Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale, sur le rôle et les attentes des parents d'élèves et les priorités du Gouvernement, à Aix-les-Bains le 19 mai 2007.

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Circonstance : 88e congrès de la Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public (PEEP), à Aix-les-Bains les 17, 18 et 19 mai 2007.

Texte intégral

Mesdames, messieurs les parents d'élèves,
Les hasards du calendrier bousculant l'usage, c'est avec beaucoup de bonheur que je consacre aux parents, et non aux personnels, ma première intervention en tant que ministre de l'Éducation nationale. A l'heure où les Français ont fait le choix d'une politique nouvelle, résolument tournée vers la modernité, cette coïncidence me paraît d'ailleurs plutôt bienvenue car elle me donne l'occasion d'exprimer toute l'importance que j'attache au rôle que vous jouez au sein de la communauté éducative.
Les parents ne sont pas de simples partenaires de l'institution scolaire. Ils sont les premiers responsables de l'éducation de leurs enfants, y compris lorsqu'ils la délèguent à l'école. L'action que vous menez quotidiennement aux côtés des enseignants suffit d'ailleurs amplement à le prouver. Vos attentes, d'ailleurs, sont pleinement légitimes, car elles expriment toute l'ambition, toute l'affection que la Nation porte à son école.
Votre première attente, c'est celle d'une école plus juste, qui offre à chaque élève les mêmes chances de réussir.
Le projet scolaire comporte, depuis l'origine, l'idée très forte que le savoir est le facteur de liberté et de progrès le plus universel, donc le plus juste qui soit. L'école de la République n'est juste que lorsqu'elle a, pour tous ses élèves, la même exigence et la même ambition. A ceux qui n'hériteront de rien, à ceux que la fatalité menace, l'école offre le plus beau des bagages.
La priorité sera donc de mettre fin aux disparités qui existent d'un établissement à l'autre. Comme s'y est engagé le Président de la République au cours de la campagne présidentielle, nous ferons en sorte que l'excellence soit la même partout, pour tous. Cela implique, notamment, d'assouplir la carte scolaire dont trop de familles s'estiment prisonnières et dont elles ne le sont vraiment, en réalité, que lorsqu'elles n'ont pas les connaissances ou les moyens nécessaires pour la contourner.
L'éducation prioritaire doit l'être réellement. Au lieu de disperser les moyens dans des zones d'éducation aux tracés toujours contestables pour des résultats toujours incertains, nous concentrerons les moyens sur les établissements qui en ont le plus besoin. L'établissement doit devenir l'échelle de référence de toute politique éducative , car c'est en réalité le seul niveau que les parents connaissent et qu'ils peuvent rencontrer physiquement. Dans les établissements qui offrent aux élèves les perspectives de réussite les plus faibles, nous n'hésiterons pas, si cela devait être nécessaire, à diviser les effectifs par deux et à constituer des équipes d'enseignants volontaires, bien formés et spécialement rémunérés, auxquelles nous donnerons toute latitude de mettre en oeuvre les méthodes qu'ils estiment nécessaires à la réussite de leurs élèves.
Enfin, dans chaque établissement, des études dirigées seront proposées aux élèves pour leur permettre de réaliser leurs devoirs dans les meilleures conditions possibles. Trop de parents, même lorsqu'ils souhaitent sincèrement aider leurs enfants, n'en ont ni le temps, ni les compétences. Le soutien scolaire ne doit pas être une charge pour les familles et un luxe pour les élèves : c'est un devoir de la République envers tous que notre école se propose d'aider à progresser.
Enfin, l'école n'est belle que lorsqu'elle est diverse. Dans le cadre de l'assouplissement de la carte scolaire, nous demanderons aux établissements de veiller à la diversité sociale et géographique de leurs effectifs, afin que l'école redevienne le creuset de la cohésion nationale. Nous ferons aussi en sorte que les progrès déjà importants réalisés dans l'accueil des enfants handicapés se poursuivent, et que chaque enfant puisse faire valoir ses droits à être scolarisé en milieu ordinaire.
Votre deuxième attente, c'est celle d'une école où chaque enfant puisse s'épanouir.
L'instruction est la première source d'épanouissement des élèves. Sans elle, l'école ne serait pas ce lieu où chaque nouvelle découverte bouleverse les certitudes, affine les sensibilités, ouvre un immense appétit de savoir. La dimension culturelle des enseignements fondamentaux doit être valorisée car l'école n'enseigne pas seulement des faits, mais aussi des codes, des références, des univers, qui sont l'essence même de la cohésion nationale.
