Texte intégral
O. de Lagarde.- Comment N. Sarkozy peut-il ramener à lui les voix qui se sont portées sur F. Bayrou ? Vous êtes ministre UDF, soutien de N. Sarkozy, ministre de l'Education nationale, alors on va évidemment parler des centristes, de F. Bayrou, mais une question, tout de même, sur l'Education nationale. C'est curieux, en cette période sensible électoralement on entend peu les professeurs, pourquoi ?
G. de Robien.- Ce sont des citoyens qui réfléchissent, qui ont réfléchi pour le premier tour et qui doivent se poser les mêmes questions que nous tous sur le deuxième tour, et qui, naturellement, en même temps aussi, font leur boulot, puisque actuellement, je vous rappelle que dans la plupart des régions, c'est l'année scolaire qui continue, les examens qui se rapprochent et ils ont une grande conscience professionnelle. Voilà pourquoi, les enseignants sont au boulot.
Q.- Ça, c'est très bien pour la langue de bois, mais honnêtement, vous, vous n'êtes pas surpris G. de Robien ?
R.- Pourquoi "langue de bois" ? C'est une question langue de bois aussi ! Qu'est-ce que vous voudriez aujourd'hui, que tous les enseignants soient dans la rue ?!
Q.- Moi, je ne veux rien, mais je vous demande juste si cela vous étonne, si cela vous surprend...
R.- Absolument pas. Les enseignants font leur boulot aujourd'hui, ils remplissent leur mission de service public, qu'est-ce que vous voulez leur faire dire ?
Q.- Vous savez ce qu'ont voté les enseignants globalement ?
R.- Ils sont partagés, bien sûr. Une partie a voté Bayrou et la plus grande partie, semble-t-il aurait voté S. Royal d'après les enquêtes. Je ne sais rien d'autre que les enquêtes que vous publiez régulièrement.
Q.- Qu'est-ce qui explique finalement qu'il y ait moins de mouvements sociaux aujourd'hui qu'avant, Est-ce la fin du paiement des jours de grève ?
R.- Vous parlez de l'Education nationale ?
Q.- A l'Education nationale !
R.- Je pense que les problèmes sont moins importants, même si c'est un métier extrêmement difficile. Je pense aussi qu'on a apporté de vraies réponses à leurs problématiques, notamment de formation. On a réformé les UIFM, on a apporté des moyens nouveaux, on a relancé les zones d'éducation prioritaire, on leur a donné une feuille de route pour l'apprentissage des fondamentaux, la lecture, l'écriture, la grammaire, même si cela a fait un peu grincer des dents. Et ils ont vu que les pouvoirs publics, le Gouvernement en général, s'occupaient d'eux. On leur apporte aussi des réponses sociales, le rapprochement des conjoints par exemple qu'on a enfin résolu pour la rentrée prochaine à 90% des cas. Et tout cela montre que, leur a montré qu'on s'occupait des enseignants, de leur situation professionnelle et de leurs conditions de travail.
Q.- Qu'attendez-vous de la conférence de presse de F. Bayrou cet après-midi ?
R.- Je crois, une fois encore, une non-décision, du flou intégral, probablement donc un non-choix. Cela veut dire encore une fois qu'un grand moment de notre vie politique, on va dire un moment historique, comme il n'en existe que tous les cinq ans, où le pays va faire un choix évidemment majeur. L'élection d'un nouveau président de la République engage cinq ans de la vie de la France. Le rôle d'un parti politique, d'un responsable politique c'est d'indiquer un vrai choix.
Q.- Selon les élus UDF, il devrait, il devrait annoncer qu'il laisse la liberté de vote aux siens, est-ce que c'est une bonne nouvelle pour N. Sarkozy ?
R.- C'est une non-nouvelle, parce que, les élus, les siens, ils ont toujours eu la liberté de vote quand même. Il y a déjà 12, 15 députés, parlementaires qui sont venus soutenir N. Sarkozy hier, à Rouen. C'est le député-maire de Rouen qui est venu au meeting de N. Sarkozy lui apporter un soutien officiel, P. Albertini. Par conséquent, ils ont tous la liberté, ce n'est pas une nouvelle que de dire, "je laisse la liberté". Mais on ne laisse pas une liberté, on a une liberté dans un pays démocratique !
Q.- C'est tout de même étonnant tous ces soutiens d'élus à un mois des législatives... Est-ce que, honnêtement, l'UMP n'est pas en train d'exercer une sorte de chantage aux législatives ?
R.- Vous rendez-vous de quel mot vous employez, du "chantage aux législatives" ? Depuis toujours, N. Sarkozy a dit qu'à partir du moment où les députés s'inscrivent dans la majorité, la nouvelle majorité future présidentielle, pourquoi voulez-vous que je mette un candidat dans leur circonscription ? Eh bien figurez-vous qu'il tient parole ; cela vous étonne, moi pas ! Il tient parole et donc tous ceux qui veulent soutenir sa candidature se trouvent les bienvenus au sein d'une grande majorité. Il veut fédérer la majorité présidentielle, il veut fédérer autour de lui, je trouve que c'est une belle marque de dignité dans la démarche politique. Et vous venez de citer dans le journal S. Royal qui essayait de dire à des électeurs UDF : "vous savez, si jamais vous venez vers moi, vous aurez des ministres". Alors vous voyez, en face de la dignité, il y a la cuisine et moi je préfère choisir la dignité.
