Texte intégral
X. Bertrand
LCI 8h15
Jeudi 24 mai 2007
C. Barbier.- X. Bertrand, bonjour.
R.- Bonjour.
Q.- La fin de l'été pour le service minimum, la fin de l'année pour le contrat unique. Des ultimatums aux partenaires sociaux. Ça y est, le Gouvernement passe en force ?
R.- Ecoutez ! Il n'y a pas d'ultimatum, il n'y a pas de passage en force. Gardons-nous, je dirais, des grands mots. La vérité c'est que nous avons aujourd'hui une feuille de route qui a été tracée à la fois par le président de la République et par les Français. Il n'y a pas d'ambiguïté. Notamment la question du service minimum, on en parle depuis bien longtemps. Les Français veulent un service minimum. Nous devons mettre en place ce service minimum avec un premier critère. Place au dialogue et à la concertation.
Q.- Mais il faut du temps pour ça ? A la fin de l'été, ce n'est pas du dialogue, c'est de la marche forcée.
R.- Les Français ne veulent pas des réformes pour dans cinq ans. Ils veulent un changement dans la clarté - toutes les choses ont été dites pendant la campagne - et ils veulent aussi un changement sans tarder. Moi je rencontrerai dès la semaine prochaine, à partir de mardi, mercredi, les syndicats.
Q.- Dès vendredi, vous les voyez avec le Président ?
R.- Avec le président de la République, avec le Premier ministre.
Q.- Pour cadrer cela, pour leur faire accepter ce calendrier serré ?
R.- Pour parler des différents sujets parce qu'il y a différents sujets qui sont sur la table. Il y a la question du service minimum, il y a la question des heures supplémentaires pour renforcer le pouvoir d'achat et aussi pour contribuer à la relance de la croissance. Il y a des sujets sur lesquels je travaille, notamment avec V. Pécresse, le travail étudiant qui va être défiscalisé, la possibilité de cumuler plus facilement emploi et retraite. Vous voyez, il y a différents sujets qui sont sur la table, sans oublier les quatre conférences de la rentrée qui sont autant de sujets importants. Nous avons à la fois la volonté de réformer et la volonté de dialoguer, l'un ne va pas sans l'autre.
Q.- Est-ce que sur le service minimum, vous pourriez abandonner ce concept de "minimum" pour passer à un service "garanti", ce qui fonctionne dans pas mal de service dont la RATP ?
R.- Attendez moi je ne veux pas me lancer dans un grand débat sémantique. Je vous dis ce que veulent les Français.
Q.- C'est ouvert.
R.- Ce qu'ils veulent, c'est que quand il y a un droit de grève, le droit de grève est constitutionnel, chacun l'a compris mais le droit de grève perturbe le service. Mais ça fait partie du droit de grève. Ce que les Français ne veulent pas, c'est de la paralysie. Vous voyez la différence entre la perturbation avec les habitudes qui sont modifiées et la paralysie qui empêche ceux qui veulent aller travailler de pouvoir le faire. Parce que quand vous avez besoin des transports en commun pour aller travailler et que vous ne pouvez plus les utiliser, vous n'êtes pas payé, vous également, de vos journées qui ne sont pas travaillées. Donc ce que nous voulons, c'est de pouvoir garantir qu'il y ait la possibilité d'aller travailler.
Q.- Est-ce qu'A. Juppé, qui chapeaute les transports, le secrétariat d'Etat aux Transports, avec son portefeuille du développement durable, est tenu à l'écart de ces négociations parce qu'il y a un peu plus de dix ans, il avait mis dans la rue des millions de Français ?
R.- Non, le sujet n'est pas là. Le ministère chargé des Relations sociales, donc mon ministère qui est chargé de ce dossier, en lien bien évidemment avec D. Bussereau, le secrétaire d'Etat aux Transports.
Q.- Le contrat de travail unique, c'est le contrat nouvelle embauche, le CNE, étendu à tout le monde ?
R.- Non. Non pour une simple et bonne raison : de prime abord, la première des choses c'est que le contrat de travail unique sera un contrat de travail unique à durée indéterminée, donc qui apporte des garanties. Mais ce sera aussi un contrat de travail pour lequel il y aura la motivation du licenciement. C'est-à-dire que vous ne pourrez pas être licencié sans savoir pourquoi vous êtes licencié.
