Texte intégral
Bonjour F. Fillon.
Bonjour.
Q- Votre formule devant des agriculteurs encore ce vendredi a crée un véritable choc. « Je suis, avez-vous dit, à la tête d'un Etat en situation de faillite au plan financier ». Regrettez-vous, F. Fillon, l'emploi du mot « faillite » ?
R- J.-M. Aphatie, pourquoi est-ce que j'ai pris cette image - car j'ai pris soin de préciser qu'il s'agissait d'une image - cette image forte c'est pour me faire comprendre...
Q- Ça, vous avez été compris.
R- Je parcours la France...
Q- Vous avez été compris...
R- J'étais encore ce vendredi...
Q- Bravo !
R- Depuis 2 heures, j'assistais aux discours d'agriculteurs qui me demandaient plus d'argent de l'Etat, plus de soutien de l'Etat pour l'agriculture de la Corse. Ce que j'ai voulu dire c'est qu'il fallait qu'on change d'état d'esprit, ce que j'ai voulu dire c'est que l'Etat ne pouvait plus répondre à toutes ces demandes, et que les Français devaient se rendre compte que la dette de l'Etat en réalité, c'est eux qui la paient, c'est la dette des Français. Ça fait 33 ans, J.-M. Aphatie, que la France - j'avais d'ailleurs dit 25 ans en Corse, je m'étais trompé - que la France n'a pas voté un budget en équilibre, depuis 1974.
Q- Je croyais que c'était 81.
R- 1974. On a aujourd'hui.
Q- Le premier déséquilibre de la période, c'est 1974 d'après vous ?
R- Le dernier budget de l'Etat à l'équilibre est de 1974...
Q- D'accord.
R- On a 1.150 milliards de déficit à la fin de 2006. C'est une situation qui n'est plus supportable, et ce que j'ai au fond voulu dire à ces agriculteurs qui m'ont parfaitement compris...
Q- Mais vous n'avez pas parlé qu'aux agriculteurs...
R- Ce que j'ai voulu dire, c'est que l'Etat emprunte pour financer ses dépenses de fonctionnement...
Q- Et ça, ce n'est pas possible.
R- Et je pense que n'importe quel chef d'entreprise, n'importe quel chef de famille, n'importe quel chef d'exploitation agricole comprend qu'on ne peut pas continuer à emprunter pour financer des dépenses de fonctionnement.
Q- Vous conviendrez, F. Fillon - est-ce que ça a été votre but ? - qu'en disant cela à des agriculteurs corses, vous avez parlé à l'ensemble des Français et d'un coup dramatisez considérablement le débat sur cette question ? Vous en convenez, F. Fillon ?
R- Je crois que ce qui compte, ce ne sont pas les mots, ce sont les réalités...
Q- Oh non ! Ce sont les mots, ça compte les mots.
R- Ce sont les réalités, et la réalité c'est que notre pays doit changer radicalement d'état d'esprit s'agissant de son regard sur les finances
publiques.
Q- C'est un tournant, F. Fillon, dans le quinquennat ?
R- C'est un tournant... c'est en fait la mise en oeuvre de la rupture à laquelle le président de la République nous a appelés. Au fond, ce que N. Sarkozy nous a proposé, y compris sur cette question de la gestion des finances publiques, c'est un véritable changement culturel. On a trop longtemps caché la vérité aux Français. Je l'ai dit avec mes mots, je suis comme je suis et je m'exprime librement. Et je crois que c'est d'ailleurs une des choses importantes, que chacun s'exprime avec liberté, mais au fond ce que je dis, c'est que les engagements du président de la République - le retour à l'équilibre des finances publiques à la fin du quinquennat - c'est un changement culturel, c'est une rupture que nous allons conduire.
Q- Quand vous dites « Je m'exprime librement », on entend « Je m'exprime sur ce dossier-là, à ce moment particulier, différemment de N. Sarkozy ».
R- Non, je ne le crois pas. Le président de la République, jeudi soir, outre les extraits que vous venez de nous faire entendre, a clairement dit que nous devions remettre les comptes publics à l'équilibre. Et...
