Texte intégral
C. Barbier.- 10.000 postes supprimés dans l'Education nationale ! Ahurissant et inacceptable pour les syndicats. Le ministre, X. Darcos, a-t-il parlé trop vite, a-t- il commis une faute ?
L Wauquiez.- Non, parce qu'on avait clairement annoncé qu'il y aurait une réflexion sur le nombre de fonctionnaires, globalement, dans la fonction publique. On a une révision générale des politiques publiques qui est en cours pour voir les endroits où l'on peut faire des économies. Juste, ce dont il faut sortir, c'est la logique des moyens. Ce qui compte, ce n'est pas de savoir si on a 5.000, 10.000 fonctionnaires. Ce qui compte, c'est de savoir comment on continue à rendre le meilleur service pour nos enfants.
Q.- Comment peut-on à la fois supprimer 10.000 postes, et puis accueillir les enfants après 16h00, partout où c'est nécessaire, comme il s'y est engagé ?
R.- Il y a deux points. D'abord, il y a une réflexion à avoir sur le fonctionnement global de l'administration de l'Education nationale, comment faire en sorte que les professeurs puissent être affectés le mieux possible sur le terrain. Et puis, la deuxième chose c'est de proposer, aux professeurs éventuellement, de faire un peu plus d'heures, pour pouvoir accompagner dans les secteurs où on en a besoin, des enfants en difficultés.
Q.- Vous connaissez bien l'université, c'était une vos spécialités au Parlement. Comment peut-on améliorer la place des universités françaises dans les classements internationaux sans mettre de la sélection - la sélection, ayant été dans les négociations, reportée à plus tard ?
R.- Aujourd'hui, on avait des universités auxquelles on disait : vous allez faire la compétition internationale mais on vous lie les mains, et on vous ligote les pieds. Impossible d'avancer. C'est-à-dire que pour la moindre négociation - refaire un bâtiment, embaucher un professeur, mettre en place une nouvelle filière - il fallait aller discuter à la Direction générale de l'enseignement supérieur. Le projet de loi porté par V. Pécresse est destiné à leur redonner de l'oxygène, et leur permettre de faire leur projet, adapté à chaque université.
Q.- Et il faudra remettre de la sélection à un moment dans le cursus universitaire, parce que l'on ne peut pas s'en passer ?
R.- Non, pour l'instant ce n'est pas à l'ordre du jour. La première chose qui est importante, c'est d'abord de mettre en place l'autonomie. Il y aura d'autres projets de loi de V. Pécresse qui vont aborder les questions d'orientation, les questions de conditions de vie des étudiants. Donc, c'est le début d'une réforme de fond des universités.
Q.- La France, passe en dessous de 2 millions de chômeurs, c'est une première depuis presque un quart de siècle.
R.- Oui.
Q.- Comment prolonger cette spirale vertueuse ?
R.- D'abord, c'est vrai, c'est une spirale vertueuse, et puis le point de référence que vous prenez est historique. 1981-1982, dans notre esprit, c'est le moment où la France bascule vraiment vers le chômage de masse. Donc, le fait de revenir et d'espérer refermer cette parenthèse, c'est très fort. Cela dit, on est lucides ; je ne suis pas pour vous dire "super, ça y est, c'est fait !". A mon avis, s'il y a un cap à franchir, le Gouvernement il lui reste - et c'est toute l'action qu'il va ouvrir - la question de la valorisation du travail. Mais on n'arrivera pas à descendre en dessous de ce cap structurel du chômage si on ne s'attaque pas à ce noyau-là.
Q.- F. Fillon parle mardi à l'Assemblée, c'est son discours de politique générale. A quoi cela va-t-il servir ? On sort d'une campagne présidentielle où le candidat Sarkozy a multiplié les discours. Il a donné une grande interview télévisée le 20 juin. La parole du Premier ministre n'apportera rien de plus ?