Q.- Mais le but c'est de faciliter quand même le licenciement, d'assouplir ?
R.- Le but c'est déjà de la simplicité et de la lisibilité. Aujourd'hui, vous savez combien il y a de contrats de travail en tout ? Il y en a à peu près 38. Donc ce qu'il faut savoir, c'est que pour les salariés comme pour les entrepreneurs, il nous faut avoir un seul contrat. Ce sera un droit qui existe dans d'autres pays, qui va nous permettre d'avoir beaucoup plus de clarté sur le marché du travail et qui va apporter des garanties aux employeurs et aux salariés. L'un ne va pas sans l'autre. Nous sommes dans une logique de recherche de l'équilibre. Il n'y a que comme cela aussi que nous pourrons contribuer - ce sera un outil pour cela - à avoir ce retour au plein emploi qu'a voulu le président de la République et qu'attendent les Français. 5% de taux de chômage au bout de cinq ans.
Q.- La garantie pour les salariés, ce sera entre autre d'être mieux indemnisé et d'avoir des allocations chômage plus solides, donc plus chères pour l'Etat ?
R.- Plus solides mais aussi des indemnisations plus tôt. Prenez notamment aujourd'hui les jeunes. Quand ils sont licenciés au bout seulement de quelques mois, ils n'ont pas un niveau d'indemnisation aujourd'hui qui est suffisant. On veut aussi renforcer les droits, avoir également un meilleur suivi. C'est notamment la question du service public de l'emploi. Vous savez qu'il y a cette fusion Unedic/ANPE à laquelle va travailler J.-L. Borloo. C'était le sujet aussi qui avait été exposé pendant la campagne parce que nous voulons mieux accompagner aussi les demandeurs d'emploi : des droits, des devoirs pour les uns et pour les autres. Il n'y a que comme ça que fonctionne bien un contrat social.
Q.- Pause dans la lutte contre les déficits publics, suspension donc de la réduction de la dette, est-ce que ce n'est pas un jeu dangereux au Gouvernement de tout parier sur le retour de la croissance ?
R.- Vous savez, il ne s'agit pas de faire un pari sur le retour de la croissance mais de faciliter le retour de la croissance. Et il y a de nombreuses mesures : la possibilité justement d'avoir davantage d'heures supplémentaires sans impôt pour le salarié, et aussi pouvoir alléger les charges pour les entreprises. La défiscalisation du travail, c'est toujours la même logique.
Q.- Cela va coûter cher à l'Etat, ça.
R.- C'est de donner du carburant dans la croissance. Il faut savoir ce que l'on veut. On ne peut pas se contenter d'attendre la croissance. Il faut aussi pouvoir contribuer à ce retour de la croissance parce qu'en France, ça fait des années qu'il nous manque un point de croissance par rapport à de nombreux de nos voisins européens. Et c'est ce point de croissance qui permettra aussi de nous donner davantage de possibilités en matière de protection sociale, en matière d'investissement et de recherche.
Q.- Y aura-t-il un coup de pouce en juillet sur le Smic pour créer de la croissance par la consommation ?
R.- Ce que nous voulons donner, nous, c'est un coup de pouce à l'ensemble des salariés, pas seulement aux personnes qui sont au Smic. Il faut savoir qu'il y a une revalorisation automatique au mois de juillet. Mais il faut aussi avoir une logique pour que les salaires puissent augmenter dans notre pays, pour l'ensemble des salariés.
Q.- Les salaires des hommes vont être gelés pendant deux ans puisque vous allez rattraper le salaire des femmes.
R.- Non vous ne réussirez l'égalité salariale qu'en mettant au bon niveau le salaire des femmes, pas en diminuant le salaire par exemple des hommes.
Q.- Mais en le gelant, en attendant que les femmes le rattrapent.
