Texte intégral
Q- Ce matin dans le journal Le Parisien, C. Allègre, ancien ministre socialiste de l'Education, dit qu'il est tenté par le vote Voynet. Alors, sachant que C. Allègre est plutôt pour le nucléaire, qu'il est plutôt pour les OGM, et qu'il ne croit pas vraiment au réchauffement climatique, comment prenez-vous ce soutien ?
R- C'est une vraie surprise, cela montre qu'il aime le débat d'idées, et qu'il préfère le raisonnement intellectuel à l'affirmation de sentences définitives.
Q- Est-ce un soutien important ou pas du tout ?
R- On verra. Cela n'a pas l'air fixé. Il dit "je pense que je vais peut-être voter Voynet".
Il a encore une semaine pour réfléchir.
Q- Dans le même article, C. Allègre dit que l'idée d'alliance entre le PS et l'UDF, déjà développée par M. Rocard ou B. Kouchner, c'est une idée intéressante. Est-ce que c'est une idée qui est en train de prendre corps réellement ?
R- C'est du mécano intellectuel qui ne correspond pas à une demande sur le terrain. Les gens que je rencontre tous les jours ne me parlent pas des petites phrases de tel ou tel. Ils me demandent ce que l'on va faire pour réduire leurs dépenses quotidiennes, pour améliorer leur qualité de vie, pour améliorer leurs conditions de travail. C'est cela les préoccupations des Français.
Q- Quand même, le premier qui avait parlé de cela, c'était un Verts, c'était D. Cohn-Bendit.
R- Le premier qui a parlé de cela, c'était F. Mitterrand il y a quelques décennies déjà, au moment où il essayait de trouver...
Q- Il ne parlait pas de F. Bayrou...
R- ...une façon d'éviter le débat, projet contre projet, à un moment où il n'y avait pas de majorité en France. Je suis convaincue que la droite et la gauche, ça a un sens, et je souhaite qu'on se batte sur les projets jusqu'à la fin de la semaine.
Q- Mais compte tenu de la faiblesse de la gauche quand même, compte tenu du fait que les sondages lui donnent moins de 40 %, est-ce qu'il ne faut pas ratisser plus large pour espérer gagner ?
R- Cela fait un peu sordide de dire "ratisser plus large". Vous imaginez ! Moi, j'ai envie de me battre sur des idées. Donc j'espère que ma collègue socialiste va aller rechercher ses électeurs qui sont égarés chez F. Bayrou. J'espère que je pourrai mobiliser mes électeurs, j'espère que les forces qui sont à gauche de la gauche vont se ressaisir et considérer qu'il est important de prendre des responsabilités pour construire une majorité. Et que le pire serait sans doute pour notre pays d'avoir N. Sarkozy comme président de la République.
Q- Pourquoi ? Parce que N. Sarkozy vous inquiète - c'est ce que vous avez dit ?
R- Il m'inquiète par sa personnalité qui me paraît agitée et brutale. Il m'inquiète aussi par son projet, qui est un projet néo-conservateur, au sens américain du terme. Il propose aux Français de travailler plus, comme si la quasi-totalité d'entre eux avait le choix. Beaucoup aimeraient pouvoir refuser les heures supplémentaires qui leur sont imposées, d'autres aimeraient travailler, ne serait-ce qu'un peu, pour échapper à la stigmatisation du chômage.
Q- Pour le moment, les sondages ne vous donnent pas une très bonne position, autour de 2 %. Qu'allez-vous faire d'ici la fin de la campagne, d'ici la petite semaine qu'il vous reste, pour essayer de renverser la tendance ?
R- Je vais dire encore et encore que, si l'écologie c'est important pour ceux qui nous écoutent, ils n'ont qu'une solution, c'est voter pour la candidate des Verts. Personne ne s'occupera d'écologie, si je devais effectivement au soir du premier tour réunir un nombre trop insuffisant de voix. J'ai comme envie de vous dire un certain nombre de choses. On a vécu un hiver anormalement clément, on vit un printemps pratiquement caniculaire, certaines rivières sont déjà à sec, dans des régions entières on ne peut plus boire l'eau du robinet, on commence à place des restrictions d'arrosage. Est-ce qu'on continue comme ça ou est-ce qu'on opère la mutation vers une société un peu plus responsable du point de vue de l'environnement ? Est-ce qu'on demande effectivement à ceux qui gaspillent aujourd'hui des ressources rares, de les partager, de les gérer de façon plus attentive aux besoins des autres usagers, ou est-ce que c'est le chacun pour soi ? Une fois de plus, avec de beaux discours, avec et des actes qui sont en dessous de la ligne de flottaison.
