Texte intégral
Cette conférence sur les conditions de travail est un événement important : non seulement pour moi et pour l'ensemble des participants qui s'y sont investis, mais surtout pour nos concitoyens, car c'est de leurs conditions de travail et de leur vie quotidienne qu'il s'agit.
Si le Président de la République a fait de ce thème une priorité, et si nous organisons cette conférence dès la rentrée, c'est que les conditions de travail ont un impact direct sur notre qualité de vie et sur la compétitivité de nos entreprises. Il n'y a pas de travail de qualité sans qualité de vie au travail, et la première chose que j'attends de cette conférence, c'est qu'elle débouche sur des décisions.
L'amélioration des conditions de travail, ce n'est pas une concession que l'on ferait à ses salariés, ou au contraire un privilège que l'on arrache à son employeur. Ce n'est pas non plus une question d'efficacité économique, c'est d'abord un acte de justice sociale, car ce sont souvent les travailleurs les plus modestes qui ont les conditions de travail les plus dégradées.
La question des conditions de travail est donc bien l'affaire de tous. La santé et la sécurité au travail ne doivent pas être réservées aux seules entreprises qui en auraient les moyens ou qui auraient une sensibilité accrue à ces questions. Dans toutes les entreprises, c'est-à-dire dans les petites entreprises aussi, nous devons faire toute sa place à la prévention, toute sa place à l'aménagement des postes de travail, toute sa place à la qualité et au bien-être, en tenant aussi compte des contraintes notamment économiques.
Cette prise de conscience doit être au service de l'action, et cette conférence n'aura de réalité aux yeux des Français que si elle débouche sur des mesures concrètes. Chacun d'entre vous le sait, il ne s'agit pas ici d'un colloque de sensibilisation ou d'un cénacle de réflexion ; nous sommes bien dans une réunion de responsables, chargés de faire des propositions, de prendre des décisions et des engagements, pour une véritable amélioration des conditions de la vie au travail.
Cette Conférence s'inscrit dans une démarche à la fois ambitieuse et pragmatique. Vous avez mené des travaux préparatoires qui ont été l'occasion de présenter certaines expériences développées sur le terrain. Ce qui montre que de nombreuses entreprises n'ont pas attendu cette conférence. Ces initiatives ont produit des changements considérables au sein des entreprises où elles ont eu lieu : j'ai pu le constater il y a deux semaines en Thiérache, dans une usine de fabrication de fromages de ma région, où j'ai pu voir l'impact de ces réalisations en matière d'amélioration des conditions de travail très concrètement.
Les salariés m'ont dit combien leur vie quotidienne s'était améliorée, grâce à la mise en place de plans de travail adaptés et mobiles qui leur permettent désormais d'éviter certains gestes de torsion répétitifs. Et pour ces personnes, en deux ans, les résultats ont été là, avec des accidents du travail divisés par trois en un an.
J'ai donc vu qu'il était possible de changer la donne, dès l'instant où l'on a une implication de tous les acteurs : l'employeur, les préventeurs, mais aussi les salariés eux-mêmes et leurs représentants - et dans cette usine de Thiérache, ce sont les salariés, avec l'appui du CHSCT, qui ont été à l'initiative de la réalisation de ces équipements. Il y a donc un véritable changement de culture à impulser avec la conférence d'aujourd'hui, et ce changement doit être mis à la portée de tous
Seulement, vous savez comme moi que ce changement ne se décrète pas. Notre pays d'ailleurs n'a pas forcément besoin de plus de lois ou de plus de décrets ; ce dont il a besoin, c'est de l'engagement de chacun, à la place et dans les responsabilités qui sont les siennes :
l'employeur, tout d'abord, qui doit être le premier impliqué dans la démarche de prévention, d'autant plus que, demain, et là c'est une conviction personnelle, dans un contexte de retournement sur le marché de l'emploi, les conditions de travail seront le premier facteur d'attractivité des entreprises
les préventeurs aussi, bien sûr, mais également les salariés, chacun d'entre eux devant devenir pleinement acteur de la prévention.
Pour ma part, j'entends faire jouer pleinement à l'Etat son rôle de garant des avancées qui seront décidées ici, mais je n'ai pas envie me contenter de cela ; je veux aller plus loin, je veux que l'Etat soit un facilitateur de dialogue, et qu'il soit une force motrice de progrès. Ici, le dialogue a été mené par Gérard LARCHER, et j'aimerais lui dire que s'il y a bien un sujet qui a fait l'unanimité, c'est bien la personne du Rapporteur général. Chacun a pu apprécier, au cours du mois écoulé, sa compétence technique et sa connaissance approfondie des dossiers, mais aussi sa chaleur, sa disponibilité, son sens de l'écoute et sa capacité à faire émerger les propositions, toujours au service de l'intérêt général. Je tiens à remercier également l'ensemble des acteurs présents autour de cette table, pour l'implication et la volonté d'avancer dont ils ont fait preuve.
Je salue en particulier la contribution très active des partenaires sociaux à ces travaux préparatoires. Vous avez joué le jeu et je vous en remercie - malgré l'agenda très chargé qui est le leur en ce moment. Vous vous êtes vraiment investi du début à la fin, les conditions de travail sont désormais un champ privilégié de la négociation collective.
Mes remerciements vont aussi à l'ensemble des organismes préventeurs, qui ont apporté des éclairages essentiels et une expérience très précieuse. Je salue également les deux présidents des groupes de travail : Michel WEIL et Joël BLONDEL, dont je sais avec quel talent et quelle implication ils ont dirigé ces débats.
Je remercie enfin, en votre nom à tous, le Directeur général du travail, Jean-Denis COMBREXELLE, pour l'appui qu'il vous a apporté, avec ses services, tout au long de vos travaux.
Alors bien sûr, cette conférence ne prétend pas traiter de tous les sujets ni résoudre tous les problèmes, ne serait-ce que parce qu'il existe d'autres enceintes et d'autres rendez-vous où seront abordés des sujets tout aussi importants : je pense notamment au Grenelle de l'environnement, voulu par le Président de la République et qui traite notamment des risques environnementaux auxquels sont exposés les salariés. Ce sera également le cas lors des conférences sur la fonction publique et durant la négociation sur la pénibilité au travail, sur laquelle je reviendrai. C'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur puisque j'étais rapporteur de la réforme des retraites en 2003.
La réforme des Services de santé au travail est aussi, vous l'avez souligné, une priorité. Les SST jouent en effet un rôle majeur dans la préservation de la santé au travail et dans l'adaptation des conditions de travail, notamment par la diffusion à l'ensemble des entreprises d'une véritable culture de la prévention. La conférence doit marquer des progrès dans cette direction, mais il s'agit aussi de poursuivre une réforme globale, qui va faire l'objet de propositions plus larges.
Vous avez largement évoqué l'ensemble de ces sujets au cours des travaux préparatoires et des entretiens bilatéraux qui ont été menés par Gérard LARCHER. Je sais que ce travail a été fructueux. Nous devons aujourd'hui en discuter les conclusions et faire émerger encore des propositions pour que cette conférence ne soit pas sans lendemain.
Source http://www.travail.gouv.fr, le 9 octobre 2007