Texte intégral
Bonsoir, la Tribune, Sud Radio, Le Point qui reçoit ce soir le président du RPF, Charles Pasqua, bonsoir Charles Pasqua.
Bonsoir.
Merci d'être le premier invité 2001, de la Tribune/Sud Radio/Le Point, l'occasion de vous présenter tous nos vux ainsi qu'à tous ceux qui sont fidèles à ce rendez-vous du mardi 19 heures.
Une année 2001 qui commence sans doute comme vous l'auriez souhaité, votre argent, enfin pas le vôtre, l'argent du RPF intéresse beaucoup de monde.
La justice et le juge Philippe Courroye, qui s'occupait d'un dossier de vente d'armes est venu jusqu'au siège du RPF pour saisir vos comptes de campagne européenne. Il a reçu le renfort de votre ex-associé du RPF, Philippe de Villiers qui demain déposera, il l'a dit, comme témoin à charge.
L'argent, il en sera également question avec l'euro, qui sera la monnaie unique de 11 pays dans une année maintenant. 11 pays dont la France bien sûr.
Alors vous partez en résistance, je dirais, contre l'euro ou plutôt vous voulez défendre le franc. Vous nous direz pourquoi et comment. Mais en tout cas vous commencerez votre action après les municipales. Les municipales qui sont la grande bataille politique de ce trimestre. Avec des élections qui se polarisent à tort ou à raison sur la capitale.
On a vu les derniers sondages, ils ne sont pas favorables à la droite alors que doit faire ou que peut faire le RPF pour conserver la capitale à droite ?
Et puis, bien sûr, il y a l'horizon 2002, avec un Jacques Chirac qui profite des vux de début d'année pour multiplier les avertissements au gouvernement. Une année utile, avait-il dit le 31 décembre, pas d'année sabbatique a-t-il dit aujourd'hui devant la presse.
La campagne présidentielle semble belle et bien lancée, elle ne peut laisser indifférent le candidat Pasqua. Riche actualité vous le voyez pour ce début d'année, que nous allons développer dans un instant, avec Jean-François Paige de Sud Ouest et Ludovic Guillaume du Point.
Alors on va parler d'abord de ce qui fâche, serais-je tenté de dire. A propos donc de cette enquête et la venue du juge Courroye dans votre bureau, chez vous, et au Conseil Général.
Alors vous vous êtes posé la question, vous vous demandez ce que le juge et ce que la justice générale vous reprochent. Vous vous posiez la question il y a quelques jours, est-ce que vous en savez un peu plus aujourd'hui ?
Non je n'en sais pas davantage. Je trouve étonnant et même un peu anormal. La justice a un certain nombre de moyens, elle les utilise, c'est normal. Mais encore faut-il que cela ne débouche pas sur la mise en cause injustifiée ou la suspicion jetée sur un parti politique et sur les dirigeants de ce mouvement. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que premièrement, je ne savais pas pourquoi ils étaient venus.
Deuxièmement, j'ai dit également que s'il y avait des reproches à faire, il fallait les faire, et que s'il n'y avait rien de plus à dire, qu'on nous fiche la paix. Je n'en sais pas davantage.
Ce que je sais, je l'apprends, en lisant la presse, parce qu'une fois de plus, il y a cette espèce de symbiose entre une partie de la presse et une partie de la justice, ce qui me semble regrettable. Qui en tous les cas conduit à un système qui relève davantage de ce qu'on a connu à la fin de la République romaine qui était la proscription ou avec la liste des suspects.
Et je crois que tout cela n'a rien à voir avec une bonne administration de la justice comme on dit.
Alors justement comment expliquez-vous que vous puissiez être mis en cause, je crois que c'est une question que beaucoup d'auditeurs se posent, avec dans un dossier qui mêle aussi le fils de l'ancien Président de la République, Jean-Christophe Mitterrand ? Est-ce que c'est vrai qu'il y a des réseaux qui mélangent en Afrique, des amis à vous et Jean-Christophe Mitterrand ?
Ecoutez alors ça c'est
Est-ce que c'est vrai ? Ou est-ce que c'est de la fantasmagorie ?