R.- Il y a en ce moment un débat consistant à dire : "N. Sarkozy est très actif, un Président très dynamique, et du coup, quel espace pour le Premier ministre ?". Je pense que c'est exactement l'inverse. Plus le président de la République est actif, plus le Premier ministre a de travail à faire. Pour prendre une métaphore musicale : le président de la République, c'est le maestro, il écrit des compositions ; le Premier ministre, c'est celui qui doit les mettre en musique, veiller au rythme, faire en sorte que tous les musiciens travaillent ensemble de façon harmonieuse. Eh bien, plus le maestro écrit, plus le Premier ministre-chef d'orchestre a de travail à accomplir.
Q.- Et est-ce qu'on ne retrouve pas le Président au piano, au premier violon et pour faire les choeurs ?
R.- Non, je ne pense pas, parce que sa volonté précisément c'est d'écrire les partitions. Prenons l'exemple du projet de loi sur l'université : il fixe les caps, redonne les grandes lignes, les équilibres. Moi ce que je veux, c'est l'autonomie des universités ; en même temps, on peut discuter sur des points où les présidents n'étaient pas tout à fait d'accord, où les syndicats étudiants avaient d'autres revendications. Mais après, il faut la faire jouer cette musique, il faut sortir de la démocratie d'annonce, il faut basculer dans la démocratie d'action. Et cela, va être notamment tout le travail du Premier ministre.
Q.- Alors, de quoi va-t-il nous parler mardi, quels seront les points forts ?
R.- Je lui en laisse la primeur, vous le comprendrez. Mais je pense que, notamment, il y aura tout un discours de la méthode pour expliquer cette nouvelle conception de l'articulation Président/Premier ministre. Juste un parallèle historique intéressant : le point de référence à mon avis, c'est celui du général de Gaulle et de G. Pompidou. Il ne venait à l'idée de personne de dire que G. Pompidou était un personnage transparent.
Q.- Et est-ce que le cabinet de l'Elysée n'est pas en train de prendre l'ascendant sur les ministères ? Est-ce que les ministres ne vont pas aux ordres Rue du Faubourg Saint-Honoré ?
R.- Non, les ministres sont un support des impulsions qui sont données par le cabinet de l'Elysée.
Q.- C'est "Je décide et tout le monde exécute", alors ?
R.- C'est "Je fixe le cap", mais j'ai envie de dire que c'est pour cela qu'on l'a élu. Et les ministres sont là pour faire en sorte que ce cap-là soit tenu et traduit concrètement.
Q.- Le Parti socialiste organise à l'Assemblée "un shadow cabinet", c'est-à-dire, une sorte de contre-Gouvernement, où chaque ministre trouvera en face de lui un député socialiste spécialisé. Est-ce une bonne manière de s'opposer ou est-ce un gadget ?
R.- Non, je ne trouve pas que ce soit un gadget. Au début, je me suis dit, c'est une bonne idée, à condition que ce soit constructif, que cela consiste à faire des propositions. Mais quand j'ai vu la composition, les bras m'en sont tombés !
Q.- Pourquoi, ce sont des députés de valeur, qui connaissent bien leurs dossiers ?
R.- Bien sûr, mais si vous prenez la composition, il y a quoi ? Il n'y a quasiment aucun jeune ; la moyenne d'âge est autour de 53 ans.
Q.- M. Valls, A. Montebourg sont aux premières loges, c'est pas mal.
R.- Oui, enfin, il y a quelques petites cosmétiques de renouvellement. Mais pour le reste, ce sont les hiérarques du parti qui ont pris la main sur ce "shadow cabinet" ; on a aucune femme, enfin, très peu de femmes, sept femmes sur vingt deux. Et puis, on n'a aucune ouverture, aucun travail qui est prévu avec des personnes qui sont un peu de la société civile, aucune ouverture aussi vers des personnalités différentes, pas de reflets de la diversité de la société française.
Q.- Donc, vous ne travaillerez pas avec ce "shadow cabinet", vous ne privilégierez pas avec cette organisation-là ?
R.- Non, bien sûr que l'on travaillera avec eux, surtout s'il y a des propositions qui sont intéressantes qu'ils mettent sur la table. Mais juste que je trouve, c'est le contraste est saisissant, entre un Gouvernement qui est rajeuni, divers, ouvert, et de l'autre côté, ce "shadow cabinet", qui sent un petit peu la naphtaline et la politique de grand-papa.
