Texte intégral
G. Cahour.- Nouveau ministre de l'Education nationale, vous héritez d'un ministère qui n'est probablement pas facile, c'est peut-être même le plus délicat. Vous êtes déjà dans le rythme avec les discussions syndicales. On va commencer par l'actualité. Vous vous êtes dit favorable au vouvoiement à l'école, à la fois, des élèves vis-à-vis des professeurs, et inversement. C'est une preuve de respect, le vouvoiement ?
R.- En tout cas je suis surpris de l'ampleur que prend cette petite phrase que, au détour d'une discussion, j'ai faite sur le fait de se vouvoyer. Non, simplement je rappelle l'évidence, il faut que les professeurs soient respectés, et que, pour que les professeurs soient respectés, il faut qu'ils mettent tout de même un peu de distance entre les élèves. Il n'y a pas égalité entre un élève et un professeur, et donc, je pense que cette distance peut être marquée notamment, notamment par le vouvoiement, ce qui ne doit pas supprimer les relations amicales, de la confiance, de la connivence, entre les enseignants.
Q.- Le vouvoiement des élèves vis-à-vis des professeurs n'est-il plus systématique ?
R.- Non, contrairement à ce que vous pourriez imaginer. Je ne parle pas du premier degré où les petits enfants ont l'habitude de tutoyer les adultes, mais je parle des collèges et des lycées. Il y a beaucoup d'endroits où les élèves tutoient des professeurs. Je ne pense que ce soit souhaitable. Mais je le répète, il ne faut pas en faire une affaire. Tout ceci s'inscrit plutôt dans cette espèce de trousse pédagogique du respect à l'école, parmi lequel il y a ce petit outil qui est le vouvoiement, mais il y en a bien d'autres.
Q.- Que mettez-vous dans votre trousse alors ?
R.- D'une manière générale, le respect dû aux personnes. Le président de la République disait par exemple qu'il était surpris de voir aujourd'hui que lorsqu'un professeur ou un adulte rentrait dans une classe, tout le monde restait assis et personne ne réagissait, les gens ne se levaient pas. Ou tout simplement, pire encore, que l'on pouvait contester auprès d'un professeur, voire le brutaliser, le bousculer. Dans cette période, où nous voulons remettre les professeurs au coeur de la société française, tout ceci ne sera pas accepté. Tout simplement, parce que nous voulons les protéger.
Q.- Qu'est-ce qu'on fera avec le portable à l'école, ou avec le tutoiement, ou la casquette dans une salle de classe ?
R.- On éteint son portable, on vouvoie, et on pose sa casquette tout simplement.
Q.- Mais allez-vous faire des recommandations pour les professeurs, pour que cela entre à nouveau dans les moeurs ?
R.- D'abord, c'est souvent le cas. Ensuite, ce sont des choses qui se décident au plus près des établissements. Je ne vais pas faire des décrets et des lois pour cela, c'est un nouvel état d'esprit qu'il faut introduire, qui se fera naturellement grâce à des incitations qui passeront par les chefs d'établissements.
Q.- Et pourquoi pas l'uniforme pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité ? Et puis l'uniforme aussi c'est le symbole d'une époque où il y avait peut-être un peu plus de respect à l'école.
R.- Dieu sait si ce sujet est difficile. Je me souviens, après des visites dans des Territoires d'outre-mer, où j'avais été frappé par le fait que là-bas, tout les enfants ont des T-shirts de couleur, très jolis d'ailleurs, par niveau, avec le sigle de l'établissement.
Q.- Tout le monde le même...
R.- Tout le monde le même, tout à fait, c'est joli.
Q.- Les T-shirts, ce n'est pas la blouse...
R.- Bien entendu. Alors, j'avais dit mais c'est une bonne idée, on pourrait peut-être faire cela aussi en France pour rappeler que tous les enfants sont égaux, pour éviter ce côté dispendieux parfois des tenues qu'ont les jeunes pour être dans "la mouv", pour être dans la mode. Et alors tout le monde aussitôt m'avait caricaturé en disant : qu'est-ce qui lui prend à celui-là de vouloir remettre tout le monde en blouse grise !
Q.- Et maintenant que vous êtes ministre, vous avez envie d'entrer dans l'action ?
R.- Je trouve en tout cas que ce genre de sujet est toujours monté en épingle, y compris lorsqu'il est dit de bonne foi. Personne n'imagine que l'on veuille remettre tout le monde en blouse grise en France. Mais la discussion méritait d'être soulevée d'autant, je le répète, cela se fait dans des départements de France déjà. Donc, ce sont toujours des sujets un petit peu...
