Interview de M. François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'élection présidentielle de 2007, avec "L'Internaute" le 10 avril 2007, notamment sur ses propositions en matière économique et sociale et sur l'éducation.

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Média : L'Internaute

Texte intégral


Q- Comment allez-vous M. Bayrou ?
R- Je vais très bien, je suis en pleine forme. Les deux semaines qui sont devant nous seront formidables à vivre parce que c'est le moment où le peuple français va décider. Et il va décider, je crois, de changer profondément le paysage politique français. Alors moi, ça me porte.
Q- Quelle est votre mesure la plus à gauche ou la plus à droite ?
R- Je ne sais pas ce que la gauche et la droite veulent dire à la vérité parce que pour moi tout se tient. La décision la plus marquante du point de vue social, il y en a deux à la vérité. La première, c'est d'augmenter toutes les petites retraites jusqu'à 90 % du Smic : elles sont aujourd'hui à quelque chose comme 600 euros, et donc c'est un effort très important en direction des gens qui ont travaillé toute leur vie et qui n'y arrivent pas. Et l'autre, c'est un grand plan de lutte contre l'exclusion, qui permettra de trouver à chaque personne au RMI une activité dans la société, qui lui permettra d'arrondir ses fins de mois et en même temps de faire face, de retrouver l'image d'elle-même, celle de quelqu'un de reconnu et non pas comme quelqu'un qui est resté sur le bord de la route. Voilà les deux mesures les plus... sociales, on va dire. Les mesures qui, autrement, sont des mesures en direction de l'entreprise : il y a les deux emplois sans avoir à payer de charges pendant cinq ans, sauf pour les retraites. Deux emplois par entreprise. Mais si c'est une mesure qu'on peut considérer comme en direction de l'entreprise, c'est aussi une mesure que moi je considère comme éminemment sociale.
Q- Vous prônez un gouvernement gauche-droite. Est-ce que vous en avez déjà la trame ou est-ce que ce n'est qu'une idéologie qui vous permettra de gagner un électorat ?
R- J'ai évidemment déjà en tête la trame de ce gouvernement. Et même des responsables politiques qui m'ont fait savoir qu'ils accepteraient d'en être mais qui ne peuvent pas le dire avant le 22 avril au soir. Parce que jusqu'au 22 avril au soir, chacun est dans son appareil. Si je suis, comme je le crois, sélectionné pour le second tour, sélectionné pour la finale, alors évidemment cela va se dégeler. Et tous ceux qui m'ont fait passer des signes discrets, secrets, tous ceux-là viendront. Et d'ailleurs les autres aussi, car vous vous rendez bien compte que si le peuple français, comme je le pense, décide de réaliser ce grand changement, tous les responsables politiques seront obligés de suivre, autrement ils perdront les élections législatives cinq semaines après. Donc c'est en effet une tenaille formidable pour tous ceux qui veulent faire changer les choses. Première décision le 6 mai. Deuxième décision le 10 juin.
Q- Etes-vous prêt à participer à un débat sur Internet avec les candidats, même sans Nicolas Sarkozy ?
R- Moi, j'y suis prêt. Je trouve que, évidemment, cela a moins de sens. Mais il n'y a aucune raison de considérer que les Français doivent être privés de débat. Alors je ne sais pas pourquoi les choses ne bougent pas et n'avancent pas. J'ai dit deux choses. J'ai dit à Internet : " Organisez le débat dans la forme que vous voulez ". Mais un grand nombre de responsables de sites Internet m'ont dit, et c'est vrai, que ce n'est pas la culture Internet de ne prendre que les grands. La culture Internet, c'est de s'ouvrir à tout le monde. Très bien. Et puis j'ai dit aux chaînes de télévision : "Il n'y a rien de plus simple. Vous montez le débat. Vous dites que le débat aura lieu. Nous mettrons des pupitres avec les noms, si vous n'êtes pas là, votre pupitre demeurera vide. Et vous verrez que les gens viendront ". Et cependant, il y a une telle chape de plomb sur la vie politique française, qui verrouille tout, que parce que Sarkozy dit non, les choses n'ont pas lieu, donc voilà... Je trouve que c'est une preuve de plus qu'il faut déverrouiller tout ça. Qu'est-ce qu'ils ont à craindre de se montrer devant les Français ?