Q- Donc, pour vous le vote utile, c'est le vote Voynet ?
R- C'est, pour qui s'intéresse à l'écologie, c'est évidemment le vote Voynet. Qui parle de nature, qui parle de condition animale, qui parle de protection de l'eau, qui parle de gestion des espaces naturels ? Personne !
Q- N. Hulot hier, a dit qu'il ne donnerait pas de consigne de vote...
R- C'est normal.
Q- Est-ce que pour vous c'est une déception ?
R- Non, c'est normal. Il a choisi l'engagement associatif, il se décrédibiliserait en revenant dans le champ politique pour donner un avis sur tel ou tel. Il a manifesté sa sympathie, il a écrit sur ma profession de foi une phrase qui reconnaît le courage, la ténacité, l'ancienneté, la cohérence de l'engagement. J'y vois un encouragement suffisant.
Q- Dans les sondages, quand il envisageait de se présentait, on disait "il va faire autour de 10 %".
R- Oui, à l'époque on mettait aussi J. Bové aux alentours de ce résultat-là, on voit ce qu'il en est aujourd'hui. Quand on est en politique, on doit effectivement être porteur d'un projet généraliste, on doit répondre sur la question du temps de travail, sur la question des choix énergétiques, sur la question des choix budgétaires et fiscaux, sur la politique internationale. Et ce n'est pas ce que souhaitait N. Hulot.
Q- Mais est-ce que, tout de même, la démarche de N. Hulot n'a pas perturbé votre campagne ?
R- On verra ça au soir du premier tour. On pourra effectivement mesurer l'influence des uns et des autres. Je suis convaincue qu'il a contribué à porter l'écologie au coeur de la campagne à un certain moment. La démonstration est faite d'une façon totalement éclatante, les partis n'ont fait que cliquer pour signer le Pacte écologique, ils ont oublié ses questions. Lisez les circulaires qui vont être distribuées aux 40 millions d'électeurs, il y a quand même très, très peu de choses sur les questions écologiques.
Q- C'est-à-dire, vous dites en fait que le Pacte écologique a été oublié, c'est ça ?
R- Je pense que les principaux candidats ont été très contents de signer le Pacte écologique pour mieux l'oublier après, pour mieux s'en débarrasser. Ces questions devraient être au coeur de la campagne. Que ça nous plaise ou non, le défi climatique ou la fin du pétrole pas cher sont des défis qui vont s'imposer à nous. L'enjeu, ce n'est pas seulement de réduire l'impact sur l'environnement, c'est aussi de faire baisser le niveau de violence et de mieux partager les ressources. Si on ne répond pas aux préoccupations des plus modestes, ça va être difficile de les intéresser aux questions climatiques.
Q- Alors on parlait de "vote utile" tout à l'heure. S. Royal parle elle aussi de "vote utile", en disant que "le vote utile c'est le vote pour S. Royal", parce que sinon, la gauche risque d'être absente du deuxième tour.
R- Non, imaginez un candidat qui vous dirait : votez pour moi, je suis inutile. Imaginez un candidat qui vous dirait : "je ne suis pas écolo, je suis pour la pollution" ; imaginez un candidat qui vous dirait : "je préfère l'injustice sociale et la violence dans la société !". Ce ne serait pas crédible. Alors regardez le contenu, regardez ce qu'ils ont fait aussi quand ils étaient aux responsabilités, regardez qui a pesé pour qu'on économise l'énergie et qu'on opère la mutation des énergies renouvelables, regardez qui propose aujourd'hui de sortir des OGM, d'arrêter de construire des incinérateurs, d'arrêter de construire des routes. On est aujourd'hui en train d'étouffer à Paris quand même. On a une alerte à la pollution qui touche à la fois l'ozone et les particules, et qu'est-ce qu'on fait ? On roule ! On roule parce qu'il n'y a pas d'alternative en matière de transports publics, hormis dans les endroits où les Verts ont commencé leur travail. Le tramway à Paris, c'est quand même pour l'essentiel lié à la pression et au poids politique des Verts.
Q- Mais au deuxième tour, qu'allez-vous faire ? Est-ce que vous voterez pour S. Royal, est-ce que vous vous rallierez à la candidature de S. Royal ?
