Interview de M. Hervé Morin, ministre de la défense et ancien président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale, dans "20 minutes", sur la création du Nouveau centre et son espoir de voir élire trente députés lors des élections législatives.

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Q - Demain, vous lancez un nouveau parti. Quel espace politique va-t-il occuper ?
R - Nous comptons lui donner l'espace qu'occupait l'UDF, c'est-à-dire un espace du centre dans la majorité présidentielle. Nous espérons trente députés.
Q - Quelle différence avec le Mouvement démocrate de François Bayrou ?
R - Au soir du premier tour des législatives, le MoDem va passer des accords avec le PS, car c'est son seul moyen pour obtenir des députés. Le MoDem deviendra progressivement une force d'opposition en concurrence avec le PS, qui n'a toujours pas fait sa mue.
Q - Ce n'était pas plus simple de prendre une carte à l'UMP ?
R - S'il s'agissait de prendre sa carte à l'UMP, nous ne serions pas dans une majorité de rassemblement la plus large possible. Le président de la République a voulu rassembler autour de trois piliers, l'UMP, des personnalités issues de la gauche, et nous-mêmes. Si on absorbe à chaque fois qu'on additionne, on ne gagne pas en surface politique.
Q - Le divorce avec François Bayrou, dont vous étiez le directeur de campagne pour l'élection présidentielle, est-il définitif ?
R - La vie politique n'est jamais définitivement figée, mais aujourd'hui, le divorce est certain.
Q - Vos anciens amis vous accusent d'avoir désigné des candidats fantômes pour toucher l'argent des élections...
R - Il y a beaucoup d'inexactitudes dans ce qui a été dit. Tous ceux qui ont été investis ont fait preuve d'un engagement politique de citoyens responsables. Surtout, ce qui agace, c'est que le schéma que décrivait François Bayrou ne se réalise absolument pas : jamais demandé, nous ne devions pas avoir d'expression autonome à l'Assemblée nationale, nous allons avoir un groupe parlementaire qui portera notre message, et enfin nous devions n'être qu'une force croupion, or nous aurons un parti autonome, c'est-à- dire ayant accès au financement public. Derrière tout ça, il y a surtout beaucoup d'hypocrisie. Tous les partis font la même chose, de l'extrême gauche à l'extrême droite. Pour ne prendre qu'un exemple, dans ma circonscription, il y a six candidats qui vont avoir besoin d'un GPS pour situer le lieu de leur parachutage.
Q - Conserverez-vous votre indépendance ?
R - Nous sommes dans une démarche de loyauté au président de la République, mais notre parole sera libre. Le président de la République nous a dit : « Je ne vous demande pas de changer d'avis, je vous demande d'être loyaux. »
Q - Quelle va être votre politique et votre marge de manoeuvre au ministère de la Défense ?
R - S'il en était ainsi décidé par le président de la République, des travaux pourraient être lancés pour capacités de nos armées, pour aboutir à la rédaction d'un nouveau Livre blanc sur la Défense. L'autre problématique, c'est celle de notre capacité financière à mener à bien nos programmes et l'équipement de nos armées.
Q - Face à l'emploi ou à l'écologie, la défense reste-t-elle une priorité ?
R - Je voudrais que le ministère de la Défense, qui est un acteur majeur de la Nation, participe aux grandes politiques du gouvernement, comme le Grenelle de l'environnement, ou l'égalité des chances, ou encore les efforts en matière de recherche. Dans beaucoup de domaines, il peut avoir un rôle majeur. Le rôle premier de nos forces armées est bien entendu d'assurer la sécurité, la souveraineté, l'indépendance et de défendre les valeurs de la France. C'est la priorité, mais à mon sens, elles doivent également participer aux grandes priorités du pays, et aux politiques souhaitées par les Français, que le gouvernement va mettre en oeuvre. C'est pour moi l'un des moyens pour maintenir un lien fort entre les Français et leur armée.
Recueilli par David Carzon source http://www.le-nouveaucentre.org, le 5 juin 2007