Q- Il n'a pas employé le ton qui était le vôtre.
R- Chacun a sa méthode et ses mots, mais au fond c'est la même chose. Nous nous sommes engagés dans un effort de réduction des dépenses publiques, nous avons engagé une revue générale des politiques publiques, c'est-à-dire que nous prenons chaque politique publique une à une, et nous regardons celles qui sont utiles, celles qui ne le sont pas, celles qui sont efficaces, celles qui ne le sont pas. Et nous allons supprimer des politiques publiques qui ne sont pas efficaces. Nous avons décidé pour la première fois de plafonner les dépenses des ministères et les concours aux collectivités locales, ce qui n'avait jamais été fait, au niveau de l'inflation. Nous avons décidé de multiplier par deux le non remplacement des fonctionnaires qui partent à la retraite par rapport à ce qui était fait les années précédentes. Mais en même temps, J.-M. Aphatie, nous menons une politique de croissance, nous menons une politique de croissance en encourageant le travail, c'est le projet de loi sur les heures supplémentaires qui va rentrer en application au 1er octobre prochain, et qui va permettre de produire de la richesse supplémentaire. Nous menons une politique de croissance en ramenant la fiscalité française à la moyenne des fiscalités européennes. Nous menons une politique de croissance en investissant dans la recherche, dans l'université et dans l'innovation.
Q- Vous vous êtes parlés ce week-end avec N. Sarkozy, vous vous êtes expliqués sur l'emploi de ce mot « faillite » avec lui, F. Fillon ?
R- Je parle avec le président de la République tous les jours, mais ces conversations restent entre nous.
Q- On lit dans la presse qu'à l'Elysée, on n'a pas compris l'utilisation de ce mot. N. Sarkozy l'a-t-il compris ?
R- Ce n'est pas à moi de faire parler le président de la République. Le mot « faillite » dans le dictionnaire, il a deux sens, Monsieur Aphatie. Il a un sens financier naturellement, il a un autre sens qui est l'échec d'un système. Eh bien, nous sommes devant l'échec d'un système.
Q- Vous en faites le constat ce matin sur RTL, F. Fillon...
R- J'en fais le constat...
Q- Nous sommes devant l'échec...
R- J'en fais le constat depuis 2 ans, J.-M. Aphatie...
Q- Précisément...
R- Et j'ai même écrit un livre sur cette question que j'ai intitulé « La France peut supporter la vérité » et je le crois profondément.
Q- Quand on entend un Premier ministre parler d'échec du système, on ne comprend pas, c'est l'un des thèmes évidents du débat de ces derniers jours que vous ayez pu - alors que les marges de manoeuvres financières sont faibles - faire un projet de loi qui ampute l'Etat de 15 milliards de recettes ?
R- Ben ça ! C'est une vraie erreur d'analyse de la part de ceux qui font cette remarque...
Q- D. de Villepin, par exemple...
R- Eh bien ! D. de Villepin et les autres, car justement si nous sommes dans cette situation depuis si longtemps, c'est parce qu'on s'est toujours contenté de mettre des rustines sur le budget de l'Etat et jamais de prendre les mesures structurelles qui permettent de redonner de la croissance. Et le projet de loi que nous avons fait voter au début de l'été, qui représente d'ailleurs non pas 15 milliards mais 9 milliards de recettes fiscales en moins, dont la moitié pour les heures supplémentaires...
Q- Pour 2007.
R- Pour 2008, il n'y a pas d'effet sur 2007 ou très peu d'effets sur 2007, puisque les heures supplémentaires...
Q- Les heures supplémentaires c'est à partir du 1er octobre.