R.- Non, il ne s'agit pas de geler, je crois qu'il faut sortir de cette logique où, en définitive, on veut pénaliser ou opposer les uns aux autres. Ce que nous voulons avec l'égalité salariale, c'est mettre un terme à cette discrimination. Vous savez moi, je ne fais pas de la politique aujourd'hui pour m'entendre dire "ce n'est pas possible, monsieur le ministre, ou vous n'y arriverez pas, monsieur le ministre". On est dans une autre époque où la politique doit comprendre qu'on est plus dans une obligation de moyens mais dans une obligation de résultats. C'est ça qu'ont demandé les Français.
Q.- Alors obligation de résultats : financer la dépendance. Obligation de moyens : travailler le lundi de Pentecôte cette année mais l'année prochaine, vous cherchez un autre système ?
R.- Non, vous avez besoin de cde lundi de Pentecôte. Attendez ! Comment vous trouvez les 2 milliards d'euros nécessaires pour les personnes âgées ou pour les personnes handicapées si vous n'avez pas ce lundi de Pentecôte ?
Q.- En travaillant quelques heures mais ailleurs dans l'année, quand on veut.
R.- Il y a la possibilité, par rapport au tout début du dispositif, d'avoir plus de souplesse. S'il faut davantage de souplesse encore, nous allons regarder au lendemain de ce lundi de Pentecôte, parce qu'il ne faut pas hésiter en permanence à chercher à évaluer, à améliorer ce qui peut l'être. Mais je crois qu'il faut sortir des grands discours. On a besoin de ces 2 milliards d'euros pour créer chaque année 110.000 places médicalisées pour les personnes âgées. C'est ce qui nous permet de créer 21.000 emplois pour les personnes âgées ou pour les personnes handicapées. Les Français ne voulaient pas qu'on leur refasse le coup de la vignette. Tout euro qui est apporté par cette journée de solidarité va pour les personnes âgées ou les personnes handicapées.
Q.- Vous avez été ministre de la Santé, un bilan de santé personnalisé effectué par un pharmacien, c'est une provocation pour les médecins ?
R.- Ecoutez ! Je ne suis plus en charge de la Santé. C'est à R. Bachelot de se prononcer. J'ai vu sur ce sujet ce qui devait être fait, j'ai vu que les pharmaciens allaient...
Q.- Vous criez "casse-cou", quand même ?
R.- Pardon ?
Q.- Avec votre expérience, vous criez casse-cou ?
R.- Oui, mais écoutez ! Je ne suis pas porte parole d'autres ministères, je sais, en ce qui me concerne, ce à quoi j'ai voulu travailler. Il y a la place pour chacun des acteurs de santé, qu'ils travaillent ensemble les uns et les autres mais je crois qu'il y a des compétences bien définies pour les uns ou pour les autres.
Q.- On est en campagne législative, N. Sarkozy participera à un meeting UMP, où, à quelle date, dans quelle ville, on le sait ?
R.- Je ne sais pas.
Q.- Ce n'est pas un peu la confusion des genres. Il est le président de tous les Français.
R.- Ne vous inquiétez pas, je crois qu'il a bien montré depuis qu'il a pris ses fonctions, qu'il était dans une logique de rassemblement, qu'il est bien le Président de tous les Français mais qu'il veut aussi adresser un message à l'ensemble des Français.
Q.- Le message c'est "donnez-nous une Assemblée de godillots pour avoir tous les pouvoirs" ?
R.- De ?
Q.- De godillots.
R.- Qu'est-ce que ça veut dire "godillots " ?
Q.- Des députés qui vont tout voter parce qu'ils auront été élus sur le nom de N. Sarkozy ?
R.- Attendez ! Il ne s'agit pas du tout de ça, il s'agit d'avoir une majorité et une majorité qui soit une majorité de rassemblement et une majorité d'ouverture. C'est aussi un besoin de cohérence. Vous savez, aujourd'hui, vous avez avec ces élections la possibilité pour les Français de donner une majorité pour le changement, une majorité réformatrice, ouverte et respectueuse. Nous avons, nous, la volonté justement de travailler dans la clarté. Au moment où les socialistes sont, eux, en désordre de bataille, nous, nous avons une idée en tête : donner une majorité au Président pour appliquer son projet. Les socialistes ont une idée derrière la tête : qui sera le prochain premier secrétaire du Parti socialiste ? C'est quand même pas la même ambition.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 24mai 2007
LCI 8h15
Jeudi 24 mai 2007
C. Barbier.- X. Bertrand, bonjour.
R.- Bonjour.
