Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur les priorités du programme gouvernemental que sont la sécurité, la revalorisation du travail et la réforme des universités, Nice le 29 mai 2007.

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Circonstance : Meeting à Nice (Alpes Maritimes), le 29 mai 2007, dans le cadre de la campagne pour les élections législatives

Texte intégral


Mes chers amis,
Cher Christian et cher Jacques,
C'est avec un plaisir immense que je suis ce soir à Nice, car ici comme dans tout le département, on a voté massivement pour Nicolas Sarkozy. 41 % au premier tour, 65 % au second tour : voilà un résultat clair et sans appel !
Vous avez été les acteurs d'une victoire historique ; une victoire - Christian - qui vient de loin, car rien ne fut spontanément donné à Nicolas Sarkozy. De la présidence de l'UMP à la Présidence de la république, c'est une longue et belle aventure que vous avez vécue avec lui. Une aventure, mon cher Jacques, que Nice a soutenu de toutes ses forces.
A Nice et dans les Alpes-Maritimes, vous avez parlé avec votre coeur.
Votre coeur vous disait que la France mérite d'être passionnément aimée.
Il vous disait que la politique exige plus de courage et de vérité.
Il vous disait que la République doit cesser de confondre la liberté et la permissivité, l'égalité et l'égalitarisme, la fraternité et l'assistanat car être citoyen c'est d'abord être exigeant avec soi-même avant de tout exiger de son pays.
Votre coeur vous disait enfin que le temps était venu d'agir autrement.
Autrement que ce qui a été fait depuis vingt-cinq ans. Autrement car les Français ne supportent plus les hésitations et les revirements.
Ils ne supportent plus la pensée unique qui n'est que le faux nez de la résignation et du renoncement.
Ce message d'urgence, ce message de révolte, ce message de rupture et d'espérance, Nicolas Sarkozy s'en est fait le porte-parole.
Et rien ni personne ne pourra le détourner du pacte que le peuple français a noué avec lui.
Rien ni personne ne pourra étouffer la voix de la majorité silencieuse qui, désormais, a pris la parole.
Cette majorité silencieuse souvent caricaturée, souvent taxée de conservatisme par ceux qui n'aiment le peuple que lorsqu'il vote à gauche, s'est montrée plus audacieuse que tous les révolutionnaires en chambre. Elle a choisi la rupture et pas la continuité. Elle a choisi l'action et pas la gestion.
Cette majorité silencieuse qui croit à l'autorité de l'Etat, qui n'accepte pas que la malhonnêteté des uns paie davantage que l'honnêteté de tous les autres, exige que le respect de la loi soit plus fort que la loi de la rue.
Cette majorité silencieuse qui exige que l'intérêt général ne soit plus l'otage des intérêts corporatistes demande que le droit légitime de faire grève n'ignore pas le droit tout aussi légitime de bénéficier de la continuité du service public.
Cette majorité silencieuse qui demande que l'identité de la France soit défendue avec fierté, car notre nation n'est pas une abstraction mais une ambition partagée.
Cette majorité silencieuse qui travaille dur parce que le travail est l'une des sources de sa dignité, demande que l'effort soit mieux récompensé que l'inactivité.
Cette majorité silencieuse qui rêve pour ses enfants d'un avenir plus prometteur que le sien, demande que l'égalité des chances à l'école et à l'université ne soit pas un slogan mais une réalité.
Cette majorité silencieuse dont certains ont souvent moqué les principes alors même qu'ils sont inspirés par le bon sens, va maintenant être respectée !
Respectée parce que sa voix a eu les allures d'un cri de désespoir.
Respectée parce que cette majorité transcende toutes les barrières politiques et tous les clivages sociaux. De l'ouvrier au chef d'entreprise, de l'enseignant à l'agriculteur, du retraité au jeune apprenti, une vague populaire s'est levée et elle demande, elle exige, le changement.
