Texte intégral
Q- N. Demorand : Bonjour à vous et bienvenue.
R- Bonjour.
Q- N. Demorand : A mes côtés pour vous interroger, H. Jouan, chef du service politique et B. Guetta, Europe, questions internationales et autres, s'il le souhaite. Alors B. Rocard et B. Kouchner ont appelé, l'un dans Le Monde et l'autre dans Le Journal du Dimanche, à ce que le Parti socialiste fasse alliance avec vous et les centristes de l'UDF afin de battre N. Sarkozy et de faire avancer vos idées communes sur un certain nombre de sujets. Vous vous en êtes réjoui mais vous n'avez pas répondu sur le fond à M. Rocard. Êtes-vous prêt à un accord d'alliance claire avec S. Royal ?
R- Il n'y a aucun accord d'alliance imaginable dans une élection présidentielle avant le scrutin. Et d'ailleurs après, comme vous savez, il ne reste que deux candidats, donc deux projets de société face à face. Mais je crois que vous n'avez pas bien perçu l'importance de ce qui se passe. Ce qui se passe c'est qu'il y a deux questions. La première : quel est le vote le plus utile pour que la France trouve un projet de société qui ne ressemble pas à la société très dure que N. Sarkozy propose ? Et, deuxième question : comment peut-on faire bouger les lignes pour que les problèmes de la France trouvent une réponse ? Et si vous me permettez, je considère presque la deuxième question comme plus importante que la première. Cela fait vingt cinq ans qu'on est bloqué dans le "camp contre camp", la guerre de tranchées entre le Parti socialiste et l'UMP qui s'appelait le RPR, avant. Cette guerre de tranchées a conduit la France où nous nous trouvons, c'est-à-dire à une situation de crise que chaque famille française vit dans sa propre maison, dans son appartement, c'est-à-dire crise du chômage, crise de l'exclusion, crise du pouvoir d'achat, crise de l'éducation, et tout cela parce que chaque fois qu'une réforme doit être envisagée, ceux qui sont au pouvoir disent oui, ceux qui sont dans l'opposition disent non, et la base de cette réforme est trop étroite.
Q- N. Demorand : Mais il faut faire bouger les lignes, et M. Rocard vous propose un scénario, un vrai...
R- Mais moi je vous propose un scénario depuis des mois, et je suis très heureux qu'à droite et à gauche - à gauche aujourd'hui, fortement, et à droite - des gens disent "oui, c'est dans ce sens qu'il faut aller", c'est-à-dire être capable à partir du 6 mai de faire travailler ensemble, ENSEMBLE, des gens qui au fond sont en accord sur l'essentiel, et qui depuis des décennies, sont obligés, à cause du verrouillage de chaque camp, d'être en guerre les uns contre les autres. Il faut les faire travailler ensemble, et ceci, accessoirement, répond à la deuxième question. Il y a là une majorité nouvelle pour que la France trouve un autre projet que celui que N. Sarkozy martèle avec des glissades vers des zones de l'opinion et même vers des sujets que d'habitude, en France, on avait choisi depuis longtemps de maintenir à l'extérieur du jeu politique.
Q- H. Jouan : Mais est-ce que vous êtes capable d'envisager un scénario réciproque, c'est-à-dire si vous n'êtes pas présent au soir du 22 avril, est-ce que vous, vous vous engagez à travailler avec Mme Royal ?
R- H. Jouan, je sais bien que vous voudriez toujours me ramener au "camp contre camp" et, au fond re-retomber dans le système où ce serait seulement un changement de camp. Ce n'est pas mon opinion, et je voudrais vous dire ceci : à l'élection présidentielle, chacun des candidats se présente devant les citoyens avec un projet et une idée de majorité. N. Sarkozy veut une majorité de droite, très à droite ; S. Royal, elle veut - sa réponse à Rocard et Koucher l'a montré - une majorité de gauche, en tout cas, elle pense qu'elle ne peut pas faire autrement. Et moi, je veux cette majorité nouvelle capable de faire travailler ensemble des gens de gauche et des gens de droite républicaine, et de gagner, parce que derrière tout cela, il y a évidemment une question : comment gagne-t-on le deuxième tour ? Et ce n'est pas par hasard si des gens extrêmement différents disent aujourd'hui "Attention, le vote utile c'est là, F. Bayrou est capable de gagner le deuxième tour". Et tous les sondages en effet, disponibles - vous savez qu'on les publie avec parcimonie mais ils les font...
Q- H. Jouan : Vous en avez d'autres qui ne seraient pas disponibles ?
R- Oui bien évidemment, vous le savez aussi.