Q- Comment voyez-vous la France dans cinq ans ?
R- Je vois la France dans cinq ans comme un pays qui a retrouvé son équilibre. Et qui a subitement découvert que la situation pouvait s'améliorer plus vite qu'on ne le croyait. Je suis très frappé par ce qu'il se passe en Allemagne. C'est le plus grand pays d'Europe, il est voisin du nôtre, on est frontalier, on se connaît bien. Ce qu'il se passe en Allemagne, c'est, en 18 mois, une amélioration de la situation qui était absolument inattendue, impensable. Simplement les électeurs allemands, qui sont malins, comme les électeurs français, ont obligé ces deux partis, qui ont passé 30 ans à se battre, à s'assoir autour de la table et à travailler ensemble pour le bien de l'Allemagne. La croissance était, il y a 18 mois, la plus basse d'Europe, elle est aujourd'hui la plus haute. Le commerce extérieur est en train de battre tous les records. Bref, c'est un pays qui a fait face à ses difficultés et qui y arrive. Eh bien je trouve qu'on devrait faire la même chose.
Q- Si vous êtes élu, que ferez-vous pour aider les pays pauvres ?
R- Je trouve cette question très importante. Si je suis élu, je m'occuperai de l'Afrique et je proposerai à l'Europe d'avoir une stratégie de développement de l'Afrique pour que les paysans, ouvriers, techniciens et ingénieurs africains puissent s'occuper eux-mêmes de nourrir et d'équiper leur continent. C'est pour moi quelque chose de très important : je considère comme aussi dangereux pour l'avenir de l'humanité le sous-développement de l'Afrique que la crise du climat.
Q- Que pensez-vous du Darfour ? Si vous êtes élu, envisagez-vous de prendre des mesures concrètes afin de stopper ce nouveau génocide.
R- Comme vous le savez peut-être, je suis le seul responsable politique français à m'être rendu au Darfour, il y a deux ou trois ans, parce que je voyais bien venir ce qui était en train de se former là-bas, qui est en effet une guerre, un génocide, enfin beaucoup de choses extrêmement cruelles et fortes en même temps.
Qu'est-ce que c'est le Darfour ? Ce sont des dizaines de camps, comportant chacun des dizaines de milliers de personnes qui vivent sur le sable avec parfois une toile de plastique au-dessus de la tête. Ils n'ont rien. Ils n'ont rien et on leur a tout pris à jamais parce que, ce que l'on ne sait pas toujours, c'est que le droit de la terre au Soudan est tel que si vous cessez de la cultiver pendant un an, elle ne vous appartient plus. Voilà pourquoi on les chasse, voilà pourquoi on viole, on met le feu. On fait tout cela pour qu'ils s'en aillent et perdent ainsi leurs terres. C'est donc le désespoir le plus absolu que l'on puisse imaginer.
Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut faire pression sur le gouvernement soudanais pour qu'il accepte une force d'interposition internationale de l'ONU et de l'Afrique. Et pour cela, il est nécessaire que le gouvernement chinois, qui s'est institué comme protecteur du gouvernement soudanais au conseil de sécurité de l'ONU, comprenne que la conscience internationale n'acceptera pas que l'on tolère ces horreurs, alors que l'on sait ce qu'il se passe, et que l'on a en face de soi des armements inexistants. L'arme la plus élaborée doit être une mitrailleuse et peut être un hélicoptère. Ceci est donc un travail international qui mérite que l'on s'adresse aux autorités chinoises, en disant qu'il y a là quelque chose que, même pour du pétrole, même pour des matières premières - puisque c'est cela l'objet de la protection chinoise -, on ne peut pas faire. Voilà ce que j'ai l'intention de faire.