Mes amis,
Vous avez choisi la vérité politique plutôt que les illusions socialistes. Cette vérité, vous y avez droit.
La vérité, c'est que la mondialisation, avec ses 6 milliards d'habitants assoiffés de progrès, exige que nous retroussions nos manches. Tout autre discours est contraire au maintien de notre pacte social. Contraire à la nécessaire compétitivité de notre économie. Et donc contraire à l'intérêt national.
Parlons clair : la mondialisation condamne les nations sans ambition et sans courage, mais pas celles qui se lancent dans la bataille avec audace.
Nous pouvons atteindre le plein emploi en réformant le droit du travail, l'éducation, la formation tout au long de la vie, la fiscalité.
Nous pouvons défendre nos politiques industrielles, notre agriculture, nos capacités scientifiques si nous mettons le paquet sur nos secteurs d'excellence, si nous nous formons mieux que les autres, si nous défendons nos intérêts nationaux.
La vérité, c'est aussi, mes chers amis, que notre pays peut être désendetté s'il modernise son Etat et s'il arrête de vivre à crédit, sur le dos de ses enfants.

La vérité, c'est que nous pouvons sauver notre contrat social si nous responsabilisons les Français. Contrairement à ce que prétend la gauche, on ne peut pas avoir l'école gratuite, la santé pour tous, des allocations généreuses, des services publics performants, sans que nous gérions avec sérieux ce bien commun qui s'appelle la solidarité.
La vérité, c'est que nous pouvons financer l'augmentation des petites retraites si nous engageons la réforme des régimes spéciaux. Cette réforme nous la ferons, parce que l'égalité entre les Français l'exige.
La vérité, c'est que pour que la France soit forte et généreuse, il faut que chaque citoyen donne à son pays autant qu'il reçoit de lui.
Demander le maximum en faisant le minimum, ca n'est pas cela être citoyen !
Et dire « oui » à tout le monde pour ne déplaire à personne, ce n'est pas cela la responsabilité politique !
C'est avec ces pratiques là que l'Etat est devenu la cible permanente de toutes les requêtes, comme s'il n'était plus qu'un tiroir caisse.
C'est à cause de cela que le débat public est devenu un vaste défouloir où celui qui hurle le plus fort reçoit plus que celui qui demande honnêtement sa part.
Toutes ces vérités, la gauche les a toujours cachées car elles condamnent ses utopies et révèlent au grand jour ses archaïsmes.
Nous avons dit la vérité aux Français, parce qu'on n'engage pas un élan national sur des mensonges.
Vous savez, il y a six mois encore, j'ai croisé beaucoup de personnes qui doutaient qu'on puisse gagner une élection en défendant la valeur du travail.
Nous n'avons pas écouté les conseils de ceux qui croient qu'une élection ne se gagne qu'en accumulant les promesses.
Nous avons dit la vérité.
Nous avons parlé d'effort, de courage, mais aussi de récompense.
Certains disaient que c'était des mots de droite... C'était en réalité les mots du peuple !
Ces mots que la gauche n'osait plus prononcer.
Ces mots qui font la fierté des femmes et des hommes qui se battent pour vivre mieux.
Le travail, le mérite, le courage, la responsabilité, le respect ont été et sont au coeur de notre mandat électoral.
A cet égard, la gauche n'a pas seulement perdu une élection, elle a perdu la bataille des valeurs. Cela n'est pas accessoire car toute grande politique repose d'abord sur des valeurs.
Mes chers amis,
Notre devoir est de nous montrer à la hauteur de la formidable attente qui est la vôtre.
Elle exigeait un choc politique immédiat.
Un choc démontrant que l'élection de Nicolas Sarkozy bousculait tout, y compris les vieux clivages politiques et les vieilles habitudes partisanes qui plaisent tant à la gauche.
Eh bien, ce choc, nous l'avons provoqué.
La gauche attendait la droite classique au pouvoir pour remonter la pente aux législatives.
Elle attendait que nous fassions comme avant.