Q- N. Demorand : Ils disent quoi ?
R- Ces sondages-là, ils disent qu'en effet je gagne le deuxième tour. Il y a beaucoup de Français qui sont inquiets d'une société trop dure et violente, d'une société marquée par des affrontements, et qui cherchent depuis longtemps comment peut-on gagner le deuxième tour. Eh bien, cette réponse, le vote utile pour le deuxième tour, et en même temps une majorité nouvelle qui fasse bouger les lignes pour la France, et qu'on ne recommence pas éternellement la même histoire, cela est en train de se matérialiser sous nos yeux par des appels de personnalités vraiment de poids, importantes au Parti socialiste, et à droite. J'étais hier chez F. Goulard, l'actuel ministre de la Recherche du Gouvernement, et il dit exactement la même chose. Nous sommes en train, avec des écologistes - C. Lepage m'a rejoint, Waechter, enfin il y a, venue des grands courants démocratiques du pays, l'idée que désormais cette majorité nouvelle est à portée de la main.
N. Demorand : H. Jouan puis B. Guetta.
Q- H. Jouan : On a quand même du mal à comprendre, parce que si vous gagnez au soir du 1er tour, vous gagnez effectivement, il n'y a pas de souci...
R- Vous voyez que là...
Q- H. Jouan : Là, j'ai compris, jusque-là j'ai compris...
R- ...Nous avons fait un gros progrès.
Q- N. Demorand : Cela s'appelle une "Lapalissade"
R- Non, mais c'est...
Q- H. Jouan : Sauf qu'au soir du 1er tour, si vous n'êtes pas là, F. Bayrou...
R- Est-ce qu'on peut s'arrêter une seconde ?
Q- H. Jouan : Arrêtons-nous.
R- Parce que vous voyez, pendant très longtemps, au fond la question que des électeurs qui avaient envie de voter pour moi se posaient, c'était « c'est intéressant ce qu'il propose, cette majorité de rassemblement, c'est utile sans doute, mais comment peut-il faire, est-ce qu'il y a des partenaires pour faire ça » ? Maintenant, on sait que la réponse est oui. Et deuxièmement...
Q- H. Jouan : Il n'y en a pas beaucoup de partenaires, il y a M. Rocard, il y a B. Kouchner, il y a C. Allègre ce matin...
R- Eh bien, vous voyez que tout de même, des différents courants du Parti socialiste...
Q- H. Jouan : Ils feront partie de votre futur Gouvernement ?
R- Non, on ne parle pas comme ça. Des personnalités éminentes sont en train de dire « oui c'est possible ». Et puis il y a une deuxième question, c'est comment on va faire ? Eh ben ! Comment on va faire ? C'est très simple, il y a des élections législatives cinq semaines après l'élection présidentielle. Et donc en effet élu le 6 mai au soir, une dynamique s'enclenche, qui fait que les états majors seront bien obligés de faire attention aux messages que les Français leur auront envoyés, sans cela ils seront sanctionnés cinq semaines après.
Q- H. Jouan : Du coup, avec des candidats communs effectivement, éventuellement entre différentes forces politiques ?
R- Il y a deux hypothèses : ou bien des candidats communs qui seront les candidats de la majorité nouvelle ou bien, des candidats ayant entre eux un accord de désistement, comme ça se passe depuis très longtemps dans toutes les coalitions de droite, de gauche en France, du centre ailleurs en Europe...
Q- H. Jouan : Mais communs avec le Parti socialiste notamment ?
R- Non, je... il faut d'abord qu'on sache qui veut participer à ce rassemblement. Maintenant, comme vous l'avez dit, des personnalités de tout premier plan disent « oui, ça nous intéresse ». Ils disent plus que ça, ils disent « ce qu'on va avoir à faire pour la France est si difficile et si important, qu'il est normal et légitime de penser à cette approche nouvelle ». Formidable nouvelle, formidable nouveauté pour la vie politique française ! Ça fait 50 ans qu'elle était gelée, 50 ans qu'elle était bloquée, et voilà que tout d'un coup en quelques jours, tout change et tout bouge. On s'aperçoit que le vieux mur de Berlin, qui séparait la gauche de la droite en France, qui empêchait des hommes comme Strauss-Kahn et moi de travailler ensemble, ou Delors, ou Borloo...
Q- H. Jouan : Ils n'ont pas dit oui eux, encore ?
