Texte intégral
Chers Camarades,
Nous sortons d'une élection présidentielle qui a été d'une rare intensité. La mobilisation a été exceptionnelle et, à bien des égards, cette élection présidentielle marque des ruptures politiques profondes.
La première : dans la crise démocratique, il y a eu pour cette élection une participation civique qui a atteint un niveau inégalé sous la Ve République (85 %).
La deuxième : en souvenir, sûrement mais pas seulement, du 21 avril 2002, un vote utile qui s'est imposé à gauche comme à droite.
La troisième : il y a eu, malgré l'émergence d'un centre, un renforcement de la bipolarisation qui a repris tous ses droits comme en témoigne d'ailleurs le faible nombre de votes blancs et nuls au second tour du scrutin.
La quatrième : la droite veut faire de son succès non pas une continuité, mais une rupture non pas seulement par rapport au chiraquisme, non pas seulement par rapport à la gauche, mais par rapport au pacte social lui-même, celui qui avait pu être établi en consensus, en compromis ou en lutte depuis 50 ans.
Nous sommes en face d'une droite de revanche : elle l'a dit. Revanche non pas par rapport à un scrutin précédent -elle était sortante. Revanche par rapport à ce que la gauche, les forces de progrès, la République ont pu construire depuis longtemps. Et, quand il a été évoqué Mai 68, il s'agit bien là d'une revanche y compris vers une évolution de la société, vers une conception de la vie commune.
Une droite de revanche, une droite de cynisme qui, encore aujourd'hui, alors que c'est une droite dure, laisse penser qu'elle peut être ouverte. Et le fait que tel ou tel est sollicité laisse clairement entendre toutes les mystifications.
Enfin, une droite de combat qui, effectivement avec Nicolas Sarkozy, tiendra ses engagements -et c'est ce qu'il y a à craindre si Nicolas Sarkozy devait avoir les moyens pour agir. Le combat sera mené non pas contre nous, mais contre les Français.
Tel est le défi, aujourd'hui, qui nous est posé au lendemain d'une campagne présidentielle dont je veux dire qu'elle a été âpre, difficile, dure et rien ne nous a été épargné, mais qu'elle a été ardente et brillante. Je veux aussi saluer le courage, le talent, la force de notre candidate Ségolène Royal. Je veux remercier tous les militants, les cadres, les élus du Parti socialiste qui se sont formidablement impliqués dans cette campagne. Jamais je n'ai vu autant de camarades, venus récemment et le plus souvent venus depuis longtemps, se mobiliser, participer, distribuer des tracts, venir à des réunions publiques.
Merci le Parti socialiste d'avoir fait cette campagne.
Et pourtant, malgré l'engouement, l'engagement, l'enthousiasme, le résultat est là. Il est cruel. Il est honorable, mais c'est Nicolas Sarkozy qui est, aujourd'hui, Président de la République.
Nous sommes dans un moment particulier où nous avons à faire le bilan d'une campagne qui s'achève et ouvrir une autre, celle des élections législatives. Notre premier devoir est, bien sûr, de comprendre, mais c'est surtout d'agir et de préparer l'avenir.
Notre premier devoir est de faire en sorte de penser aux Français et de les protéger. Les victimes de Nicolas Sarkozy ne seront pas les socialistes, mais nos concitoyens. Et le scrutin du mois de juin est la dernière occasion -et il faudra le dire et le répéter, pour les électeurs de décider de leur avenir pour les cinq prochaines années. Ceux qui gagneront l'élection qui vient gouverneront le pays. Et ceux qui les gagneront absolument gouverneront absolument. Pour être à la hauteur de l'interpellation qui nous est faite parce que nous sommes la seule force qui peut agir et protéger, il me revient d'aller à l'essentiel.
Comprendre, car il faut comprendre. L'exercice est délicat. Ce n'est pas aujourd'hui que l'on va faire l'analyse. Il y faudra du temps, de la lucidité, du respect. Mais nous devons comprendre pour trouver les bonnes réponses, à la veille des élections législatives. Il est périlleux, néanmoins, de lancer cet exercice dans un temps aussi court, si nous voulons nous mettre en bon ordre pour la campagne qui s'ouvre.
Alors, distinguons les moments. Il sera temps, au terme de la séquence électorale, de faire tous les jugements, d'aller jusqu'au bout de ce qui s'est produit et de ce qui ne s'est pas produit, d'identifier les causes, de bien maîtriser les conséquences, d'évaluer les responsabilités et de tirer toutes les conclusions, en allant jusqu'au bout et sans délai.
Aujourd'hui, il faut saisir la réalité politique de l'élection de Nicolas Sarkozy, c'est-à-dire comprendre son succès et forcément notre échec.
Son succès est qu'il a fédéré toutes les droites. Je dis bien toutes les droites. Depuis plus de 20 ans, droite et extrême droite sont majoritaires en France à toutes les élections nationales, sauf une en 1997 et de peu. Et il s'est trouvé que la division entre la droite classique, ses leaders, et la présence d'une extrême droite hostile ont toujours mis le camp conservateur en difficulté.