Concrètement, la France est à la frontière du Soudan, au Tchad, mais le plus important à faire est de manifester, en parlant aussi clairement que je viens de le faire, qu'il y a des choses inacceptables. Que l'on respecte tout, mais que quand il y a un génocide, la communauté des nations décide d'intervenir.
Q- Qu'allez-vous faire pour soutenir les salariés du privé ?
R- Les salariés du privé sont en première ligne dans cette grande affaire. Comment faire pour les protéger et les aider ? Il faut que l'Europe existe et qu'elle s'occupe d'eux. Il s'agit de défendre notre tissu industriel. Comment faire pour les bas salaires ? Il faut inciter vivement les entreprises à partager les bénéfices de leur exercice à la fin de l'année avec leurs salariés.
Vous savez que je propose aussi une forte augmentation des heures supplémentaires - pour ceux qui en ont, car ce n'est pas le cas de tout le monde. Je propose une forte augmentation : passer à 35 % de majoration, alors qu'actuellement, dans les petites boîtes, c'est 10 %. Donc une forte augmentation pour que ça aille mieux. Mais pour le reste, elle a raison. Et il faut dire que l'Etat aussi doit faire l'effort de modernisation nécessaire. Il n'y a pas de raison que ça ne soit que les salariés du privé qui les supportent.
Q- Je travaille à la Direction départementale de l'Equipement. Que pensez-vous de l'avenir des fonctionnaires ?
R- Je pense qu'il faut des fonctionnaires, qu'il en faudra, mais je pense aussi bien sûr qu'il faut que eux-mêmes fassent le chemin d'adaptation, de modernisation nécessaire. Parce que l'on a vu cette dame tout à l'heure, salariée du privé, et on ne peut pas laisser sans réponse son interrogation. C'est toute la société française qui doit avancer d'un même pas. Mais je suis certain que l'on peut s'adresser aux fonctionnaires autrement qu'en les mettant en accusation. L'effort de compréhension que je pense nécessaire pour toute la société française s'adresse aussi aux fonctionnaires.
Q- A vous de juger si ma question est pertinente ou impertinente. Avez-vous une botte secrète ou une stratégie décisive pour contrer l'UMP et le PS ?
R- C'est une question absolument pertinente. Je n'ai pas de botte secrète sauf que moi je crois dans le peuple français. Le seul point où je diverge d'avec ce monsieur, c'est quand il croit que le peuple français est versatile. Moi je crois qu'il n'est versatile que quand il s'en fiche. Et, cette fois-ci, il ne s'en fiche pas. Je pense qu'il a compris exactement où l'on en était, qu'il sait exactement l'importance de faire souffler un esprit nouveau sur la politique française. Je pense qu'il a parfaitement compris qu'il y avait, d'un côté, une surenchère de promesses, et de l'autre, une approche plus responsable, complètement différente. La prise de conscience, c'est comme une onde qui s'étend sur la société française. Cette prise de conscience va intervenir. Ma botte secrète, ce sont les Français.
Q- Si vous êtes élu, choisirez-vous Nicolas Sarkozy comme Premier ministre ? Et lui vous choisirait-il s'il était élu ?
R- (Rires) Je n'ai pas l'impression que ça aille dans ce sens...
Q- Au deuxième tour, soutiendrez-vous Mme Royal ?
R- Si je suis face à Mme Royal, je ne la soutiendrai pas évidemment. En même temps, voyez-vous, la question est la suivante : je ne changerai pas de ligne politique selon que je serai en face de l'un ou de l'autre des candidats. Je ne vais pas me transformer en candidat de la droite si je suis contre Ségolène Royal, et en candidat de la seule gauche si je suis contre Nicolas Sarkozy. Je vais défendre ma ligne politique, qui est : "Désormais, écoutez-moi bien, on a besoin de travailler ensemble". Si vous croyez que dans votre camp refermé, vous allez apporter quelque chose de bon à la France, vous n'y arriverez pas. Vous êtes trop sectaires. Vous êtes au pouvoir, les autres sont contre. Les uns diront oui, les autres diront non. Ils flingueront ce que vous ferez, ils seront en embuscade. Tout cela, ça ne va pas. Et donc on a besoin, en effet, de ce grand changement qui fait qu'un Président de la République va dire : "Mesdames et messieurs, maintenant, au nom de tout le monde, est-ce que vous acceptez ou est-ce que vous refusez ?". Si vous refusez, les Français en seront juges. Et vous verrez la dureté des Français dans ce cas-là, car les Français veulent qu'on s'occupe d'eux. Ils ont compris qu'il y avait un jeu politique entre UMP et PS. Et pour moi, ce sera ma ligne politique.