R- Elles seront en application à partir du 1er octobre. Et donc les 9 milliards, c'est en année pleine. Et ce projet de loi, il est absolument fondamental pour relancer la croissance. Si nous nous étions contentés de réduire les dépenses de l'Etat et d'augmenter les recettes en recourant à la fiscalité, quel aurait été le résultat ? Une croissance plus faible, un pays qui serait encore plus enfoncé dans la crise, qui aurait été moins compétitif par rapport aux autres pays européens. Donc, le président de la République a choisi un équilibre entre des mesures de relance de la croissance - c'est justement le projet sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat - et puis en même temps, des mesures très vigoureuses de réduction de la dépense.
Q- Avec le discours qui est le vôtre ce matin, est-ce que vous envisagez de modifier l'équilibre du budget que vous êtes en train de construire et que vous présenterez mercredi, appuyé sur une prévision de croissance à laquelle personne ne croit !
R- Non, pas du tout parce que nous avons révisé notre prévision de croissance pour préparer le budget 2008. Il est aujourd'hui basé sur une prévision de croissance de l'ordre de 2,2...
Q- Mais personne n'y croit.
R- Attendez, c'est celle que fait le FMI pour notre pays, elle n'est pas très éloignée de celle que fait l'Union européenne...
Q- 1,8.
R- Non, non, ça c'est pour...
Q- L'Union européenne : 1,8 !
R- On parle de 2008. Le FMI nous prévoit une croissance de 2,2. Et je pense que les mesures que nous avons prises, et qui vont seulement rentrer en application - j'entendais D. de Villepin expliquer que la situation était meilleure lorsqu'il était Premier ministre qu'aujourd'hui...
Q- « J'ai laissé l'Etat en ... ».
R- Il oubliait juste deux choses : c'est que le budget que nous exécutons aujourd'hui, c'est naturellement le sien, que le niveau de la croissance dont on parle, c'est celui du 2ème trimestre de 2007, et qu'aucune des mesures qui ont été votées cet été n'est encore entrée en application et n'a donc pu avoir d'effet sur la croissance.
Q- La Sécurité sociale replonge, les ministres annonceront le chiffre du déficit aujourd'hui, il est de combien précisément ?
R- Le déficit de la Sécurité sociale, on le connaîtra à la fin de l'année, mais grosso modo il doit être de l'ordre de 11,7 milliards, c'est-à-dire le même déficit qu'en 2004 et le même déficit qu'en 2005...
Q- Ça veut dire que les plans successifs n'ont pas eu beaucoup d'effet ?
R- Ça veut dire que les plans successifs n'ont contribué qu'à freiner l'augmentation du déficit. Et d'ailleurs, si nous n'avions pas pris au mois de juillet les mesures que nous préconisaient les responsables de la Sécurité sociale, on serait sur une pente de 14 milliards de déficit en
2008.
Q- Est-ce que vous taxerez les stocks-options, comme vous le conseille P. Séguin, président de la Cour des Comptes ?
R- Je trouve que la proposition de P. Séguin est pertinente, et je pense personnellement que tous les revenus devraient participer au financement de la protection sociale. C'est la raison pour laquelle, j'ai confié au Conseil Economique et Social la mission de réfléchir et de donner un avis sur l'élargissement de l'assiette des cotisations sociales.
Q- La situation, comment vous la qualifieriez aujourd'hui, si le mot « faillite » n'est qu'une image ? Elle est grave, elle est difficile, comment vous la qualifieriez ?
R- La France est un pays riche, c'est un pays qui heureusement a des ressources qui lui permettent de faire face à l'avenir. Mais l'Etat est dans une situation critique. Et l'Etat doit aujourd'hui impérativement engager une réforme profonde sous peine de continuer à peser de plus en plus lourdement sur l'activité des Français, sur leur croissance et sur leur emploi.
Q- "Situation critique", ce sera le mot du jour, F. Fillon ? On peut être un ministre heureux quand on a une situation critique à gérer ?
R- On a devant nous beaucoup de travail, et moi je suis concentré sur ce travail à réaliser.
Q- Mais on ne peut pas être heureux quand on a une situation critique à gérer.
R- On sera heureux quand on aura atteint les objectifs qu'on s'est fixés.
F. Fillon face à une situation critique était l'invité de RTL ce matin.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 septembre 2007
Bonjour.
