Texte intégral
C'est pour moi une joie et un privilège d'intervenir devant votre congrès. Je sais le rôle déterminant qu'a eu la Ligue de l'enseignement, sous l'impulsion de Jean Macé, dans la naissance de l'instruction gratuite, laïque et obligatoire en France. Je n'ignore pas combien elle s'est ensuite impliquée dans la défense de notre système éducatif. Et je mesure le tribut que la communauté éducative doit à l'essor de votre mouvement.
Comme maire, et comme sénateur, j'ai pu apprécier depuis de nombreuses années la qualité, la richesse et la force de votre projet associatif. Je peux témoigner du dévouement et de l'enthousiasme des adhérents et des bénévoles qui font vivre ce projet sur le terrain. Les fonctions successives que j'ai occupées au ministère de l'Education nationale m'ont d'ailleurs permis de mesurer l'énergie que vous consacrez à promouvoir la cause éducative, dont vous avez su faire un des enjeux majeurs de notre société.
Comme ministre, je souhaite aujourd'hui rendre hommage à la vigueur du partenariat qui unit l'Education nationale et l'ensemble des associations complémentaires de l'enseignement public.
Ce partenariat est plus que jamais nécessaire pour permettre à l'école de relever les nouveaux défis qui se posent à elle.
Le premier de ces défis, comme l'a dit le Président de la République au cours de la campagne présidentielle, c'est de rétablir les conditions d'une véritable égalité des chances à l'école.
L'école doit avoir pour chaque élève la même ambition, la même exigence, le même respect, quelle que soit son origine sociale, où qu'il réside, qu'il soit handicapé ou valide. C'est pour redonner du sens à cet objectif que j'ai engagé la suppression de la carte scolaire et proposé des critères transparents pour que les familles puissent choisir l'établissement scolaire de leur enfant à partir de la rentrée prochaine. C'est pour offrir à tous les élèves les mêmes chances de réussite que je veux concentrer les moyens de l'éducation prioritaire sur les établissements qui en ont le plus besoin, plutôt que de les disperser dans des zones aux contours toujours plus incertains.
C'est pour que les enseignants puissent donner à leurs élèves le meilleur d'eux-mêmes que je me refuse à les évaluer sur les méthodes qu'ils emploient pour m'intéresser davantage aux résultats qu'elles produisent sur leurs élèves.
Assurer l'égalité des chances, permettre la réussite de tous les élèves sont des objectifs que nous devons atteindre ensemble, car nous partageons la même foi dans l'idéal scolaire de la République. Le travail, le mérite, le respect, l'excellence, sont des valeurs chères à l'institution scolaire. Je sais qu'elles le sont également aux associations complémentaires de l'enseignement. Et c'est pourquoi notre partenariat a été si souvent fructueux.
L'ancienneté des échanges, la proximité des acteurs et la densité du travail mené au fil des ans entre l'Education nationale et les associations complémentaires ont permis, en effet, que se développe un modèle particulier de collaboration, s'efforçant d'exploiter au mieux les caractéristiques de l'engagement associatif. Les réussites de cette collaboration sont très nombreuses, et je n'en citerai ici que quelques réalisations exemplaires où la Ligue de l'enseignement s'est chaque fois illustrée par son expertise, son savoir-faire ou son organisation : contribution des associations complémentaires aux dispositifs de réussite éducative ou aux dispositifs relais, offre de pratique sportive proposée par l'USEP dans le premier degré ou encore portail de ressources pédagogiques dans le domaine de l'éducation à la citoyenneté en partenariat avec le CIDEM.
Fort de ce constat, je veux aller plus loin dans nos actions communes et vous proposer d'ouvrir deux chantiers passionnants au service de l'école.
Le premier de ces chantiers, c'est la mise en place, à partir de la rentrée prochaine, d'un véritable service d'accompagnement éducatif en fin de journée. Trop d'enfants restent livrés à eux-mêmes, après les cours, en attendant le retour de leurs parents tandis que beaucoup d'autres bénéficient du soutien actif de leur entourage familial ou de répétiteurs pour effectuer leurs devoirs scolaires. La mission de l'école ne s'arrête pas après les cours. Elle s'achève lorsqu'un élève a acquis les connaissances et les compétences qui lui seront nécessaires tout au long de sa vie future.
Il existe déjà de nombreux dispositifs locaux, auxquels participent beaucoup d'associations. Mais l'offre actuelle est hétérogène et manque de lisibilité pour les familles qui, bien souvent, n'en connaissent même pas l'existence. Surtout, ces actions s'ajoutent au travail de l'école sans vraiment se coordonner avec lui. Nous avons besoin d'un meilleur pilotage pour assurer la continuité éducative entre ce qui se passe à l'école et ce qui se passe après. Je veux donc bâtir une offre d'accompagnement éducatif autour du collège, parce que c'est là que tout ce joue. Concrètement, cette offre s'articulera autour de deux types d'actions proposées aux élèves après leur journée de cours, entre 16h30 et 18h. D'une part, une aide aux devoirs sous la forme d'études dirigées par des enseignants volontaires, mais avec l'aide d'assistants d'éducation et de bénévoles issus du monde associatif.