Q.- Vous allez re-soulever la discussion ?
R.- On verra, ce n'est pas une urgence entre nous, soit dit.
Q.- Ce n'est pas la priorité.
R.- Non, ce n'est pas une priorité.
Q.- Que fait-on, puisqu'on parle de respect, des jeunes et des collégiens, des lycéens, parfois même des écoliers, qui ne sont pas respectueux, qui mettent la pagaille dans des classes, qui empêchent les autres élèves de travailler et de manière récurrente ?
R.- Ils ne sont pas très nombreux mais c'est vrai qu'ils ont des effets extrêmement négatifs. Il suffit de deux ou trois élèves dans un collège pour y mettre la pagaille.
Q.- Il y en a, ils donnent parfois une très mauvaise image des établissements des quartiers difficiles. Qu'est-ce qu'on fait avec eux ?
R.- Bien entendu, surtout qu'on ne voit que cela évidemment. On ne voit pas le fait que, l'immense majorité des élèves est studieuse, et que, pendant ce temps-là, deux ou trois mettent la pagaille. Nous avons des dispositifs pour cela. Outre, évidemment, les classiques opérations de discipline que les établissements réalisent, nous avons en particulier des ateliers relais, des systèmes relais, qui font qu'on sort ces élèves pendant quelque temps du dispositif classique, on les met dans un encadrement un petit peu plus sévère, on continue à les garder sous statut scolaire, on les fait travailler, on leur fait faire un détour, on les reprend en main en quelque sorte. Le but étant, le plus tôt possible, de les remettre dans le système scolaire.
Q.- Cela veut dire que vous allez vous appuyer sur ce système-là, vous n'allez pas en créer un autre ou développer celui-ci ?
R.- N. Sarkozy a évoqué pendant la campagne, l'idée d'internats avec des encadrements renforcés. Je pense que l'idée d'internat est une très bonne idée parce que très souvent, ces élèves qui sont en grande difficulté, et qui, du coup, sont insupportables, c'est parce que les repères familiaux, les repères personnels ont complètement explosé, et donc ils ne savent plus finalement exactement qui ils sont eux-mêmes. Et donc, cette souffrance qui est la leur ils la projettent sur autrui, surtout lorsqu'ils sont en échec scolaire. Donc, lorsque l'on ne sait plus comment parler...
Q.- Ce serait des internats obligatoires ?
R.- Oui, aller vers cela. En tous les cas, créer des internats qui accueillent ces jeunes. Je le répète, ce ne sont pas des prisons, ce sont toujours des écoles, mais qui les accueillent...
Q.- Et pour une durée provisoire.
R.-... qui les restructurent, qui les encadrent, avec des adultes qui s'occupent d'eux, qui leur réapprennent les règles élémentaires de la vie en collectivité dans le but de les faire revenir à l'école.
Q.- Oui, une école plus traditionnelle, et revenir chez eux ?
R.- Revenir chez eux, revenir ensuite dans cet établissement.
Q.- La carte scolaire, on en a beaucoup parlé hier, vous voulez, premièrement l'assouplir dès la rentrée prochaine ; puis, la supprimer. Comment assurer la diversification sociale et géographique dans les classes, sans la carte scolaire ?
R.- D'abord, il faut partir de cette évidence qu'aujourd'hui, avec la carte scolaire, il n'y a pas la diversification géographique et sociale.
Q.- Le minimum.
R.- Guère. Vous savez bien qu'il y a des établissements ghettos, vous savez très bien qu'il y a des établissements au contraire qui attirent les meilleurs et les plus riches, et vous savez surtout que toutes les personnes qui ont une connaissance fine du système, et qui ont des relations, qui ont de l'argent tout simplement, ou qui vont dans le privé, contrôlent la carte scolaire. Donc...
Q.- Sans carte scolaire, on ferait mieux ?
R.- En tous les cas, sans carte scolaire, on ne donnerait pas l'impression qu'il y a une règle et que tout le monde respecte, alors qu'elle est truquée. Le système est truqué. Puisque vous avez d'un côté des élèves des quartiers difficiles qui sont assignés à résidence, pour parler clair, et puis des autres, qui arrivent à s'échapper. Donc, ce que nous voulons, c'est un système juste. Je répète, ce que N. Sarkozy a dit à propos de la suppression de la carte scolaire, ce n'est pas du tout qu'en soi ce n'était pas une mauvaise idée bien sûr la carte scolaire (sic), faire en sorte qu'il y ait de la mixité sociale, sauf que cela ne marche pas. Donc, nous voudrions lever petit à petit ce dispositif pour trouver d'autres moyens de faire de la mixité scolaire, et surtout d'autres moyens d'éviter, je dirais ce jeu de dupes en quelque sorte.
