Texte intégral
Messieurs les présidents, mes chers amis,
Je vous reçois à Matignon avec émotion, parce que je suis un parlementaire qui connaît quasiment chacun d'entre vous.
J'ai, en effet, le privilège d'avoir siégé 17 ans à l'Assemblée nationale dont je salue le président Ollier, et un peu plus de deux ans au Sénat où je n'ai pas été très assidu. Je veux vous dire, monsieur le président du Sénat, tout l'honneur que j'ai à vous avoir à mes côtés, ainsi que mes collègues sénateurs qui ont aussi leur rôle dans cette campagne législative qui commence en raison de leur influence et de leur poids politique dans nos départements.
Je suis heureux d'accueillir les présidents de groupe, mon ami Bernard Accoyer, Josselin de Rohan, qui ont joué un rôle si important pour assurer la cohésion de la majorité autour de la candidature de Nicolas Sarkozy. J'adresse aussi à Jacques Peletier, président du groupe RDSE, la bienvenue et tous mes remerciements.
Mes amis,
Je sais d'où je viens et avec quels amis j'ai parcouru ce chemin. Mais je n'ai pas voulu vous réunir pour le seul plaisir de vous retrouver. Je vous ai réunis parce que je vais mener la bataille des législatives et je ne vais pas la conduire avec le seul statut de responsable de la majorité, je vais la conduire directement sur le terrain, en étant moi-même candidat aux élections législatives.
J'estime que la morale comme le courage politique me l'imposent.
A mes yeux, le Premier ministre doit être un élu du peuple car ma légitimité c'est aussi celle qui m'est, depuis toujours, accordée par mes électeurs. Je l'ai toujours pensé, et ce n'est pas maintenant que je vais changer de point de vue. Vous allez aller à la bataille, eh bien, j'ai l'intention d'y aller comme vous et avec vous !
Mes amis,
Le 6 mai, la victoire de Nicolas Sarkozy que nous espérions tous est arrivée, et vous y avez fortement contribué.
Cette victoire, elle n'est pas comme les autres. Ce n'est pas une victoire par défaut. C'est une victoire fondée sur une franche adhésion, et non pas, comme c'était le cas depuis si longtemps, sur un rejet.
Après le 21 avril 2002, après la déroute des régionales, après le rejet du traité constitutionnel européen, les Français ont manifesté une étonnante volonté de construire autre chose et autrement.
Par son amplitude démocratique et par sa clarté politique, le succès de Nicolas constitue une occasion historique de transformer la France en profondeur. Je dis bien historique, parce que nous l'avons emporté avec un projet de rupture, avec un projet précis.
De ce fait, nous avons entre les mains un mandat clair, et par là même, la chance de pouvoir changer d'époque. J'ai souvent eu le sentiment que notre pays était entré dans le nouveau siècle avec l'esprit et les pratiques de l'ancien. Eh bien, une métamorphose est désormais possible.
Nous avons aussi la chance de pouvoir redonner plus de souffle et plus de coeur à la politique. La chance de pouvoir bousculer les résistances et les tabous qui figent la société française depuis des décennies. La chance de pouvoir imprimer des valeurs : celles du travail et du mérite, celles de l'effort et du courage, celles de la responsabilité et du respect.
Cette opportunité est décisive car - et c'est bien là tout son drame - la gauche n'a pas seulement perdu une élection, elle a, par son refus d'ouvrir les yeux sur le monde, par son conservatisme borné, perdu la bataille idéologique. Elle a perdu la bataille des valeurs. Pour tout dire, elle a perdu son magistère intellectuel et moral.
Eh bien c'est à nous maintenant de démontrer qu'une autre façon d'être, une autre façon d'agir, une autre façon de penser, peuvent être les ressorts d'une France nouvelle.
Nous avons enfin la chance, mes chers amis, de pouvoir nous attaquer aux racines des problèmes qui handicapent notre pays depuis 25 ans. Sur l'emploi, sur l'égalité des chances, sur la sécurité, sur la réforme de l'Etat, sur l'identité nationale, nous pouvons aller au fond des choses. C'est à dire que nous pouvons réorienter fortement le cours de notre destin national.