Alors ça, cela fait partie des fantasmes. Je crois que j'ai dû croiser Jean-Christophe Mitterrand une fois en dix ans. Et je crois que nous n'avons absolument rien de commun, moi je ne sais pas ce qu'a fait Jean-Christophe Mitterrand.
Je constate simplement qu'il a été mis en détention et qu'ensuite la Chambre d'Appel qui a remplacé la Chambre d'Accusation a décidé de sa mise en liberté. Bien que cette mise en liberté, ne soit pas effective, compte tenu du montant de la caution tel qu'il a été fixé. Je constate que ça fait la deuxième fois que des gens sont mis en détention et je pense que la détention a été trop souvent utilisée comme un moyen de pression par un certain nombre de juges.
Comme à partir du 1er janvier, nous sommes dans le cadre de l'application de la nouvelle loi sur la présomption d'innocence, qui fait que ce n'est pas le même juge qui décide de la mise en détention provisoire et de celui qui instruit le dossier, peut-être a-t-on voulu aller vite en besogne.
Quoi qu'il en soit, le problème de Jean-Christophe Mitterrand est une chose. L'utilisation abusive de la détention provisoire est une chose.
La mise en cause, dans la presse sans qu'aucune accusation précise puisse être portée par la justice en ce qui concerne le mouvement que je préside ou moi-même, tout ça n'a rien à voir avec la justice.
On dit qu'il y a eu un trafic d'armes, je n'en sais rien du tout. Je constate d'abord que le mot de "trafic d'armes" ne correspond pas à la réalité des choses, s'il y a eu vente d'armes entre deux pays, souverains en dehors de la France, il ne s'agit pas d'un trafic d'armes. il s'agit de vente d'armes. C'est un autre problème.
Alors qu'est-ce qu'on essaie de découvrir ? Ou qu'est-ce qu'on essaie de démontrer ? Qu'éventuellement une société qui était dans l'orbite du ministère de l'Intérieur aurait pu être partie prenante dans cette affaire ? C'est totalement impossible, oui c'est totalement impossible et c'est irréaliste.
Je rappelle au passage que dans cette société, dans ce conseil d'administration figuraient les représentants des différentes administrations concernées : l'Intérieur bien entendu, la Défense, les Finances. Qu'on arrête de fantasmer ! Ou alors on a des éléments. Si on a des éléments, qu'on les donne. Voilà.
Vous dites que vous ne savez pas ce que les juges peuvent vous reprocher en ce moment. Pourtant, il semble que votre ex-associé politique Philippe de Villiers, avec qui vous étiez au RPF, sache, lui, puisqu'il va aller demain devant le juge Courroye témoigner
Non, non, tout cela n'a strictement rien à voir. Là nous sommes en train de parler d'une affaire de ventes d'armes, dont
Mais qui serait bien un financement de parti, c'est cela ?
Ecoutez, deux secondes, on parle de cette affaire de ventes d'armes, dans laquelle éventuellement le ministère de l'Intérieur aurait pu être impliqué. C'est totalement faux et j'ai demandé au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, d'engager les poursuites prévues par la loi. Premier point.
Elle a réagi ?
Elle a le temps nécessaire pour le faire. Mais cela, pour moi, j'ai fait le nécessaire, c'est en route. C'est le problème de la justice, ce n'est plus le mien.
Là-dessus vient se greffer un autre fantasme qui consiste à dire, mais il y a eu beaucoup d'argent, alors pour l'instant qu'est-ce que l'on sait ? On sait que Jean-Christophe Mitterrand a touché une somme d'argent émanant d'une des personnes suspectées d'avoir participé à cette opération de vente d'armes. Et on ne sait d'ailleurs pas pourquoi.
Ce n'est pas mon problème, c'est celui de la justice et à la limite des défenseurs de Jean-Christophe Mitterrand. Mais qu'est-ce que nous avons à voir là-dedans ? Alors on essaie de dire, "mais le RPF a dû bénéficier de ces fonds".
Ecoutez, il n'y a rien de plus simple et de plus facile à vérifier que les comptes du RPF
Les comptes de campagne du RPF ont été soumis aux experts comptables, aux commissaires aux comptes, puis à la Commission des comptes de campagne, tout ça a été vérifié et accepté.