Q- Votre formule devant des agriculteurs encore ce vendredi a crée un véritable choc. « Je suis, avez-vous dit, à la tête d'un Etat en situation de faillite au plan financier ». Regrettez-vous, F. Fillon, l'emploi du mot « faillite » ?
R- J.-M. Aphatie, pourquoi est-ce que j'ai pris cette image - car j'ai pris soin de préciser qu'il s'agissait d'une image - cette image forte c'est pour me faire comprendre...
Q- Ça, vous avez été compris.
R- Je parcours la France...
Q- Vous avez été compris...
R- J'étais encore ce vendredi...
Q- Bravo !
R- Depuis 2 heures, j'assistais aux discours d'agriculteurs qui me demandaient plus d'argent de l'Etat, plus de soutien de l'Etat pour l'agriculture de la Corse. Ce que j'ai voulu dire c'est qu'il fallait qu'on change d'état d'esprit, ce que j'ai voulu dire c'est que l'Etat ne pouvait plus répondre à toutes ces demandes, et que les Français devaient se rendre compte que la dette de l'Etat en réalité, c'est eux qui la paient, c'est la dette des Français. Ça fait 33 ans, J.-M. Aphatie, que la France - j'avais d'ailleurs dit 25 ans en Corse, je m'étais trompé - que la France n'a pas voté un budget en équilibre, depuis 1974.
Q- Je croyais que c'était 81.
R- 1974. On a aujourd'hui.
Q- Le premier déséquilibre de la période, c'est 1974 d'après vous ?
R- Le dernier budget de l'Etat à l'équilibre est de 1974...
Q- D'accord.
R- On a 1.150 milliards de déficit à la fin de 2006. C'est une situation qui n'est plus supportable, et ce que j'ai au fond voulu dire à ces agriculteurs qui m'ont parfaitement compris...
Q- Mais vous n'avez pas parlé qu'aux agriculteurs...
R- Ce que j'ai voulu dire, c'est que l'Etat emprunte pour financer ses dépenses de fonctionnement...
Q- Et ça, ce n'est pas possible.
R- Et je pense que n'importe quel chef d'entreprise, n'importe quel chef de famille, n'importe quel chef d'exploitation agricole comprend qu'on ne peut pas continuer à emprunter pour financer des dépenses de fonctionnement.
Q- Vous conviendrez, F. Fillon - est-ce que ça a été votre but ? - qu'en disant cela à des agriculteurs corses, vous avez parlé à l'ensemble des Français et d'un coup dramatisez considérablement le débat sur cette question ? Vous en convenez, F. Fillon ?
R- Je crois que ce qui compte, ce ne sont pas les mots, ce sont les réalités...
Q- Oh non ! Ce sont les mots, ça compte les mots.
R- Ce sont les réalités, et la réalité c'est que notre pays doit changer radicalement d'état d'esprit s'agissant de son regard sur les finances
publiques.
Q- C'est un tournant, F. Fillon, dans le quinquennat ?
R- C'est un tournant... c'est en fait la mise en oeuvre de la rupture à laquelle le président de la République nous a appelés. Au fond, ce que N. Sarkozy nous a proposé, y compris sur cette question de la gestion des finances publiques, c'est un véritable changement culturel. On a trop longtemps caché la vérité aux Français. Je l'ai dit avec mes mots, je suis comme je suis et je m'exprime librement. Et je crois que c'est d'ailleurs une des choses importantes, que chacun s'exprime avec liberté, mais au fond ce que je dis, c'est que les engagements du président de la République - le retour à l'équilibre des finances publiques à la fin du quinquennat - c'est un changement culturel, c'est une rupture que nous allons conduire.
Q- Quand vous dites « Je m'exprime librement », on entend « Je m'exprime sur ce dossier-là, à ce moment particulier, différemment de N. Sarkozy ».
R- Non, je ne le crois pas. Le président de la République, jeudi soir, outre les extraits que vous venez de nous faire entendre, a clairement dit que nous devions remettre les comptes publics à l'équilibre. Et...