Je suis sûr que vous l'avez ressenti sur le terrain comme moi : aujourd'hui, les Français ne nous regardent plus tout à fait de la même façon. Ils se disent : "ceux-là, ils vont peut-être changer le pays !".
Au nom du président de la République et au nom des conditions nettes et franches de sa victoire, je vous demande donc de situer cette campagne législative au niveau où elle doit être, c'est-à-dire au plus haut niveau politique.
Notre devoir est de nous montrer à la hauteur de cette formidable attente. Cette attente, mes amis, elle exigeait un choc politique immédiat. Un choc démontrant que l'élection de Nicolas Sarkozy bousculait tout, y compris les vieux clivages politiques qui plaisent tellement à la gauche.
Dans sa défaite, la gauche attendait la droite classique au pouvoir pour remonter la pente aux législatives. Elle escomptait encore et toujours nous diaboliser, nous stigmatiser, nous caricaturer. La gauche attendait une vieille droite, crispée, dogmatique, la voici devant une droite et un centre modernes et conquérants ! Une droite et un centre modernes, sûrs d'eux-mêmes, rassemblant tous les Français, quelles que soient leurs sensibilités politiques, une droite et un centre modernes décidés à réconcilier dans une synthèse nouvelle, la liberté économique et la justice sociale, la croissance économique et le développement durable, la fierté nationale et l'engagement européen, l'identité française et l'universalisme.
Oui, la gauche attendait, espérait, que nous retombions dans les clichés et dans les habitudes d'autrefois, et voilà que la nomination du gouvernement annonce avec fracas une nouvelle donne politique.
C'est un gouvernement, d'abord, qui respecte la parité entre les hommes et les femmes Cette parité légitime et nécessaire, tout le monde en parlait, et la gauche n'était pas la moins avare de conseils en la matière. Eh bien voici que c'est nous qui l'avons concrétisée, et vous pouvez en être fiers. La nomination de Rachida Dati, au poste de garde des Sceaux, ministre de la Justice, a un sens qui honore la France républicaine que j'aime et que je veux. C'est la France du mérite, c'est la France riche de ses différences et c'est la France qui mobilise tous ses talents.
C'est un gouvernement resserré parce que lorsque la tâche est aussi exigeante, il faut une équipe de mission. Il faut une équipe où la collégialité ne soit pas simplement un mot mais la réalité de tous les instants. Une équipe où le débat soit possible. Une équipe qui assume collectivement les décisions stratégiques dont elle a débattu.
C'est un gage d'efficacité, c'est un gage de modernité. Je suis fier que, dans ce domaine aussi, nous ayons décidé d'innover.
C'est un gouvernement qui place au premier rang de ses priorités l'écologie, le développement et l'aménagement durables. C'est une véritable révolution, ne vous y trompez pas, qui va nous permettre de passer de l'époque des colloques et de la prise de conscience à celle de l'action.
C'est enfin un gouvernement d'ouverture. Il faut beaucoup de force et beaucoup de grandeur pour ne pas céder à la tentation partisane lorsque la victoire est là. Et cette force, Nicolas Sarkozy l'a eu.
Il faut aussi être animé par un profond sens de l'intérêt général pour ne pas se limiter à son camp et à sa famille quand vous avez la possibilité d'imposer vos vues à ceux qui vous ont combattu autrefois. Ce sens de l'intérêt général, Nicolas Sarkozy l'a eu, et avec lui, vous l'incarnez plus que n'importe qui, et vous en serez les interprètes dans vos circonscriptions.
Cette ouverture est le symbole d'une profonde recomposition politique et intellectuelle que nous avons décidé de provoquer. Nous l'avons réalisée comme aucun autre gouvernement ne l'avait fait.