Q.- La fin de l'été pour le service minimum, la fin de l'année pour le contrat unique. Des ultimatums aux partenaires sociaux. Ça y est, le Gouvernement passe en force ?
R.- Ecoutez ! Il n'y a pas d'ultimatum, il n'y a pas de passage en force. Gardons-nous, je dirais, des grands mots. La vérité c'est que nous avons aujourd'hui une feuille de route qui a été tracée à la fois par le président de la République et par les Français. Il n'y a pas d'ambiguïté. Notamment la question du service minimum, on en parle depuis bien longtemps. Les Français veulent un service minimum. Nous devons mettre en place ce service minimum avec un premier critère. Place au dialogue et à la concertation.
Q.- Mais il faut du temps pour ça ? A la fin de l'été, ce n'est pas du dialogue, c'est de la marche forcée.
R.- Les Français ne veulent pas des réformes pour dans cinq ans. Ils veulent un changement dans la clarté - toutes les choses ont été dites pendant la campagne - et ils veulent aussi un changement sans tarder. Moi je rencontrerai dès la semaine prochaine, à partir de mardi, mercredi, les syndicats.
Q.- Dès vendredi, vous les voyez avec le Président ?
R.- Avec le président de la République, avec le Premier ministre.
Q.- Pour cadrer cela, pour leur faire accepter ce calendrier serré ?
R.- Pour parler des différents sujets parce qu'il y a différents sujets qui sont sur la table. Il y a la question du service minimum, il y a la question des heures supplémentaires pour renforcer le pouvoir d'achat et aussi pour contribuer à la relance de la croissance. Il y a des sujets sur lesquels je travaille, notamment avec V. Pécresse, le travail étudiant qui va être défiscalisé, la possibilité de cumuler plus facilement emploi et retraite. Vous voyez, il y a différents sujets qui sont sur la table, sans oublier les quatre conférences de la rentrée qui sont autant de sujets importants. Nous avons à la fois la volonté de réformer et la volonté de dialoguer, l'un ne va pas sans l'autre.
Q.- Est-ce que sur le service minimum, vous pourriez abandonner ce concept de "minimum" pour passer à un service "garanti", ce qui fonctionne dans pas mal de service dont la RATP ?
R.- Attendez moi je ne veux pas me lancer dans un grand débat sémantique. Je vous dis ce que veulent les Français.
Q.- C'est ouvert.
R.- Ce qu'ils veulent, c'est que quand il y a un droit de grève, le droit de grève est constitutionnel, chacun l'a compris mais le droit de grève perturbe le service. Mais ça fait partie du droit de grève. Ce que les Français ne veulent pas, c'est de la paralysie. Vous voyez la différence entre la perturbation avec les habitudes qui sont modifiées et la paralysie qui empêche ceux qui veulent aller travailler de pouvoir le faire. Parce que quand vous avez besoin des transports en commun pour aller travailler et que vous ne pouvez plus les utiliser, vous n'êtes pas payé, vous également, de vos journées qui ne sont pas travaillées. Donc ce que nous voulons, c'est de pouvoir garantir qu'il y ait la possibilité d'aller travailler.
Q.- Est-ce qu'A. Juppé, qui chapeaute les transports, le secrétariat d'Etat aux Transports, avec son portefeuille du développement durable, est tenu à l'écart de ces négociations parce qu'il y a un peu plus de dix ans, il avait mis dans la rue des millions de Français ?
R.- Non, le sujet n'est pas là. Le ministère chargé des Relations sociales, donc mon ministère qui est chargé de ce dossier, en lien bien évidemment avec D. Bussereau, le secrétaire d'Etat aux Transports.
Q.- Le contrat de travail unique, c'est le contrat nouvelle embauche, le CNE, étendu à tout le monde ?
R.- Non. Non pour une simple et bonne raison : de prime abord, la première des choses c'est que le contrat de travail unique sera un contrat de travail unique à durée indéterminée, donc qui apporte des garanties. Mais ce sera aussi un contrat de travail pour lequel il y aura la motivation du licenciement. C'est-à-dire que vous ne pourrez pas être licencié sans savoir pourquoi vous êtes licencié.