Q.- Mais vous allez mettre un cahier des charges, des règles précises pour assurer cette mixité, cette diversification ?
R.- Il faut que les parents puissent choisir plus librement leur établissement, ils le font d'ailleurs très souvent déjà. Il y a dans chaque académie quelque chose comme 5 % de dérogations, sans compter celles qu'on ne nous dit pas, donc on doit être pas loin de 10 %. Il faut donc au départ en plus choisir plus librement et en même temps, il faut encourager les établissements eux-mêmes à assurer une mixité sociale et géographique. Alors, nous dirons aux établissements scolaires, aux proviseurs, à qui nous pouvons donner un certain nombre d'instructions, que nous leur demandons de faire varier leur effectif, et surtout, lorsque des établissements seront quittés, parce que c'est cela le grand danger, des établissements qui (inaud.), nous maintiendrons les dotations propres à ces établissements, leurs moyens d'agir. Du coup, en perdant un peu d'élèves, ils récupèreront des marges de manoeuvres pour mieux travailler, et nous renverserons en quelque sorte cette logique (inaud.).
Q.- Ils auront des obligations de mixité sociale ces chefs d'établissements ?
R.- Bien entendu.
Q.- Autrement, cela va être la concurrence de l'établissement qui aura la meilleure réputation avec donc les meilleurs élèves ?
R.- Bien entendu, ils seront en concurrence. Nous fixerons aussi des règles ( ?).
Q.- Il y aura des pénalités, par exemple ?
R.- Nous fixerons des règles que les établissements appliqueront. Mais par exemple, nous pourrons encourager des élèves boursiers à être le plus tôt possible dans ces dérogations, à choisir les établissements où ils veulent aller.
Q.- Si je vous comprends bien, c'est encore un peu flou, parce que vous êtes encore en discussion avec les syndicats ?
R.- Ce n'est pas tout à fait cela dans mon esprit. Mais je voudrais... oui, c'est cela, je voudrais aller jusqu'au bout de la discussion. J'ai découvert hier, d'ailleurs en parlant notamment avec la FSU, qu'au fur et à mesure que j'explique comment je vois les choses, je me rends compte que, finalement - évidemment, on n'est pas d'accord sur tout mais - qu'il y a des solutions que nous pouvons partager. C'est très technique, c'est très compliqué, c'est vraiment une question interne. Il faut se donner un peu de temps mais je le répète il y a des solutions dont le but unique est de faire une école juste, une école équitable.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 23 mai 2007
R.- En tout cas je suis surpris de l'ampleur que prend cette petite phrase que, au détour d'une discussion, j'ai faite sur le fait de se vouvoyer. Non, simplement je rappelle l'évidence, il faut que les professeurs soient respectés, et que, pour que les professeurs soient respectés, il faut qu'ils mettent tout de même un peu de distance entre les élèves. Il n'y a pas égalité entre un élève et un professeur, et donc, je pense que cette distance peut être marquée notamment, notamment par le vouvoiement, ce qui ne doit pas supprimer les relations amicales, de la confiance, de la connivence, entre les enseignants.
Q.- Le vouvoiement des élèves vis-à-vis des professeurs n'est-il plus systématique ?
R.- Non, contrairement à ce que vous pourriez imaginer. Je ne parle pas du premier degré où les petits enfants ont l'habitude de tutoyer les adultes, mais je parle des collèges et des lycées. Il y a beaucoup d'endroits où les élèves tutoient des professeurs. Je ne pense que ce soit souhaitable. Mais je le répète, il ne faut pas en faire une affaire. Tout ceci s'inscrit plutôt dans cette espèce de trousse pédagogique du respect à l'école, parmi lequel il y a ce petit outil qui est le vouvoiement, mais il y en a bien d'autres.
Q.- Que mettez-vous dans votre trousse alors ?
R.- D'une manière générale, le respect dû aux personnes. Le président de la République disait par exemple qu'il était surpris de voir aujourd'hui que lorsqu'un professeur ou un adulte rentrait dans une classe, tout le monde restait assis et personne ne réagissait, les gens ne se levaient pas. Ou tout simplement, pire encore, que l'on pouvait contester auprès d'un professeur, voire le brutaliser, le bousculer. Dans cette période, où nous voulons remettre les professeurs au coeur de la société française, tout ceci ne sera pas accepté. Tout simplement, parce que nous voulons les protéger.
Q.- Qu'est-ce qu'on fera avec le portable à l'école, ou avec le tutoiement, ou la casquette dans une salle de classe ?
R.- On éteint son portable, on vouvoie, et on pose sa casquette tout simplement.