D'Alain Juppé à Bernard Kouchner, d'Hervé Morin à Eric Besson, nous avons bousculé toutes les frontières partisanes. La gauche hurle au débauchage, elle se déchaîne sur ses propres amis d'hier. Mais il y a un mois, le parti socialiste proposait de gouverner avec le centre. Aujourd'hui, il insulte celles et ceux qui ont eu le courage de nous rejoindre. Ce qui était une bonne idée hier lorsqu'elle venait de la gauche, est désormais une manoeuvre et une hérésie parce qu'elle vient de la droite. Cette mauvaise foi et cette agressivité sont la preuve que nous ne sommes pas dans le gadget mais dans une très sérieuse remise en cause des clivages intellectuels et politiques.
L'ouverture, mes amis, est une chance pour notre famille politique, pour notre gouvernement, et surtout pour notre pays. Nos concitoyens attendent de leurs responsables politiques qu'ils cessent de manier l'exclusive et qu'ils pratiquent le dialogue, la synthèse, le travail en équipe. Eh bien c'est ce nous voulons faire avec cette large majorité présidentielle qui rassemble gaullistes, centristes, libéraux, radicaux, personnalités de gauche, mais aussi nos amis de l'UDF qui, avec responsabilité et hauteur de vue, nous ont rejoints pour amplifier cette dynamique.
Cette ouverture, elle s'effectue dans la diversité mais elle s'engage aussi, je veux vous le dire, dans la clarté. Ceux qui nous rejoignent le font sur un projet que nous avons porté durant notre campagne.
C'est un projet fondé sur la vérité. La vérité sur les défis considérables que nous lance la mondialisation. La vérité sur l'état de notre pays qui, en bien des domaines, a décroché par rapport à d'autres grandes nations. La vérité sur la nécessité de nous retrousser les manches si nous voulons vivre debout et non pas à genoux.
C'est un projet dont la clarté nous impose un devoir : celui de l'accomplir.
Nous avons trois priorités immédiates qui seront, je l'espère, au coeur de vos travaux législatifs durant la session extraordinaire du parlement.
La première, c'est la sécurité des Français. Face à la violence et à la délinquance, il n'y a qu'une solution : il ne faut pas reculer d'un millimètre. Face à la violence et la délinquance, nous allons tout simplement faire ce que nous avons dit ! La question des mineurs délinquants et celle des multirécidivistes seront traitées dès le mois de juillet.
La seconde priorité, c'est la revalorisation du travail. Là, le temps des hésitations est fini ! Nous visons, d'ici cinq ans, le plein emploi et nous sommes bien décidés à nous en donner les moyens. Nous l'avons dit et nous le ferons tout de suite : nous allons libérer les heures supplémentaires. A l'automne, tous ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus le pourront ! Cette mesure, vous le savez bien, c'est beaucoup plus qu'une mesure technique, c'est une véritable révolution culturelle !
En France, la valeur travail est de retour ! C'est elle qui nous permettra d'aller à la conquête de la croissance ; c'est elle qui nous permettra de sortir de la paupérisation salariale ; c'est elle qui nous permettra de financer notre pacte social.
Dans un même élan, nous allons vous proposer de défiscaliser le travail étudiant, de favoriser le cumul entre l'emploi et la retraite, de prévoir la déduction des intérêts d'emprunts immobiliers, de supprimer les droits de succession, d'instaurer le bouclier fiscal à 50 % de l'ensemble des revenus et l'investissement direct dans le capital des PME. Et ce, dès la session extraordinaire.
Il s'agit pour nous de provoquer un choc de confiance - pardonnez-moi cette comparaison qui va peut-être faire frémir les plus anciens d'entre nous -, un choc de confiance du même ordre que celui qui avait permis en 1958 d'initier une longue période de prospérité restée dans l'histoire comme "les trente glorieuses".
