Point de presse de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme, sur la situation politique et humanitaire au Darfour, à Khartoum le 23 octobre 2007.

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Circonstance : Déplacement au Soudan/Darfour, du 21 au 23 octobre 2007

Texte intégral


J'achève une visite de deux jours au Soudan.
Ce fut un voyage trop court car il y a beaucoup de choses à voir et à dire à propos du Soudan et du Darfour.
Cette visite avait deux objectifs :
D'abord et surtout un objectif humanitaire. Dès ma nomination, j'ai considéré que la crise humanitaire au Darfour devait être une priorité pour moi et, pour être précise, une priorité de la diplomatie française. Tel est d'ailleurs l'engagement pris par le président de la République et le ministre des Affaires étrangères et européennes.
Vous vous souvenez que le 25 juin dernier, la France a organisé une conférence à Paris pour trouver un règlement politique à la crise. A la veille des négociations de Syrte, le 27 octobre prochain, la France encourage toutes les parties à rejoindre la table des négociations. Nous continuerons à le faire car nous n'avons d'autre option que la recherche de la paix.
Les victimes et les personnes déplacées avec lesquelles j'ai parlé aujourd'hui et hier au Darfour et à Khartoum attendent de nous quelque chose qui mettra fin à leurs souffrances. La durée de la crise ne doit pas conduire à la moindre lassitude.
Nous ne pouvons pas les abandonner. Nous ne pouvons pas les oublier. Nous ne pouvons pas regarder ailleurs. C'est le message que je veux délivrer ici à Khartoum.
Car, je crois que chaque individu doit être respecté dans sa dignité d'être humain au Soudan et ailleurs. Les Droits de l'Homme ne sont pas des valeurs négociables. C'est pourquoi la question des droits des femmes et des enfants est très importante au Soudan. Je souhaite témoigner devant la communauté internationale de leurs droits tant de fois bafoués. Le Darfour n'est pas une crise comme une autre. Plus que jamais, la mobilisation doit continuer : vous devez savoir qu'on meurt encore au Darfour, qu'on viole encore, qu'on exécute encore. Vous devez savoir que ces crimes sont des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Ma visite avait aussi un objectif politique.
La France est convaincue que seule une solution politique mettra un terme à la crise au Darfour, qui constitue une menace à la stabilité de la région. C'est pourquoi je crois que nous devrions comme l'a également proposé Bernard Kouchner, ouvrir au Darfour une représentation française.
Par ailleurs, je souhaite souligner que la France espère vivement que les négociations à venir en Libye apporteront des résultats positifs. La solution à la crise du Darfour doit être politique. Nous invitons donc toutes les parties à rejoindre la table des négociations. Avec ses partenaires internationaux, la France soutiendra ceux qui choisissent le chemin de la paix au Darfour. Le processus politique doit être aussi inclusif que possible et tous doivent y participer.
Durant ma visite, j'ai rencontré le général Agwai et les troupes de l'AMIS à leur quartier général d'El Fasher, au nord Darfour. L'AMIS a besoin de notre aide car elle ne dispose que de moyens limités. Le 29 septembre dernier, dix d'entre eux ont été tués à la suite d'une attaque à Haskanita. Il est important de savoir au moment où l'AMIS se transforme en opération hybride de tout faire pour qu'elle ait les moyens des ambitions que lui a confiées la communauté internationale.
Enfin, je reste préoccupée par les récentes difficultés observées dans la mise en oeuvre de l'accord de paix nord-sud signée en 2005. La reprise du dialogue entre les parties doit être soutenue et la France est résolue à contribuer aux efforts de la communauté internationale en ce sens.
Ma visite avait donc deux objectifs : humanitaire et politique. Ces deux aspects de la crise au Darfour devaient être abordés car l'un ne va pas sans l'autre. J'aimerais remercier tous ceux qui m'ont aidée à effectuer ce déplacement dans ce pays et m'ont permis d'appréhender les différents aspects de ce pays très complexe qu'est le Soudan.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2007