Q.- Mais allez-vous faire des recommandations pour les professeurs, pour que cela entre à nouveau dans les moeurs ?
R.- D'abord, c'est souvent le cas. Ensuite, ce sont des choses qui se décident au plus près des établissements. Je ne vais pas faire des décrets et des lois pour cela, c'est un nouvel état d'esprit qu'il faut introduire, qui se fera naturellement grâce à des incitations qui passeront par les chefs d'établissements.
Q.- Et pourquoi pas l'uniforme pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité ? Et puis l'uniforme aussi c'est le symbole d'une époque où il y avait peut-être un peu plus de respect à l'école.
R.- Dieu sait si ce sujet est difficile. Je me souviens, après des visites dans des Territoires d'outre-mer, où j'avais été frappé par le fait que là-bas, tout les enfants ont des T-shirts de couleur, très jolis d'ailleurs, par niveau, avec le sigle de l'établissement.
Q.- Tout le monde le même...
R.- Tout le monde le même, tout à fait, c'est joli.
Q.- Les T-shirts, ce n'est pas la blouse...
R.- Bien entendu. Alors, j'avais dit mais c'est une bonne idée, on pourrait peut-être faire cela aussi en France pour rappeler que tous les enfants sont égaux, pour éviter ce côté dispendieux parfois des tenues qu'ont les jeunes pour être dans "la mouv", pour être dans la mode. Et alors tout le monde aussitôt m'avait caricaturé en disant : qu'est-ce qui lui prend à celui-là de vouloir remettre tout le monde en blouse grise !
Q.- Et maintenant que vous êtes ministre, vous avez envie d'entrer dans l'action ?
R.- Je trouve en tout cas que ce genre de sujet est toujours monté en épingle, y compris lorsqu'il est dit de bonne foi. Personne n'imagine que l'on veuille remettre tout le monde en blouse grise en France. Mais la discussion méritait d'être soulevée d'autant, je le répète, cela se fait dans des départements de France déjà. Donc, ce sont toujours des sujets un petit peu...
Q.- Vous allez re-soulever la discussion ?
R.- On verra, ce n'est pas une urgence entre nous, soit dit.
Q.- Ce n'est pas la priorité.
R.- Non, ce n'est pas une priorité.
Q.- Que fait-on, puisqu'on parle de respect, des jeunes et des collégiens, des lycéens, parfois même des écoliers, qui ne sont pas respectueux, qui mettent la pagaille dans des classes, qui empêchent les autres élèves de travailler et de manière récurrente ?
R.- Ils ne sont pas très nombreux mais c'est vrai qu'ils ont des effets extrêmement négatifs. Il suffit de deux ou trois élèves dans un collège pour y mettre la pagaille.
Q.- Il y en a, ils donnent parfois une très mauvaise image des établissements des quartiers difficiles. Qu'est-ce qu'on fait avec eux ?
R.- Bien entendu, surtout qu'on ne voit que cela évidemment. On ne voit pas le fait que, l'immense majorité des élèves est studieuse, et que, pendant ce temps-là, deux ou trois mettent la pagaille. Nous avons des dispositifs pour cela. Outre, évidemment, les classiques opérations de discipline que les établissements réalisent, nous avons en particulier des ateliers relais, des systèmes relais, qui font qu'on sort ces élèves pendant quelque temps du dispositif classique, on les met dans un encadrement un petit peu plus sévère, on continue à les garder sous statut scolaire, on les fait travailler, on leur fait faire un détour, on les reprend en main en quelque sorte. Le but étant, le plus tôt possible, de les remettre dans le système scolaire.
Q.- Cela veut dire que vous allez vous appuyer sur ce système-là, vous n'allez pas en créer un autre ou développer celui-ci ?
R.- N. Sarkozy a évoqué pendant la campagne, l'idée d'internats avec des encadrements renforcés. Je pense que l'idée d'internat est une très bonne idée parce que très souvent, ces élèves qui sont en grande difficulté, et qui, du coup, sont insupportables, c'est parce que les repères familiaux, les repères personnels ont complètement explosé, et donc ils ne savent plus finalement exactement qui ils sont eux-mêmes. Et donc, cette souffrance qui est la leur ils la projettent sur autrui, surtout lorsqu'ils sont en échec scolaire. Donc, lorsque l'on ne sait plus comment parler...
Q.- Ce serait des internats obligatoires ?
R.- Oui, aller vers cela. En tous les cas, créer des internats qui accueillent ces jeunes. Je le répète, ce ne sont pas des prisons, ce sont toujours des écoles, mais qui les accueillent...