Elle espérait que nous répétions les mêmes tactiques. Car elle escomptait encore et toujours nous diaboliser, nous stigmatiser, nous caricaturer.
Bref, la gauche attendait une vieille droite, crispée, dogmatique.
Elle découvre une droite moderne et sûre d'elle-même, capable de rassembler tous les Français quelles que soient leurs sensibilités politiques.
Une droite et un centre modernes décidés à réconcilier dans une synthèse nouvelle, la liberté économique et la justice sociale, la croissance et le développement durable, la fierté nationale et l'engagement européen, l'identité française et l'universalisme.
Cette modernité s'incarne dans un gouvernement, que j'ai l'honneur de conduire.
C'est un gouvernement dont le style et les méthodes de travail sont radicalement nouveaux.
Il n'y a plus, d'un côté, le président de la République qui ne s'exprime que le 14 juillet et le 31 décembre et le Premier Ministre qui gouverne au jour le jour.
Non, il y a désormais un patron, qui, avec son Premier ministre, s'engage et assume la direction du pays.
Entre Nicolas Sarkozy et moi-même, la complicité est totale.
Nous agissons ensemble avec la seule volonté de transformer notre pays.
Nous avons reçu ces jours-ci, côte à côte, tous les partenaires sociaux.
Nous décidons ensemble parce que nous n'avons qu'un mandat : celui que le peuple nous a confié !

C'est un nouveau style mais c'est aussi un gouvernement de son temps.
Il respecte la parité entre les hommes et les femmes. Cette parité légitime et nécessaire, tout le monde en parlait, tout le monde la réclamait, et la gauche n'était pas la moins avare de conseils en la matière... Eh bien voici que c'est nous qui l'avons concrétisée, et vous pouvez en être fiers.
La nomination de Rachida Dati, au poste de garde des sceaux, ministre de la justice, a un sens qui honore la France républicaine que j'aime et que je veux. C'est la France du mérite, c'est la France riche de ses différences et qui mobilise tous ses talents, c'est la France qui ne juge pas les êtres sur leurs origines ou sur la couleur de leur peau, mais sur ce qu'ils ont au fond du coeur.
C'est aussi un gouvernement resserré car lorsque la tâche est aussi exigeante il faut une équipe de mission.
Une équipe où le débat soit possible.
Une équipe qui assume collectivement les décisions stratégiques qui ont été tranchées en son sein.
C'est enfin un gouvernement d'ouverture. Ah l'ouverture : on en a entendu parler dans cette campagne ! De madame Royal à monsieur Bayrou, tout le monde était, parait-il, disposé à travailler avec tout le monde... Nous, nous n'en avons pas fait un discours de campagne, nous en avons fait une réalité !
Rien ne nous y obligeait, et c'est précisément pour cela que notre ouverture a du prix.
Croyez-moi, il faut beaucoup de force et de grandeur pour ne pas céder à la tentation partisane lorsque la victoire est là.
Et cette force, Nicolas Sarkozy l'a eu.
Il faut aussi être animé par un profond sens de l'intérêt général pour ne pas se limiter à son camp quand vous avez la possibilité d'imposer vos vues à ceux qui vous ont combattu autrefois.
Ce sens de l'intérêt général, Nicolas Sarkozy l'a eu.
Il nous avait prévenus: il nous avait dit qu'il serait le Président de tous les Français. Ceux qui ne le croyaient pas, ceux qui l'accusaient d'être l'homme d'un clan en sont pour leur frais ! Il est l'homme de la nation.
Et cette ouverture qu'il a voulue et construite est le symbole d'un rassemblement qu'aucun autre gouvernement n'a su concrétiser avec une telle force.
Nous l'avons fait parce que les défis du XXIe siècle n'ont rien à voir avec ceux des siècles précédents et parce que le futur n'appartient pas à un seul camp.
Nous l'avons fait parce qu'il n'y a jamais eu, à nos yeux, un peuple de droite contre un peuple de gauche, mais un seul peuple : le peuple français, capable d'unir ses forces dans les grandes occasions.
