Texte intégral
Catherine Kirpach : Une petite révolution se prépare en matière de formation professionnelle dans le cadre du texte de modernisation sociale, adopté hier soir par les députés. Un texte fourre-tout. On trouve le projet sur les acquis professionnels. Alors de quoi s'agit-il ? Jean-Luc Mélenchon, bonjour.
Jean-Luc Mélenchon : Bonjour.
Catherine Kirpach : Vous êtes ministre délégué à l'Enseignement professionnel. Avant de voir le fond de la question, une question justement plus politique : pourquoi une réforme d'une telle importance est-elle reléguée dans ce texte fourre-tout de modernisation sociale ? Est-ce que le gouvernement peine à accorder à l'enseignement professionnel sa juste place ?
Jean-Luc Mélenchon : Non, pas du tout. C'est que le calendrier législatif est ainsi fait qu'il faut arriver à faire passer un très grand nombre de mesures. Et on en prend beaucoup dans peu de temps. Alors, comme ça tient en trois articles, eh bien ma foi, il est dans cette loi, et c'est vrai que c'est un acte de modernisation sociale. Donc, non c'est bien, et puis c'est un beau texte, vous savez comme qui entre dans la légende de la gauche, nous on vit un peu avec nos grands mythes. Ca, c'est un texte de cette nature, c'est trois articles, 40, 41, 42 de la loi de modernisation sociale. Dorénavant, on va pouvoir, quand on rencontre le comité qui va recevoir la personne, vous avez une expérience professionnelle de trois ans, on a diminué de cinq à trois parce qu'il y avait un dispositif qui existait avant. Que ce soit pour un métier, ou même pour votre activité de type bénévole associative, on pourra vous donner non pas un bout du diplôme, mais tout le diplôme. C'est ça qui est formidable, parce que quand vous avez tout le diplôme, vous êtes libre, vous pouvez changer d'entreprise. Et surtout, moi, je pousse les gens à faire ça, quand on a le diplôme, il faut aller à la formation continue pour monter encore d'un cran, alors que sinon, il aurait fallu faire le parcours du combattant depuis le début jusqu'au bout de la préparation de ce diplôme. Alors c'est beau, parce que c'est la dignité des gens, leur savoir-faire, ce qu'ils ont appris sur le tas qui est reconnu avec un vrai diplôme. C'est moi qui vous le dis, ministre délégué de l'Education nationale. Un vrai diplôme, le même que celui des autres, il ne sera pas marqué en bas, " acquis par la validation de l'acquis de l'expérience ".
Pascal Boulanger : Et ce sont tous les métiers et tous les diplômes, même les plus élevés ?
Jean-Luc Mélenchon : Tout. Alors, bon, il y a des limites par rapport à certains, non, mais il y a certaines branches, par exemple
Catherine Kirpach : On n'aura pas de médecin par expérience professionnelle ?
Jean-Luc Mélenchon : Non.
Pascal Boulanger : Donnez-nous un peu les contours justement ?
Jean-Luc Mélenchon : Tous les diplômes professionnels, bon le CAP, le BEP, le BAC PRO et des diplômes qui sont post-BAC, comme le BTS, c'est-à-dire le Brevet de Technicien Supérieur. C'est d'ailleurs surtout de ce côté-là qu'est la demande, c'est-à-dire les gens qui ont une vie au travail, et puis tout d'un coup, ils s'aperçoivent qu'ils n'ont pas le diplôme. Des fois, il y a une menace de licenciement, ou bien il a envie de changer d'entreprise, parce qu'il en a marre. Mais la personne se présente, qu'est-ce que vous voulez qu'elle mette sur la table ? Elle dit : " écoutez, j'ai travaillé dix ans ". On lui dit, " ah bon ". Tandis que, " oui, voilà, j'ai ce diplôme, j'ai cette qualification, vous avez la garantie que je sais faire ".
Pascal Boulanger : Ca peut toucher quelle population, combien de personnes en France peuvent attendent la loi ?
Jean-Luc Mélenchon : Je vais vous dire, il y a 35% de la population active de ce pays qui fait son métier et qui le fait bien - parce qu'on est quand même un grand pays développé -, qui n'a pas de diplôme. Alors, on ne peut quand même pas dire qu'à 35%
Pascal Boulanger : 35% de la population active, ça fait combien de personnes, ça ?
