Texte intégral
QUESTION : Quel effet aura la crise financière sur l'économie française ?
François Fillon : C'est une crise qui part des Etats-Unis mais qui a un impact mondial, compte tenu des interactions du système financier. Jusqu'à présent, elle a été plutôt bien gérée par les autorités de régulation, en premier lieu la Federal Reserve américaine et la Banque centrale européenne, et il semble qu'elles soient parvenues à enrayer les baisses. Mais il peut y avoir d'autres turbulences.
Il ne faut pas que cette crise provoque un doute sur nos capacités de croissance. Concrètement, deux menaces doivent être écartées. D'abord sur le financement des PME. Je réunirai avec la ministre de l'Economie, la semaine prochaine, les responsables des banques pour veiller à ce que les petites entreprises ne soient pas pénalisées par les risques inconsidérés pris par le système financier.
Les banques ne doivent prendre aucune mesure de durcissement du crédit.
Ensuite, deuxième menace, celle des écarts monétaires. J'attends à ce sujet les futures décisions de la BCE, en soulignant combien l'inflation est à un niveau particulièrement bas en Europe.
QUESTION : Le président de la République a demandé une discussion au G7 sur la transparence financière. Qu'est-ce que cela veut dire ?
François Fillon : Cette crise a montré qu'il y avait besoin de plus de transparence sur les risques encourus par les investisseurs et sur l'exposition des institutions financières à ces risques. C'est pourquoi Nicolas Sarkozy a écrit à ce sujet à Angela Merkel, qui préside le G7. Il faut la transparence dans l'information sur les risques pris par les différents acteurs.
Dans cette crise, des risques sont pris par des institutions américaines et sont assumés par des banques françaises ou européennes sans qu'à aucun moment leurs actionnaires comme leurs partenaires ne soient informés précisément de leur teneur.
Concrètement, il faut que les agences de notation soient soumises à des règles plus strictes. Et, plus globalement, que le système financier soit soumis à des obligations de transparence plus sévères. Sans transparence, pas de confiance, et donc pas d'efficacité.
(...)
QUESTION : Vous estimez être sur la même longueur d'onde que la chancelière Angela Merkel face aux tensions de ces dernières semaines sur les marchés, mais elle s'est néanmoins opposée à la demande du président Sarkozy d'un sommet extraordinaire des pays du G7 ?
François Fillon : C'est une différence d'appréciation sur la méthode. Mme Merkel a elle-même évoqué la question de la transparence des marchés financiers à l'occasion de la dernière réunion du G7. Les contacts que nous avons pu avoir avec le gouvernement allemand montrent qu'on a une parfaite identité de vue sur l'objectif, comme avec d'autres dirigeants européens.
J'ai profité de mes vacances pour évoquer cette question avec Romano Prodi. La chancelière estime qu'il n'est pas nécessaire de réunir le G7, ce que Nicolas Sarkozy n'a d'ailleurs pas demandé lui-même.
L'important, pour nous, c'est qu'on engage le travail. Personne n'a émis de doute sur le bien-fondé des réformes proposées par Nicolas Sarkozy.
QUESTION : Sauf les Anglo-Saxons. Or, c'est chez eux qu'il y a les problèmes. Comment exiger qu'ils prennent des mesures ?
François Fillon : C'est aux Etats-Unis que la situation est la plus difficile. Il faudra s'employer à les convaincre.
QUESTION : Le refus de convoquer le G7 s'ajoute aux tensions sur EADS, aux critiques de la politique budgétaire française, aux déclarations françaises sur la BCE. Cela fait beaucoup de divergences avec Berlin ?
François Fillon : Avant, on évacuait les sujets qui fâchent, aujourd'hui, on en discute. Cela rend les choses plus explicites, mais cela permet de trouver des solutions.
On a trouvé pour EADS des solutions qu'on n'avait pas pu trouver auparavant. Les discussions sont animées mais elles débouchent sur des accords, des avancées, même si ces avancées sont le fruit de compromis.
QUESTION : Est-ce que ces incertitudes financières ne vont pas renforcer les inquiétudes des Européens sur votre capacité à tenir l'engagement de la France de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2010 ?
François Fillon : On a pris l'engagement de tout entreprendre pour tenir l'équilibre à l'horizon fixé et on fera tout pour y arriver.
QUESTION : Est-ce qu'on pourra sérieusement commencer la discussion sur la gouvernance économique tant qu'on n'aura pas résolu ce problème ?
François Fillon : On doit pouvoir conduire les deux en même temps. Certains aspects de la situation des finances publiques françaises, qui sont les principaux, sont de notre responsabilité. Ils tiennent à notre incapacité à engager les réformes structurelles dont nous avons besoin. Mais d'autres tiennent à une croissance européenne insuffisante.
Nous avons le devoir de faire notre partie du travail sur la santé, les régimes de retraite, l'efficacité des politiques publiques, sur les effectifs de la fonction publique. C'est notre responsabilité. Nous l'assumons. Simplement, nous sommes à un moment où il faut tout faire en même temps, parce qu'il y a eu beaucoup de retard de pris.
L'Allemagne a eu la chance de disposer d'un consensus politique et social plus grand. Nous ne l'avons pas et c'est une vraie difficulté. Elle nous oblige à avancer de façon plus heurtée, avec des résistances plus fortes.
