le travail, le temps de travail. Et 32 heures, c'est beaucoup plus facile à répartir des semaines de 32 heures que de répartir des semaines de 35 heures. Ca a été tout un débat au moment des lois Aubry. La semaine de 35 heures, c'est compliqué parce que ça crée des situations très difficiles. On sait pas découper une semaine de 35 heures. 32 heures, c'est quatre jours de travail.
Q- C'est plus facile, mais l'environnement international fait qu'un pays qui travaille 32 heures par rapport à d'autres pays qui en travaillent 40 ou 48, ça ne le rend pas très compétitif. C'est facile à découper, mais c'est peut être pas efficace économiquement ?
R- Vous savez, c'est un leurre parfait de croire que la rentabilité c'est le nombre d'heures travaillées. C'est la masse des heures travaillées qui fait la rentabilité. On peut faire le même nombre d'heures avec plus de personnes ; après, c'est une question de répartition de richesses entre la masse du travail et la rémunération du capital. Il y a une amélioration du capital qui va à l'amélioration et à la création d'emplois. Et il y en a une partie qui va à la rémunération des actionnaires. Moi je préfère qu'on prenne : une partie de la rémunération des actionnaires pour financer une répartition de l'emploi qui permet à plus de monde d'être au travail. Les gains de productivité le permettent. A quoi servent les gains de productivité ? Il y a cent cinquante ans, on disait la même chose aux salariés. Et non on ne peut pas arrêter. Si on ne travaille pas 10 heures ou 12 heures, le monde va s'écrouler. On sait très bien que le monde s'est pas écroulé quand les 40 heures ont été instituées. Mais depuis les choses ont encore changé.
Q- Vous avez regretté, il y a quelques minutes, qu'on ne parle pas assez d'international. Quand vous réfléchissez au problème que posent les Iraniens à la communauté internationale, en voulant se doter d'une bombe nucléaire, vous pensez qu'il faudrait leur répondre comment et avoir quelle attitude vis-à-vis d'eux ?
R- La question aujourd'hui du nucléaire iranien est une question effectivement par rapport à la paix. Moi la proposition que j'ai faite. Je suis contre le fait d'autoriser l'Iran à avoir la bombe atomique, à continuer cette escalade ; mais cette escalade elle s'inscrit dans un contexte géopolitique...
Q- Comment on fait pour empêcher l'escalade ?
R- Je pense qu'on ne sortira pas de la crise iranienne si on ne dénucléarise pas entièrement déjà le Moyen-Orient. Dénucléariser le Moyen-Orient, c'est-à-dire qu'il faut aussi que la commission des Nations-Unies inspecte l'arsenal nucléaire israélien et qu'on arrête de se cacher derrière le fait qu'Israël a aussi la bombe atomique. Tout le monde le sait ; simplement personne ne veut en parler. C'est une chose. Mais ce n'est pas facile d'empêcher les Iraniens de faire... Je pense qu'à partir du moment où l'on dénucléarise cette zone, et que au moins il y a cette volonté politique, on donne un message aux Iraniens. Continuer à faire la bombe atomique s'il n'ont pas de justification ou de pseudo-justification ; parce que c'est comme ça. On est dans le fantasme. Simplement, ça joue en terme politique. Il faut donc là, à ce niveau là, une zone de dénucléarisation sur l'ensemble du Moyen-Orient, et il faut aussi que les Nations-Unies disent clairement : il faut que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se retirent de l'Irak. Il y a eu assez de morts. Il y a eu assez de gâchis. Cette zone aujourd'hui est dans une situation pire qu'elle n'a jamais été.
Q- Si on a bien compris, votre Gouvernement, c'est dans les prochains jours ?
R- Mais vous verrez ça avant le 22 avril ; nous allons avancer mais vous m'avez parlé de l'international, je finis quand même là-dessus parce que personne ne veut en parler. Il se passe hier et aujourd'hui quelque chose de très important à New Delhi ; c'est une nouvelle négociation de l'OMC pour essayer de débloquer la situation. Or ça c'est vital et ça se passe pendant l'élection présidentielle et ça aura des répercussions considérables et en terme politique on sera impuissant. Et ça je trouve ça dommage.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 avril 2007
R- Ecoutez, je ne sais pas si je me vois déjà à l'Elysée, mais j'avais juste une petite remarque à vous faire. C'est vrai que je suis content quand on trouve mes propositions enthousiasmantes. Un peu moins quand on les trouve ridicules. Alors j'ai lu votre propos. C'était juste un petit clin d'oeil quand même que je lisais quand même...