Cette dynamique économique sera complétée par une réforme fondamentale : celle de nos universités. Depuis plus de vingt ans, rien n'a bougé en la matière. La France a décroché sur le plan universitaire et scientifique. Les universités françaises qui étaient les meilleures du monde ont disparu dans la profondeur des classements internationaux.La démocratisation de l'enseignement supérieur est venue se briser sur le mur de l'échec qui frappe près de 50 % de nos étudiants en première année de licence.Eh bien le temps de l'action est venu !
En libérant le travail, en redonnant toute sa place à la recherche et à l'innovation, nous allons créer un "choc de croissance" qui constituera le socle à partir duquel la poursuite des réformes s'enclenchera.
L'une d'entre elles est d'actualité : c'est celle du service minimum. Sur cette question, je souhaite, avec le président de la République, une solution qui réponde à l'attente des Français. Le droit de grève est indiscutable, mais la continuité du service public ne l'est pas moins.
Vous me connaissez : je suis un homme d'écoute, je ne suis pas un idéologue ! Mais je suis aussi un réformateur décidé. Décidé à tenir nos engagements. Décidé à toujours choisir l'intérêt général contre les intérêts particuliers, aussi légitimes soient-ils !
L'élection présidentielle nous a donné un mandat qui n'est pas contestable. J'en serai, avec vous, le garant. Dans cette campagne, je vous invite à vous présenter comme les acteurs fidèles de ce mandat.
Vous le savez tout comme moi, les Français ne supportent plus les renoncements, ils ne supportent plus les capitulations devant une pensée unique qui n'a réussi qu'à accroître les injustices et les inégalités qu'elle prétendait combattre. Notre feuille de route est claire. Nous allons l'appliquer !
Mes chers amis,
Une nouvelle campagne électorale a commencé. Elle exige une mobilisation totale. Elle exige de ne pas céder au triomphalisme. Elle exige de ne pas céder à la facilité. Elle exige que nous allions au devant de ceux que notre victoire a ébranlés ou bien, à tort, inquiétés. Elle exige que nous allions au devant de tous les électeurs avec la volonté de convaincre et non pas de vaincre. Car il ne s'agit pas de battre une France contre une autre. Il s'agit au contraire d'entraîner dans notre sillage le plus grand nombre de bonnes volontés.
Face aux appels dérisoires à la "résistance", nous allons inviter les Français à construire une espérance commune. Face à ceux qui, à gauche, rêvent d'une cohabitation stérile, nous allons rassembler une majorité claire et ouverte à tous les talents.
Les Français ont voté pour la rupture, eh bien dites-leur que nous la concrétiserons !
Les Français ont voté pour le changement, eh bien dites- leur que nous allons l'engager !
Les Français ont voté pour des réformes, dites-leur que nous allons réformer !
Les Français ont voté pour réhabiliter le travail, dites- leur que nous allons le faire !
Les Français ont voté pour l'identité de la France, dites- leur que nous allons la réanimer !
Les Français ont voté pour l'autorité de l'Etat, dites- leur que nous allons la restaurer !
Les Français ont voté pour que le défi de l'environnement soit relevé, dites-leur que nous sommes décidés à être à la hauteur de l'enjeu.
Les Français ont voté pour une transformation de notre pacte social qui redonne à la justice et à l'égalité des chances une crédibilité, dites-leur que nous allons le transformer !
Les Français ont voté pour que la voix de la France soit respectée en Europe et influente dans le monde. Vous avez pu constater que, sans attendre, le président de la République a déjà pris des initiatives pour replacer notre pays au coeur de l'Union européenne. Eh bien dites à nos concitoyens que nous ferons entendre la voix de notre nation partout où les valeurs qu'incarne la France sont attendues !
Vous êtes les candidats du changement et de l'espoir. Le projet présidentiel dont vous êtes, chacun dans votre circonscription, le porte-parole, est un projet de rassemblement et d'audace.
Le président de la République a besoin d'une majorité décidée et créative. Il a donc besoin de vous. Vous pouvez compter sur moi : je vais m'engager totalement parce que j'ai la certitude que vous en ferez autant. Et je veux vous dire qu'ensemble, nous allons aller chercher la victoire.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 23 mai 2007
Je vous reçois à Matignon avec émotion, parce que je suis un parlementaire qui connaît quasiment chacun d'entre vous.