R- Non, ils n'ont pas dit oui, mais vous savez bien qu'ils diront oui. Comment en serait-il autrement ? Et aucun d'entre eux ne peut vous dire non, parce que vous savez très bien que c'est cela qu'ils ont à l'esprit. Voilà tout d'un coup que le vieux mur se fissure, le vieux mur se lézarde, et qu'on va enfin pouvoir retrouver des bonnes volontés capables de répondre aux problèmes de la France. La France a besoin en effet de se réformer, et elle a besoin en effet d'avoir un projet humain, républicain, où les gens fassent attention les uns aux autres et où ils soient en situation de compréhension et de solidarité.
Q- N. Demorand : B. Guetta.
Q- B. Guetta : Etes-vous d'accord avec cette phrase de M. Rocard : rien d'essentiel ne sépare plus en France les socio-démocrates et les démocrates sociaux ?
R- Oui, oui.
Q- B. Guetta : Alors pourquoi ne dites-vous pas clairement à ce micro, ce matin, que le 1er tour de la présidentielle sera en vérité une primaire entre deux candidats et deux courants d'un même camp, le centre-gauche ?
R- B. Guetta, refaire des camps ce n'est pas mon intention aujourd'hui, parce que je peux dire de la même manière...
Q- B. Guetta : Il ne s'agit pas de refaire des camps...
R- Non, écoutez-moi bien. Cette thèse, je la défends à votre micro depuis des mois, je la défends dans le scepticisme général. A l'époque, y compris vous, aviez manifesté quelque scepticisme sur cette idée. Et voilà qu'aujourd'hui à ce micro, et voilà qu'aujourd'hui vous voyez bien que ce que je défendais devant les Français c'était vrai, on n'osait pas le dire, on n'osait pas l'avouer, on n'osait pas y croire et c'était vrai. Eh bien ! Je vous dis que bien entendu, il y a des forces essentielles au centre et au centre gauche, bien entendu, mais il y a aussi des gens dans la droite républicaine qui s'inquiètent de la manière dont N. Sarkozy fait dériver la campagne, il y en a...
Q- B. Guetta : M. Barnier par exemple ?
R- Ça peut être un nom, mais il y en a d'autres. Je vous assure qu'il y a des gens très profondément inquiets de voir réapparaître dans la vie politique française ou apparaître, des comportements et des thèses que nous avions tous ensemble décidé d'exclure. Et puis ça fait une société très violente. Vous avez vu la visite de N. Sarkozy à Meaux, c'est la ville de J.-F. Copé, c'est-à-dire son bras droit, un quartier choisi. Une réunion dans une salle fermée avec 100 jeunes, parce qu'il fallait bien que N. Sarkozy aille en banlieue. Eh bien ! Cette réunion était surveillée par - chiffres de la presse - 326 policiers et CRS. Vous croyez qu'on va pouvoir vivre en France en étant ainsi... comment dirai-je... obligé, chaque fois que le président de la République a besoin de faire un pas, de déployer le ban et l'arrière ban d'une armada qui fait que tout est sous contrôle, sous surveillance. Enfin, il faut retrouver un tout petit peu de confiance et de simplicité dans la manière dont nous allons organiser les rapports entres les citoyens et les gouvernants, et le président de la République en particulier.
Q- N. Demorand : H. Jouan.
Q- H. Jouan : N. Sarkozy dit « les électeurs du Front national m'intéressent ». Vous jugez cette démarche condamnable ?
R- Si c'était pour les ramener dans le camp républicain, je trouverais ça légitime. Mais lorsqu'il s'agit de faire dériver le camp républicain vers des mots, des phrases, des affirmations, des comportements qui sont en réalité ceux de l'extrême-droite, alors là je trouve qu'il y a une chose inquiétante pour la démocratie française. Jamais...
Q- H. Jouan : N. Sarkozy a dérivé sur ce terrain-là ?
R- Jamais, aucun des responsables du pays, et en particulier pas J. Chirac, n'a accepté cette dérive-là. Quelques fois ça leur a coûté, mais tous ont dit « ce que nous avons à défendre en commun est plus important, il faut faire extrêmement attention à ceci ». On peut très facilement tirer les peuples vers le bas, vers des sentiments d'affrontement, d'opposition, de détestation, des sentiments primaires, on peut très facilement faire flamber tout ça. Simplement, après l'élection, qu'est-ce qu'on fait, parce qu'il faut gouverner. Et on ne peut pas gouverner si on creuse perpétuellement le fossé, si on attise perpétuellement l'affrontement entre les Français. Les Français ont besoin d'être réunis pour se redresser, en tout cas c'est ce que je plaiderai à temps et à contretemps.
Q- N. Demorand : B. Guetta.