R- Je veux qu'on soit porteur d'un projet, qui soit à la mesure des attentes de la société. Si ce projet devait rester silencieux, sur les 35 heures, sur la façon dont on va prélever un peu plus d'impôts sur les personnes très aisées pour financer les services publics, et donc revenir sur les baisses qui ont été décidées depuis l'an 2000, si on n'est pas capable de faire des propositions solides sur l'environnement et sur les questions énergétiques, ça va être difficile de convaincre une majorité de Français.
Q- Aujourd'hui, le vote pour S. Royal, le programme de S. Royal, vous fait dire : je n'ai pas assez d'éléments pour voter pour elle au second tour ?
R- Mais si le programme de S. Royal était parfait, je n'aurais pas présenté ma candidature. Si les socialistes avaient négocié correctement avec les Verts et avaient convenus qu'il était normal que les Verts aient un groupe parlementaire puisque les socialistes eux-mêmes avaient l'ambition d'avoir 400 députés, on n'aurait peut-être pas présenté de candidature. Il se trouve que le débat à gauche a été extraordinairement pauvre ces dernières années, et qu'il est indispensable de se battre dans cette campagne, puisqu'il y a eu l'inversion du calendrier électoral qui rend très difficile le débat aux législatives, à la fois sur le projet politique, sur la juste représentation, des uns et des autres, et sur les règles qui prévalent au sein d'une majorité. Dire, "circulez il n'y a rien à voir, on est les plus gros, donc on a raison, donc vous êtes priés de vous effacer", n'est pas une façon de faire de la politique.
Q- Est-ce qu'il y a une condition qui fait que vous ne voteriez pas pour S. Royal ? Par exemple, sur l'EPR, est-ce que c'est non négociable ?
R- Les Verts n'envisagent pas de participer à une majorité qui ne serait pas claire sur l'EPR. En 1997, le gouvernement de L. Jospin avait déjà convenu qu'il ne fallait pas faire cette machine infernale et ruineuse. Cela reste vrai aujourd'hui.
Q- S. Royal a dit qu'elle remettrait tout sur la table.
R- "Remettre sur la table", ce n'est pas suffisant, il faut quand même trancher. En 1997, les socialistes étaient contre, l'année dernière au moment du débat sur l'énergie au Parlement, ils ont voté contre, et cette année ils proposent de remettre sur la table. C'est une façon de gagner du temps et de tergiverser qui ne me paraît pas convenable.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 avril 2007
R- C'est une vraie surprise, cela montre qu'il aime le débat d'idées, et qu'il préfère le raisonnement intellectuel à l'affirmation de sentences définitives.
Q- Est-ce un soutien important ou pas du tout ?
R- On verra. Cela n'a pas l'air fixé. Il dit "je pense que je vais peut-être voter Voynet".
Il a encore une semaine pour réfléchir.
Q- Dans le même article, C. Allègre dit que l'idée d'alliance entre le PS et l'UDF, déjà développée par M. Rocard ou B. Kouchner, c'est une idée intéressante. Est-ce que c'est une idée qui est en train de prendre corps réellement ?
R- C'est du mécano intellectuel qui ne correspond pas à une demande sur le terrain. Les gens que je rencontre tous les jours ne me parlent pas des petites phrases de tel ou tel. Ils me demandent ce que l'on va faire pour réduire leurs dépenses quotidiennes, pour améliorer leur qualité de vie, pour améliorer leurs conditions de travail. C'est cela les préoccupations des Français.
Q- Quand même, le premier qui avait parlé de cela, c'était un Verts, c'était D. Cohn-Bendit.
R- Le premier qui a parlé de cela, c'était F. Mitterrand il y a quelques décennies déjà, au moment où il essayait de trouver...
Q- Il ne parlait pas de F. Bayrou...
R- ...une façon d'éviter le débat, projet contre projet, à un moment où il n'y avait pas de majorité en France. Je suis convaincue que la droite et la gauche, ça a un sens, et je souhaite qu'on se batte sur les projets jusqu'à la fin de la semaine.
Q- Mais compte tenu de la faiblesse de la gauche quand même, compte tenu du fait que les sondages lui donnent moins de 40 %, est-ce qu'il ne faut pas ratisser plus large pour espérer gagner ?