J'ai, en effet, le privilège d'avoir siégé 17 ans à l'Assemblée nationale dont je salue le président Ollier, et un peu plus de deux ans au Sénat où je n'ai pas été très assidu. Je veux vous dire, monsieur le président du Sénat, tout l'honneur que j'ai à vous avoir à mes côtés, ainsi que mes collègues sénateurs qui ont aussi leur rôle dans cette campagne législative qui commence en raison de leur influence et de leur poids politique dans nos départements.
Je suis heureux d'accueillir les présidents de groupe, mon ami Bernard Accoyer, Josselin de Rohan, qui ont joué un rôle si important pour assurer la cohésion de la majorité autour de la candidature de Nicolas Sarkozy. J'adresse aussi à Jacques Peletier, président du groupe RDSE, la bienvenue et tous mes remerciements.
Mes amis,
Je sais d'où je viens et avec quels amis j'ai parcouru ce chemin. Mais je n'ai pas voulu vous réunir pour le seul plaisir de vous retrouver. Je vous ai réunis parce que je vais mener la bataille des législatives et je ne vais pas la conduire avec le seul statut de responsable de la majorité, je vais la conduire directement sur le terrain, en étant moi-même candidat aux élections législatives.
J'estime que la morale comme le courage politique me l'imposent.
A mes yeux, le Premier ministre doit être un élu du peuple car ma légitimité c'est aussi celle qui m'est, depuis toujours, accordée par mes électeurs. Je l'ai toujours pensé, et ce n'est pas maintenant que je vais changer de point de vue. Vous allez aller à la bataille, eh bien, j'ai l'intention d'y aller comme vous et avec vous !
Mes amis,
Le 6 mai, la victoire de Nicolas Sarkozy que nous espérions tous est arrivée, et vous y avez fortement contribué.
Cette victoire, elle n'est pas comme les autres. Ce n'est pas une victoire par défaut. C'est une victoire fondée sur une franche adhésion, et non pas, comme c'était le cas depuis si longtemps, sur un rejet.
Après le 21 avril 2002, après la déroute des régionales, après le rejet du traité constitutionnel européen, les Français ont manifesté une étonnante volonté de construire autre chose et autrement.
Par son amplitude démocratique et par sa clarté politique, le succès de Nicolas constitue une occasion historique de transformer la France en profondeur. Je dis bien historique, parce que nous l'avons emporté avec un projet de rupture, avec un projet précis.
De ce fait, nous avons entre les mains un mandat clair, et par là même, la chance de pouvoir changer d'époque. J'ai souvent eu le sentiment que notre pays était entré dans le nouveau siècle avec l'esprit et les pratiques de l'ancien. Eh bien, une métamorphose est désormais possible.
Nous avons aussi la chance de pouvoir redonner plus de souffle et plus de coeur à la politique. La chance de pouvoir bousculer les résistances et les tabous qui figent la société française depuis des décennies. La chance de pouvoir imprimer des valeurs : celles du travail et du mérite, celles de l'effort et du courage, celles de la responsabilité et du respect.
Cette opportunité est décisive car - et c'est bien là tout son drame - la gauche n'a pas seulement perdu une élection, elle a, par son refus d'ouvrir les yeux sur le monde, par son conservatisme borné, perdu la bataille idéologique. Elle a perdu la bataille des valeurs. Pour tout dire, elle a perdu son magistère intellectuel et moral.
Eh bien c'est à nous maintenant de démontrer qu'une autre façon d'être, une autre façon d'agir, une autre façon de penser, peuvent être les ressorts d'une France nouvelle.
Nous avons enfin la chance, mes chers amis, de pouvoir nous attaquer aux racines des problèmes qui handicapent notre pays depuis 25 ans. Sur l'emploi, sur l'égalité des chances, sur la sécurité, sur la réforme de l'Etat, sur l'identité nationale, nous pouvons aller au fond des choses. C'est à dire que nous pouvons réorienter fortement le cours de notre destin national.