La gauche hurle au débauchage.
Elle se déchaîne sur ses propres amis d'hier.
Elle traite en pestiférés ceux qu'elle encensait il y a quelques semaines encore.
Il y a un mois, le parti socialiste proposait de gouverner avec le centre. Aujourd'hui, il insulte ceux qui ont eu le courage, ou tout simplement le bon sens, de nous rejoindre.
Ce qui était une bonne idée hier lorsqu'elle venait de la gauche, est désormais une manoeuvre et une hérésie car elle vient de la droite.
Aujourd'hui la gauche réclame, comme l'a dit madame Royal, une « forte présence socialiste à l'Assemblée Nationale pour protéger les Français ». Mais les protéger de qui, je vous le demande ? Du Président de la République, élu démocratiquement par le peuple ? Les protéger de quoi ? Des 19 millions de Français qui ont soutenu son projet ?
Laissons la gauche à ses attaques et à ses règlements de compte. Libres aux socialistes de se perdre dans la recherche de boucs émissaires. Libres à eux de ne pas voir que leurs idées ont vingt ans de retard. Libres à eux de se replier sur un projet inexistant qu'ils ont tenté de masquer par un sourire. Oui, libres à eux de nous attaquer brutalement pour ne pas se déchirer violemment.
Nous, nous changeons la politique, nous tendons la main, nous construisons un rassemblement, qui est une chance pour notre famille politique, pour notre gouvernement, et surtout pour notre pays.
Cette ouverture s'effectue dans la diversité mais elle s'engage aussi dans la clarté. Ceux qui nous rejoignent le font sur un projet que nous avons porté durant la campagne. C'est un projet dont la clarté nous impose un devoir : celui de l'accomplir.
Notre première priorité, c'est la sécurité.
Je le dis solennellement :
Il n'y aura pas de fraternité si les Français ne se sentent pas en sécurité. Il n'y aura pas de liberté si la peur est au coin de la rue. Il n'y aura pas d'éducation digne de ce nom si le calme et le respect ne sont pas assurés dans les établissements scolaires. Il n'y aura pas d'égalité des chances sur tout le territoire si des quartiers échappent à l'autorité de la loi républicaine et s'ils sont soumis à celle des trafiquants.
Il n'y aura pas de citoyenneté éclairée si l'Etat ne s'acquitte pas du premier de ses devoirs : celui de permettre aux Français de vivre en paix.
Mes amis, vous vous en souvenez, dans le domaine de la sécurité, Lionel Jospin avait publiquement reconnu sa propre impuissance : « j'ai été naïf » avait-il dit !
Depuis 5 ans, nous n'avons pas été naïfs et nous n'avons pas été impuissants.
Au cours de la législature passée, Nicolas Sarkozy a obtenu des résultats spectaculaires : la délinquance a baissé de 19 % au cours des cinq dernières années et la délinquance de voie publique de 35 %.
Ces résultats montrent ce que l'on peut obtenir par une mobilisation totale des forces de l'ordre, et je veux ici, à Nice, avec toi Christian, rendre hommage à leur dévouement et leur courage.
Mais il faut aller encore plus loin.
Dans ce domaine ma ligne de conduite est extrêmement claire : face à la violence et la délinquance il ne faut pas céder d'un millimètre.
Il y a des choses que je n'accepte pas.
Je n'accepte pas que dans notre République des femmes et des hommes soient obligés de baisser le regard lorsqu'ils marchent dans leur quartier pour ne pas provoquer je ne sais quel petit caïd, pour ne pas être agressés.
Je n'accepte pas que dans notre République un père de famille voie son fils gagner dans la rue en une journée ce qu'il gagne en un mois à l'usine.