R- Cela fait un peu sordide de dire "ratisser plus large". Vous imaginez ! Moi, j'ai envie de me battre sur des idées. Donc j'espère que ma collègue socialiste va aller rechercher ses électeurs qui sont égarés chez F. Bayrou. J'espère que je pourrai mobiliser mes électeurs, j'espère que les forces qui sont à gauche de la gauche vont se ressaisir et considérer qu'il est important de prendre des responsabilités pour construire une majorité. Et que le pire serait sans doute pour notre pays d'avoir N. Sarkozy comme président de la République.
Q- Pourquoi ? Parce que N. Sarkozy vous inquiète - c'est ce que vous avez dit ?
R- Il m'inquiète par sa personnalité qui me paraît agitée et brutale. Il m'inquiète aussi par son projet, qui est un projet néo-conservateur, au sens américain du terme. Il propose aux Français de travailler plus, comme si la quasi-totalité d'entre eux avait le choix. Beaucoup aimeraient pouvoir refuser les heures supplémentaires qui leur sont imposées, d'autres aimeraient travailler, ne serait-ce qu'un peu, pour échapper à la stigmatisation du chômage.
Q- Pour le moment, les sondages ne vous donnent pas une très bonne position, autour de 2 %. Qu'allez-vous faire d'ici la fin de la campagne, d'ici la petite semaine qu'il vous reste, pour essayer de renverser la tendance ?
R- Je vais dire encore et encore que, si l'écologie c'est important pour ceux qui nous écoutent, ils n'ont qu'une solution, c'est voter pour la candidate des Verts. Personne ne s'occupera d'écologie, si je devais effectivement au soir du premier tour réunir un nombre trop insuffisant de voix. J'ai comme envie de vous dire un certain nombre de choses. On a vécu un hiver anormalement clément, on vit un printemps pratiquement caniculaire, certaines rivières sont déjà à sec, dans des régions entières on ne peut plus boire l'eau du robinet, on commence à place des restrictions d'arrosage. Est-ce qu'on continue comme ça ou est-ce qu'on opère la mutation vers une société un peu plus responsable du point de vue de l'environnement ? Est-ce qu'on demande effectivement à ceux qui gaspillent aujourd'hui des ressources rares, de les partager, de les gérer de façon plus attentive aux besoins des autres usagers, ou est-ce que c'est le chacun pour soi ? Une fois de plus, avec de beaux discours, avec et des actes qui sont en dessous de la ligne de flottaison.
Q- Donc, pour vous le vote utile, c'est le vote Voynet ?
R- C'est, pour qui s'intéresse à l'écologie, c'est évidemment le vote Voynet. Qui parle de nature, qui parle de condition animale, qui parle de protection de l'eau, qui parle de gestion des espaces naturels ? Personne !
Q- N. Hulot hier, a dit qu'il ne donnerait pas de consigne de vote...
R- C'est normal.
Q- Est-ce que pour vous c'est une déception ?
R- Non, c'est normal. Il a choisi l'engagement associatif, il se décrédibiliserait en revenant dans le champ politique pour donner un avis sur tel ou tel. Il a manifesté sa sympathie, il a écrit sur ma profession de foi une phrase qui reconnaît le courage, la ténacité, l'ancienneté, la cohérence de l'engagement. J'y vois un encouragement suffisant.
Q- Dans les sondages, quand il envisageait de se présentait, on disait "il va faire autour de 10 %".
R- Oui, à l'époque on mettait aussi J. Bové aux alentours de ce résultat-là, on voit ce qu'il en est aujourd'hui. Quand on est en politique, on doit effectivement être porteur d'un projet généraliste, on doit répondre sur la question du temps de travail, sur la question des choix énergétiques, sur la question des choix budgétaires et fiscaux, sur la politique internationale. Et ce n'est pas ce que souhaitait N. Hulot.
Q- Mais est-ce que, tout de même, la démarche de N. Hulot n'a pas perturbé votre campagne ?
R- On verra ça au soir du premier tour. On pourra effectivement mesurer l'influence des uns et des autres. Je suis convaincue qu'il a contribué à porter l'écologie au coeur de la campagne à un certain moment. La démonstration est faite d'une façon totalement éclatante, les partis n'ont fait que cliquer pour signer le Pacte écologique, ils ont oublié ses questions. Lisez les circulaires qui vont être distribuées aux 40 millions d'électeurs, il y a quand même très, très peu de choses sur les questions écologiques.
Q- C'est-à-dire, vous dites en fait que le Pacte écologique a été oublié, c'est ça ?