Q- B. Guetta : Deux questions de politique étrangère, la première : on peut craindre malheureusement que très rapidement, dans les heures qui viennent, les Talibans afghans qui détiennent deux de nos compatriotes ne lancent un ultimatum et ne disent à la France : « ou bien vous... je ne sais pas quoi, ou bien nous tuons ces deux otages français ». Faut-il, F. Bayrou, négocier avec les talibans ou risquer la mort de nos compatriotes ?
R- C'est un sujet qu'on traite difficilement comme ça au micro à 8 heures 23 du matin...
Q- B. Guetta : Eh oui ! Mais il va se poser dans les...
R- Et donc, je dis que je suis absolument sûr que les autorités françaises font tout ce qu'elles peuvent pour avoir les contacts nécessaires, pour sauver nos deux compatriotes, et c'est important. C'est cela que nos compatriotes attendent de la France. En même temps bien entendu, ce type de chantage est absolument inacceptable. On a un Etat, on a fait des choix de cet Etat dans la lutte de ce qu'il y a de pire, l'extrémisme le pire qu'on connaît en Afghanistan. Donc moi, je fais confiance aux autorités françaises, et je suis sûr que, y compris le président de la République s'en occupe.
Q- B. Guetta : Deuxième question : votre position sur l'Europe, si on l'a bien comprise, elle consiste à dire qu'il faudrait aujourd'hui créer au sein de l'Union européenne, au sein de l'Union à 27, un ensemble politique avec les pays qui le désireraient et qui créeraient des liens politiques, économiques, fiscaux, etc.... Je ne me trompe pas, c'est bien ça ?
R- Oui.
Q- B. Guetta : Dans ces conditions, est-ce que je vous ai bien compris quand j'ai cru entendre que dans votre esprit, avec un noyau politique dur au sein de l'Union européenne, l'éventuelle entrée de la Turquie dans l'Europe marchés, dans l'Europe à 27 poserait moins de problèmes à vos yeux ?
R- Il y a deux Europe possibles : il y a une Europe où on fait du commerce, cette Europe c'est elle qui est en train de triompher aujourd'hui. On fait du commerce et on se dote, si on peut, de règles de droit respectées par tous. Cette Europe, si c'est celle-là qui se construit, est appelée à être une Europe large, il y aura l'Ukraine à l'intérieur, et peut-être plus largement à l'intérieur, vers le bassin méditerranéen...
Q- B. Guetta : Donc peut-être la Turquie, on vous entend bien ?
R- Donc dans cette Europe marchés, commerciale - on a d'ailleurs des liens commerciaux avec la Turquie qui sont presque ceux du marché commun
aujourd'hui...
Q- B. Guetta : Absolument.
R- Et donc dans cette Europe-là, dans cette Europe large, oui en effet, on peut imaginer que le périmètre soit un périmètre élargi vers le bassin méditerranéen. Mais, s'il s'agit de faire l'autre Europe, celle qui m'intéresse, c'est-à-dire celle qui s'occupe non plus seulement du commerce mais de sujets absolument essentiels, de l'énergie, de défense, d'actions diplomatiques, de recherche, de climat - parce qu'on a besoin d'une Europe qui s'occupe du climat - tout ce qui nous manque cruellement aujourd'hui, alors en effet je ne crois pas que ce puisse être cette Europe large qui puisse le faire ensemble. Pour beaucoup de raisons qui tiennent, comme vous le savez, à l'histoire, à la politique. Et donc, en effet pour cette Europe-là, je suis pour qu'il y ait... ou plutôt j'imagine aujourd'hui qu'il pourrait y avoir un ensemble de pays...
Q- B. Guetta : Combien...
R- Qui soit un ensemble restreint...
Q- B. Guetta : Les 15, les 12, les 6 ?
R- Je pense que ça part de la zone euro.
Q- N. Demorand : Beaucoup de questions Internet. Hélène de Toulouse vous demande la chose suivante, comme d'ailleurs 90 % des auditeurs internautes qui vous interrogent ce matin : en cas de victoire, avec quelles personnes déciderez-vous de gouverner, avez-vous des noms sûrs de l'UDF au moins, vous demande Hélène ?
R- Oui, j'ai des noms sûrs, de l'UDF sans aucun doute. On pourrait former un Gouvernement UDF, il y a des personnalités tout à fait de premier plan. Mais mon intention n'est pas de ne former un gouvernement qu'avec l'UDF. Mon intention est qu'on élargisse et bâtisse cette majorité nouvelle dont la France a besoin. Il est impossible, avec un seul parti, de réformer le pays et de lui apporter la réponse qu'il attend. Les problèmes que nous avons, je vais vous dire, je considère que la crise que nous traversons en France aujourd'hui est la plus grave qu'on ait rencontrée depuis 50 ans. Je pense que ça va mal dans notre pays, ça va mal dans les familles, c'est trop difficile pour les gens. Et entraîner le pays vers son redressement, sa reconstruction, que ce pays redevienne bien dans sa peau et prospère, et que les gens arrêtent de se regarder du coin de l'oeil en se détestant, c'est un tel effort que ça exige selon moi qu'il y ait en effet une base plus large qu'un seul parti, même si c'est un parti victorieux et qui a emporté les défenses qu'on n'imaginait pas qu'il puisse emporter.