D'autre part, tout le monde sait que le RPF, mouvement politique qui ne bénéficie pas de financement public, en dehors des sommes affectées aux six parlementaires que nous avons, ce qui fait 1 800 000 francs, ne dispose pour son financement que des cotisations des adhérents, des versements de ses membres bienfaiteurs et donateurs qui sont faciles à identifier. Et en dehors de cela des souscriptions. Ce qui fait qu'aujourd'hui le RPF est dans une situation financière difficile et il vit pratiquement au jour le jour, en fonction du soutien de ses adhérents, et il est notamment dans cette situation parce que nous avons eu, comme vous le rappeliez tout à l'heure, dans le personne de De Villiers, un associé sans parole, qui n'a tenu aucun de ses engagements.
Qui avait déclaré publiquement, lorsque nous avons créé ce mouvement politique, qu'il apportait le financement public qu'il recevait, puisque lui-même avait présenté des candidats aux élections législatives, c'est seulement en fonction de cela que vous avez un financement public.
Il est bien évident que si je n'avais pas eu la certitude d'avoir ce financement public, je n'aurais pas créé un mouvement politique. Et aujourd'hui, alors qu'il n'a pas honoré ses engagements, qu'il a manqué à sa parole, et que c'est à cause de cela que nous sommes dans une situation difficile, il dit "mais je vais aller expliquer ce qui va mal, etc." Alors il est bien évident que tout cela aura des conséquences judiciaires.
Il y a problème, c'est qu'il y a une certaine Madame Mondoloni-Tomi qui a donné de l'argent au RPF, ça paraît suspect. On parle de réseaux liés aux jeux, aux casinos en Afrique ?
Je vais me montrer un peu désagréable à votre égard...
Mais allez y, on adore cela.
J'espère que vous ne m'en voudrez pas ?
Non, non pas du tout.
Pourquoi êtes-vous à ce point aussi peu curieux au regard de la loi ? Est-ce que vous croyez que la loi permet à quelqu'un de nous donner une telle somme d'argent, mais c'est forcément impossible !
Ca paraît assez bizarre, oui.
Non cela ne paraît pas bizarre, c'est impossible. La seule chose que l'on peut faire dans le cadre de la campagne européenne, c'est que des gens qui sont candidats sur votre liste, peuvent, non pas vous donner, vous avancer de l'argent, jusqu'au moment où vous avez le résultat des élections et où l'Etat vous rembourse.
Donc, au moment des élections européennes, il n'y a eu aucun don. Il y a eu un prêt, qui a été consenti par cette personne, comme par un certain nombre d'autres membres de la liste comme par de Villiers et un certain nombre de ses amis.
J'ajouterai au passage qu'un des trésoriers était fourni par de Villiers, donc il en savait autant que moi. Et pour le reste, puisque Monsieur rebondissait là-dessus en parlant d'un don qu'il y aurait eu envers moi etc., il n'y a pas de don non plus, il y a un prêt toujours pars des gens qui appartenaient à ma liste.
Voilà, il n'y a rien de plus simple. Il n'y a pas besoin pour vérifier ces comptes d'avoir un expert international et un comptable d'une qualité exceptionnelle. En une heure de temps, on peut vérifier tout cela.
Alors ce sera ma dernière question sur le sujet, s'il n'y a rien dans le dossier à votre avis, qui en veut à Charles Pasqua ? Et pourquoi on lui en veut ?
Ecoutez, nous sommes entrés dans la période préparatoire des élections présidentielles, on a bien vu tout ce qui a été fait contre le Président de la République. Aujourd'hui c'est moi, demain ce sera quelqu'un d'autre.
Mais moi, je ne me laisserai pas faire. Le Président de la République dit "je suis sans moyens", pas moi. Moi, je n'ai pas du tout l'intention de me laisser faire.
Donc vous allez agir ?
Bien entendu.
Passons, parlons toujours d'argent. Mais parlons de l'euro, alors cette fois-ci.
Ca c'est plus important. C'est beaucoup plus d'argent, même si l'euro flanche.
Il se redresse un peu en ce moment.
Oui enfin, le système des vases communicants...
J'avais envie de vous demander si, parmi les cadeaux que vous avez reçus cette année de vos amis ou de votre famille, il y avait une petite calculette pour transformer les francs en euros ?