Je n'accepte pas, non plus, que l'on manque de respect aux forces de l'ordre. Les policiers et les gendarmes accomplissent une mission essentielle au service de tous. Ils risquent leur vie pour protéger celle des autres. Et le drame de ce week-end dans la Creuse le rappelle encore douloureusement. J'entends qu'ils soient traités comme ils le méritent : c'est-à-dire avec respect.
Pour mettre fin à l'impunité et au mépris de la loi, nous allons agir sur tous les fronts.
En premier lieu, je souhaite que nous consacrions toute notre énergie à la lutte contre les violences faites aux personnes.
Pour cela, je veux une police scientifique exemplaire et qui dispose de tous les outils, notamment technologiques, pour venir à bout des affaires les plus complexes. Je connais le professionnalisme et la compétence de ces équipes. Je veux qu'elles aient les moyens de découvrir les criminels même lorsqu'ils font tout pour détruire les preuves de leurs actes. C'est une priorité absolue pour moi.
Je compte également sur la coopération internationale. Si nous avons réalisé l'union européenne ce n'est pas seulement pour abolir les frontières pour les marchandises. C'est aussi pour que disparaissent les barrières qui freinent l'action de la police, et de la justice. Je veux que tout soit fait pour qu'un délinquant ne puisse se considérer en sécurité simplement parce qu'il a passé les Alpes ou les Pyrénées !
Croyez-moi, cette question figurera en tête de toutes mes discussions avec nos partenaires européens.
Et puis nous allons agir, immédiatement, au plan pénal, en introduisant deux réformes profondes.
La première, c'est l'instauration de peines plancher pour les multirécidivistes.
Bien souvent, vous le savez, des quartiers entiers vivent dans l'angoisse en raison d'un petit nombre de voyous, toujours les mêmes, qui se livrent encore et toujours aux mêmes délits.
Cela doit cesser. Cela va cesser.
La seconde réforme, c'est l'adaptation des peines des mineurs délinquants, afin qu'ils puissent être réellement sanctionnés. Aucune victime ne peut accepter que son agresseur bénéficie d'une quasi-impunité, parce qu'il lui manque quelques mois pour atteindre les 18 ans. Pour elle, il n'est pas différent d'être molesté par un mineur ou un majeur. Pour elle, ce qui compte c'est qu'il soit puni afin qu'il ne recommence pas.
La situation actuelle ne profite à personne, et notamment pas aux mineurs eux-mêmes - surtout lorsqu'ils sont « utilisés » par des délinquants chevronnés, qui profitent de leur situation pour leur faire accomplir des délits à leur place !
Sur la délinquance des mineurs et sur les multirécidivistes, nous allons agir dès l'été.
Et il en est de même de la question de l'immigration, qui fera également l'objet d'un projet de loi.
Depuis des siècles la France est une terre d'intégration, ouverte à tous les talents et à toutes les cultures. Elle doit le rester, comme elle doit demeurer une terre d'asile, une terre d'accueil pour ceux qui aiment la France, qui veulent bâtir leur vie avec nous.
Mais la France a le droit, et même la responsabilité non négociable, de choisir qui elle veut accueillir et sous quelles conditions.
Nous ne rendons service à personne en laissant prospérer l'idée que la France pourrait accueillir ceux qui n'ont pas les moyens de vivre sur notre territoire - notre devoir, au contraire, est de tendre la main aux habitants des pays d'émigration, en leur faisant comprendre clairement notre position, mais aussi en leur apportant notre aide. C'est à cette condition que nous parviendrons à des relations harmonieuses, équilibrées, avec ces pays.
C'est pour cela que, comme promis, nous avons créé un grand ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du co-développement ; car tout est lié : pour vivre dans notre pays, il faut en accepter les règles et les valeurs ; bien plus encore, il faut vouloir y adhérer.
Pour nous, les choses sont claires : nous ne souhaitons pas qu'on puisse vivre en France sans avoir de travail, sans respecter notre culture, sans adhérer à nos principes républicains.
Nous ne souhaitons pas, non plus, qu'on puisse faire venir sa famille si on n'a pas un salaire, si on n'a pas à un logement adéquat, bref, si on n'a pas les moyens de la faire vivre dignement.