Q.- Et pour une durée provisoire.
R.-... qui les restructurent, qui les encadrent, avec des adultes qui s'occupent d'eux, qui leur réapprennent les règles élémentaires de la vie en collectivité dans le but de les faire revenir à l'école.
Q.- Oui, une école plus traditionnelle, et revenir chez eux ?
R.- Revenir chez eux, revenir ensuite dans cet établissement.
Q.- La carte scolaire, on en a beaucoup parlé hier, vous voulez, premièrement l'assouplir dès la rentrée prochaine ; puis, la supprimer. Comment assurer la diversification sociale et géographique dans les classes, sans la carte scolaire ?
R.- D'abord, il faut partir de cette évidence qu'aujourd'hui, avec la carte scolaire, il n'y a pas la diversification géographique et sociale.
Q.- Le minimum.
R.- Guère. Vous savez bien qu'il y a des établissements ghettos, vous savez très bien qu'il y a des établissements au contraire qui attirent les meilleurs et les plus riches, et vous savez surtout que toutes les personnes qui ont une connaissance fine du système, et qui ont des relations, qui ont de l'argent tout simplement, ou qui vont dans le privé, contrôlent la carte scolaire. Donc...
Q.- Sans carte scolaire, on ferait mieux ?
R.- En tous les cas, sans carte scolaire, on ne donnerait pas l'impression qu'il y a une règle et que tout le monde respecte, alors qu'elle est truquée. Le système est truqué. Puisque vous avez d'un côté des élèves des quartiers difficiles qui sont assignés à résidence, pour parler clair, et puis des autres, qui arrivent à s'échapper. Donc, ce que nous voulons, c'est un système juste. Je répète, ce que N. Sarkozy a dit à propos de la suppression de la carte scolaire, ce n'est pas du tout qu'en soi ce n'était pas une mauvaise idée bien sûr la carte scolaire (sic), faire en sorte qu'il y ait de la mixité sociale, sauf que cela ne marche pas. Donc, nous voudrions lever petit à petit ce dispositif pour trouver d'autres moyens de faire de la mixité scolaire, et surtout d'autres moyens d'éviter, je dirais ce jeu de dupes en quelque sorte.
Q.- Mais vous allez mettre un cahier des charges, des règles précises pour assurer cette mixité, cette diversification ?
R.- Il faut que les parents puissent choisir plus librement leur établissement, ils le font d'ailleurs très souvent déjà. Il y a dans chaque académie quelque chose comme 5 % de dérogations, sans compter celles qu'on ne nous dit pas, donc on doit être pas loin de 10 %. Il faut donc au départ en plus choisir plus librement et en même temps, il faut encourager les établissements eux-mêmes à assurer une mixité sociale et géographique. Alors, nous dirons aux établissements scolaires, aux proviseurs, à qui nous pouvons donner un certain nombre d'instructions, que nous leur demandons de faire varier leur effectif, et surtout, lorsque des établissements seront quittés, parce que c'est cela le grand danger, des établissements qui (inaud.), nous maintiendrons les dotations propres à ces établissements, leurs moyens d'agir. Du coup, en perdant un peu d'élèves, ils récupèreront des marges de manoeuvres pour mieux travailler, et nous renverserons en quelque sorte cette logique (inaud.).
Q.- Ils auront des obligations de mixité sociale ces chefs d'établissements ?
R.- Bien entendu.
Q.- Autrement, cela va être la concurrence de l'établissement qui aura la meilleure réputation avec donc les meilleurs élèves ?
R.- Bien entendu, ils seront en concurrence. Nous fixerons aussi des règles ( ?).
Q.- Il y aura des pénalités, par exemple ?
R.- Nous fixerons des règles que les établissements appliqueront. Mais par exemple, nous pourrons encourager des élèves boursiers à être le plus tôt possible dans ces dérogations, à choisir les établissements où ils veulent aller.
Q.- Si je vous comprends bien, c'est encore un peu flou, parce que vous êtes encore en discussion avec les syndicats ?
R.- Ce n'est pas tout à fait cela dans mon esprit. Mais je voudrais... oui, c'est cela, je voudrais aller jusqu'au bout de la discussion. J'ai découvert hier, d'ailleurs en parlant notamment avec la FSU, qu'au fur et à mesure que j'explique comment je vois les choses, je me rends compte que, finalement - évidemment, on n'est pas d'accord sur tout mais - qu'il y a des solutions que nous pouvons partager. C'est très technique, c'est très compliqué, c'est vraiment une question interne. Il faut se donner un peu de temps mais je le répète il y a des solutions dont le but unique est de faire une école juste, une école équitable.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 23 mai 2007