Je suis sûr que vous l'avez ressenti sur le terrain comme moi : aujourd'hui, les Français ne nous regardent plus tout à fait de la même façon. Ils se disent : "ceux-là, ils vont peut-être changer le pays !".
Au nom du président de la République et au nom des conditions nettes et franches de sa victoire, je vous demande donc de situer cette campagne législative au niveau où elle doit être, c'est-à-dire au plus haut niveau politique.
Notre devoir est de nous montrer à la hauteur de cette formidable attente. Cette attente, mes amis, elle exigeait un choc politique immédiat. Un choc démontrant que l'élection de Nicolas Sarkozy bousculait tout, y compris les vieux clivages politiques qui plaisent tellement à la gauche.
Dans sa défaite, la gauche attendait la droite classique au pouvoir pour remonter la pente aux législatives. Elle escomptait encore et toujours nous diaboliser, nous stigmatiser, nous caricaturer. La gauche attendait une vieille droite, crispée, dogmatique, la voici devant une droite et un centre modernes et conquérants ! Une droite et un centre modernes, sûrs d'eux-mêmes, rassemblant tous les Français, quelles que soient leurs sensibilités politiques, une droite et un centre modernes décidés à réconcilier dans une synthèse nouvelle, la liberté économique et la justice sociale, la croissance économique et le développement durable, la fierté nationale et l'engagement européen, l'identité française et l'universalisme.
Oui, la gauche attendait, espérait, que nous retombions dans les clichés et dans les habitudes d'autrefois, et voilà que la nomination du gouvernement annonce avec fracas une nouvelle donne politique.
C'est un gouvernement, d'abord, qui respecte la parité entre les hommes et les femmes Cette parité légitime et nécessaire, tout le monde en parlait, et la gauche n'était pas la moins avare de conseils en la matière. Eh bien voici que c'est nous qui l'avons concrétisée, et vous pouvez en être fiers. La nomination de Rachida Dati, au poste de garde des Sceaux, ministre de la Justice, a un sens qui honore la France républicaine que j'aime et que je veux. C'est la France du mérite, c'est la France riche de ses différences et c'est la France qui mobilise tous ses talents.
C'est un gouvernement resserré parce que lorsque la tâche est aussi exigeante, il faut une équipe de mission. Il faut une équipe où la collégialité ne soit pas simplement un mot mais la réalité de tous les instants. Une équipe où le débat soit possible. Une équipe qui assume collectivement les décisions stratégiques dont elle a débattu.
C'est un gage d'efficacité, c'est un gage de modernité. Je suis fier que, dans ce domaine aussi, nous ayons décidé d'innover.
C'est un gouvernement qui place au premier rang de ses priorités l'écologie, le développement et l'aménagement durables. C'est une véritable révolution, ne vous y trompez pas, qui va nous permettre de passer de l'époque des colloques et de la prise de conscience à celle de l'action.
C'est enfin un gouvernement d'ouverture. Il faut beaucoup de force et beaucoup de grandeur pour ne pas céder à la tentation partisane lorsque la victoire est là. Et cette force, Nicolas Sarkozy l'a eu.
Il faut aussi être animé par un profond sens de l'intérêt général pour ne pas se limiter à son camp et à sa famille quand vous avez la possibilité d'imposer vos vues à ceux qui vous ont combattu autrefois. Ce sens de l'intérêt général, Nicolas Sarkozy l'a eu, et avec lui, vous l'incarnez plus que n'importe qui, et vous en serez les interprètes dans vos circonscriptions.
Cette ouverture est le symbole d'une profonde recomposition politique et intellectuelle que nous avons décidé de provoquer. Nous l'avons réalisée comme aucun autre gouvernement ne l'avait fait.
