Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur la politique en faveur de l'empoi et sur les missions du Conseil d'orientation pour l'emploi, Paris le 10 octobre 2007.

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Circonstance : Réunion du Conseil d'orientation pour l'emploi à Paris le 10 octobre 2007

Texte intégral

Madame la présidente,
Monsieur le président Delors,
Mesdames et messieurs les parlementaires et élus,
Mesdames et messieurs,
Je tenais à participer, avec Eric Besson, à cette réunion du Conseil d'orientation pour l'emploi pour vous faire part des politiques du Gouvernement en matière d'emploi, et pour vous dire que je compte sur votre éclairage.
Au coeur du mandat que les Français nous ont confié, il y a une réforme cardinale : c'est celle du marché du travail.
Nous faisons un diagnostic commun. Il n'est pas normal que nous ayons depuis 20 ans un taux de chômage plus élevé que celui de nos voisins européens. Il n'est pas normal que soient exclus du travail plus d'un million de jeunes, de séniors ou de mères isolées. Il n'est pas normal que notre pays soit l'un de ceux où l'emploi est le plus réglementé et où parallèlement la peur du chômage soit la plus aiguë.
Il n'est pas compréhensible que la plupart de nos partenaires aient mis en place des mécanismes pour faciliter et sécuriser les transitions sur le marché du travail, et pas nous. Cette sécurisation constitue la pierre angulaire d'une économie adaptée à un monde en constante évolution.
Face à ce diagnostic, la loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat votée cet été n'a été qu'un premier pas. Nous allons continuer, avec une feuille de route très claire :
- moderniser le contrat de travail ;
- sécuriser les parcours professionnels ;
- remettre à plat les mécanismes d'accompagnement des demandeurs d'emploi et moderniser le service public de l'emploi ;
- assouplir encore les 35 heures ;
- réformer en profondeur la formation professionnelle ;
- mettre les bouchées doubles sur l'amélioration des conditions de travail, sur l'égalité salariale entre les hommes et les femmes, sur la lutte contre les discriminations et sur le pouvoir d'achat.
Vous le voyez : nous sommes ambitieux sur les réformes. Mais nous le sommes aussi sur la méthode. Notre méthode, c'est le dialogue social.
Vous connaissez mon attachement à la démocratie sociale. En initiant la loi de 2004 relative à la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social, j'ai voulu donner plus de liberté à la négociation collective.
Il faut aujourd'hui passer à la vitesse supérieure. Un premier pas a été franchi en début d'année avec l'obligation d'une concertation préalable sur tout projet de réforme relevant de la négociation collective.
Quel est l'objectif :
- élaborer des diagnostics partagés afin d'éviter les malentendus et les conflits inutiles qui figent les situations ;
- mieux coordonner les décisions qui relèvent de la politique de l'emploi et celles qui relèvent de la négociation collective.
Par la position particulière qu'il occupe dans le paysage social, le Conseil d'orientation pour l'emploi est au coeur de cette ambition, qui, à mon sens, relève de la recherche de l'intérêt général. Vous n'êtes - bien sûr - ni une instance de négociation, ni un organisme consultatif. Mais vous êtes une instance indépendante de concertation. Et à ce titre, vous avez une légitimité évidente pour échanger en toute liberté, pour faire émerger des diagnostics communs, pour dégager des pistes possibles.
Vous êtes, mesdames et messieurs, un portrait fidèle du marché du travail. Partenaires sociaux, acteurs locaux, administrations, experts, parlementaires : pas un acteur ne manque. Cette large représentativité du conseil se conjugue avec la qualité et le niveau d'expertise de ses membres.
Cette qualité explique le contraste entre la jeunesse de votre institution et le niveau élevé de ses travaux. Je pense à votre rapport sur les aides publiques en faveur de l'emploi, qui a mis en évidence l'efficacité des dispositifs en vigueur tout en soulignant le besoin de rationaliser et de coordonner les actions.
Je pense également à un autre rapport, plus récent, sur la sécurisation et la dynamisation des parcours professionnels. Vous y montrez à quel point le marché du travail français est segmenté, et vous tracez des pistes intéressantes sur l'évolution du contrat de travail et l'accompagnement des demandeurs d'emploi.
Je sais que vous travaillez actuellement sur la formation professionnelle. C'est un dossier majeur au regard des maux dont souffre notre système. Et c'est un dossier central de la réforme du marché de l'emploi. Je lirai vos recommandations avec une grande attention.
Je ne veux pas, à ce stade, vous imposer un sujet plutôt qu'un nôtre. Vous connaissez nos priorités. Je crois qu'il est important que vous disposiez du pouvoir de définir votre propre programme de travail et de choisir vos thèmes de réflexion.
Pour autant, le Gouvernement aura besoin de votre expertise sur certains sujets à l'ordre du jour de la conférence sur l'emploi et le pouvoir d'achat du 23 octobre prochain. Ce sont des sujets sur lesquels vous avez déjà travaillé sous l'impulsion de Jean-Baptiste de Foucauld. Il s'agit du mode de fixation du SMIC, du coût du travail et des allègements de charges ainsi que des moyens de favoriser l'accès à l'emploi des personnes les plus fragiles, notamment les bénéficiaires de minima sociaux.
Par la suite, compte tenu de la richesse des questions à traiter dans le champ social, j'attacherai beaucoup de prix à ce que les acteurs sociaux et politiques se mettent d'accord sur un agenda de discussions de fond, sans prise directe avec l'actualité et les enjeux du quotidien.
Le Conseil d'orientation pour l'emploi doit pouvoir prendre de la hauteur et du recul pour avoir, précisément, un coup d'avance sur les enjeux de l'avenir.
Mesdames et messieurs,
Vous êtes désormais sous la conduite d'une nouvelle présidente, madame Carrère-Gée, à qui je renouvelle toute ma confiance. Je sais qu'elle saura présider aux destinées du conseil en digne successeur de Raymond Soubie ! Elle sera secondée par un vice-président, Gilles Belier, qui est à la croisée du juridique et du social. Enfin, je veux rendre un hommage mérité à l'équipe du secrétariat général, et par la même occasion saluer son nouveau responsable, Louis-Paul Pelé.
Vous renouvelant ma confiance et comptant sur votre hauteur de vue, je rends maintenant la parole à votre présidente.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 octobre 2007