Ce qui s'est produit cette fois-ci, et pour la première fois, c'est que Sarkozy -de gré ou de force- a uni son camp et a su fluidifier le rapport droite/Extrême droite. Il n'a donc eu aucun candidat de sa famille, au premier tour, car Bayrou est d'une autre nature, et il a siphonné l'électorat d'extrême droite en partie le 22 avril et en quasi-totalité le 6 mai. C'est le fait politique majeur et il peut se reproduire aux élections législatives.
Le deuxième élément de compréhension de ce qui s'est passé à droite est que Sarkozy a échappé au bilan, à son bilan, et a pu -aussi insensé que cela puisse paraître- figurer comme un changement possible. Il y a un précédent historique : en 1974, Giscard d'Estaing, membre de l'équipe gouvernementale -et pas à n'importe quel niveau : Ministre de l'Economie et des finances- avait su, lui aussi, par rapport aux gaullistes être différent du pouvoir au sein duquel il constituait les pièces majeures, comme Sarkozy aujourd'hui. Et Sarkozy a mis en scène son différend avec Jacques Chirac sans fracturer la droite ; il a fait du neuf avec du vieux puisqu'il est aujourd'hui entouré, pressé, par ceux-là même qui ont gouverné le pays depuis le printemps 2002. C'est la même équipe, ce sont les mêmes qui sont, aujourd'hui avec Nicolas Sarkozy, laissent penser qu'une ère nouvelle est en train de s'ouvrir. Et ce stratagème lui a permis de garder les électeurs mécontents de droite qui, autrement, auraient fui.
Enfin, il a su structurer un projet idéologique cohérent autour des valeurs assumées de la droite : autorité, mérite, hiérarchie. Il a pu faire la jonction entre les électeurs d'extrême droite -et de ce point de vue, la provocation sur le Ministère de l'immigration et de l'identité nationale était véritablement une stratégie-, les plus riches de la société et une part des classes populaires et surtout des classes moyennes les plus fragilisées. Il est majoritaire chez les employés et les professions intermédiaires. Il a utilisé pour ce faire trois ressorts : l'individualisation, l'identité nationale et l'immigration. Il a pu mettre ainsi en lumière une nouvelle fonction de l'Etat d'un point de vue néo-conservateur. L'Etat n'est plus là pour redistribuer, protéger, intervenir, défendre un projet collectif, mais pour permettre à chacun de s'en sortir individuellement. Plus de pouvoir d'achat ? Travailler plus ! Plus de logements ? Soyez propriétaires ! Plus de protection sociale ? Assurez-vous ! Pour l'école de vos enfants ? Choisissez-la librement !
Il a théorisé la société du « chacun pour soi » ou plutôt du « chacun sa chance dans la société de Nicolas Sarkozy». Ce n'est plus l'égalité des chances et ainsi, il a mis en cause gravement et il mettra gravement en cause la solidarité, tout en mettant une main ferme sur ceux qui ne rentrent pas dans le rang.
Ce modèle a trouvé écho sur des catégories qui veulent moins payer pour les autres et qui voient dans leur voisin ou dans les plus modestes qu'eux leurs concurrents, leurs adversaires.
Ce modèle-là porte tous les dangers, tous les délitements, tous les affrontements, et c'est ce que nous devons expliquer dans la campagne des élections législatives. Ce n'est pas un projet qui porte un intérêt collectif. Ce n'est pas un projet où la majorité de notre peuple peut se retrouver. Et cela doit être le sens du combat que nous devons engager.
Il y a aussi notre échec. Il faut le regarder en face. À la fois avec la fierté du combat qui a été mené et avec la prise en compte de cette réalité.
Il y a la responsabilité, bien sûr. On dira qu'elle est collective. J'assume la mienne. Et je ne fais pas ici comme s'il ne s'était rien passé. Chacun prendra sa part. C'est normal. Mais, je suggère que cet exercice soit reporté. Même si je suis prêt à entendre. Je pense que nous avons tous à regarder les acquis, les atouts qui sont les nôtres et ce qui n'a pas marché, sans pour autant être amené à battre la coulpe du voisin. Je commencerai donc par moi-même le moment venu, mais en assumant aussi les succès.
Les acquis, c'est d'abord le vote des catégories qui nous avaient désertés. Pas toutes ces catégories, reconnaissons-le. Dans certains quartiers et pas dans d'autres. C'est aussi la présence des jeunes dans cette campagne, du vote des jeunes, et notamment de tous ceux qui s'étaient inscrits sur les listes électorales et qu'il faut garder. C'est le vote des quartiers, des centres ville. Regardons le paysage des villes avant que les élections municipales ne se tiennent, peut-être d'ailleurs plus tôt que prévu ! Il faut aussi en prendre la mesure. Car, pour l'instant, le vote des villes nous est plutôt favorable ; on voit bien quelle serait l'intention de ceux qui veulent concentrer tous les pouvoirs. Je vois aussi le vote des professions dynamiques, mais je vois aussi la difficulté à convaincre des catégories comme les employés.