Q.- Qu'attendez-vous de D. Migaud, le président socialiste de la Commission des Finances, qui va donc se prononcer sur les choix budgétaires de droite ?
R.- C'est un expert vraiment de ces questions, quelqu'un de très compétent. Personnellement, j'ai de l'estime pour lui. Ce que j'attends, c'est que l'on sorte d'une opposition qui soit uniquement là pour dire qu'on est contre, pour aller vers une opposition qui dise : sur tel projet, on a peut-être une proposition qui est constructive, sur laquelle on peut travailler ensemble. Et je pense que D. Migaud est quelqu'un qui peut faire cela.
Q.- Dimanche, le marché de l'énergie s'ouvre à la concurrence pour les particuliers. Vous recommandez aux Français de rester chez EDF ou de se jeter dans les bras des offres nouvelles ?
R.- Je recommande aux Français de voir au cas par cas, comment cela va bouger. C'est vrai que la question sur la concurrence est simple, c'est : quel impact sur le prix pour le consommateur ? J'ai vu que les associations de consommateurs recommandaient d'être prudent au début. A chacun de voir et faire son choix.
Q.- C. Lagarde, la ministre de l'Economie, vient d'annoncer que le Gouvernement surveillerait de près les prix de la grande distribution, compte tenu de la flambée des prix, notamment des matières alimentaires. Sommes-nous dans une économie administrée ?
R.- On n'est pas dans une économie administrée mais en même temps, on n'est pas dans une économie où le dogme est "le tout libéral, et l'Etat doit s'éclipser". La question du pouvoir d'achat, c'est une question qui nous préoccupe, à savoir concrètement, quand le Français prend son caddie, pour quel prix, qu'est-ce qu'il a dans son caddie ? C'est une question qui est importante pour le Gouvernement.
Q.- Protestations en Bretagne face à la rave party qui s'organise ce week-end. Le devoir d'un Gouvernement n'est-il pas d'interdire ce genre de rassemblement, qui mécontente tous ceux qui sont autour ?
R.- Je pense que le Gouvernement a des sujets qui sont déjà suffisamment lourds. Je ne suis pas sûr que ce soit sa tâche de s'occuper des raves parties au cas par cas, même si, c'est vrai, il y a un encadrement sans doute national à poser. Sur ce sujet-là, à ma connaissance - mais je suis prudent, le porte-parole ne doit pas être Monsieur-je-sais-tout - je n'ai pas connaissance d'action du Gouvernement.
Q.- Le président de la République soutient G. Roux, qui est contesté dans sa fonction d'entraîneur du Racing Club de Lens, à cause de son âge. Alors, vous, qui êtes beaucoup plus jeune que G. Roux, faut-il l'autoriser à travailler ou doit-il céder la place, à 65 ans ?
R.- Je trouve que, que ce soit pour un jeune ou pour une personne plus âgée, la question de l'âge n'est pas la question fondamentale. La question qui est fondamentale, c'est celle de la compétence. On peut avoir 30 ans et être compétent pour exercer de grandes responsabilités, on peut en avoir 69, et encore avoir beaucoup d'énergie, et de nouvelles idées à mettre sur la table. Un point qui m'a intéressé, c'est qu'en Conseil des ministres, avant même que l'on ait cette question de G. Roux, le président de la République avait posé la question en disant : "Moi je veux que vous me changiez cette règle archaïque, on m'enlève quelqu'un juste en fonction de la limite d'âge. Il faut peut-être mettre une limite, en termes de nombre de mandats successifs, ou de nombre de responsabilités successifs pour faire du renouvellement". Mais à 69 ans, ce qui m'intéresse ce n'est pas de savoir son âge, c'est de savoir s'il a encore quelque chose à donner à notre pays.
Q.- Vous promettez de combattre la langue de bois. Est-ce que à une des questions que vous vous êtes dit : bon, là, je vais faire un peu de langue de bois, je ne réponds pas ?