Jean-Luc Mélenchon : Vous vous rendez compte. Vous avez 22 millions de gens au travail, ça fait quand même, ça déménage en effectifs.
Catherine Kirpach : Alors justement, on a une illustration, si je puis dire, puisque nous sommes en direct au téléphone avec Pierre Hourquebie, bonjour.
Pierre Hourquebie : Bonjour.
Catherine Kirpach : Vous allez sans doute pouvoir bénéficier de cette réforme, vous êtes indépendant, négociateur en immobilier, vous nous appelez de Vichy. Donc, vous allez, vous, déposer cette demande de validation donc des acquis ?
Pierre Hourquebie : Tout à fait. Mais Monsieur le Ministre, bonjour. Vous êtes un merveilleux avocat des dispositions, puisque je n'aurais su dire mieux du fait de la reconnaissance en tout débat. A 50 ans, on se pose des questions, et il est vrai que sans diplôme, quelquefois, on a un petit sentiment d'infériorité. Et ces dispositions-là permettent de mettre à niveau précisément et à pied d'égalité, je vous en remercie, avec les jeunes qui sont, en effet, bien fort diplômés.
Catherine Kirpach : Et alors quelles démarches devez-vous entreprendre ?
Pierre Hourquebie : Alors, il faut préparer un dossier très sérieusement. Et ça, j'insiste pour que tous les candidats qui veulent accéder à cette validation ne négligent pas la préparation de leur travail, dès lors que nous devons faire une synthèse de ce parcours et nous devons, bien sûr, avoir l'avis favorable d'un comité directeur qui va statuer sur le dossier présenté. Alors, il est vrai aujourd'hui, et le petit obstacle, Monsieur le Ministre le disait, il faut néanmoins garder au moins une matière qu'il faut présenter d'une manière protocolaire. Donc, moi, personnellement, j'ai eu la chance d'être validé dernièrement par le centre de Créteil. Et de fait, je me trouve aujourd'hui en attente de cet examen protocolaire pour une des matières du diplôme qui est celui du Brevet professionnel de l'immobilier, et que je dois attendre juin pour le présenter.
Catherine Kirpach : Merci Pierre Hourquebie.
Pascal Boulanger : Merci Pierre Hourquebie. Alors Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon : Il y a plusieurs enseignements. Ce que décrivait monsieur, c'est l'ancien dispositif, où on ne donnait pas tout le diplôme, on en donnait un bout. Mais il est vrai que parfois, pour le sérieux et la garantie du diplôme, on va demander à quelqu'un et lui dire : Ah, sur ce point-là, on voudrait un peu examiner. Mais la possibilité existe aujourd'hui, y compris dans le diplôme que prépare ce monsieur, qu'on le lui donne entièrement. Et donc, le jury a estimé que sur un point, il voulait être éclairé et avoir une garantie.
Catherine Kirpach : Mais on doit passer un examen, ou est-ce que c'est systématique ?
Jean-Luc Mélenchon : Non, non. Nous, nous savons faire à l'Education nationale, parce qu'on a commencé à bien roder tout ça, là, pendant plusieurs années. On remplit un dossier et dans un entretien, donc on a des enseignants, des gens qui viennent de notre profession qui, si vous voulez, c'est une révolution pour eux, d'habitude, on enseigne et on vérifie. Là, il s'agit d'extraire du récit de vie. C'est un moment très émouvant. Moi, j'ai parlé avec des gens qui font ça. Quelqu'un raconte sa vie, et on en extrait les savoirs qui sont dedans et qui sont contenus. Alors on remplit un dossier. On va d'ailleurs essayer d'améliorer notre dossier, parce qu'il est un peu trop sophistiqué, m'ont dit les gens qui travaillent sur le terrain. Je veux un peu le simplifier, parce que s'il faut déjà sortir d'une école pour remplir le dossier, on n'aura guère avancé. Mais voilà comment ça se passe. Alors vous avez entendu ce qu'a dit ce monsieur. Permettez-moi de lancer un message. Les jeunes, vous avez entendu ce qu'a dit ce monsieur !
Pascal Boulanger : C'est un des effets pervers, peut-être, de cette loi, il y a un risque d'hémorragie chez les jeunes ?