Je vois plusieurs explications. La sanction n'a pas été suffisante, d'autant que Sarkozy voulait y échapper. La peur de Sarkozy a été un ressort important, considérable, mais il ne pouvait pas non plus suffire. Nous l'avions d'ailleurs toujours dit. Le projet n'est pas apparu suffisamment cohérent et clair et les priorités ne se sont pas forcément dégagées. Nous avons eu aussi ce poids du fatalisme que beaucoup ont rencontré dans cette campagne ; c'est-à-dire la résignation de beaucoup de ceux qui étaient pourtant supposés bénéficiaires de nos propositions et qui disaient leur doute sur la possibilité de la réalisation de notre projet dont ils partageaient l'esprit.
Nous avons donc, dans cette campagne des élections législatives, à réduire le fatalisme, la résignation et l'abattement car c'est le terreau de la droite.
Le modèle de croissance et d'emploi que nous ouvrons, alors même que nos résultats en termes de croissance chaque fois que la gauche a été au pouvoir devrait plaider pour nous, est toujours mis en cause, alors que la droite a déprimé pendant 5 ans l'activité économique.
Nous restons ambigus sur des questions comme l'immigration, l'énergie, la fiscalité. Il faudra là aussi clarifier.
Il n'y avait pas de dynamique unitaire de la gauche. Nous étions, nous, la force principale -presque la force unique. Mais, la chose est différente lorsque l'on a 6 autres candidats qui laissent penser qu'il n'y a pas de mobilisation commune, d'engagements solidaires, de perspective de direction du pays.
Cette campagne aura sûrement accéléré des évolutions et fait du Parti socialiste la seule force de l'alternative. C'est très différent de 2002 de ce point de vue, où l'une des explications -qui n'était pas la seule et qui ne devait pas l'être- était la dispersion de la gauche. Là, en 2007, c'est la faiblesse de la gauche.
Si l'on veut comprendre, et l'on aura à y revenir, il faut agir. Il faudra tirer toutes les conclusions de la période qui s'achèvera le 17 juin, deuxième tour des élections législatives.
À l'évidence, un nouveau cycle s'ouvre. Une droite dure qui s'assume comme telle ; une gauche réduite au seul Parti socialiste et une fraction de l'extrême gauche ; des défis, double défis : d'un côté la mondialisation qui n'est pas nouvelle -depuis tant d'années que nous connaissons la contrainte extérieure- et individualisation de l'autre. Tout l'enjeu politique est donc de savoir si l'on peut maîtriser ce double mouvement et faire prévaloir les principes de l'action collective tout en recherchant la réussite de chacun.
Nous avons donc trois impératifs :
La rénovation du Parti socialiste : sûrement, même si elle est engagée depuis longtemps. S'il faut rénover, ce n'est pas simplement pour les modes d'adhésion -c'est fait- ; c'est donc sur les modes de décision, de délibération collective qui ont considérablement vieilli et qui nous font faire des jeux de rôles qui ne correspondent plus à la réalité politique du moment.
La refondation de la gauche : c'est-à-dire des regroupements, des constructions mais qui ne peuvent pas être des « mécanos » où il faudrait s'adjoindre et prendre ce qu'il reste du reste de la gauche. IL faudra le faire sur une ligne idéologique claire et assumée comme telle.
Le renouvellement des générations : sûrement ; il a là des prétentions légitimes. Mais aussi le renouvellement des catégories sociales, des visages et des couleurs.
La question du leadership sera forcément posée, mais à nous d'en fixer les calendriers, les modalités, la méthode et la démarche. Pas aujourd'hui en tout cas. Tout sera mis sur la table, mais veillons à ne pas la renverser.
Nous ne réussirons le processus de refondation de la gauche, de rénovation, de renouvellement que si, au lendemain des élections législatives, nous sommes un socle le plus élevé possible. Tel est l'enjeu.
Le rassemblement est nécessaire, impérieux. Mais ce n'est pas une commodité, un arrangement, une combinaison, une contorsion. C'est une exigence non pas pour nous-mêmes, mais pour protéger les Français. Une exigence pour ceux qui ont voté pour nous et d'autres qui ne l'ont pas fait mais qui s'interrogent. Ils attendent que nous leur permettions d'agir, de se défendre ; ils attendent une force, un contrepoids face à la droite. Ils se disent que s'ils peuvent décider eux-mêmes avec le plus de députés de gauche possible, alors c'est l'exigence du pouvoir ; et si ce n'est pas possible, ils attendent de nous qu'au moins nous les protégions tout en préservant l'équilibre des pouvoirs.
Il faut donc être là, faire face et relever le défi.
Les élections législatives sont le dernier moment démocratique pour déterminer la politique de la France pour les cinq prochaines années. Il y aura des élections intermédiaires (municipales, cantonales, européennes, régionales) ; mais la seule élection qui compte est les élections législatives.
De la majorité dépendra le pouvoir. De la force de l'éventuelle opposition, le contre-pouvoir. Voilà, le choix qui est le nôtre.
Les élections législatives ne seront pas le troisième tour de l'élection présidentielle. Elle est faite. Nicolas Sarkozy est et sera Président de la République. Il n'est plus en cause dans ce scrutin. L'enjeu du scrutin qui vient est le contenu de la politique. C'est pourquoi nous devons avoir un objectif : la force pour agir et protéger.