R.- Non, un mes problèmes, notamment, c'est surtout de ne pas être Monsieur-je-sais-tout. Je pense que le porte-parole, et c'est une de mes volontés, doit être, c'est vrai, le porte-parole du Gouvernement, mais aussi, un peu le porte-parole du terrain. Et pouvoir donner un peu d'oxygène dans son discours. A suivre.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 29 juin 2007
L Wauquiez.- Non, parce qu'on avait clairement annoncé qu'il y aurait une réflexion sur le nombre de fonctionnaires, globalement, dans la fonction publique. On a une révision générale des politiques publiques qui est en cours pour voir les endroits où l'on peut faire des économies. Juste, ce dont il faut sortir, c'est la logique des moyens. Ce qui compte, ce n'est pas de savoir si on a 5.000, 10.000 fonctionnaires. Ce qui compte, c'est de savoir comment on continue à rendre le meilleur service pour nos enfants.
Q.- Comment peut-on à la fois supprimer 10.000 postes, et puis accueillir les enfants après 16h00, partout où c'est nécessaire, comme il s'y est engagé ?
R.- Il y a deux points. D'abord, il y a une réflexion à avoir sur le fonctionnement global de l'administration de l'Education nationale, comment faire en sorte que les professeurs puissent être affectés le mieux possible sur le terrain. Et puis, la deuxième chose c'est de proposer, aux professeurs éventuellement, de faire un peu plus d'heures, pour pouvoir accompagner dans les secteurs où on en a besoin, des enfants en difficultés.
Q.- Vous connaissez bien l'université, c'était une vos spécialités au Parlement. Comment peut-on améliorer la place des universités françaises dans les classements internationaux sans mettre de la sélection - la sélection, ayant été dans les négociations, reportée à plus tard ?
R.- Aujourd'hui, on avait des universités auxquelles on disait : vous allez faire la compétition internationale mais on vous lie les mains, et on vous ligote les pieds. Impossible d'avancer. C'est-à-dire que pour la moindre négociation - refaire un bâtiment, embaucher un professeur, mettre en place une nouvelle filière - il fallait aller discuter à la Direction générale de l'enseignement supérieur. Le projet de loi porté par V. Pécresse est destiné à leur redonner de l'oxygène, et leur permettre de faire leur projet, adapté à chaque université.
Q.- Et il faudra remettre de la sélection à un moment dans le cursus universitaire, parce que l'on ne peut pas s'en passer ?
R.- Non, pour l'instant ce n'est pas à l'ordre du jour. La première chose qui est importante, c'est d'abord de mettre en place l'autonomie. Il y aura d'autres projets de loi de V. Pécresse qui vont aborder les questions d'orientation, les questions de conditions de vie des étudiants. Donc, c'est le début d'une réforme de fond des universités.
Q.- La France, passe en dessous de 2 millions de chômeurs, c'est une première depuis presque un quart de siècle.
R.- Oui.
Q.- Comment prolonger cette spirale vertueuse ?
R.- D'abord, c'est vrai, c'est une spirale vertueuse, et puis le point de référence que vous prenez est historique. 1981-1982, dans notre esprit, c'est le moment où la France bascule vraiment vers le chômage de masse. Donc, le fait de revenir et d'espérer refermer cette parenthèse, c'est très fort. Cela dit, on est lucides ; je ne suis pas pour vous dire "super, ça y est, c'est fait !". A mon avis, s'il y a un cap à franchir, le Gouvernement il lui reste - et c'est toute l'action qu'il va ouvrir - la question de la valorisation du travail. Mais on n'arrivera pas à descendre en dessous de ce cap structurel du chômage si on ne s'attaque pas à ce noyau-là.
Q.- F. Fillon parle mardi à l'Assemblée, c'est son discours de politique générale. A quoi cela va-t-il servir ? On sort d'une campagne présidentielle où le candidat Sarkozy a multiplié les discours. Il a donné une grande interview télévisée le 20 juin. La parole du Premier ministre n'apportera rien de plus ?
R.- Il y a en ce moment un débat consistant à dire : "N. Sarkozy est très actif, un Président très dynamique, et du coup, quel espace pour le Premier ministre ?". Je pense que c'est exactement l'inverse. Plus le président de la République est actif, plus le Premier ministre a de travail à faire. Pour prendre une métaphore musicale : le président de la République, c'est le maestro, il écrit des compositions ; le Premier ministre, c'est celui qui doit les mettre en musique, veiller au rythme, faire en sorte que tous les musiciens travaillent ensemble de façon harmonieuse. Eh bien, plus le maestro écrit, plus le Premier ministre-chef d'orchestre a de travail à accomplir.