R- Je pense que les principaux candidats ont été très contents de signer le Pacte écologique pour mieux l'oublier après, pour mieux s'en débarrasser. Ces questions devraient être au coeur de la campagne. Que ça nous plaise ou non, le défi climatique ou la fin du pétrole pas cher sont des défis qui vont s'imposer à nous. L'enjeu, ce n'est pas seulement de réduire l'impact sur l'environnement, c'est aussi de faire baisser le niveau de violence et de mieux partager les ressources. Si on ne répond pas aux préoccupations des plus modestes, ça va être difficile de les intéresser aux questions climatiques.
Q- Alors on parlait de "vote utile" tout à l'heure. S. Royal parle elle aussi de "vote utile", en disant que "le vote utile c'est le vote pour S. Royal", parce que sinon, la gauche risque d'être absente du deuxième tour.
R- Non, imaginez un candidat qui vous dirait : votez pour moi, je suis inutile. Imaginez un candidat qui vous dirait : "je ne suis pas écolo, je suis pour la pollution" ; imaginez un candidat qui vous dirait : "je préfère l'injustice sociale et la violence dans la société !". Ce ne serait pas crédible. Alors regardez le contenu, regardez ce qu'ils ont fait aussi quand ils étaient aux responsabilités, regardez qui a pesé pour qu'on économise l'énergie et qu'on opère la mutation des énergies renouvelables, regardez qui propose aujourd'hui de sortir des OGM, d'arrêter de construire des incinérateurs, d'arrêter de construire des routes. On est aujourd'hui en train d'étouffer à Paris quand même. On a une alerte à la pollution qui touche à la fois l'ozone et les particules, et qu'est-ce qu'on fait ? On roule ! On roule parce qu'il n'y a pas d'alternative en matière de transports publics, hormis dans les endroits où les Verts ont commencé leur travail. Le tramway à Paris, c'est quand même pour l'essentiel lié à la pression et au poids politique des Verts.
Q- Mais au deuxième tour, qu'allez-vous faire ? Est-ce que vous voterez pour S. Royal, est-ce que vous vous rallierez à la candidature de S. Royal ?
R- Je veux qu'on soit porteur d'un projet, qui soit à la mesure des attentes de la société. Si ce projet devait rester silencieux, sur les 35 heures, sur la façon dont on va prélever un peu plus d'impôts sur les personnes très aisées pour financer les services publics, et donc revenir sur les baisses qui ont été décidées depuis l'an 2000, si on n'est pas capable de faire des propositions solides sur l'environnement et sur les questions énergétiques, ça va être difficile de convaincre une majorité de Français.
Q- Aujourd'hui, le vote pour S. Royal, le programme de S. Royal, vous fait dire : je n'ai pas assez d'éléments pour voter pour elle au second tour ?
R- Mais si le programme de S. Royal était parfait, je n'aurais pas présenté ma candidature. Si les socialistes avaient négocié correctement avec les Verts et avaient convenus qu'il était normal que les Verts aient un groupe parlementaire puisque les socialistes eux-mêmes avaient l'ambition d'avoir 400 députés, on n'aurait peut-être pas présenté de candidature. Il se trouve que le débat à gauche a été extraordinairement pauvre ces dernières années, et qu'il est indispensable de se battre dans cette campagne, puisqu'il y a eu l'inversion du calendrier électoral qui rend très difficile le débat aux législatives, à la fois sur le projet politique, sur la juste représentation, des uns et des autres, et sur les règles qui prévalent au sein d'une majorité. Dire, "circulez il n'y a rien à voir, on est les plus gros, donc on a raison, donc vous êtes priés de vous effacer", n'est pas une façon de faire de la politique.
Q- Est-ce qu'il y a une condition qui fait que vous ne voteriez pas pour S. Royal ? Par exemple, sur l'EPR, est-ce que c'est non négociable ?
R- Les Verts n'envisagent pas de participer à une majorité qui ne serait pas claire sur l'EPR. En 1997, le gouvernement de L. Jospin avait déjà convenu qu'il ne fallait pas faire cette machine infernale et ruineuse. Cela reste vrai aujourd'hui.
Q- S. Royal a dit qu'elle remettrait tout sur la table.
R- "Remettre sur la table", ce n'est pas suffisant, il faut quand même trancher. En 1997, les socialistes étaient contre, l'année dernière au moment du débat sur l'énergie au Parlement, ils ont voté contre, et cette année ils proposent de remettre sur la table. C'est une façon de gagner du temps et de tergiverser qui ne me paraît pas convenable.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 avril 2007