Q- C'était un commentaire sur le blog après le "Grand Jury" que nous avons fait dimanche. Donc N. Hulot à Matignon si vous êtes à l'Elysée. Vous vous voyez à l'Elysée ?
R- Ecoutez ça fait partie effectivement d'une vision. Quand on demande à quelqu'un qui se présente à l'élection présidentielle : "Comment vous envisagez la suite, quel est le Gouvernement que vous allez mettre en place ?", le fait de nommer un certain nombre de personnes donne une indication sur l'objectif. J'ai dit N. Hulot" dans cette interview à 20 minutes, pour montrer que la question de l'environnement est une question centrale. C'est-à-dire faire de la politique uniquement à court terme comme on le voit actuellement...En gros, les projets politiques sont à cinq ans, parce que c'est le temps du politique. Eh bien moi j'ai voulu montrer à travers cette nomination symbolique, que la politique devait s'inscrire dans le temps, et que le temps long aujourd'hui était plus important que le temps court, parce que c'est lui qui allait structurer et qu'on pouvait pas avoir aujourd'hui une logique à court terme sur les questions de production, de consommation ; qu'il fallait effectivement construire dans la durée. Le problème, c'est qu'on veut pas le faire simplement dans un pays. Donc il faut avoir en même temps une vision globale. Il faut être à la fois local et en même temps global. C'est pour ça que le débat, il se pose bien sûr au niveau français, au niveau européen mais que toutes les institutions internationales sont parties prenantes, et de ça, personne n'en parle aujourd'hui, malheureusement, dans la campagne. C'est très curieux, le président de la République, normalement, il est chargé des affaires internationales. Or il n'y a pas un des candidats qui parle aujourd'hui des grands enjeux internationaux, que ce soit en terme de paix, des institutions - les Nations Unies - ou de ce qui se passe de manière très choquante par exemple à l'OMC à Delhi.
Q- On va en parler. Revenons à N. Hulot. Vous lui avez dit que vous utiliseriez son nom ?
R- J'ai pas eu besoin de dire à N. Hulot que j'utilisais son nom, vous verrez dans quelques jours...
Q- Il ne va peut-être pas être content ?
R- ... Que j'ai été encore plus loin dans mon Gouvernement, que je l'aimodifié. Mais ça vous le savez en tant...
Q- Vous avez modifié votre Gouvernement ?
R- Mais je l'ai rallongé. Mais ça vous le verrez bien évidemment. Au fur et à mesure, on peaufine le message. Je crois que c'est important...
Q- Excusez-moi, "modifier votre Gouvernement", c'est quand même une formulation comment dirais-je, un peu amusante ce matin.
R- Evidemment parce que je pense que il faut là aussi être, lancer des messages ; donc voilà, on lance des messages, on construit des projets. Et c'est à travers ce genre de propositions que les gens se disent : "Voilà quelle est l'orientation". Il faut qu'il y ait une vision globale.
Q- Donc N. Hulot, vous ne lui en avez pas parlé. Il a découvert ça...
R- Mais je pense que c'est comme cela que les choses se passent. Bien sûr. On téléphone au Premier ministreen lui disant : "Est-ce que tu veux être Premier ministre ?" Il vous répond oui ou il vous répond non.
Q- D'accord. Alors dans votre programme, parce que le Premier ministre va bien être obligé d'appliquer votre programme, vous dites la perspective c'est d'aller vers les 32 heures de travail hebdomadaire sans perte de salaire, ni aggravation des conditions de travail. 32 heures, ce n'est pas beaucoup quand même ?