Q.- Et est-ce qu'on ne retrouve pas le Président au piano, au premier violon et pour faire les choeurs ?
R.- Non, je ne pense pas, parce que sa volonté précisément c'est d'écrire les partitions. Prenons l'exemple du projet de loi sur l'université : il fixe les caps, redonne les grandes lignes, les équilibres. Moi ce que je veux, c'est l'autonomie des universités ; en même temps, on peut discuter sur des points où les présidents n'étaient pas tout à fait d'accord, où les syndicats étudiants avaient d'autres revendications. Mais après, il faut la faire jouer cette musique, il faut sortir de la démocratie d'annonce, il faut basculer dans la démocratie d'action. Et cela, va être notamment tout le travail du Premier ministre.
Q.- Alors, de quoi va-t-il nous parler mardi, quels seront les points forts ?
R.- Je lui en laisse la primeur, vous le comprendrez. Mais je pense que, notamment, il y aura tout un discours de la méthode pour expliquer cette nouvelle conception de l'articulation Président/Premier ministre. Juste un parallèle historique intéressant : le point de référence à mon avis, c'est celui du général de Gaulle et de G. Pompidou. Il ne venait à l'idée de personne de dire que G. Pompidou était un personnage transparent.
Q.- Et est-ce que le cabinet de l'Elysée n'est pas en train de prendre l'ascendant sur les ministères ? Est-ce que les ministres ne vont pas aux ordres Rue du Faubourg Saint-Honoré ?
R.- Non, les ministres sont un support des impulsions qui sont données par le cabinet de l'Elysée.
Q.- C'est "Je décide et tout le monde exécute", alors ?
R.- C'est "Je fixe le cap", mais j'ai envie de dire que c'est pour cela qu'on l'a élu. Et les ministres sont là pour faire en sorte que ce cap-là soit tenu et traduit concrètement.
Q.- Le Parti socialiste organise à l'Assemblée "un shadow cabinet", c'est-à-dire, une sorte de contre-Gouvernement, où chaque ministre trouvera en face de lui un député socialiste spécialisé. Est-ce une bonne manière de s'opposer ou est-ce un gadget ?
R.- Non, je ne trouve pas que ce soit un gadget. Au début, je me suis dit, c'est une bonne idée, à condition que ce soit constructif, que cela consiste à faire des propositions. Mais quand j'ai vu la composition, les bras m'en sont tombés !
Q.- Pourquoi, ce sont des députés de valeur, qui connaissent bien leurs dossiers ?
R.- Bien sûr, mais si vous prenez la composition, il y a quoi ? Il n'y a quasiment aucun jeune ; la moyenne d'âge est autour de 53 ans.
Q.- M. Valls, A. Montebourg sont aux premières loges, c'est pas mal.
R.- Oui, enfin, il y a quelques petites cosmétiques de renouvellement. Mais pour le reste, ce sont les hiérarques du parti qui ont pris la main sur ce "shadow cabinet" ; on a aucune femme, enfin, très peu de femmes, sept femmes sur vingt deux. Et puis, on n'a aucune ouverture, aucun travail qui est prévu avec des personnes qui sont un peu de la société civile, aucune ouverture aussi vers des personnalités différentes, pas de reflets de la diversité de la société française.
Q.- Donc, vous ne travaillerez pas avec ce "shadow cabinet", vous ne privilégierez pas avec cette organisation-là ?
R.- Non, bien sûr que l'on travaillera avec eux, surtout s'il y a des propositions qui sont intéressantes qu'ils mettent sur la table. Mais juste que je trouve, c'est le contraste est saisissant, entre un Gouvernement qui est rajeuni, divers, ouvert, et de l'autre côté, ce "shadow cabinet", qui sent un petit peu la naphtaline et la politique de grand-papa.
Q.- Qu'attendez-vous de D. Migaud, le président socialiste de la Commission des Finances, qui va donc se prononcer sur les choix budgétaires de droite ?