La France est ouverte à ceux qui l'aiment et aiment ceux qui respectent son histoire et sa destinée singulière. Il n'y a rien de choquant à dire que les étrangers qui s'installent chez nous ont vocation à s'approprier l'héritage du pays des droits de l'homme, de Victor Hugo et du Général de Gaulle. Il n'y a rien d'outrageant à ce que notre patriotisme soit mis en partage.
Je crois à l'identité de la France parce que je crois que la France n'est pas un bout de terre parmi d'autres, mais un lieu chargé d'histoire et de valeurs. Je crois à la fierté d'être français car seules les nations rassemblées sont en mesure d'aller à la rencontre des autres civilisations sans craindre de se perdre.
L'identité n'est pas une notion dépassée, et ce n'est pas non plus une valeur figée. L'identité française n'est pas la même aujourd'hui qu'au XIXe siècle ou même qu'au XXIe siècle. Tous les étrangers qui ont choisi de vivre dans notre pays ont enrichi l'identité nationale : les italiens de Nice, les polonais, les portugais, les maghrébins, les africains, les asiatiques, tous ont apporté la richesse de leur culture et de leurs traditions et ont contribué à forger une nouvelle identité française. Beaucoup d'entre eux sont mêmes tombés sur les champs de bataille pour la France.
Oui, il y a des valeurs pour lesquelles nos parents et nos grands-parents se sont battus. Des valeurs qui sont intangibles, qui ne sont pas négociables, que nous n'accepterons à aucun prix de remettre en question.
C'est le cas de la séparation de l'église et de l'Etat qui garantit la liberté de croyance. C'est aussi le cas de l'égalité entre les hommes et les femmes. Nous ne pouvons pas accepter, qu'au nom de la diversité culturelle et du respect des traditions, les femmes puissent être voilées ou mariées de force, mutilées, empêchées de travailler, d'étudier, de se faire soigner.
Que resterait-il de la République si l'on suivait les raisonnements à courte vue de cette gauche empêtrée dans les bons sentiments, qui n'a été capable ni d'interdire le voile à l'école, ni de protéger les femmes et les minorités des discriminations !
Mes amis, notre projet, ça n'est pas le repli sur soi et la crispation. C'est l'ouverture et la tolérance ; mais c'est aussi la responsabilité et la fermeté. Sur ces sujets, comme sur d'autres, la gauche a cru être généreuse : elle a seulement été naïve. Elle a cru être fraternelle : elle a seulement été marchande d'illusions. Nous aurons la générosité et la fraternité d'un grand pays qui sait que pour bien accueillir, il ne faut pas tout promettre, mais il faut tenir tout ce que l'on promet.
La seconde priorité de mon gouvernement, c'est la revalorisation du travail.
Sur ce sujet, le temps des hésitations est fini !
Il est fini car depuis 25 ans nous vivons avec un chômage supérieur à la moyenne européenne.
Il est fini, car depuis 15 ans la croissance de notre économie est trop faible.
Il est fini, car depuis 10 ans, le pouvoir d'achat se dégrade.
Nous visons, d'ici cinq ans, le plein emploi et nous sommes bien décidés à nous en donner les moyens.
Nous l'avons dit et nous le ferons tout de suite : nous allons libérer les heures supplémentaires.
A l'automne, tous ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus le pourront !
C'est une révolution culturelle !
En France, la valeur travail est de retour !
C'est elle qui nous permettra d'aller à la conquête de la croissance ; c'est elle qui nous permettra de sortir de la paupérisation salariale ; c'est elle qui nous permettra de financer notre pacte social car c'est par notre productivité que nous finançons nos écoles, nos hôpitaux et nos servies publics.