Les établissements scolaires seront dotés d'une plus grande autonomie pour leur permettre de mettre en oeuvre les projets pédagogiques les plus ambitieux. Je souhaite notamment qu'une plus grande place soit laissée aux enseignements culturels et artistiques, comme au sport.
Chaque élève doit pouvoir bénéficier de la meilleure orientation qui soit, sans être piégé dans des choix trop définitifs, que redoutent souvent les parents. L'orientation, c'est d'abord une vocation, et nous devons l'éveiller en chaque élève avec des rencontres fréquentes au contact de milieux professionnels, mais aussi de façon lucide, en informant les parents sur les débouchés des filières que leur enfant prévoit d'entreprendre.
Pour que chacun soit libre de ses choix d'orientation, ils doivent être réversibles . Cela suppose de maintenir un degré d'exigence élevé d'enseignement général dans les filières professionnelles, mais aussi de proposer des enseignements techniques de qualité dans les filières générales. Pour être attractives, les filières professionnelles doivent être prestigieuses ; c'est la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy s'est engagé à mettre en place de grandes écoles professionnelles qui regrouperont l'ensemble des formations aux métiers d'un même secteur d'activité.
Votre troisième attente, c'est celle d'une école qui soit davantage à l'écoute des familles.
Comme s'y est engagé le Président de la République au cours de la campagne présidentielle, je veillerai à ce que vos droits soient reconnus, respectés, et même étendus car vous êtes membres à part entière de la communauté éducative.
Ce que nous avons réussi à faire avec la représentation politique, en élevant considérablement le taux de participation aux dernières élections, nous devons le réussir aussi avec la représentation des parents d'élèves au sein des établissements scolaires. Si le taux de participation aux élections de parents d'élèves est si faible, c'est parce qu'au fond, beaucoup de parents déplorent que le pouvoir de décision ou le rôle consultatif des associations de parents d'élèves soit trop faible.
Nous devons donc réfléchir ensemble, et en associant l'ensemble des membres de la communauté éducative, aux moyens par lesquels nous pouvons renforcer le rôle que vous jouez pour ce qui concerne, notamment, l'organisation de la vie scolaire, dans les instances de gestion des établissements scolaires. Il n'est pas insensé que les parents puissent s'impliquer davantage dans les questions relatives à la politique de santé scolaire, au cadre de vie ou à la qualité de l'alimentation, car c'est le prolongement du rôle qu'elles jouent dans le cadre domestique.
Je voudrais également vous livrer une autre réflexion. De même que l'école a su s'ouvrir aux attentes des familles, la Nation doit entendre à son tour le message des enseignants. Beaucoup d'entre eux s'investissent sans compter au service des élèves dans des projets pédagogiques passionnants qu'ils développent souvent avec des moyens limités. Beaucoup d'autres consacrent librement des heures à la concertation avec leurs collègues, à l'accueil des parents, au suivi des élèves. Mais bien peu reçoivent la reconnaissance que ces actions devraient leur valoir.
Les enseignants doivent être respectés et même considérés. Ils doivent pouvoir gagner plus lorsqu'ils choisissent de travailler davantage. Ils doivent pouvoir maîtriser le cours et le rythme de leur carrière en fonction des actions qu'ils décident de mener. Ils doivent pouvoir bénéficier pleinement de la liberté pédagogique qui leur est reconnue par la loi. Cela suppose de mener une réflexion profonde sur les spécificités du métier d'enseignant. Comme l'a annoncé Nicolas Sarkozy au cours de la campagne présidentielle, j'entamerai d'ici l'été une concertation portant sur la revalorisation de la condition enseignante au cours de laquelle tous les aspects de leur métier seront abordés.
Il ne s'agit pas de céder à un quelconque corporatisme. La condition enseignante engage la Nation tout entière , car les parents ne sauraient accepter que ceux à qui ils confient leurs enfants soient déconsidérés. Je veux que les enseignants soient respectés au même titre que les parents doivent l'être. On n'insulte pas ses parents, on n'insulte pas non plus ses enseignants. Je veillerai à ce que la protection statutaire des personnels soit assurée car le respect de l'autorité des enseignants est la condition même de tout apprentissage.
Mesdames, Messieurs les parents d'élèves, votre plus belle contribution au succès de l'école, c'est la confiance que vous lui manifestez. L'école n'est elle-même que parce qu'elle croit dans sa capacité à faire reposer le progrès social sur les progrès scolaires. Nous allons retrouver, ensemble, des raisons d'espérer.
Source http://www.education.gouv.fr, le 21 mai 2007