Déclaration de Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, sur la politique culturelle et notamment les collections publiques de peinture, le mécénat et le patrimoine du Trésor national de l'Etat, Paris le 18 juillet 2007.

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Circonstance : Présentation de la Fuite en Egypte de Nicolas Poussin au musée du Louvre le 18 juillet 2007

Texte intégral



Monsieur le Maire adjoint de Lyon, chargé de la culture et du patrimoine, cher Patrice Beghain,
Monsieur le Président-Directeur général de Gaz de France, cher Jean-François Cirelli,
Monsieur le Président-Directeur général de Siparex Associés,
Monsieur le Président-Directeur général du musée du Louvre, cher Henri Loyrette,
Madame la Directrice du musée des Beaux-Arts de Lyon, chère Sylvie Ramond,
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
C'est un très grand plaisir pour moi, et une véritable fierté, de voir aujourd'hui entrer La Fuite en Egypte, de Nicolas Poussin, dans les collections publiques françaises.
Un très grand plaisir, et une vive émotion, parce que cette oeuvre insigne, de la dernière période de l'artiste, admirable tant par la vigueur de sa facture que par l'originalité de sa mise en scène, fut considérée pendant très longtemps comme disparue. Acquise aujourd'hui pour le musée du Louvre, elle s'apprête à rejoindre les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon. Rares sont les musées français qui possèdent une oeuvre de Poussin, plus rares encore ceux qui en possèdent de sa dernière période. Je me réjouis que ce tableau contribue ainsi au rayonnement d'une institution qui abrite l'une des collections les plus importantes d'Europe pour la peinture française du XVIIe siècle. Il y retrouvera, en quelque sorte, ses racines, puisque c'est à Lyon que vivait Jacques Sérisier, contemporain de Poussin, premier collectionneur et, très probablement, commanditaire de cette oeuvre. Je souhaite bien évidemment remercier, au nom de l'Etat français, le propriétaire de ce tableau, qui a consenti à le vendre à un prix négocié, à savoir 17 millions d'euros.
Cette oeuvre, perdue, puis retrouvée, a eu une destinée hors du commun. Elle se poursuit aujourd'hui, puisque cette acquisition a fait l'objet d'une mobilisation inédite, et exemplaire, de toutes les volontés et de toutes les énergies, privées et publiques. Je tiens à le souligner.
L'Etat, en classant ce tableau Trésor national en 2004, avait manifesté sa volonté très forte de le garder sur le territoire français. Le musée du Louvre, affirmant ainsi sa vocation de musée national, au service de l'ensemble du territoire, s'est mobilisé aux côtés du musée des Beaux-Arts de Lyon pour réunir les fonds nécessaires à l'achat de ce véritable chef d'oeuvre de notre patrimoine artistique national. Avec le soutien de la Direction des Musées de France et de la Ville de Lyon.
Le musée du Louvre, qui a par ailleurs dégagé des crédits propres, a été puissamment aidé par des mécénats. Je voudrais en particulier remercier mon ami Jean-François Cirelli, qui s'est une nouvelle fois généreusement engagé à nos côtés. Mais aussi les sociétés Axa, Total, Webhelp et le groupe Mazars. Le musée des Beaux-Arts de Lyon a fédéré, avec l'aide de la Fondation Léa et Napoléon Bullukian, un collège d'entreprises de la région, la Caisse d'Epargne Rhône Alpes, le Crédit Agricole Centre-Est, Seb, BioMérieux, Toupargel, CIC Lyonnaise de Banque, GL Events, Siparex Associés, GFC Construction, JC Decaux, et le Cabinet d'expertise comptable Bonnet. Je tiens à remercier chacun d'entre eux.
Je note avec beaucoup de plaisir que de nouvelles entreprises se lancent aujourd'hui dans l'aventure du mécénat, dans le sillon des grands groupes partenaires de longue date des arts et de la culture de notre pays. Bien sûr, la Fondation Gaz de France fait à cet égard figure de pionnière. Je suis très heureuse que cette acquisition ait suscité un tel élan, un tel enthousiasme, une telle mobilisation, en particulier dans la région lyonnaise. La Ville de Lyon et la Région Rhône Alpes ont également contribué, aux côtés de l'Etat et des mécènes, à ce très beau résultat. Je salue le Maire adjoint de Lyon chargé de la culture et du patrimoine, Patrice Beghain, et je lui redis ma satisfaction de voir se mettre en place un tel partenariat, original, et exemplaire, entre l'Etat et les collectivités territoriales, autour d'une pièce majeure de notre patrimoine.
C'est une opération exceptionnelle, en effet, parce qu'elle éclaire, à mon sens, l'attachement profond de toute la société française à notre patrimoine. Parce qu'elle montre également que le mécénat est vraiment un levier solide, qui ne se substitue, ni ne s'oppose en rien aux efforts conjugués des pouvoirs publics, mais qui les renforce au contraire, en un cercle vertueux.
Les lois de 2003 sur le mécénat ont ouvert en cela de très belles perspectives, en incitant les entreprises à soutenir l'acquisition par l'Etat de trésors nationaux et de biens culturels majeurs. Ces lois, aujourd'hui mieux connues, ont déjà permis l'enrichissement de nos collections publiques, non seulement au profit des grands musées nationaux, mais aussi, désormais, de tous nos grands musées en région.
Nous avons exploré, tous ensemble, aujourd'hui une nouvelle forme de partenariat. Nous devons tous êtes vraiment heureux de ce rassemblement de passion.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 19 juillet 2007