Il faudra donc faire élire le plus de députés de gauche pour permettre de mener une politique de progrès ou, à défaut, de contester efficacement une politique de régression.
La plate-forme législative doit aller à l'essentiel. Elle sera présentée. Elle doit être en cohérence avec le projet du Parti, le pacte présidentiel et la situation nouvelle qui est créée qui s'appuie sur les premières leçons que nous avons à retenir.
Cette plate-forme est conçue en différenciation avec la droite. Sur chaque proposition de la droite qui pourrait là s'appliquer, nous devons faire valoir la nôtre. Sur chaque sujet, nous devons montrer notre cohérence : pouvoir d'achat, travail, logement, protection sociale, sécurité, institution, Europe. L'impératif démocratique, enfin. La droite veut tout. Elle est dans une logique d'écrasement, de mystification à travers ses pseudos ouvertures, d'intimidation sur les corps intermédiaires, sur les élus locaux, la presse. Jamais le risque d'une concentration des pouvoirs à ce point a été réuni : institutions, magistrats, médias, puissances d'argent dont les liens maintenant apparaissent avec évidence, presque exhibition, avec le nouveau pouvoir.
Ce sera une campagne éclair -un mois ; elle doit être une campagne de mobilisation et le risque, le seul risque, c'est celui de la désaffection civique. Dès lors, la crédibilité du Parti socialiste est essentielle. Son image -celle d'aujourd'hui- à travers la volonté de rassemblement, notre capacité à régler nos comportements, nos propositions, notre manière de faire campagne.
Nous ne pouvons pas abandonner les Français en nous abandonnant nous-mêmes. La campagne doit donc être exemplaire. Nous devons faire simple et collectif. Les instances du Parti socialiste devront leur rôle essentiel ; le Premier secrétaire pour conduire la campagne, en faisant vivre pleinement les instances. En associant aussi tous les talents qui composent notre Parti tout en faisant la place pour l'expression de nos portes parole, la nouvelle génération.
C'est le dispositif simple associant tous les talents, renouvelant les générations pour être efficace.
Il faut clairement identifier les enjeux : concentration du pouvoir, écrasement social, politique de solidarité. Il faut montrer une force organisée et solidaire, valoriser nos candidats aux élections législatives. Nous avons 577 campagnes. Mais, attention ! Nous ne pouvons pas laisser seuls chaque candidate et candidat affronter le scrutin. Il y a des considérations locales, certes, mais s'il n'y a pas un sens, une direction, une cohérence, je ne donne pas cher de notre capacité à avoir le plus de députés possible.
Dernier point de l'exemplarité : les investitures. Nous avons voulu la parité, nous avons voulu faire effort sur la diversité. Nous avons signé des accords avec le PRG, le MRC, peut-être les Verts s'ils acceptent nos propositions après que nous, nous ayons entendu les leurs.
Je ne laisserai pas se défaire ce que nous avons construit. Je ne laisserai pas des comportements individuels mettre en cause le collectif.
Le principe est donc tout simple : ceux qui se mettront candidats contre les choix que nous avons faits collectivement et assumés seront hors du Parti. Ils seront hors du Parti non pas seulement pour les quelques semaines qui suivent le scrutin (comme on a l'habitude de le faire), mais pour toutes les élections locales qui viendront.
C'est notre intérêt commun qui est en cause, et pas simplement celui-là ; c'est aussi l'intérêt de la gauche et du pays. Car il y a toujours une bonne raison pour refuser le renouvellement (localisme...). Aujourd'hui, il n'y a plus de bonne raison quand il y a une raison générale qui s'impose à tous.
CONCLUSION
Nous sommes aussi devant des alliances toutes simples qu'il faudra faire : elles s'appellent le désistement républicain avec les forces de gauche.
Quant à la question toujours répétée et qui, parfois nous fatigue, sur les alliances. La question est posée à Bayrou, il y répond toujours de la même manière ! Ne nous posons donc pas la question à nous-mêmes, dès lors que Bayrou lui-même ne fournit aucune réponse, et terminons-en une bonne fois avec ce type de débat.
Nous avons toujours conçu le rassemblement de la gauche de la même manière : rassembler les socialistes, rassembler la gauche et tous ceux qui veulent venir, mais sur la base d'un projet politique et sur rien d'autre.
Nous sommes devant un grand enjeu. C'est l'avenir de la France pour les cinq prochaines années. Cela dépasse tout, tout le reste. Nous sommes une grande force et soyez fiers d'être la grande force politique du pays, à côté de l'UMP -sûrement- mais pas loin et, peut-être demain, devant l'UMP.
Nous sommes la grande force, nous avons la responsabilité de toute la gauche et sans doute au-delà. Cette grande force socialiste est au service de nos concitoyens.
Quant à notre avenir, il ne sera grand que si nous avons compris le passé, dominé le présent et préparé ensemble le futur qui ne commence pas aujourd'hui, mais qui dépend de notre capacité, aujourd'hui, à faire face, à être fiers et, en même temps, au service de nos concitoyens.