Q- Il n'a pas employé le ton qui était le vôtre.
R- Chacun a sa méthode et ses mots, mais au fond c'est la même chose. Nous nous sommes engagés dans un effort de réduction des dépenses publiques, nous avons engagé une revue générale des politiques publiques, c'est-à-dire que nous prenons chaque politique publique une à une, et nous regardons celles qui sont utiles, celles qui ne le sont pas, celles qui sont efficaces, celles qui ne le sont pas. Et nous allons supprimer des politiques publiques qui ne sont pas efficaces. Nous avons décidé pour la première fois de plafonner les dépenses des ministères et les concours aux collectivités locales, ce qui n'avait jamais été fait, au niveau de l'inflation. Nous avons décidé de multiplier par deux le non remplacement des fonctionnaires qui partent à la retraite par rapport à ce qui était fait les années précédentes. Mais en même temps, J.-M. Aphatie, nous menons une politique de croissance, nous menons une politique de croissance en encourageant le travail, c'est le projet de loi sur les heures supplémentaires qui va rentrer en application au 1er octobre prochain, et qui va permettre de produire de la richesse supplémentaire. Nous menons une politique de croissance en ramenant la fiscalité française à la moyenne des fiscalités européennes. Nous menons une politique de croissance en investissant dans la recherche, dans l'université et dans l'innovation.
Q- Vous vous êtes parlés ce week-end avec N. Sarkozy, vous vous êtes expliqués sur l'emploi de ce mot « faillite » avec lui, F. Fillon ?
R- Je parle avec le président de la République tous les jours, mais ces conversations restent entre nous.
Q- On lit dans la presse qu'à l'Elysée, on n'a pas compris l'utilisation de ce mot. N. Sarkozy l'a-t-il compris ?
R- Ce n'est pas à moi de faire parler le président de la République. Le mot « faillite » dans le dictionnaire, il a deux sens, Monsieur Aphatie. Il a un sens financier naturellement, il a un autre sens qui est l'échec d'un système. Eh bien, nous sommes devant l'échec d'un système.
Q- Vous en faites le constat ce matin sur RTL, F. Fillon...
R- J'en fais le constat...
Q- Nous sommes devant l'échec...
R- J'en fais le constat depuis 2 ans, J.-M. Aphatie...
Q- Précisément...
R- Et j'ai même écrit un livre sur cette question que j'ai intitulé « La France peut supporter la vérité » et je le crois profondément.
Q- Quand on entend un Premier ministre parler d'échec du système, on ne comprend pas, c'est l'un des thèmes évidents du débat de ces derniers jours que vous ayez pu - alors que les marges de manoeuvres financières sont faibles - faire un projet de loi qui ampute l'Etat de 15 milliards de recettes ?
R- Ben ça ! C'est une vraie erreur d'analyse de la part de ceux qui font cette remarque...
Q- D. de Villepin, par exemple...
R- Eh bien ! D. de Villepin et les autres, car justement si nous sommes dans cette situation depuis si longtemps, c'est parce qu'on s'est toujours contenté de mettre des rustines sur le budget de l'Etat et jamais de prendre les mesures structurelles qui permettent de redonner de la croissance. Et le projet de loi que nous avons fait voter au début de l'été, qui représente d'ailleurs non pas 15 milliards mais 9 milliards de recettes fiscales en moins, dont la moitié pour les heures supplémentaires...
Q- Pour 2007.
R- Pour 2008, il n'y a pas d'effet sur 2007 ou très peu d'effets sur 2007, puisque les heures supplémentaires...
Q- Les heures supplémentaires c'est à partir du 1er octobre.