Jean-Luc Mélenchon : Bien sûr. Il y en a qui pourraient se dire, " ah, je n'ai plus besoin d'aller à l'école. Je n'ai qu'à aller faire le métier, et puis je verrai " Non, mais jeunes gens, écoutez ce qu'a dit ce monsieur : Pendant des années, il a été bloqué, sans doute dans sa carrière, dans son salaire. Il a eu du mal à se déplacer, il a ressenti de manière injuste, un sentiment d'infériorité, alors que c'est un bon professionnel. La preuve, on va lui donner son diplôme. Donc, les jeunes, pendant que vous êtes jeunes, allez au bout de votre diplôme. Ne quittez pas l'école avant, ce serait stupide, parce que vous vous exposez à avoir des difficultés dans la vie.
Catherine Kirpach : Justement, une dernière question. L'Enseignement professionnel a longtemps été le parent pauvre de l'Education nationale, c'était la branche des mauvais. Est-ce que ça change ?
Jean-Luc Mélenchon : Déjà, la perception qu'en a le gouvernement change. Moi, j'ai le plus beau budget qu'il y a depuis 15 ans
Catherine Kirpach : Oui, mais les jeunes et les parents d'élèves ?
Jean-Luc Mélenchon : Mais ça, ça prend un peu de temps. Mais vous savez, je vais vous dire une chose, allez voir un lycée, et vous êtes convaincu. Mais il n'y a pas que les jeunes de l'enseignement professionnel. C'est la moitié de la classe d'âge qui se trouve en enseignement professionnel, il y a peu de gens qui savent ça. Mais vous savez dans ce pays, c'est drôle, on ne parle jamais des gens qui travaillent, qui font leur métier, 6 millions d'ouvriers, 7 millions d'employés, 3 millions de cadres intermédiaires. Tout ce qu'il y a autour de nous, là, tout ce qui nous paraît évident, ce sont des gens qui font leur métier. Alors, ceux-là aussi, souvent on les oublie. Alors, ne vous étonnez pas après, qu'on oublie les jeunes qui apprennent ces beaux métiers.
Catherine Kirpach : On en a parlé donc ce matin.
Pascal Boulanger : Merci, Jean-Luc. Et le message important donc. Restez à l'école, même si le dispositif est mis en place aujourd'hui. Fin.
Émission animée par Catherine Kirpach
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 17 janvier 2001)
Jean-Luc Mélenchon : Bonjour.
Catherine Kirpach : Vous êtes ministre délégué à l'Enseignement professionnel. Avant de voir le fond de la question, une question justement plus politique : pourquoi une réforme d'une telle importance est-elle reléguée dans ce texte fourre-tout de modernisation sociale ? Est-ce que le gouvernement peine à accorder à l'enseignement professionnel sa juste place ?
Jean-Luc Mélenchon : Non, pas du tout. C'est que le calendrier législatif est ainsi fait qu'il faut arriver à faire passer un très grand nombre de mesures. Et on en prend beaucoup dans peu de temps. Alors, comme ça tient en trois articles, eh bien ma foi, il est dans cette loi, et c'est vrai que c'est un acte de modernisation sociale. Donc, non c'est bien, et puis c'est un beau texte, vous savez comme qui entre dans la légende de la gauche, nous on vit un peu avec nos grands mythes. Ca, c'est un texte de cette nature, c'est trois articles, 40, 41, 42 de la loi de modernisation sociale. Dorénavant, on va pouvoir, quand on rencontre le comité qui va recevoir la personne, vous avez une expérience professionnelle de trois ans, on a diminué de cinq à trois parce qu'il y avait un dispositif qui existait avant. Que ce soit pour un métier, ou même pour votre activité de type bénévole associative, on pourra vous donner non pas un bout du diplôme, mais tout le diplôme. C'est ça qui est formidable, parce que quand vous avez tout le diplôme, vous êtes libre, vous pouvez changer d'entreprise. Et surtout, moi, je pousse les gens à faire ça, quand on a le diplôme, il faut aller à la formation continue pour monter encore d'un cran, alors que sinon, il aurait fallu faire le parcours du combattant depuis le début jusqu'au bout de la préparation de ce diplôme. Alors c'est beau, parce que c'est la dignité des gens, leur savoir-faire, ce qu'ils ont appris sur le tas qui est reconnu avec un vrai diplôme. C'est moi qui vous le dis, ministre délégué de l'Education nationale. Un vrai diplôme, le même que celui des autres, il ne sera pas marqué en bas, " acquis par la validation de l'acquis de l'expérience ".