Non, mais je n'y tiens pas d'ailleurs. Je crois que l'euro a toutes les chances de voir son application réalisée, bien que ce ne soit pas un succès, chacun voit bien que la façon dont l'euro a été lancé, moi je ne suis pas contre le principe d'une monnaie commune à l'ensemble des pays européens.
Mais il est bien évident que de la façon dont ça s'est fait, c'est totalement incohérent, on ne peut pas avoir une monnaie commune à un certain nombre de pays, alors que la politique économique, la politique fiscale et la politique sociale est différente.
Or, à l'heure actuelle, nous avons une banque centrale européenne, qui gère cette monnaie, elle gère cette monnaie naturellement avec un taux d'intérêt unique.
A l'heure actuelle, il n'y a que deux variables d'ajustement dont disposent les gouvernements et la banque centrale.
Le premier, ce sont les taux d'intérêt ; le second éventuellement, c'est le chômage. Et vous ne pouvez pas avoir un seul taux d'intérêt variable pour des pays qui ont une situation économique différente. Pour certains d'entre eux, ils sont dans une situation de surchauffe, c'est le cas de l'Irlande par exemple. Pour d'autres, ils sont dans une situation de stagnation économique. Et un taux d'intérêt unique ne peut pas correspondre, ne peut pas convenir. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il faudrait remettre les choses à l'endroit, si on veut avoir une monnaie de compte, ce qui est le cas de l'euro à l'heure actuelle.
Qu'on le garde, moi, je n'y vois pas d'inconvénient.
Par contre, je vois l'inconvénient majeur, à la disparition du franc, comme je vois un inconvénient majeur comme les Allemands d'ailleurs voient un inconvénient majeur à la disparition du mark, je ne vois pas ce que ça nous rapportera.
Cela ne nous apportera rien du tout. Donc, je vais livrer bataille sur le terrain.
Oui mais est-ce que cette bataille ne vient pas un peu tard ? Ca y est l'euro, il est là, il va rentrer, on a nos factures déjà qui arrivent en euros.
Et en francs.
Et en francs. Mais dans six mois, vous ne les aurez plus qu'en euros.
Nous verrons bien. En tous les cas, je remercie le Président de la République et le Premier ministre qui ont décidé que l'application éventuelle de l'euro se ferait trois mois avant les élections présidentielles et les élections législatives. Je pense que les Français leur en seront très reconnaissants.
Pourquoi ?
Parce qu'on peut compter sur moi pour les aider.
Vous pensez que vous pourrez mettre le doigt sur les incongruités de l'euro, sur les
Sur les inconvénients bien sûr. Bien entendu.
Alors vous proposez, si j'ai bien compris, de garder pendant une période plus longue le franc et l'euro ?
Mais oui.
Vous pensez donc que ce sera plus compliqué qu'autre chose ?
Mais pourquoi ? En quoi est-ce que la situation est compliquée aujourd'hui ? Pour les établissements bancaires, pour les grandes entreprises, etc., il n'y a pas d'inconvénient. Moi, je crois que l'euro n'a de sens que si nous arrivons à harmoniser, d'ailleurs tout le monde le sait, ça, que si nous arrivons à harmoniser les politiques économiques, les politiques fiscales et les politiques sociales. Tant que nous continuerons à avoir les écarts tels qu'ils existent, par exemple, sur le plan des charges sociales, d'un pays à l'autre, c'est illusoire de parler d'une monnaie unique.
Cela revient à plaider pour plus d'Europe ? Plus dec'est du fédéralisme.
Non pas du tout.
Enfin mêmes charges, même
Non ça revient à plaider pour plus de coopération et plus de solidarité, ça c'est clair.
C'est une bataille que vous commencerez à mener après donc les municipales, à la rentrée quoi ?
Laissons passer les municipales, il y a d'autres chats à fouetter actuellement.
Alors justement les municipales
Pas pour moi, mais pour ceux qui sont candidats.
Les municipales Vous aurez des candidats ?
Peut-être. Il y en aura bien ici ou là.
Toulon non !
Oui, cela c'est certain.
Et à Paris dans le 18ème on avait parlé de Monsieur Arajol ?
Non pas dans le 18ème. De toute façon pour l'instant, parlons de candidat RPF.