D'Alain Juppé à Bernard Kouchner, d'Hervé Morin à Eric Besson, nous avons bousculé toutes les frontières partisanes. La gauche hurle au débauchage, elle se déchaîne sur ses propres amis d'hier. Mais il y a un mois, le parti socialiste proposait de gouverner avec le centre. Aujourd'hui, il insulte celles et ceux qui ont eu le courage de nous rejoindre. Ce qui était une bonne idée hier lorsqu'elle venait de la gauche, est désormais une manoeuvre et une hérésie parce qu'elle vient de la droite. Cette mauvaise foi et cette agressivité sont la preuve que nous ne sommes pas dans le gadget mais dans une très sérieuse remise en cause des clivages intellectuels et politiques.
L'ouverture, mes amis, est une chance pour notre famille politique, pour notre gouvernement, et surtout pour notre pays. Nos concitoyens attendent de leurs responsables politiques qu'ils cessent de manier l'exclusive et qu'ils pratiquent le dialogue, la synthèse, le travail en équipe. Eh bien c'est ce nous voulons faire avec cette large majorité présidentielle qui rassemble gaullistes, centristes, libéraux, radicaux, personnalités de gauche, mais aussi nos amis de l'UDF qui, avec responsabilité et hauteur de vue, nous ont rejoints pour amplifier cette dynamique.
Cette ouverture, elle s'effectue dans la diversité mais elle s'engage aussi, je veux vous le dire, dans la clarté. Ceux qui nous rejoignent le font sur un projet que nous avons porté durant notre campagne.
C'est un projet fondé sur la vérité. La vérité sur les défis considérables que nous lance la mondialisation. La vérité sur l'état de notre pays qui, en bien des domaines, a décroché par rapport à d'autres grandes nations. La vérité sur la nécessité de nous retrousser les manches si nous voulons vivre debout et non pas à genoux.
C'est un projet dont la clarté nous impose un devoir : celui de l'accomplir.
Nous avons trois priorités immédiates qui seront, je l'espère, au coeur de vos travaux législatifs durant la session extraordinaire du parlement.
La première, c'est la sécurité des Français. Face à la violence et à la délinquance, il n'y a qu'une solution : il ne faut pas reculer d'un millimètre. Face à la violence et la délinquance, nous allons tout simplement faire ce que nous avons dit ! La question des mineurs délinquants et celle des multirécidivistes seront traitées dès le mois de juillet.
La seconde priorité, c'est la revalorisation du travail. Là, le temps des hésitations est fini ! Nous visons, d'ici cinq ans, le plein emploi et nous sommes bien décidés à nous en donner les moyens. Nous l'avons dit et nous le ferons tout de suite : nous allons libérer les heures supplémentaires. A l'automne, tous ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus le pourront ! Cette mesure, vous le savez bien, c'est beaucoup plus qu'une mesure technique, c'est une véritable révolution culturelle !
En France, la valeur travail est de retour ! C'est elle qui nous permettra d'aller à la conquête de la croissance ; c'est elle qui nous permettra de sortir de la paupérisation salariale ; c'est elle qui nous permettra de financer notre pacte social.
Dans un même élan, nous allons vous proposer de défiscaliser le travail étudiant, de favoriser le cumul entre l'emploi et la retraite, de prévoir la déduction des intérêts d'emprunts immobiliers, de supprimer les droits de succession, d'instaurer le bouclier fiscal à 50 % de l'ensemble des revenus et l'investissement direct dans le capital des PME. Et ce, dès la session extraordinaire.
Il s'agit pour nous de provoquer un choc de confiance - pardonnez-moi cette comparaison qui va peut-être faire frémir les plus anciens d'entre nous -, un choc de confiance du même ordre que celui qui avait permis en 1958 d'initier une longue période de prospérité restée dans l'histoire comme "les trente glorieuses".