Q- Allez-vous instaurer davantage de proportionnelle pour les prochaines élections législatives ?
R- Il faut être honnête, pour les prochaines élections législatives, celles qui vont intervenir les 10 et 17 juin, c'est impossible de modifier la loi. D'ailleurs, il n'y a pas de Parlement actuellement présent pour modifier la loi électorale. Ceci ne pourra donc pas se faire pour ces élections-là. D'une certaine manière, ça va offrir une chance de renouvellement très importante aux Français. Car ils vont avoir sous la main leurs responsables politiques, et si ces responsables ne suivent pas la direction que les Français auront choisie d'un nouveau Président et d'une nouvelle entente, ils seront balayés. Donc cela va être aussi une forme de pression. Mais si j'avais pu le faire, je l'aurais fait. Malheureusement, c'est impossible.
En revanche, aussitôt après, oui, on entrera dans la grande réflexion institutionnelle, et on va garantir qu'il y aura de la proportionnelle -moi je propose 50 % des sièges -, de manière à ce que toutes les sensibilités puissent être représentées à l'Assemblée nationalité, que les débats puissent avoir plus d'authenticité, de vérité. De la même manière, je m'attaquerai au cumul des mandats, au droit du Parlement. On va faire toutes ces choses pour que la France retrouve une démocratie normale, au lieu de la démocratie complètement confisquée et monarchique que l'on a à l'heure actuelle.
Q- Que pensez-vous de l'Education nationale ? Ses points forts ? Ses points faibles ? Quelles solutions proposez-vous ?
R- Point fort de l'Education nationale : elle a été la référence pour tous les pays du monde pendant des décennies. C'était le meilleur système éducatif de la planète, il en reste beaucoup. Il en reste des traditions, des professeurs formés.
Point faible : c'est un ensemble assez découragé, parce qu'il a été pris pour cible par tous les gouvernants successifs pendant des années. Et ces dernières années ont été particulièrement marquantes.
Qu'est ce qu'il faut faire ? Un : les soutenir. Je serai un Président qui soutiendra le système éducatif français. Deux : leur donner, leur garantir les moyens nécessaires. Qu'il n'y ait pas tous les ans la chasse aux postes, comme cela arrive. Trois : s'attaquer aux points faibles, c'est-à-dire, regarder en face les problèmes qui se posent, et puis décider, par un contrat, que par exemple, en cinq ans, on va les résoudre.
Q- Alors quels sont ces problèmes ?
R- - Premier problème : il y a 20 % d'enfants qui entrent en 6e sans savoir lire. Vous ne pouvez pas réussir sans savoir lire, c'est impossible, vous êtes abandonné, vous devenez marginal, c'est criminel.
- Deuxième problème : avoir des établissements dans lesquels règne le calme. Et qu'on se fixe cela comme objectif. C'est tout bête le calme, mais si les gamins ont peur dans la cour de récréation, alors vous n'êtes pas dans la République.
- Troisièmement, qu'il y ait de l'excellence et de la réussite partout : autant dans le plus lointain des collèges de banlieue ou dans mes vallées pyrénéennes qu'à Henri IV ou Louis le Grand. Parce que les enfants sont intelligents partout de la même manière, n'est-ce pas ? Et donc il n'y a aucune raison que les uns se voient offrir une chance, même si c'est très bien, et pas les autres. Il faut que les autres puissent saisir la même chance. Et pour moi c'est cela l'objectif.
