Interview de M. Hervé Morin, ministre de la défense, dans "Le Parisien" du 14 juillet 2007, notamment sur la Défense européenne, les équipements militaires, la condition militaire et sur l'accès aux grandes écoles militaires aux jeunes issus de famille de condition modeste.

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Média : Le Parisien

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Dans Le Parisien, Hervé Morin déclare : "Ma priorité absolue, c'est d'avoir des forces opérationnelles. C'est la mission première. Le deuxième sujet qui me tient à coeur, c'est d'améliorer la condition militaire avec un plan de réforme ambitieux qui nous impose de faire des économies ailleurs. Un rapport montre que les militaires ont une rémunération globale qui reste inférieure à celle des policiers. Je veux également initier une politique d'égalité des chances en permettant, par exemple, aux jeunes issus de familles de condition modeste d'accéder aux grandes écoles militaires comme Polytechnique, Saint-Cyr ou Navale.
... Je ne veux pas de discrimination positive, mais une politique d'égalité des chances qui permette aux jeunes des banlieues comme à ceux issus de nos lycées de campagne d'avoir autant de chances de réussite au concours de ces grandes écoles que les jeunes du VIIe arrondissement."
Des contingents de tous les pays européens, c'est la grande nouveauté de ce 14 Juillet...
Hervé Morin. C'est une initiative formidable du président de la République et ce n'est pas qu'une image ! La France est revenue au centre de la construction européenne avec le sommet sur le traité européen.
Par cette initiative symbolique, c'est une invitation de la France aux autres pays européens de faire avancer l'Europe de la Défense. Nous devons collectivement nous occuper de notre défense et de notre sécurité. Nous ferons progresser l'idée de défense européenne par des actions concrètes comme, par exemple, l'engagement de la gendarmerie européenne au Kosovo ou l'opération à l'est du Tchad.
Au Salon du Bourget, Nicolas Sarkozy a annoncé une remise à plat de tous les programmes militaires. Quels programmes va-t-on abandonner ?
Il est trop tôt pour le dire. Nous nous donnons jusqu'à la fin de l'année pour faire ce travail d'évaluation et de réflexion. Ce qui est évident, c'est que - sauf croissance considérable -, nous aurons des difficultés à mener de front tous les programmes d'équipement et de livraison, puisque nous arrivons en période de livraisons où les chèques sont lourds.
La construction du second porte-avions peut-elle être remise en cause ?
Nous avons déjà investi 8 milliards d'euros pour le groupe aéronaval (le « Charles-de-Gaulle », ses avions et les frégates qui l'escortent). La cohérence, c'est qu'a priori nous en construisions un second pour assurer la permanence en mer de cette capacité. L'actuel président de la République l'a dit durant la campagne électorale. N'est-ce pas son prédécesseur Jacques Chirac qui disait : « Ma voix ne serait pas la même sur la scène internationale si je n'avais pas de porte-avions » ? Nous nous plaçons donc dans la perspective de le faire, dans le contexte d'élaboration du livre blanc. L'autre paramètre est la coopération avec les Britanniques, puisque c'est un programme que nous devrions mener avec eux.
Quelles sont vos autres priorités pour la Défense ?
Ma priorité absolue, c'est d'avoir des forces opérationnelles. C'est la mission première. Le deuxième sujet qui me tient à coeur, c'est d'améliorer la condition militaire avec un plan de réforme ambitieux qui nous impose de faire des économies ailleurs. Un rapport montre que les militaires ont une rémunération globale qui reste inférieure à celle des policiers. Je veux également initier une politique d'égalité des chances en permettant, par exemple, aux jeunes issus de familles de condition modeste d'accéder aux grandes écoles militaires comme Polytechnique, Saint-Cyr ou Navale. Ce projet ne s'adresse pas simplement aux minorités visibles, soyons bien clairs. Je ne veux pas de discrimination positive, mais une politique d'égalité des chances qui permette aux jeunes des banlieues comme à ceux issus de nos lycées de campagne d'avoir autant de chances de réussite au concours de ces grandes écoles que les jeunes du VIIe arrondissement. Le patron de l'armée de terre, le général Cuche, y est très attaché et y travaille déjà. Notre objectif est de présenter un plan en décembre pour une mise en oeuvre dès la rentrée scolaire de septembre 2008.
Vous partez ce samedi après-midi au Liban...
Là aussi, j'innove en allant passer le 14 Juillet avec des troupes en opérations extérieures. J'ai choisi le Liban en raison de la situation de tension à laquelle sont confrontées nos troupes, comme l'ensemble des Libanais. C'est un message de soutien à nos casques bleus qui servent au sein de la Finul et qui font un boulot formidable. C'est également un message de soutien au gouvernement de Fouad Siniora, qui se bat pour maintenir l'unité et la souveraineté du Liban.Source http://www.defense.gouv.fr, le 17 juillet 2007