R- Ecoutez, il y a cent ans la revendication était à 40 heures. Aujourd'hui, on le sait, dans les trente dernières années, les gains de productivité ont été énormes. Et que ces gains de productivité, effectivement permettent de partager le travail, le temps de travail. Et 32 heures, c'est beaucoup plus facile à répartir des semaines de 32 heures que de répartir des semaines de 35 heures. Ca a été tout un débat au moment des lois Aubry. La semaine de 35 heures, c'est compliqué parce que ça crée des situations très difficiles. On sait pas découper une semaine de 35 heures. 32 heures, c'est quatre jours de travail.
Q- C'est plus facile, mais l'environnement international fait qu'un pays qui travaille 32 heures par rapport à d'autres pays qui en travaillent 40 ou 48, ça ne le rend pas très compétitif. C'est facile à découper, mais c'est peut être pas efficace économiquement ?
R- Vous savez, c'est un leurre parfait de croire que la rentabilité c'est le nombre d'heures travaillées. C'est la masse des heures travaillées qui fait la rentabilité. On peut faire le même nombre d'heures avec plus de personnes ; après, c'est une question de répartition de richesses entre la masse du travail et la rémunération du capital. Il y a une amélioration du capital qui va à l'amélioration et à la création d'emplois. Et il y en a une partie qui va à la rémunération des actionnaires. Moi je préfère qu'on prenne : une partie de la rémunération des actionnaires pour financer une répartition de l'emploi qui permet à plus de monde d'être au travail. Les gains de productivité le permettent. A quoi servent les gains de productivité ? Il y a cent cinquante ans, on disait la même chose aux salariés. Et non on ne peut pas arrêter. Si on ne travaille pas 10 heures ou 12 heures, le monde va s'écrouler. On sait très bien que le monde s'est pas écroulé quand les 40 heures ont été instituées. Mais depuis les choses ont encore changé.
Q- Vous avez regretté, il y a quelques minutes, qu'on ne parle pas assez d'international. Quand vous réfléchissez au problème que posent les Iraniens à la communauté internationale, en voulant se doter d'une bombe nucléaire, vous pensez qu'il faudrait leur répondre comment et avoir quelle attitude vis-à-vis d'eux ?
R- La question aujourd'hui du nucléaire iranien est une question effectivement par rapport à la paix. Moi la proposition que j'ai faite. Je suis contre le fait d'autoriser l'Iran à avoir la bombe atomique, à continuer cette escalade ; mais cette escalade elle s'inscrit dans un contexte géopolitique...
Q- Comment on fait pour empêcher l'escalade ?
R- Je pense qu'on ne sortira pas de la crise iranienne si on ne dénucléarise pas entièrement déjà le Moyen-Orient. Dénucléariser le Moyen-Orient, c'est-à-dire qu'il faut aussi que la commission des Nations-Unies inspecte l'arsenal nucléaire israélien et qu'on arrête de se cacher derrière le fait qu'Israël a aussi la bombe atomique. Tout le monde le sait ; simplement personne ne veut en parler. C'est une chose. Mais ce n'est pas facile d'empêcher les Iraniens de faire... Je pense qu'à partir du moment où l'on dénucléarise cette zone, et que au moins il y a cette volonté politique, on donne un message aux Iraniens. Continuer à faire la bombe atomique s'il n'ont pas de justification ou de pseudo-justification ; parce que c'est comme ça. On est dans le fantasme. Simplement, ça joue en terme politique. Il faut donc là, à ce niveau là, une zone de dénucléarisation sur l'ensemble du Moyen-Orient, et il faut aussi que les Nations-Unies disent clairement : il faut que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se retirent de l'Irak. Il y a eu assez de morts. Il y a eu assez de gâchis. Cette zone aujourd'hui est dans une situation pire qu'elle n'a jamais été.
Q- Si on a bien compris, votre Gouvernement, c'est dans les prochains jours ?
R- Mais vous verrez ça avant le 22 avril ; nous allons avancer mais vous m'avez parlé de l'international, je finis quand même là-dessus parce que personne ne veut en parler. Il se passe hier et aujourd'hui quelque chose de très important à New Delhi ; c'est une nouvelle négociation de l'OMC pour essayer de débloquer la situation. Or ça c'est vital et ça se passe pendant l'élection présidentielle et ça aura des répercussions considérables et en terme politique on sera impuissant. Et ça je trouve ça dommage.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 avril 2007