- Quatrièmement : on a un grand problème d'université, très compliqué, parce que ça demande des moyens qu'on n'a pas donnés jusqu'à maintenant. Cela demande à réfléchir à l'articulation universités/grandes écoles. Cela demande à réfléchir à la place de la recherche dans la société française.
Par exemple, je l'ai dit l'autre jour, j'ai, moi, une interrogation profonde sur l'ENA. Et je pense qu'il faut remplacer l'ENA par un autre système de recrutement. Dans tous les autres pays développés du monde, pour entrer dans la haute fonction publique, il faut avoir fait un travail de recherche à l'université, un doctorat. C'est la voie royale pour entrer dans les postes de responsabilité dans le privé et dans le public. Pourquoi est-ce que ce n'est pas le cas en France ? Vous voyez tout de suite ce que cela veut dire comme changement profond de philosophie des rapports entre l'université et la société...
Et puis il y a des tas de problèmes d'orientation. Il y a beaucoup trop de jeunes qui entrent à l'université sans savoir comment ça marche et qui croient qu'ils vont rencontrer un prolongement de lycée, alors que ce n'est pas le cas. Donc il faut qu'au lycée, on fasse une préparation à l'autonomie des étudiants à l'université. Et je voudrais que la classe de terminale soit revue dans ce sens, une formation à l'autonomie. Vous voyez ça fait beaucoup, beaucoup de choses... Qu'est-ce que je peux vous dire d'autre ?
J'aime l'Education nationale. Alors je sais bien que ce n'est pas à la mode, je sais bien qu'il y a beaucoup plus de voix à gagner en expliquant qu'ils ne sont pas à la hauteur... Mais moi, en tous cas, je les défendrai.
Q- Que comptez-vous faire pour les retraités ? Merci de votre réponse.
R- Je compte augmenter les petites retraites et le minimum vieillesse qui est aujourd'hui de 630 euros environ. Je compte l'augmenter pour le passer à 90 % du Smic et j'espère qu'il y aura des adaptations pour les autres retraites.
Q- Allez-vous augmenter les allocations des personnes handicapées ?
R- Je crois que c'est nécessaire. C'est très cher mais je crois que c'est nécessaire, parce que là aussi les 600 euros par mois, c'est difficile ! Mais je ne prends pas d'engagement chiffré parce que je n'ai pas chiffré cette question. Et je ne l'ai pas fait parce que je sais à l'avance qu'elle coûte très cher. Mais c'est vrai que les personnes handicapées sont dans une situation souvent inquiétante, car que fait-on avec 600 euros par mois ?
Q- Dans vos interventions, vous n'avez pas parlé de votre position vis-à-vis de la recherche scientifique en France. Quelle est-elle ?
R- Non seulement j'ai parlé de la recherche scientifique, mais j'ai même écrit sur la recherche scientifique puisque dans mon livre "Projet d'espoir ", sorti il y a un mois, j'indique que, selon moi, la recherche et la création d'entreprises, et la création culturelle, tout cela est la même chose : un pays qui se met en situation de création, une société qui devient une société de création.
Qu'est-ce que je propose pour la recherche scientifique ? Je propose que l'on augmente son budget, avec un plan pluriannuel, de 5% par an pendant dix ans de manière à doubler ce budget ou presque en accélérant sur la fin. Je propose aussi que l'on fasse une politique de relocalisation des chercheurs qui se sont délocalisés. Donc installations de laboratoires, donc pôles de compétitivité, toutes ces choses. Plus une disposition originale : exonérer d'impôt les revenus des brevets de manière à ce que quelqu'un qui trouve quelque chose de très important ait intérêt à s'installer en France.
Je suis un ancien professeur d'éducation physique. Je voudrais savoir ce que vous allez faire pour le sport à l'école, alors que le ministre de l'Education nationale essaie de supprimer cette activité.