Nous sortons d'une élection présidentielle qui a été d'une rare intensité. La mobilisation a été exceptionnelle et, à bien des égards, cette élection présidentielle marque des ruptures politiques profondes.
La première : dans la crise démocratique, il y a eu pour cette élection une participation civique qui a atteint un niveau inégalé sous la Ve République (85 %).
La deuxième : en souvenir, sûrement mais pas seulement, du 21 avril 2002, un vote utile qui s'est imposé à gauche comme à droite.
La troisième : il y a eu, malgré l'émergence d'un centre, un renforcement de la bipolarisation qui a repris tous ses droits comme en témoigne d'ailleurs le faible nombre de votes blancs et nuls au second tour du scrutin.
La quatrième : la droite veut faire de son succès non pas une continuité, mais une rupture non pas seulement par rapport au chiraquisme, non pas seulement par rapport à la gauche, mais par rapport au pacte social lui-même, celui qui avait pu être établi en consensus, en compromis ou en lutte depuis 50 ans.
Nous sommes en face d'une droite de revanche : elle l'a dit. Revanche non pas par rapport à un scrutin précédent -elle était sortante. Revanche par rapport à ce que la gauche, les forces de progrès, la République ont pu construire depuis longtemps. Et, quand il a été évoqué Mai 68, il s'agit bien là d'une revanche y compris vers une évolution de la société, vers une conception de la vie commune.
Une droite de revanche, une droite de cynisme qui, encore aujourd'hui, alors que c'est une droite dure, laisse penser qu'elle peut être ouverte. Et le fait que tel ou tel est sollicité laisse clairement entendre toutes les mystifications.
Enfin, une droite de combat qui, effectivement avec Nicolas Sarkozy, tiendra ses engagements -et c'est ce qu'il y a à craindre si Nicolas Sarkozy devait avoir les moyens pour agir. Le combat sera mené non pas contre nous, mais contre les Français.
Tel est le défi, aujourd'hui, qui nous est posé au lendemain d'une campagne présidentielle dont je veux dire qu'elle a été âpre, difficile, dure et rien ne nous a été épargné, mais qu'elle a été ardente et brillante. Je veux aussi saluer le courage, le talent, la force de notre candidate Ségolène Royal. Je veux remercier tous les militants, les cadres, les élus du Parti socialiste qui se sont formidablement impliqués dans cette campagne. Jamais je n'ai vu autant de camarades, venus récemment et le plus souvent venus depuis longtemps, se mobiliser, participer, distribuer des tracts, venir à des réunions publiques.
Merci le Parti socialiste d'avoir fait cette campagne.
Et pourtant, malgré l'engouement, l'engagement, l'enthousiasme, le résultat est là. Il est cruel. Il est honorable, mais c'est Nicolas Sarkozy qui est, aujourd'hui, Président de la République.
Nous sommes dans un moment particulier où nous avons à faire le bilan d'une campagne qui s'achève et ouvrir une autre, celle des élections législatives. Notre premier devoir est, bien sûr, de comprendre, mais c'est surtout d'agir et de préparer l'avenir.
Notre premier devoir est de faire en sorte de penser aux Français et de les protéger. Les victimes de Nicolas Sarkozy ne seront pas les socialistes, mais nos concitoyens. Et le scrutin du mois de juin est la dernière occasion -et il faudra le dire et le répéter, pour les électeurs de décider de leur avenir pour les cinq prochaines années. Ceux qui gagneront l'élection qui vient gouverneront le pays. Et ceux qui les gagneront absolument gouverneront absolument. Pour être à la hauteur de l'interpellation qui nous est faite parce que nous sommes la seule force qui peut agir et protéger, il me revient d'aller à l'essentiel.
Comprendre, car il faut comprendre. L'exercice est délicat. Ce n'est pas aujourd'hui que l'on va faire l'analyse. Il y faudra du temps, de la lucidité, du respect. Mais nous devons comprendre pour trouver les bonnes réponses, à la veille des élections législatives. Il est périlleux, néanmoins, de lancer cet exercice dans un temps aussi court, si nous voulons nous mettre en bon ordre pour la campagne qui s'ouvre.
Alors, distinguons les moments. Il sera temps, au terme de la séquence électorale, de faire tous les jugements, d'aller jusqu'au bout de ce qui s'est produit et de ce qui ne s'est pas produit, d'identifier les causes, de bien maîtriser les conséquences, d'évaluer les responsabilités et de tirer toutes les conclusions, en allant jusqu'au bout et sans délai.
Aujourd'hui, il faut saisir la réalité politique de l'élection de Nicolas Sarkozy, c'est-à-dire comprendre son succès et forcément notre échec.
Son succès est qu'il a fédéré toutes les droites. Je dis bien toutes les droites. Depuis plus de 20 ans, droite et extrême droite sont majoritaires en France à toutes les élections nationales, sauf une en 1997 et de peu. Et il s'est trouvé que la division entre la droite classique, ses leaders, et la présence d'une extrême droite hostile ont toujours mis le camp conservateur en difficulté.