Pascal Boulanger : Et ce sont tous les métiers et tous les diplômes, même les plus élevés ?
Jean-Luc Mélenchon : Tout. Alors, bon, il y a des limites par rapport à certains, non, mais il y a certaines branches, par exemple
Catherine Kirpach : On n'aura pas de médecin par expérience professionnelle ?
Jean-Luc Mélenchon : Non.
Pascal Boulanger : Donnez-nous un peu les contours justement ?
Jean-Luc Mélenchon : Tous les diplômes professionnels, bon le CAP, le BEP, le BAC PRO et des diplômes qui sont post-BAC, comme le BTS, c'est-à-dire le Brevet de Technicien Supérieur. C'est d'ailleurs surtout de ce côté-là qu'est la demande, c'est-à-dire les gens qui ont une vie au travail, et puis tout d'un coup, ils s'aperçoivent qu'ils n'ont pas le diplôme. Des fois, il y a une menace de licenciement, ou bien il a envie de changer d'entreprise, parce qu'il en a marre. Mais la personne se présente, qu'est-ce que vous voulez qu'elle mette sur la table ? Elle dit : " écoutez, j'ai travaillé dix ans ". On lui dit, " ah bon ". Tandis que, " oui, voilà, j'ai ce diplôme, j'ai cette qualification, vous avez la garantie que je sais faire ".
Pascal Boulanger : Ca peut toucher quelle population, combien de personnes en France peuvent attendent la loi ?
Jean-Luc Mélenchon : Je vais vous dire, il y a 35% de la population active de ce pays qui fait son métier et qui le fait bien - parce qu'on est quand même un grand pays développé -, qui n'a pas de diplôme. Alors, on ne peut quand même pas dire qu'à 35%
Pascal Boulanger : 35% de la population active, ça fait combien de personnes, ça ?
Jean-Luc Mélenchon : Vous vous rendez compte. Vous avez 22 millions de gens au travail, ça fait quand même, ça déménage en effectifs.
Catherine Kirpach : Alors justement, on a une illustration, si je puis dire, puisque nous sommes en direct au téléphone avec Pierre Hourquebie, bonjour.
Pierre Hourquebie : Bonjour.
Catherine Kirpach : Vous allez sans doute pouvoir bénéficier de cette réforme, vous êtes indépendant, négociateur en immobilier, vous nous appelez de Vichy. Donc, vous allez, vous, déposer cette demande de validation donc des acquis ?
Pierre Hourquebie : Tout à fait. Mais Monsieur le Ministre, bonjour. Vous êtes un merveilleux avocat des dispositions, puisque je n'aurais su dire mieux du fait de la reconnaissance en tout débat. A 50 ans, on se pose des questions, et il est vrai que sans diplôme, quelquefois, on a un petit sentiment d'infériorité. Et ces dispositions-là permettent de mettre à niveau précisément et à pied d'égalité, je vous en remercie, avec les jeunes qui sont, en effet, bien fort diplômés.
Catherine Kirpach : Et alors quelles démarches devez-vous entreprendre ?
Pierre Hourquebie : Alors, il faut préparer un dossier très sérieusement. Et ça, j'insiste pour que tous les candidats qui veulent accéder à cette validation ne négligent pas la préparation de leur travail, dès lors que nous devons faire une synthèse de ce parcours et nous devons, bien sûr, avoir l'avis favorable d'un comité directeur qui va statuer sur le dossier présenté. Alors, il est vrai aujourd'hui, et le petit obstacle, Monsieur le Ministre le disait, il faut néanmoins garder au moins une matière qu'il faut présenter d'une manière protocolaire. Donc, moi, personnellement, j'ai eu la chance d'être validé dernièrement par le centre de Créteil. Et de fait, je me trouve aujourd'hui en attente de cet examen protocolaire pour une des matières du diplôme qui est celui du Brevet professionnel de l'immobilier, et que je dois attendre juin pour le présenter.
Catherine Kirpach : Merci Pierre Hourquebie.