Je suis d'accord pour rétablir tous les moyens du sport à l'école et pour faire que tous ces moyens soient utilisés pour le sport à l'école. Ce qui mérite un effort général. Vous vous souviendrez peut-être que, ministre de l'Education, j'avais augmenté l'horaire de l'éducation physique en sixième et en terminale, ce qui avait été à l'époque une mesure significative pour l'activité du sport à l'école. Je suis d'accord pour rétablir tous les moyens et que l'on fasse ce travail là. Voir l'extrait vidéo
Q- Quelle question auriez-vous aimé qu'on vous pose ?
R- Au fond, la seule question qui se pose, dans beaucoup d'esprits, c'est "Est-ce que c'est possible ?". Je crois qu'un très grand nombre de Français ont entendu ce que je disais, y adhèrent au fond. Ils se disent " Oui, c'est vrai, les anciens clivages, ça va bien ! Cela ne veut plus rien dire, et ça nous conduit dans le mur ! Ils y adhèrent.
La question qui se pose est : "On a confiance en lui, mais est-ce qu'il y arrivera ?". Et moi je voudrais leur dire une seule chose : c'est plus que possible, c'est certain, si vous votez dans ce sens. Parce que ce que vous ne voyez pas, c'est la puissance du peuple français face à ces deux appareils qui, au fond, sont des appareils dépassés, dont tout le monde voit bien qu'ils sont fragiles, qu'ils ne s'entendent pas entre eux, qu'il y a des bagarres en leur sein. Si le peuple français, tranquillement, face caméra, dit, par le résultat du premier tour : "Nous sommes déterminés à obtenir une union nationale de tous ceux qui acceptent de travailler ensemble pour redresser le pays" , si le peuple français dit ça, il a l'arme la plus irrésistible pour le faire respecter. L'élection présidentielle : c'est le 6 mai ; l'élection législative : c'est le 10 juin. Donc, ceux parmi les hommes politiques qui refuseront d'entendre le message, le 10 juin, les Français les renverront à leurs chères études. Et c'est cinq semaines après. Et c'est une décision de citoyen. C'est parce qu'il y a cette succession d'élections que c'est non seulement possible, mais certain. Ils ne pourront pas faire autrement. Alors cela les embêtera, mais ils ne pourront pas faire autrement. Et donc vous avez entre les mains, sans la moindre possibilité de réticence, vous avez entre les mains l'arme pour obliger le monde politique à changer. Il faut élire un nouveau Président, avec ce mandat du 6 mai, et il n'y en a qu'un possible, c'est moi.
Et puis le 10 juin, vous allez voir que tout d'un coup, tout le nouveau paysage politique va se mettre en place. Les gens ne cesseront pas d'avoir des différences, c'est bien qu'ils en aient. Mais tout d'un coup, ils seront autour de la table, et ils devront travailler ensemble. Il restera bien sûr une opposition de droite, et j'ai même l'impression que je connais celui qui portera l'opposition de droite. Il restera une opposition de gauche, et j'ai cru apercevoir un certain nombre de personnes, par exemple Laurent Fabius, qui avaient déjà planté leur drapeau sur leurs positions de gauche. Il restera les deux, mais au centre, dans le monde républicain, il y aura une large majorité dont les Français verront qu'elle n'est pas partisane, pas sectaire, décidée à entendre toutes les opinions. Et puis on va se mettre en marche pour prendre les problèmes un par un et apporter des réponses une par une. Et moi, je serai Président de la République, garant que l'on dit la vérité aux Français, que l'on ne leur raconte aucune histoire sur les difficultés de notre temps. Et qu'en même temps on va décider ensemble, sans que personne ne soit trompé, sans qu'il y ait de passage en force, sans matraquage, comme nos voisins allemands sont en train de le faire, on va décider ensemble de devenir un peuple qui se redresse. Et moi, en tous cas, j'ajouterai que le Président fera attention à tout le monde, y compris aux plus faibles. Et il ne sera pas enfermé à l'Elysée. Source http://www.bayrou.fr, le 11 avril 2007