Ce qui s'est produit cette fois-ci, et pour la première fois, c'est que Sarkozy -de gré ou de force- a uni son camp et a su fluidifier le rapport droite/Extrême droite. Il n'a donc eu aucun candidat de sa famille, au premier tour, car Bayrou est d'une autre nature, et il a siphonné l'électorat d'extrême droite en partie le 22 avril et en quasi-totalité le 6 mai. C'est le fait politique majeur et il peut se reproduire aux élections législatives.
Le deuxième élément de compréhension de ce qui s'est passé à droite est que Sarkozy a échappé au bilan, à son bilan, et a pu -aussi insensé que cela puisse paraître- figurer comme un changement possible. Il y a un précédent historique : en 1974, Giscard d'Estaing, membre de l'équipe gouvernementale -et pas à n'importe quel niveau : Ministre de l'Economie et des finances- avait su, lui aussi, par rapport aux gaullistes être différent du pouvoir au sein duquel il constituait les pièces majeures, comme Sarkozy aujourd'hui. Et Sarkozy a mis en scène son différend avec Jacques Chirac sans fracturer la droite ; il a fait du neuf avec du vieux puisqu'il est aujourd'hui entouré, pressé, par ceux-là même qui ont gouverné le pays depuis le printemps 2002. C'est la même équipe, ce sont les mêmes qui sont, aujourd'hui avec Nicolas Sarkozy, laissent penser qu'une ère nouvelle est en train de s'ouvrir. Et ce stratagème lui a permis de garder les électeurs mécontents de droite qui, autrement, auraient fui.
Enfin, il a su structurer un projet idéologique cohérent autour des valeurs assumées de la droite : autorité, mérite, hiérarchie. Il a pu faire la jonction entre les électeurs d'extrême droite -et de ce point de vue, la provocation sur le Ministère de l'immigration et de l'identité nationale était véritablement une stratégie-, les plus riches de la société et une part des classes populaires et surtout des classes moyennes les plus fragilisées. Il est majoritaire chez les employés et les professions intermédiaires. Il a utilisé pour ce faire trois ressorts : l'individualisation, l'identité nationale et l'immigration. Il a pu mettre ainsi en lumière une nouvelle fonction de l'Etat d'un point de vue néo-conservateur. L'Etat n'est plus là pour redistribuer, protéger, intervenir, défendre un projet collectif, mais pour permettre à chacun de s'en sortir individuellement. Plus de pouvoir d'achat ? Travailler plus ! Plus de logements ? Soyez propriétaires ! Plus de protection sociale ? Assurez-vous ! Pour l'école de vos enfants ? Choisissez-la librement !
Il a théorisé la société du « chacun pour soi » ou plutôt du « chacun sa chance dans la société de Nicolas Sarkozy». Ce n'est plus l'égalité des chances et ainsi, il a mis en cause gravement et il mettra gravement en cause la solidarité, tout en mettant une main ferme sur ceux qui ne rentrent pas dans le rang.
Ce modèle a trouvé écho sur des catégories qui veulent moins payer pour les autres et qui voient dans leur voisin ou dans les plus modestes qu'eux leurs concurrents, leurs adversaires.
Ce modèle-là porte tous les dangers, tous les délitements, tous les affrontements, et c'est ce que nous devons expliquer dans la campagne des élections législatives. Ce n'est pas un projet qui porte un intérêt collectif. Ce n'est pas un projet où la majorité de notre peuple peut se retrouver. Et cela doit être le sens du combat que nous devons engager.
Il y a aussi notre échec. Il faut le regarder en face. À la fois avec la fierté du combat qui a été mené et avec la prise en compte de cette réalité.
Il y a la responsabilité, bien sûr. On dira qu'elle est collective. J'assume la mienne. Et je ne fais pas ici comme s'il ne s'était rien passé. Chacun prendra sa part. C'est normal. Mais, je suggère que cet exercice soit reporté. Même si je suis prêt à entendre. Je pense que nous avons tous à regarder les acquis, les atouts qui sont les nôtres et ce qui n'a pas marché, sans pour autant être amené à battre la coulpe du voisin. Je commencerai donc par moi-même le moment venu, mais en assumant aussi les succès.
Les acquis, c'est d'abord le vote des catégories qui nous avaient désertés. Pas toutes ces catégories, reconnaissons-le. Dans certains quartiers et pas dans d'autres. C'est aussi la présence des jeunes dans cette campagne, du vote des jeunes, et notamment de tous ceux qui s'étaient inscrits sur les listes électorales et qu'il faut garder. C'est le vote des quartiers, des centres ville. Regardons le paysage des villes avant que les élections municipales ne se tiennent, peut-être d'ailleurs plus tôt que prévu ! Il faut aussi en prendre la mesure. Car, pour l'instant, le vote des villes nous est plutôt favorable ; on voit bien quelle serait l'intention de ceux qui veulent concentrer tous les pouvoirs. Je vois aussi le vote des professions dynamiques, mais je vois aussi la difficulté à convaincre des catégories comme les employés.