J'attends beaucoup des négociations sociales qui sont engagées. Le fait que les partenaires sociaux soient vraiment engagés dans la négociation sur la modernisation du marché du travail et la sécurisation des parcours professionnels est déjà très encourageant.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 août 2007
François Fillon : C'est une crise qui part des Etats-Unis mais qui a un impact mondial, compte tenu des interactions du système financier. Jusqu'à présent, elle a été plutôt bien gérée par les autorités de régulation, en premier lieu la Federal Reserve américaine et la Banque centrale européenne, et il semble qu'elles soient parvenues à enrayer les baisses. Mais il peut y avoir d'autres turbulences.
Il ne faut pas que cette crise provoque un doute sur nos capacités de croissance. Concrètement, deux menaces doivent être écartées. D'abord sur le financement des PME. Je réunirai avec la ministre de l'Economie, la semaine prochaine, les responsables des banques pour veiller à ce que les petites entreprises ne soient pas pénalisées par les risques inconsidérés pris par le système financier.
Les banques ne doivent prendre aucune mesure de durcissement du crédit.
Ensuite, deuxième menace, celle des écarts monétaires. J'attends à ce sujet les futures décisions de la BCE, en soulignant combien l'inflation est à un niveau particulièrement bas en Europe.
QUESTION : Le président de la République a demandé une discussion au G7 sur la transparence financière. Qu'est-ce que cela veut dire ?
François Fillon : Cette crise a montré qu'il y avait besoin de plus de transparence sur les risques encourus par les investisseurs et sur l'exposition des institutions financières à ces risques. C'est pourquoi Nicolas Sarkozy a écrit à ce sujet à Angela Merkel, qui préside le G7. Il faut la transparence dans l'information sur les risques pris par les différents acteurs.
Dans cette crise, des risques sont pris par des institutions américaines et sont assumés par des banques françaises ou européennes sans qu'à aucun moment leurs actionnaires comme leurs partenaires ne soient informés précisément de leur teneur.
Concrètement, il faut que les agences de notation soient soumises à des règles plus strictes. Et, plus globalement, que le système financier soit soumis à des obligations de transparence plus sévères. Sans transparence, pas de confiance, et donc pas d'efficacité.
(...)
QUESTION : Vous estimez être sur la même longueur d'onde que la chancelière Angela Merkel face aux tensions de ces dernières semaines sur les marchés, mais elle s'est néanmoins opposée à la demande du président Sarkozy d'un sommet extraordinaire des pays du G7 ?
François Fillon : C'est une différence d'appréciation sur la méthode. Mme Merkel a elle-même évoqué la question de la transparence des marchés financiers à l'occasion de la dernière réunion du G7. Les contacts que nous avons pu avoir avec le gouvernement allemand montrent qu'on a une parfaite identité de vue sur l'objectif, comme avec d'autres dirigeants européens.
J'ai profité de mes vacances pour évoquer cette question avec Romano Prodi. La chancelière estime qu'il n'est pas nécessaire de réunir le G7, ce que Nicolas Sarkozy n'a d'ailleurs pas demandé lui-même.
L'important, pour nous, c'est qu'on engage le travail. Personne n'a émis de doute sur le bien-fondé des réformes proposées par Nicolas Sarkozy.
QUESTION : Sauf les Anglo-Saxons. Or, c'est chez eux qu'il y a les problèmes. Comment exiger qu'ils prennent des mesures ?
François Fillon : C'est aux Etats-Unis que la situation est la plus difficile. Il faudra s'employer à les convaincre.
QUESTION : Le refus de convoquer le G7 s'ajoute aux tensions sur EADS, aux critiques de la politique budgétaire française, aux déclarations françaises sur la BCE. Cela fait beaucoup de divergences avec Berlin ?
François Fillon : Avant, on évacuait les sujets qui fâchent, aujourd'hui, on en discute. Cela rend les choses plus explicites, mais cela permet de trouver des solutions.
On a trouvé pour EADS des solutions qu'on n'avait pas pu trouver auparavant. Les discussions sont animées mais elles débouchent sur des accords, des avancées, même si ces avancées sont le fruit de compromis.
QUESTION : Est-ce que ces incertitudes financières ne vont pas renforcer les inquiétudes des Européens sur votre capacité à tenir l'engagement de la France de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2010 ?
François Fillon : On a pris l'engagement de tout entreprendre pour tenir l'équilibre à l'horizon fixé et on fera tout pour y arriver.
QUESTION : Est-ce qu'on pourra sérieusement commencer la discussion sur la gouvernance économique tant qu'on n'aura pas résolu ce problème ?
François Fillon : On doit pouvoir conduire les deux en même temps. Certains aspects de la situation des finances publiques françaises, qui sont les principaux, sont de notre responsabilité. Ils tiennent à notre incapacité à engager les réformes structurelles dont nous avons besoin. Mais d'autres tiennent à une croissance européenne insuffisante.
Nous avons le devoir de faire notre partie du travail sur la santé, les régimes de retraite, l'efficacité des politiques publiques, sur les effectifs de la fonction publique. C'est notre responsabilité. Nous l'assumons. Simplement, nous sommes à un moment où il faut tout faire en même temps, parce qu'il y a eu beaucoup de retard de pris.
L'Allemagne a eu la chance de disposer d'un consensus politique et social plus grand. Nous ne l'avons pas et c'est une vraie difficulté. Elle nous oblige à avancer de façon plus heurtée, avec des résistances plus fortes.
J'attends beaucoup des négociations sociales qui sont engagées. Le fait que les partenaires sociaux soient vraiment engagés dans la négociation sur la modernisation du marché du travail et la sécurisation des parcours professionnels est déjà très encourageant.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 août 2007