Q- H. Jouan : Le cas échéant, entre les deux tours, vous serez plus explicite sur votre futur Gouvernement ?
R- Je me suis beaucoup posé cette question, et j'ai conclu qu'on ne pouvait pas, on ne devait pas mettre la charrue avant les boeufs. Qu'il fallait être élu avant de dire avec qui on gouvernerait. Mais vous pouvez d'ores et déjà voir qu'il y a des personnalités qui m'ont rejointes, et qui sont des personnalités éminentes, que d'autres venus de ce centre-gauche qu'on évoquait à l'instant, sont des personnalités disponibles pour bâtir une assise gouvernementale, que des gens du centre-droit vont y trouver leur place. Bref, que ce nouvel équilibre central dans la vie politique française est désormais disponible. Et il y a des personnalités de grand talent, de grande envergure qui sont prêtes à participer à ces choix.
Q- N. Demorand : Vous ne voulez pas nous donner les noms là, sinon ça fait du teasing, comme on dit à la radio... miam miam miam, on va vous donner dans la bouche-là...
R- Non, non, je ne veux pas...
Q- N. Demorand : De quoi vous exciter les papilles...
R- Monsieur Demorand, je ne veux pas vous donner de noms.
Q- B. Guetta : Elles ne sont pas très courageuses ces personnalités, puisqu'elles ne disent pas leur nom !
R- Mais elles sont pour l'essentiel encore prisonnières des vieux appareils. Vous savez bien, vous avez vu à quel point, dès que M. Rocard ou B. Kouchner ont ouvert la bouche, l'appareil du PS s'est immédiatement précipité pour verrouiller, pour dire « non, jamais, aucune possibilité »...
Q- H. Jouan : Il faut avouer qu'ils n'aident pas franchement leur candidate...
R- Voilà... Aucune possibilité, mais c'est peut-être aussi qu'ils ont des inquiétudes.
Q- N. Demorand : Monsieur Bayrou, si vous êtes élu président de la République,
considérez-vous possible de nommer S. Royal Premier ministre, question de Sébastien, il n'a pas donné la ville d'où il est, mais son adresse email c'est « antiparticule ». Alors S. Royal Premier ministre ?
R- Je ne pense pas qu'elle serait volontaire, voyez-vous.
Q- N. Demorand : Et F. Bayrou, Premier ministre de S. Royal dans le cas contraire ?
R- Non. Vous voyez, S. Royal...
Q- B. Guetta : Vous ne seriez pas volontaire non plus ?
R- Vous avez entendu ce choix, j'ai dit : "l'élection présidentielle, chacun se présente avec son projet et son idée de majorité". Et ce qui est frappant, c'est que N. Sarkozy évidemment a eu l'idée de majorité verrouillée de droite, et S. Royal, elle aussi a choisi d'avoir une idée de majorité verrouillée de gauche, elle a dit : « non, jamais, pas de possibilité », F. Hollande l'a dit à son tour. Et ceci est évidemment pour moi le choix que les Français vont avoir à traiter, c'est-à-dire : est-ce que nous continuons avec le "camp contre camp", comme depuis 30 ans ; ou bien est-ce que nous choisissons au contraire de faire sauter ce mur de Berlin, et de faire que puissent enfin travailler ensemble des gens qui ont la volonté et l'expérience pour le faire ?
Q- N. Demorand : Dernière question rapidissime d'Olivier...
R- Rapide.
Q- N. Demorand : Monsieur Bayrou : vous semblez le plus constant, mais vous ne donnez pas ce quelque chose de plus qui donne envie de voter pour vous. Alors comment pourriez-vous ce matin me donner cette envie ?
R- Eh ! bien j'espère qu'il nous a écoutés et qu'il a rit avec nous, parce qu'on a aussi besoin de rire en politique, et qu'il a pris la mesure de cet immense choix qu'il a entre les mains : le 22 avril tout peut changer, et le 6 mai, cela peut remporter la victoire.
N. Demorand : F. Bayrou merci et bonne fin de campagne d'ici le 1er tour.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 avril 2007