Q.- Eventuellement des ministres dans un gouvernement de S. Royal, est-ce qu'il faut des ministres UDF si N. Sarkozy est élu ?
R.- Mais jamais on n'a abordé cela avec N. Sarkozy, jamais on n'a parlé de cette cuisine ! Ce n'est pas à la hauteur de l'enjeu qui va se passer le dimanche 6 mai. Le dimanche 6 mai, c'est un choix des Français, le dimanche 6 mai, c'est mettre à la tête de l'Etat français, pour cinq ans, le président de la République. Et vous voudriez que l'on dise, "je vais mesurer le nombre de ministres qu'il pourrait y avoir..."
Q.- C'est de la politique G. de Robien !
R.- Eh bien figurez-vous que cela ne se passe pas comme ça avec N. Sarkozy.
Q.- Il y a les élus d'une part et puis il y a les Français de l'autre, les électeurs de F. Bayrou...
R.- Ils sont libres eux aussi !
Q.- Comment allez-vous faire pour les convaincre de voter N. Sarkozy ?
R.- Mais ce ne sont plus les électeurs de F. Bayrou, ils ont voté, vous avez parlé au passé. Eh bien maintenant ils sont libres, c'est formidable pour eux. Ils vont pouvoir exercer un choix, un choix entre un N. Sarkozy qui parle de la France tous les jours, qui parle de la dignité de la France, de la grandeur de la France, qui parle de la protection de l'Etat, d'un Etat plus fort pour protéger mieux les Français les plus faibles. Et puis, il y a l'option S. Royal, c'est-à-dire celle d'une gauche tout à fait traditionnelle qui a amené la France là où vous savez lorsqu'elle était au pouvoir. Voilà le choix des Français ! Donc que l'on ne parle pas ni de pression ni de chantage, c'est un enjeu majeur pour la France et les Français ne s'y trompent pas, ils vont faire un choix de citoyen responsable.
Q.- Au-delà de cette affaire, est-ce que finalement les UDF, comme vous, sont suffisamment écoutés, ont suffisamment d'influence au sein de l'UMP aujourd'hui ?
R.- Mais on n'est pas au sein de l'UMP, c'est ça notre force, c'est que nous sommes totalement indépendants et autonomes, nous les centristes ! Et lorsque des centristes soutiennent...
Q.- Il y a beaucoup de centristes, comme P. Douste-Blazy, comme d'autres qui ont rejoint l'UMP, est-ce qu'ils pèsent suffisamment sur la politique de l'UMP ?
R.- Vous leur demanderez, moi je ne suis pas au sein de l'UMP,
Q.- Vous êtes à la marge...
R.- Je ne suis pas à la marge, merci beaucoup, je ne suis pas marginal, je suis un centriste, je suis un centriste UDF, et en tant que centriste UDF, N. Sarkozy dit, "moi je vous respecte en tant que tel". Lui était le patron de l'UMP, il l'est encore et s'il est président de la République, bien entendu qu'il va prendre de la distance par rapport à son parti politique. Mais il dit, "moi, j'accueille dans cette nouvelle majorité des gens très divers, très variés". Cette variété, cette diversité va être un ensemble de valeur ajoutée et nous allons organiser cette diversité pour faire évidemment un grand projet et pour mettre en oeuvre un grand projet pour la France. Et moi je trouve formidable que l'on puisse additionner des diversités.
Q.- On évoque la possible création d'un nouveau parti centriste au sein de l'UMP, êtes-vous au courant ou pas ?
R.- Non, pourquoi ?
Q.- Vous n'êtes pas au courant ?
R.- Non, je ne suis pas au courant et je vais vous dire pourquoi : parce qu'à aucun moment avec N. Sarkozy, que je vois pratiquement tous les jours, on ne parle de ça. Car aujourd'hui on est vraiment concentrés sur les chances majeures et l'avenir de la France et l'avenir de la France va se jouer le 6 mai. Est-ce que vous croyez que pendant ce temps-là ou d'ici le 6 mai, on va perdre 30 secondes à parler de construction de parti politique ?
Q.- Perdre 30 secondes à essayer de savoir comment vous allez récupérer les électeurs de F. Bayrou...
R.- Et vous croyez que l'on va perdre 30 secondes à récupérer comme ça, ou à chercher à récupérer ? On va passer tout notre temps à proposer aux Français de construire une France plus forte, de construire une France plus solidaire et de construire une France plus fraternelle. C'est ça notre objectif d'ici le 6 mai. Et ensuite, après le 6 mai, ce sera de mettre en pratique ce qui aura été dit pendant la campagne. Alors est-ce que vous pensez vraiment qu'on va passer 30 secondes à parler boutique ?
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 25 avril 2007.