R.- C'est un expert vraiment de ces questions, quelqu'un de très compétent. Personnellement, j'ai de l'estime pour lui. Ce que j'attends, c'est que l'on sorte d'une opposition qui soit uniquement là pour dire qu'on est contre, pour aller vers une opposition qui dise : sur tel projet, on a peut-être une proposition qui est constructive, sur laquelle on peut travailler ensemble. Et je pense que D. Migaud est quelqu'un qui peut faire cela.
Q.- Dimanche, le marché de l'énergie s'ouvre à la concurrence pour les particuliers. Vous recommandez aux Français de rester chez EDF ou de se jeter dans les bras des offres nouvelles ?
R.- Je recommande aux Français de voir au cas par cas, comment cela va bouger. C'est vrai que la question sur la concurrence est simple, c'est : quel impact sur le prix pour le consommateur ? J'ai vu que les associations de consommateurs recommandaient d'être prudent au début. A chacun de voir et faire son choix.
Q.- C. Lagarde, la ministre de l'Economie, vient d'annoncer que le Gouvernement surveillerait de près les prix de la grande distribution, compte tenu de la flambée des prix, notamment des matières alimentaires. Sommes-nous dans une économie administrée ?
R.- On n'est pas dans une économie administrée mais en même temps, on n'est pas dans une économie où le dogme est "le tout libéral, et l'Etat doit s'éclipser". La question du pouvoir d'achat, c'est une question qui nous préoccupe, à savoir concrètement, quand le Français prend son caddie, pour quel prix, qu'est-ce qu'il a dans son caddie ? C'est une question qui est importante pour le Gouvernement.
Q.- Protestations en Bretagne face à la rave party qui s'organise ce week-end. Le devoir d'un Gouvernement n'est-il pas d'interdire ce genre de rassemblement, qui mécontente tous ceux qui sont autour ?
R.- Je pense que le Gouvernement a des sujets qui sont déjà suffisamment lourds. Je ne suis pas sûr que ce soit sa tâche de s'occuper des raves parties au cas par cas, même si, c'est vrai, il y a un encadrement sans doute national à poser. Sur ce sujet-là, à ma connaissance - mais je suis prudent, le porte-parole ne doit pas être Monsieur-je-sais-tout - je n'ai pas connaissance d'action du Gouvernement.
Q.- Le président de la République soutient G. Roux, qui est contesté dans sa fonction d'entraîneur du Racing Club de Lens, à cause de son âge. Alors, vous, qui êtes beaucoup plus jeune que G. Roux, faut-il l'autoriser à travailler ou doit-il céder la place, à 65 ans ?
R.- Je trouve que, que ce soit pour un jeune ou pour une personne plus âgée, la question de l'âge n'est pas la question fondamentale. La question qui est fondamentale, c'est celle de la compétence. On peut avoir 30 ans et être compétent pour exercer de grandes responsabilités, on peut en avoir 69, et encore avoir beaucoup d'énergie, et de nouvelles idées à mettre sur la table. Un point qui m'a intéressé, c'est qu'en Conseil des ministres, avant même que l'on ait cette question de G. Roux, le président de la République avait posé la question en disant : "Moi je veux que vous me changiez cette règle archaïque, on m'enlève quelqu'un juste en fonction de la limite d'âge. Il faut peut-être mettre une limite, en termes de nombre de mandats successifs, ou de nombre de responsabilités successifs pour faire du renouvellement". Mais à 69 ans, ce qui m'intéresse ce n'est pas de savoir son âge, c'est de savoir s'il a encore quelque chose à donner à notre pays.
Q.- Vous promettez de combattre la langue de bois. Est-ce que à une des questions que vous vous êtes dit : bon, là, je vais faire un peu de langue de bois, je ne réponds pas ?
R.- Non, un mes problèmes, notamment, c'est surtout de ne pas être Monsieur-je-sais-tout. Je pense que le porte-parole, et c'est une de mes volontés, doit être, c'est vrai, le porte-parole du Gouvernement, mais aussi, un peu le porte-parole du terrain. Et pouvoir donner un peu d'oxygène dans son discours. A suivre.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 29 juin 2007