Je vois plusieurs explications. La sanction n'a pas été suffisante, d'autant que Sarkozy voulait y échapper. La peur de Sarkozy a été un ressort important, considérable, mais il ne pouvait pas non plus suffire. Nous l'avions d'ailleurs toujours dit. Le projet n'est pas apparu suffisamment cohérent et clair et les priorités ne se sont pas forcément dégagées. Nous avons eu aussi ce poids du fatalisme que beaucoup ont rencontré dans cette campagne ; c'est-à-dire la résignation de beaucoup de ceux qui étaient pourtant supposés bénéficiaires de nos propositions et qui disaient leur doute sur la possibilité de la réalisation de notre projet dont ils partageaient l'esprit.
Nous avons donc, dans cette campagne des élections législatives, à réduire le fatalisme, la résignation et l'abattement car c'est le terreau de la droite.
Le modèle de croissance et d'emploi que nous ouvrons, alors même que nos résultats en termes de croissance chaque fois que la gauche a été au pouvoir devrait plaider pour nous, est toujours mis en cause, alors que la droite a déprimé pendant 5 ans l'activité économique.
Nous restons ambigus sur des questions comme l'immigration, l'énergie, la fiscalité. Il faudra là aussi clarifier.
Il n'y avait pas de dynamique unitaire de la gauche. Nous étions, nous, la force principale -presque la force unique. Mais, la chose est différente lorsque l'on a 6 autres candidats qui laissent penser qu'il n'y a pas de mobilisation commune, d'engagements solidaires, de perspective de direction du pays.
Cette campagne aura sûrement accéléré des évolutions et fait du Parti socialiste la seule force de l'alternative. C'est très différent de 2002 de ce point de vue, où l'une des explications -qui n'était pas la seule et qui ne devait pas l'être- était la dispersion de la gauche. Là, en 2007, c'est la faiblesse de la gauche.
Si l'on veut comprendre, et l'on aura à y revenir, il faut agir. Il faudra tirer toutes les conclusions de la période qui s'achèvera le 17 juin, deuxième tour des élections législatives.
À l'évidence, un nouveau cycle s'ouvre. Une droite dure qui s'assume comme telle ; une gauche réduite au seul Parti socialiste et une fraction de l'extrême gauche ; des défis, double défis : d'un côté la mondialisation qui n'est pas nouvelle -depuis tant d'années que nous connaissons la contrainte extérieure- et individualisation de l'autre. Tout l'enjeu politique est donc de savoir si l'on peut maîtriser ce double mouvement et faire prévaloir les principes de l'action collective tout en recherchant la réussite de chacun.
Nous avons donc trois impératifs :
La rénovation du Parti socialiste : sûrement, même si elle est engagée depuis longtemps. S'il faut rénover, ce n'est pas simplement pour les modes d'adhésion -c'est fait- ; c'est donc sur les modes de décision, de délibération collective qui ont considérablement vieilli et qui nous font faire des jeux de rôles qui ne correspondent plus à la réalité politique du moment.
La refondation de la gauche : c'est-à-dire des regroupements, des constructions mais qui ne peuvent pas être des « mécanos » où il faudrait s'adjoindre et prendre ce qu'il reste du reste de la gauche. IL faudra le faire sur une ligne idéologique claire et assumée comme telle.
Le renouvellement des générations : sûrement ; il a là des prétentions légitimes. Mais aussi le renouvellement des catégories sociales, des visages et des couleurs.
La question du leadership sera forcément posée, mais à nous d'en fixer les calendriers, les modalités, la méthode et la démarche. Pas aujourd'hui en tout cas. Tout sera mis sur la table, mais veillons à ne pas la renverser.
Nous ne réussirons le processus de refondation de la gauche, de rénovation, de renouvellement que si, au lendemain des élections législatives, nous sommes un socle le plus élevé possible. Tel est l'enjeu.
Le rassemblement est nécessaire, impérieux. Mais ce n'est pas une commodité, un arrangement, une combinaison, une contorsion. C'est une exigence non pas pour nous-mêmes, mais pour protéger les Français. Une exigence pour ceux qui ont voté pour nous et d'autres qui ne l'ont pas fait mais qui s'interrogent. Ils attendent que nous leur permettions d'agir, de se défendre ; ils attendent une force, un contrepoids face à la droite. Ils se disent que s'ils peuvent décider eux-mêmes avec le plus de députés de gauche possible, alors c'est l'exigence du pouvoir ; et si ce n'est pas possible, ils attendent de nous qu'au moins nous les protégions tout en préservant l'équilibre des pouvoirs.
Il faut donc être là, faire face et relever le défi.
Les élections législatives sont le dernier moment démocratique pour déterminer la politique de la France pour les cinq prochaines années. Il y aura des élections intermédiaires (municipales, cantonales, européennes, régionales) ; mais la seule élection qui compte est les élections législatives.
De la majorité dépendra le pouvoir. De la force de l'éventuelle opposition, le contre-pouvoir. Voilà, le choix qui est le nôtre.
Les élections législatives ne seront pas le troisième tour de l'élection présidentielle. Elle est faite. Nicolas Sarkozy est et sera Président de la République. Il n'est plus en cause dans ce scrutin. L'enjeu du scrutin qui vient est le contenu de la politique. C'est pourquoi nous devons avoir un objectif : la force pour agir et protéger.