R- Elles seront en application à partir du 1er octobre. Et donc les 9 milliards, c'est en année pleine. Et ce projet de loi, il est absolument fondamental pour relancer la croissance. Si nous nous étions contentés de réduire les dépenses de l'Etat et d'augmenter les recettes en recourant à la fiscalité, quel aurait été le résultat ? Une croissance plus faible, un pays qui serait encore plus enfoncé dans la crise, qui aurait été moins compétitif par rapport aux autres pays européens. Donc, le président de la République a choisi un équilibre entre des mesures de relance de la croissance - c'est justement le projet sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat - et puis en même temps, des mesures très vigoureuses de réduction de la dépense.
Q- Avec le discours qui est le vôtre ce matin, est-ce que vous envisagez de modifier l'équilibre du budget que vous êtes en train de construire et que vous présenterez mercredi, appuyé sur une prévision de croissance à laquelle personne ne croit !
R- Non, pas du tout parce que nous avons révisé notre prévision de croissance pour préparer le budget 2008. Il est aujourd'hui basé sur une prévision de croissance de l'ordre de 2,2...
Q- Mais personne n'y croit.
R- Attendez, c'est celle que fait le FMI pour notre pays, elle n'est pas très éloignée de celle que fait l'Union européenne...
Q- 1,8.
R- Non, non, ça c'est pour...
Q- L'Union européenne : 1,8 !
R- On parle de 2008. Le FMI nous prévoit une croissance de 2,2. Et je pense que les mesures que nous avons prises, et qui vont seulement rentrer en application - j'entendais D. de Villepin expliquer que la situation était meilleure lorsqu'il était Premier ministre qu'aujourd'hui...
Q- « J'ai laissé l'Etat en ... ».
R- Il oubliait juste deux choses : c'est que le budget que nous exécutons aujourd'hui, c'est naturellement le sien, que le niveau de la croissance dont on parle, c'est celui du 2ème trimestre de 2007, et qu'aucune des mesures qui ont été votées cet été n'est encore entrée en application et n'a donc pu avoir d'effet sur la croissance.
Q- La Sécurité sociale replonge, les ministres annonceront le chiffre du déficit aujourd'hui, il est de combien précisément ?
R- Le déficit de la Sécurité sociale, on le connaîtra à la fin de l'année, mais grosso modo il doit être de l'ordre de 11,7 milliards, c'est-à-dire le même déficit qu'en 2004 et le même déficit qu'en 2005...
Q- Ça veut dire que les plans successifs n'ont pas eu beaucoup d'effet ?
R- Ça veut dire que les plans successifs n'ont contribué qu'à freiner l'augmentation du déficit. Et d'ailleurs, si nous n'avions pas pris au mois de juillet les mesures que nous préconisaient les responsables de la Sécurité sociale, on serait sur une pente de 14 milliards de déficit en
2008.
Q- Est-ce que vous taxerez les stocks-options, comme vous le conseille P. Séguin, président de la Cour des Comptes ?
R- Je trouve que la proposition de P. Séguin est pertinente, et je pense personnellement que tous les revenus devraient participer au financement de la protection sociale. C'est la raison pour laquelle, j'ai confié au Conseil Economique et Social la mission de réfléchir et de donner un avis sur l'élargissement de l'assiette des cotisations sociales.
Q- La situation, comment vous la qualifieriez aujourd'hui, si le mot « faillite » n'est qu'une image ? Elle est grave, elle est difficile, comment vous la qualifieriez ?
R- La France est un pays riche, c'est un pays qui heureusement a des ressources qui lui permettent de faire face à l'avenir. Mais l'Etat est dans une situation critique. Et l'Etat doit aujourd'hui impérativement engager une réforme profonde sous peine de continuer à peser de plus en plus lourdement sur l'activité des Français, sur leur croissance et sur leur emploi.
Q- "Situation critique", ce sera le mot du jour, F. Fillon ? On peut être un ministre heureux quand on a une situation critique à gérer ?
R- On a devant nous beaucoup de travail, et moi je suis concentré sur ce travail à réaliser.
Q- Mais on ne peut pas être heureux quand on a une situation critique à gérer.
R- On sera heureux quand on aura atteint les objectifs qu'on s'est fixés.
F. Fillon face à une situation critique était l'invité de RTL ce matin.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 septembre 2007