Q.- Mais le but c'est de faciliter quand même le licenciement, d'assouplir ?
R.- Le but c'est déjà de la simplicité et de la lisibilité. Aujourd'hui, vous savez combien il y a de contrats de travail en tout ? Il y en a à peu près 38. Donc ce qu'il faut savoir, c'est que pour les salariés comme pour les entrepreneurs, il nous faut avoir un seul contrat. Ce sera un droit qui existe dans d'autres pays, qui va nous permettre d'avoir beaucoup plus de clarté sur le marché du travail et qui va apporter des garanties aux employeurs et aux salariés. L'un ne va pas sans l'autre. Nous sommes dans une logique de recherche de l'équilibre. Il n'y a que comme cela aussi que nous pourrons contribuer - ce sera un outil pour cela - à avoir ce retour au plein emploi qu'a voulu le président de la République et qu'attendent les Français. 5% de taux de chômage au bout de cinq ans.
Q.- La garantie pour les salariés, ce sera entre autre d'être mieux indemnisé et d'avoir des allocations chômage plus solides, donc plus chères pour l'Etat ?
R.- Plus solides mais aussi des indemnisations plus tôt. Prenez notamment aujourd'hui les jeunes. Quand ils sont licenciés au bout seulement de quelques mois, ils n'ont pas un niveau d'indemnisation aujourd'hui qui est suffisant. On veut aussi renforcer les droits, avoir également un meilleur suivi. C'est notamment la question du service public de l'emploi. Vous savez qu'il y a cette fusion Unedic/ANPE à laquelle va travailler J.-L. Borloo. C'était le sujet aussi qui avait été exposé pendant la campagne parce que nous voulons mieux accompagner aussi les demandeurs d'emploi : des droits, des devoirs pour les uns et pour les autres. Il n'y a que comme ça que fonctionne bien un contrat social.
Q.- Pause dans la lutte contre les déficits publics, suspension donc de la réduction de la dette, est-ce que ce n'est pas un jeu dangereux au Gouvernement de tout parier sur le retour de la croissance ?
R.- Vous savez, il ne s'agit pas de faire un pari sur le retour de la croissance mais de faciliter le retour de la croissance. Et il y a de nombreuses mesures : la possibilité justement d'avoir davantage d'heures supplémentaires sans impôt pour le salarié, et aussi pouvoir alléger les charges pour les entreprises. La défiscalisation du travail, c'est toujours la même logique.
Q.- Cela va coûter cher à l'Etat, ça.
R.- C'est de donner du carburant dans la croissance. Il faut savoir ce que l'on veut. On ne peut pas se contenter d'attendre la croissance. Il faut aussi pouvoir contribuer à ce retour de la croissance parce qu'en France, ça fait des années qu'il nous manque un point de croissance par rapport à de nombreux de nos voisins européens. Et c'est ce point de croissance qui permettra aussi de nous donner davantage de possibilités en matière de protection sociale, en matière d'investissement et de recherche.
Q.- Y aura-t-il un coup de pouce en juillet sur le Smic pour créer de la croissance par la consommation ?
R.- Ce que nous voulons donner, nous, c'est un coup de pouce à l'ensemble des salariés, pas seulement aux personnes qui sont au Smic. Il faut savoir qu'il y a une revalorisation automatique au mois de juillet. Mais il faut aussi avoir une logique pour que les salaires puissent augmenter dans notre pays, pour l'ensemble des salariés.
Q.- Les salaires des hommes vont être gelés pendant deux ans puisque vous allez rattraper le salaire des femmes.
R.- Non vous ne réussirez l'égalité salariale qu'en mettant au bon niveau le salaire des femmes, pas en diminuant le salaire par exemple des hommes.
Q.- Mais en le gelant, en attendant que les femmes le rattrapent.