Cette dynamique économique sera complétée par une réforme fondamentale : celle de nos universités. Depuis plus de vingt ans, rien n'a bougé en la matière. La France a décroché sur le plan universitaire et scientifique. Les universités françaises qui étaient les meilleures du monde ont disparu dans la profondeur des classements internationaux.La démocratisation de l'enseignement supérieur est venue se briser sur le mur de l'échec qui frappe près de 50 % de nos étudiants en première année de licence.Eh bien le temps de l'action est venu !
En libérant le travail, en redonnant toute sa place à la recherche et à l'innovation, nous allons créer un "choc de croissance" qui constituera le socle à partir duquel la poursuite des réformes s'enclenchera.
L'une d'entre elles est d'actualité : c'est celle du service minimum. Sur cette question, je souhaite, avec le président de la République, une solution qui réponde à l'attente des Français. Le droit de grève est indiscutable, mais la continuité du service public ne l'est pas moins.
Vous me connaissez : je suis un homme d'écoute, je ne suis pas un idéologue ! Mais je suis aussi un réformateur décidé. Décidé à tenir nos engagements. Décidé à toujours choisir l'intérêt général contre les intérêts particuliers, aussi légitimes soient-ils !
L'élection présidentielle nous a donné un mandat qui n'est pas contestable. J'en serai, avec vous, le garant. Dans cette campagne, je vous invite à vous présenter comme les acteurs fidèles de ce mandat.
Vous le savez tout comme moi, les Français ne supportent plus les renoncements, ils ne supportent plus les capitulations devant une pensée unique qui n'a réussi qu'à accroître les injustices et les inégalités qu'elle prétendait combattre. Notre feuille de route est claire. Nous allons l'appliquer !
Mes chers amis,
Une nouvelle campagne électorale a commencé. Elle exige une mobilisation totale. Elle exige de ne pas céder au triomphalisme. Elle exige de ne pas céder à la facilité. Elle exige que nous allions au devant de ceux que notre victoire a ébranlés ou bien, à tort, inquiétés. Elle exige que nous allions au devant de tous les électeurs avec la volonté de convaincre et non pas de vaincre. Car il ne s'agit pas de battre une France contre une autre. Il s'agit au contraire d'entraîner dans notre sillage le plus grand nombre de bonnes volontés.
Face aux appels dérisoires à la "résistance", nous allons inviter les Français à construire une espérance commune. Face à ceux qui, à gauche, rêvent d'une cohabitation stérile, nous allons rassembler une majorité claire et ouverte à tous les talents.
Les Français ont voté pour la rupture, eh bien dites-leur que nous la concrétiserons !
Les Français ont voté pour le changement, eh bien dites- leur que nous allons l'engager !
Les Français ont voté pour des réformes, dites-leur que nous allons réformer !
Les Français ont voté pour réhabiliter le travail, dites- leur que nous allons le faire !
Les Français ont voté pour l'identité de la France, dites- leur que nous allons la réanimer !
Les Français ont voté pour l'autorité de l'Etat, dites- leur que nous allons la restaurer !
Les Français ont voté pour que le défi de l'environnement soit relevé, dites-leur que nous sommes décidés à être à la hauteur de l'enjeu.
Les Français ont voté pour une transformation de notre pacte social qui redonne à la justice et à l'égalité des chances une crédibilité, dites-leur que nous allons le transformer !
Les Français ont voté pour que la voix de la France soit respectée en Europe et influente dans le monde. Vous avez pu constater que, sans attendre, le président de la République a déjà pris des initiatives pour replacer notre pays au coeur de l'Union européenne. Eh bien dites à nos concitoyens que nous ferons entendre la voix de notre nation partout où les valeurs qu'incarne la France sont attendues !
Vous êtes les candidats du changement et de l'espoir. Le projet présidentiel dont vous êtes, chacun dans votre circonscription, le porte-parole, est un projet de rassemblement et d'audace.
Le président de la République a besoin d'une majorité décidée et créative. Il a donc besoin de vous. Vous pouvez compter sur moi : je vais m'engager totalement parce que j'ai la certitude que vous en ferez autant. Et je veux vous dire qu'ensemble, nous allons aller chercher la victoire.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 23 mai 2007