Parce que nous vous l'avions promis, nous voulons, dès cet été :
- permettre la déduction des intérêts d'emprunts immobiliers, car il faut que les Français aient la possibilité de devenir majoritairement propriétaires, car la propriété, c'est la sécurité pour sa famille, c'est la confiance en l'avenir. Je proposerai au Parlement que, conformément aux engagements du Président de la République cette déduction s'applique aux emprunts en cours.
- cet été toujours, nous supprimerons aussi les droits de succession, parce qu'il nous apparaît moral que chaque famille au seuil de sa vie puisse transmettre le fruit de ses efforts sans être lourdement taxée.
- nous instaurerons le bouclier fiscal à 50 % de l'ensemble des revenus et l'investissement direct dans le capital des PME. N'en déplaise à la gauche, je préfère voir les fortunes rester en France, financer notre pacte social et nos entreprises, plutôt que de fuir à l'étranger et enrichir nos concurrents.
Avec ces premières mesures, nous voulons provoquer un choc de confiance. Nous voulons booster la croissance.
Cette dynamique sera complétée par une réforme fondamentale : celle de nos universités.
Depuis plus de vingt ans, rien n'a bougé en la matière. Toute initiative a été tuée dans l'oeuf par les spécialistes du statu quo. Le résultat est là : les universités françaises qui étaient les meilleures du monde ont disparu dans la profondeur des classements internationaux.
La démocratisation de l'enseignement supérieur est venue se briser sur le mur de l'échec qui frappe près de 50 % de nos étudiants dès la première année de licence.
Tout cela je ne l'accepte pas. Là encore, le temps de l'action est venu !
L'élection présidentielle nous a donné un mandat qui n'est pas contestable.
J'en serai le garant car les Français ne supportent plus les renoncements, les capitulations devant une pensée unique qui n'a réussi qu'à accroître les injustices et les inégalités qu'elle prétendait combattre.
J'en prends devant vous l'engagement : nous allons avancer. Nous ne calerons pas en chemin.
Mais pour cela, il faut passer l'étape des législatives. Car sans majorité à l'Assemblée nationale, rien de tout ce que nous avons fait ensemble ne pourra être réalisé. Aucun de nos espoirs ne pourra être concrétisé. Nos rêves d'une France plus forte, plus grande et plus généreuse s'évanouiront.
Une nouvelle campagne électorale a commencé. Ici, à Nice et dans les Alpes Maritimes, je vous demande, avec Christian Estrosi avec lequel nous avons mené tant de combats communs, avec Jacques Peyrat et tous les élus qui porteront nos couleurs, une mobilisation maximale.
Pour Eric CIOTTI, mobilisez-vous !
Pour Muriel MARLAND, mobilisez-vous !
Pour Rudy SALLES, mobilisez-vous !
Pour Jean-Claude GUIBAL, mobilisez-vous !
Pour Christian ESTROSI, mobilisez-vous !
Pour Lionnel LUCA, mobilisez-vous !
Pour Jean-Antoine LEONETTI, mobilisez-vous !
Pour Bernard BROCHAND, mobilisez-vous !
Pour Michèle TABAROT, mobilisez-vous !
Et pour Daniel BENCHIMOL, candidat aux élections cantonales à Nice, mobilisez-vous !
Je vous demande de ne pas croire à la victoire avant qu'elle n'ait été acquise.
Je vous demande d'aller au devant de tous les électeurs avec la volonté de convaincre et non pas de vaincre. Car il ne s'agit pas du combat d'une France contre une autre. Il s'agit au contraire d'entraîner et de rassembler tous ceux qui n'attendent qu'un geste de notre part pour s'associer à une aventure collective.
Avec Nicolas Sarkozy, je vous demande une majorité pour servir la France.
Une majorité pour faire de votre espérance un espoir possible.
Une majorité pour construire l'avenir et non pour le subir.
Une majorité pour permettre à notre pays d'entrer dans le XXIe siècle et de la seule façon qui soit digne de son histoire : c'est-à-dire debout.
Vive la République.
Et vive la France.Source http://www.u-m-p.org, le 30 mai 2007