R.- Non, il ne s'agit pas de geler, je crois qu'il faut sortir de cette logique où, en définitive, on veut pénaliser ou opposer les uns aux autres. Ce que nous voulons avec l'égalité salariale, c'est mettre un terme à cette discrimination. Vous savez moi, je ne fais pas de la politique aujourd'hui pour m'entendre dire "ce n'est pas possible, monsieur le ministre, ou vous n'y arriverez pas, monsieur le ministre". On est dans une autre époque où la politique doit comprendre qu'on est plus dans une obligation de moyens mais dans une obligation de résultats. C'est ça qu'ont demandé les Français.
Q.- Alors obligation de résultats : financer la dépendance. Obligation de moyens : travailler le lundi de Pentecôte cette année mais l'année prochaine, vous cherchez un autre système ?
R.- Non, vous avez besoin de cde lundi de Pentecôte. Attendez ! Comment vous trouvez les 2 milliards d'euros nécessaires pour les personnes âgées ou pour les personnes handicapées si vous n'avez pas ce lundi de Pentecôte ?
Q.- En travaillant quelques heures mais ailleurs dans l'année, quand on veut.
R.- Il y a la possibilité, par rapport au tout début du dispositif, d'avoir plus de souplesse. S'il faut davantage de souplesse encore, nous allons regarder au lendemain de ce lundi de Pentecôte, parce qu'il ne faut pas hésiter en permanence à chercher à évaluer, à améliorer ce qui peut l'être. Mais je crois qu'il faut sortir des grands discours. On a besoin de ces 2 milliards d'euros pour créer chaque année 110.000 places médicalisées pour les personnes âgées. C'est ce qui nous permet de créer 21.000 emplois pour les personnes âgées ou pour les personnes handicapées. Les Français ne voulaient pas qu'on leur refasse le coup de la vignette. Tout euro qui est apporté par cette journée de solidarité va pour les personnes âgées ou les personnes handicapées.
Q.- Vous avez été ministre de la Santé, un bilan de santé personnalisé effectué par un pharmacien, c'est une provocation pour les médecins ?
R.- Ecoutez ! Je ne suis plus en charge de la Santé. C'est à R. Bachelot de se prononcer. J'ai vu sur ce sujet ce qui devait être fait, j'ai vu que les pharmaciens allaient...
Q.- Vous criez "casse-cou", quand même ?
R.- Pardon ?
Q.- Avec votre expérience, vous criez casse-cou ?
R.- Oui, mais écoutez ! Je ne suis pas porte parole d'autres ministères, je sais, en ce qui me concerne, ce à quoi j'ai voulu travailler. Il y a la place pour chacun des acteurs de santé, qu'ils travaillent ensemble les uns et les autres mais je crois qu'il y a des compétences bien définies pour les uns ou pour les autres.
Q.- On est en campagne législative, N. Sarkozy participera à un meeting UMP, où, à quelle date, dans quelle ville, on le sait ?
R.- Je ne sais pas.
Q.- Ce n'est pas un peu la confusion des genres. Il est le président de tous les Français.
R.- Ne vous inquiétez pas, je crois qu'il a bien montré depuis qu'il a pris ses fonctions, qu'il était dans une logique de rassemblement, qu'il est bien le Président de tous les Français mais qu'il veut aussi adresser un message à l'ensemble des Français.
Q.- Le message c'est "donnez-nous une Assemblée de godillots pour avoir tous les pouvoirs" ?
R.- De ?
Q.- De godillots.
R.- Qu'est-ce que ça veut dire "godillots " ?
Q.- Des députés qui vont tout voter parce qu'ils auront été élus sur le nom de N. Sarkozy ?
R.- Attendez ! Il ne s'agit pas du tout de ça, il s'agit d'avoir une majorité et une majorité qui soit une majorité de rassemblement et une majorité d'ouverture. C'est aussi un besoin de cohérence. Vous savez, aujourd'hui, vous avez avec ces élections la possibilité pour les Français de donner une majorité pour le changement, une majorité réformatrice, ouverte et respectueuse. Nous avons, nous, la volonté justement de travailler dans la clarté. Au moment où les socialistes sont, eux, en désordre de bataille, nous, nous avons une idée en tête : donner une majorité au Président pour appliquer son projet. Les socialistes ont une idée derrière la tête : qui sera le prochain premier secrétaire du Parti socialiste ? C'est quand même pas la même ambition.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 24mai 2007