Des listes RPF, il y en aura dans deux villes, à Toulon, puisque Marchiani conduit une liste RPF, même si elle sera plus large bien entendu.
Et ensuite Marseille parce qu'à Marseille nous faisons nos propres listes. Ca c'est clair.
Ensuite, ailleurs dans un certain nombre de communes, comme notre bureau national avait décidé il y a plu d'un an, dans tous les endroits où il y a un risque de gauche, nous sommes prêts à participer à des listes d'union, soit à les conduire si on nous le demande.
Mais je rappelle tout de même que les élections municipales ne sont pas notre objectif prioritaire. On n'a pas créé le RPF pour cela. S'il s'agissait de s'occuper des élections municipales, il valait mieux rester au RPR, à l'UDF etc. Ca n'apporte rien de plus.
Alors les municipales à Paris justement, vous avez vu les derniers sondages, ils sont favorables à la gauche, donc défavorables aux listes de Monsieur Seguin et de Monsieur Tibéri, est-ce que vous avez l'impression que la droite est en train de perdre Paris ?
Je crois que ça ne se présente pas très bien. C'est le moins que l'on puisse dire. Je crois que ça ne se présente pas très bien pour un certain nombre de raisons. La première, je crois que le RPR s'est très mal conduit à l'égard de Tibéri. Ca a été mal ressenti, non seulement par lui-même, mais par une partie non négligeable du corps électoral. Je crois que d'autre part, Seguin a eu tort de s'empêtrer dans cet espèce de conglomérat de partis. Et que les arguments qui étaient présentés, à savoir que Paris devait être RPR, que Lyon était UDF, tout ça est grotesque. Il n'y a pas de propriété, il n'y a pas de droit d'héritage, il n'y a pas de transmission, ce sont les électeurs qui décident. Alors moi, ce que je crois, c'est que de toute façon, au vu des sondages actuels, je dirais même, pas besoin de ces sondages pour le penser. Je crois qu'au vu de ces sondages, il est clair que s'il n'y a pas entre les listes de Seguin et celles de Tibéri, puisque manifestement il y aura deux catégories de listes, s'il n'y a pas un accord en bonne et due forme, d'union pour le second tour alors qu'à Paris, il y a une majorité de droite, la ville risque d'être perdue.
Mais pourquoi vous soutenez Jean Tibéri plutôt que Philippe Seguin ? On ne comprend pas bien ça ?
Ecoutez, moi premièrement pour l'instant, je ne soutiens personne. J'ai dit que j'avais
On comprend entre les lignes que vous soutenez plutôt Jean Tibéri ?
Mais bien entendu, parce que d'abord j'ai de la sympathie pour Jean Tibéri ! Parce que
Vous en aviez pour Philippe Seguin, si vous avez été
Oui, mais je considère que la démarche de Philippe Seguin est une démarche qui, finalement, n'est pas conforme à l'intérêt général, et à ce qu'elle aurait du être. Je crois que Seguin a eu tort, je le redis, de remettre dans cette espèce de coalition de partis politiques. D'autre part, la démarche qui conduit Philippe Seguin, qui est une démarche dite de rupture, en ayant avec lui les trois quarts des gens qui géraient la municipalité précédente, c'est difficile à comprendre pour un Français moyen et même un peu au dessus de la moyenne. Alors je crois qu'il faut qu'il y ait une prise de conscience, si nous pouvons participer à cette prise de conscience, nous le ferons. Si nous ne le pouvons pas, écoutez, qu'il se débrouille.
Alors après les municipales, Edouard Balladur propose, il n'est pas le seul d'ailleurs, une union de toute l'opposition sous une forme d'ailleurs encore à définir. Est-ce que vous vous sentez concerné par ce projet d'union ?
Non.
Qu'est-ce que c'est un gadget pour vous ?
Non, je ne dirais pas que c'est un gadget, c'est une vieille, une vieille lune. On regarde ce qui s'est passé en Espagne ou ailleurs et on se dit qu'à partir du moment où il y aura une seule formation politique, ce serait mieux. Jamais les formations de l'opposition n'ont jamais été aussi unies qu'en 1997.
Elles avaient un candidat unique partout, elles avaient un programme unique, ça ne les a pas empêchées de perdre. On dirait que c'est à cause du Front national etc. Je ne crois pas du tout, je ne crois pas que ça corresponde à la sensibilité des Français.