D'autre part, des activités éducatives complémentaires, telles que l'approfondissement de techniques artistiques découvertes dans le cadre scolaire ou le renforcement de la pratique sportive. Dès la rentrée prochaine, cet accompagnement éducatif sera proposé dans tous les établissements scolaires de l'éducation prioritaire, en commençant par les collèges « Ambition Réussite ». Là encore, il ne saurait y avoir d'avancée sans un partenariat constructif avec les associations complémentaires.
Le second de ces chantiers, c'est la promotion du sport scolaire dans le cadre, notamment, de ce créneau de fin de journée débutant après 16 heures. Vous le savez, le président de la République s'est engagé, pendant sa campagne, à doubler l'offre de sport proposée par l'école car l'école constitue une porte d'entrée incontournable pour toutes les pratiques sportives.
A côté de l'enseignement obligatoire en éducation physique et sportive, il existe en effet une offre périscolaire importante. Je pense en particulier au sport scolaire pratiqué, après la classe, dans le cadre d'une association sportive et je veux profiter de ma présence parmi vous pour saluer le travail remarquable mené par l'USEP aux côtés des élèves du premier degré. Aujourd'hui, le sport est synonyme d'excellence et cette excellence ne doit pas être rationnée mais généralisée. Les associations complémentaires vont avoir un rôle central à jouer dans le développement du sport scolaire durant le créneau de fin de journée. L'association sportive deviendra un animateur essentiel de ce créneau, en partenariat avec les clubs sportifs locaux. Pour faciliter l'organisation de cette pratique nouvelle, je souhaite que les publics scolaires aient la possibilité d'utiliser prioritairement les installations sportives de proximité entre 16 heures et 18 heures.
Je veux également donner aux élèves des établissements classés « Ambition Réussite », les mêmes droits à la pratique sportive que leurs camarades des autres établissements issus de milieux plus favorisés. Pour y parvenir, le pourcentage de licenciés en UNSS et en clubs de sport doit être multiplié par deux à la fin de l'année prochaine.
La collaboration entre l'Education nationale et les associations complémentaires a donc vocation à s'amplifier. Mais elle doit pour cela respecter des règles précises, fixant sans ambiguïté les missions des différents partenaires et permettant d'éviter les dérives qui ont pu exister par le passé. Tout partenariat authentique doit donc commencer avec une concertation initiale entre les acteurs et la compréhension du cahier des charges éducatif de façon à s'inscrire en fil direct avec les missions de l'Ecole et les besoins d'enseignement.
Sans cette prise en compte respectueuse des prérogatives de chacun, la fameuse « complémentarité de l'enseignement public » tend à fonctionner comme une juxtaposition cloisonnée en tuyaux d'orgue où chacun travaille consciencieusement dans son coin en ignorant ce que fait l'autre. Or cette notion constitutive de notre partenariat, dont chacun sait combien elle fut historiquement décisive dans l'évolution de notre système d'éducation, demande aujourd'hui à être repensée au regard du nouveau cadre qui régit les politiques publiques.
Je veux parler de la loi d'orientation sur l'avenir de l'école, qui définit le périmètre des missions de l'école tout en rappelant le rôle que peuvent jouer les acteurs associatifs dans l'ouverture des structures scolaires sur leur environnement.
Je veux aussi parler de la mise en oeuvre du socle commun de connaissances et de compétences, qui explicite clairement pour tous les interlocuteurs concernés les objectifs que s'assigne l'institution éducative. Je pense enfin aux dispositions législatives qui structurent la modernisation de l'Etat et, en particulier, à la mise en oeuvre de la LOLF qui exige un nouveau cadre partenarial favorisant la recherche de cohérence, de performance et de rationalisation.
Ce nouveau cadre est celui d'un partenariat étroit, précis, exigeant.
Je souhaite, par exemple, que l'Education nationale propose un programme de travail permettant aux partenaires associatifs de mieux ajuster leurs projets aux objectifs et aux priorités du ministère.
Ce programme pourrait prendre la forme d'orientations prioritaires pour l'action éducative. Proposées chaque année, elles permettraient aux associations de collaborer sur des projets conjoints dans des domaines spécifiques.
Je souhaite aussi que l'action des associations complémentaires soit régulièrement suivie par le ministère de l'Education nationale et qu'elle puisse faire l'objet d'une évaluation transparente et objective. Cette dernière inflexion ne doit pas être comprise comme une intrusion dans l'organisation et la vie interne des associations mais plutôt comme la volonté de l'Education nationale de s'assurer que tous ses partenaires agissent au service de notre objectif commun : la réussite de tous les élèves.
Vous le voyez, il existe de ma part une forte volonté de travailler avec vous.
Nous aurons d'ailleurs l'occasion de poursuivre notre réflexion commune dans les semaines à venir. Je m'engage en effet à venir inaugurer le premier Conseil national des associations complémentaires de l'enseignement public qui aura lieu en septembre prochain. Je connais trop la qualité du travail accompli par les associations pour ne pas prendre soin de les associer pleinement aux projets et aux orientations nouvelles de l'Education nationale.
L'école a besoin de chacun d'entre vous, de chacun des deux millions de militants associatifs fédérés par la Ligue, de chacune des associations présentes pour assurer la réussite de tous les élèves. A tous, merci pour le travail accompli !Source http://www.education.gouv.fr, le 29 juin 2007