Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur l'urgence humanitaire et sécuritaire de la mobilisation internationale pour le Darfour, Paris le 25 juin 2007.

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Circonstance : Réunion ministérielle du groupe de contact élargi sur le Darfour le 25 juin 2007 à Paris : réception des chefs de délégation à la présidence de la République

Texte intégral

Monsieur le Président,
Merci de me donner la parole.
Vous venez de le rappeler : la réunion d'aujourd'hui était nécessaire. Nécessaire pour hâter les efforts internationaux visant à mettre fin à l'inacceptable situation des populations du Darfour, de l'est du Tchad et du nord-est de la Centrafrique.
Aujourd'hui, c'est à ces populations que je pense. Je reviens du Tchad et du Soudan, où je me suis rendu à votre demande, afin d'établir un point de situation précis avant la réunion du Groupe de contact. A Goz Beïda, dans la région tchadienne du Ouaddaï, j'ai vu la détresse des réfugiés soudanais et des déplacés tchadiens. Ils ont tout perdu, même le droit à la terre de leurs ancêtres. Et ils nous appellent, ils nous demandent des comptes.
Bien sûr, leur souffrance fait paraître trop long le temps de la diplomatie. Mais la diplomatie est pourtant notre seule arme. C'est elle qui impose aujourd'hui le principe de protection des populations comme une règle de conduite pour la communauté internationale, au-delà de la souveraineté des Etats. Non pas que cette souveraineté doive être niée : elle prévaut au contraire tant qu'elle n'agit pas au détriment des droits humains.
Or il y a au Darfour et dans la région une urgence humanitaire et sécuritaire qui nécessite toute notre mobilisation. Le Soudan a donné son accord inconditionnel au déploiement d'une opération hybride de l'Union africaine et de l'ONU : c'est une très bonne nouvelle. A nous maintenant, avec l'ONU, l'Union africaine, les autorités soudanaises, de tout mettre en oeuvre pour rendre effective cette mesure, au plus vite. Le temps est compté.
A nous aussi de faire aboutir le projet d'une opération internationale de sécurisation dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique : il y a des ouvertures, de la bonne volonté à N'Djamena, à Bangui, dans la région ; allons-y, avançons ! J'aurai l'occasion d'y revenir cet après-midi, mais je vous dis dès maintenant que nous n'avons jamais été aussi proches d'un déploiement de l'ONU dans les régions affectées par la crise du Darfour.
Les choses avancent lorsque la communauté internationale est unie. C'est le cas aujourd'hui. Votre présence à tous, celle du Secrétaire général des Nations unies en particulier, en est le témoignage. C'est ainsi que nous saurons nous mobiliser. C'est de cette façon que nous pourrons soutenir efficacement les efforts de l'Union africaine et de l'ONU. C'est comme cela que les parties à la crise pourront comprendre notre détermination.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juin 2007