Pascal Boulanger : Merci Pierre Hourquebie. Alors Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon : Il y a plusieurs enseignements. Ce que décrivait monsieur, c'est l'ancien dispositif, où on ne donnait pas tout le diplôme, on en donnait un bout. Mais il est vrai que parfois, pour le sérieux et la garantie du diplôme, on va demander à quelqu'un et lui dire : Ah, sur ce point-là, on voudrait un peu examiner. Mais la possibilité existe aujourd'hui, y compris dans le diplôme que prépare ce monsieur, qu'on le lui donne entièrement. Et donc, le jury a estimé que sur un point, il voulait être éclairé et avoir une garantie.
Catherine Kirpach : Mais on doit passer un examen, ou est-ce que c'est systématique ?
Jean-Luc Mélenchon : Non, non. Nous, nous savons faire à l'Education nationale, parce qu'on a commencé à bien roder tout ça, là, pendant plusieurs années. On remplit un dossier et dans un entretien, donc on a des enseignants, des gens qui viennent de notre profession qui, si vous voulez, c'est une révolution pour eux, d'habitude, on enseigne et on vérifie. Là, il s'agit d'extraire du récit de vie. C'est un moment très émouvant. Moi, j'ai parlé avec des gens qui font ça. Quelqu'un raconte sa vie, et on en extrait les savoirs qui sont dedans et qui sont contenus. Alors on remplit un dossier. On va d'ailleurs essayer d'améliorer notre dossier, parce qu'il est un peu trop sophistiqué, m'ont dit les gens qui travaillent sur le terrain. Je veux un peu le simplifier, parce que s'il faut déjà sortir d'une école pour remplir le dossier, on n'aura guère avancé. Mais voilà comment ça se passe. Alors vous avez entendu ce qu'a dit ce monsieur. Permettez-moi de lancer un message. Les jeunes, vous avez entendu ce qu'a dit ce monsieur !
Pascal Boulanger : C'est un des effets pervers, peut-être, de cette loi, il y a un risque d'hémorragie chez les jeunes ?
Jean-Luc Mélenchon : Bien sûr. Il y en a qui pourraient se dire, " ah, je n'ai plus besoin d'aller à l'école. Je n'ai qu'à aller faire le métier, et puis je verrai " Non, mais jeunes gens, écoutez ce qu'a dit ce monsieur : Pendant des années, il a été bloqué, sans doute dans sa carrière, dans son salaire. Il a eu du mal à se déplacer, il a ressenti de manière injuste, un sentiment d'infériorité, alors que c'est un bon professionnel. La preuve, on va lui donner son diplôme. Donc, les jeunes, pendant que vous êtes jeunes, allez au bout de votre diplôme. Ne quittez pas l'école avant, ce serait stupide, parce que vous vous exposez à avoir des difficultés dans la vie.
Catherine Kirpach : Justement, une dernière question. L'Enseignement professionnel a longtemps été le parent pauvre de l'Education nationale, c'était la branche des mauvais. Est-ce que ça change ?
Jean-Luc Mélenchon : Déjà, la perception qu'en a le gouvernement change. Moi, j'ai le plus beau budget qu'il y a depuis 15 ans
Catherine Kirpach : Oui, mais les jeunes et les parents d'élèves ?
Jean-Luc Mélenchon : Mais ça, ça prend un peu de temps. Mais vous savez, je vais vous dire une chose, allez voir un lycée, et vous êtes convaincu. Mais il n'y a pas que les jeunes de l'enseignement professionnel. C'est la moitié de la classe d'âge qui se trouve en enseignement professionnel, il y a peu de gens qui savent ça. Mais vous savez dans ce pays, c'est drôle, on ne parle jamais des gens qui travaillent, qui font leur métier, 6 millions d'ouvriers, 7 millions d'employés, 3 millions de cadres intermédiaires. Tout ce qu'il y a autour de nous, là, tout ce qui nous paraît évident, ce sont des gens qui font leur métier. Alors, ceux-là aussi, souvent on les oublie. Alors, ne vous étonnez pas après, qu'on oublie les jeunes qui apprennent ces beaux métiers.
Catherine Kirpach : On en a parlé donc ce matin.
Pascal Boulanger : Merci, Jean-Luc. Et le message important donc. Restez à l'école, même si le dispositif est mis en place aujourd'hui. Fin.
Émission animée par Catherine Kirpach
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 17 janvier 2001)