Il faudra donc faire élire le plus de députés de gauche pour permettre de mener une politique de progrès ou, à défaut, de contester efficacement une politique de régression.
La plate-forme législative doit aller à l'essentiel. Elle sera présentée. Elle doit être en cohérence avec le projet du Parti, le pacte présidentiel et la situation nouvelle qui est créée qui s'appuie sur les premières leçons que nous avons à retenir.
Cette plate-forme est conçue en différenciation avec la droite. Sur chaque proposition de la droite qui pourrait là s'appliquer, nous devons faire valoir la nôtre. Sur chaque sujet, nous devons montrer notre cohérence : pouvoir d'achat, travail, logement, protection sociale, sécurité, institution, Europe. L'impératif démocratique, enfin. La droite veut tout. Elle est dans une logique d'écrasement, de mystification à travers ses pseudos ouvertures, d'intimidation sur les corps intermédiaires, sur les élus locaux, la presse. Jamais le risque d'une concentration des pouvoirs à ce point a été réuni : institutions, magistrats, médias, puissances d'argent dont les liens maintenant apparaissent avec évidence, presque exhibition, avec le nouveau pouvoir.
Ce sera une campagne éclair -un mois ; elle doit être une campagne de mobilisation et le risque, le seul risque, c'est celui de la désaffection civique. Dès lors, la crédibilité du Parti socialiste est essentielle. Son image -celle d'aujourd'hui- à travers la volonté de rassemblement, notre capacité à régler nos comportements, nos propositions, notre manière de faire campagne.
Nous ne pouvons pas abandonner les Français en nous abandonnant nous-mêmes. La campagne doit donc être exemplaire. Nous devons faire simple et collectif. Les instances du Parti socialiste devront leur rôle essentiel ; le Premier secrétaire pour conduire la campagne, en faisant vivre pleinement les instances. En associant aussi tous les talents qui composent notre Parti tout en faisant la place pour l'expression de nos portes parole, la nouvelle génération.
C'est le dispositif simple associant tous les talents, renouvelant les générations pour être efficace.
Il faut clairement identifier les enjeux : concentration du pouvoir, écrasement social, politique de solidarité. Il faut montrer une force organisée et solidaire, valoriser nos candidats aux élections législatives. Nous avons 577 campagnes. Mais, attention ! Nous ne pouvons pas laisser seuls chaque candidate et candidat affronter le scrutin. Il y a des considérations locales, certes, mais s'il n'y a pas un sens, une direction, une cohérence, je ne donne pas cher de notre capacité à avoir le plus de députés possible.
Dernier point de l'exemplarité : les investitures. Nous avons voulu la parité, nous avons voulu faire effort sur la diversité. Nous avons signé des accords avec le PRG, le MRC, peut-être les Verts s'ils acceptent nos propositions après que nous, nous ayons entendu les leurs.
Je ne laisserai pas se défaire ce que nous avons construit. Je ne laisserai pas des comportements individuels mettre en cause le collectif.
Le principe est donc tout simple : ceux qui se mettront candidats contre les choix que nous avons faits collectivement et assumés seront hors du Parti. Ils seront hors du Parti non pas seulement pour les quelques semaines qui suivent le scrutin (comme on a l'habitude de le faire), mais pour toutes les élections locales qui viendront.
C'est notre intérêt commun qui est en cause, et pas simplement celui-là ; c'est aussi l'intérêt de la gauche et du pays. Car il y a toujours une bonne raison pour refuser le renouvellement (localisme...). Aujourd'hui, il n'y a plus de bonne raison quand il y a une raison générale qui s'impose à tous.
CONCLUSION
Nous sommes aussi devant des alliances toutes simples qu'il faudra faire : elles s'appellent le désistement républicain avec les forces de gauche.
Quant à la question toujours répétée et qui, parfois nous fatigue, sur les alliances. La question est posée à Bayrou, il y répond toujours de la même manière ! Ne nous posons donc pas la question à nous-mêmes, dès lors que Bayrou lui-même ne fournit aucune réponse, et terminons-en une bonne fois avec ce type de débat.
Nous avons toujours conçu le rassemblement de la gauche de la même manière : rassembler les socialistes, rassembler la gauche et tous ceux qui veulent venir, mais sur la base d'un projet politique et sur rien d'autre.
Nous sommes devant un grand enjeu. C'est l'avenir de la France pour les cinq prochaines années. Cela dépasse tout, tout le reste. Nous sommes une grande force et soyez fiers d'être la grande force politique du pays, à côté de l'UMP -sûrement- mais pas loin et, peut-être demain, devant l'UMP.
Nous sommes la grande force, nous avons la responsabilité de toute la gauche et sans doute au-delà. Cette grande force socialiste est au service de nos concitoyens.
Quant à notre avenir, il ne sera grand que si nous avons compris le passé, dominé le présent et préparé ensemble le futur qui ne commence pas aujourd'hui, mais qui dépend de notre capacité, aujourd'hui, à faire face, à être fiers et, en même temps, au service de nos concitoyens.