Et puis, on ne peut s'entendre que sur des idées, autrement l'entente serait basée sur quoi ? Je ne parle pas pour nous, il est exclu que nous y participions, je vais dire pourquoi. Mais l'entente pourrait être basée sur quoi ? Uniquement sur la défense des postes ? Je ne crois pas que ça soit tellement enthousiasmant pour les Français. Quant à nous, il est bien évident que sur ce que nous considérons comme capital pour notre pays, c'est-à-dire le maintien de son identité nationale, le maintien se sa souveraineté nationale, ou en tout les cas qu'on limite les empiètements etc., il est bien évident que nous n'avons aucun accord avec le RPR.
Et nous n'avons plus aucun accord avec l'UDF. par contre, il y a un accord entre le RPR, l'UDF et le PS. Alors la véritable union, ça devrait être celle-là.
C'est à dire qu'autrement dit, surtout lorsque vous vous présenterez aux présidentielles, je crois que c'est toujours votre idée, vous allez être le candidat de la France contre les Européens, contre les Eurocrates, les
C'est un peu ça, mais ce sera probablement. Si on schématise, on peut caricaturer un peu aussi. Mais ce sera autre chose. Je veux vous dire par là que moi, ce qui me frappe, à l'heure actuelle, c'est l'absence de fond
Vous mettez un peu tout le monde dans le même panier ?
Oui, ce n'est pas moi qui les y mets, ils s'y sont mis tout seuls.
Quelle est la différence à l'heure actuelle, sur le plan de la politique économique, entre la gauche et la droite ? Quelle est-elle ? Sur le plan de la politique européenne, quelle est-elle ? Sur le plan de la politique étrangère, quelle est-elle ? En réalité, on voit bien que la cohabitation a gommé les différences, les différences qui existaient encore, et on a cette espèce de conduite bicéphale de la politique française qui n'arrange rien.
Mais en dehors de ça, ce qui est déjà beaucoup et on voit bien que dans le même temps, cette gestion bicéphale, elle a amené un certain affaissement de l'Etat. Tout à l'heure, on a commencé à parler de la justice, on pourrait en parler longtemps.
Et sur un plan beaucoup plus général, mais dans beaucoup de domaines, l'Etat ne joue plus son rôle, ça c'est clair.
Il s'est affaissé, deuxièmement, ce qui est extrêmement étonnant, c'est de voir qu'en définitive, alors que les hommes politiques devraient voir les choses de plus haut et plus loin, ils pourraient voir les choses en perspectives d'avenir etc., pour l'instant, où sont les projets de Monsieur Jospin ? Il n'en a pas.
Où sont ceux du Président de la République ? On ne les connaît pas non plus.
Ce qui est beaucoup plus grave d'ailleurs, c'est que si vous questionnez les différents leaders des autres pays européens, il n'y en a pas non plus. Manque de vision, manque de perspective, manque de souffle, ça fait quand même trois inconvénients, trois handicaps considérables.
Alors vous me direz, mais vous alors, et à votre âge, vous vous figurez que vous allez incarner tout ça ? Ecoutez, moi, vous savez, je n'ai pas d'ambition personnelle et je ne suis pas, j'aurai un avantage sur les autres, je ne chercherai pas à plaire. Je ne chercherai pas ce qui permettrait de gagner des voix.
Et je ne donnerai pas dans la démagogie.
Je dirai comment je vois les choses, pas seulement comment je les vois, moi, mais comment un certain nombre de gens qui sont autour de mois et que l'on connaîtra le moment venu, que l'on verra comment ils voient les choses et comment nous sentons qu'il faudrait faire progresser ce pays. Voilà.
Pourtant, à écouter le Président de la République, depuis quelques jours, on a l'impression que ses vues sont assez largement différentes de celles du Premier ministre, en tout cas
Oui mais ça, c'est de la tactique. C'est parce qu'ils sont candidats tous les deux. Donc il faut bien qu'ils trouvent des éléments de différence. Mais ça porte sur quoi ? Ca ne porte pas sur l'essentiel.
Je reviens sur un dossier qui est un peu plus proche de nous, qui est celui de la Corse, la semaine dernière le Président de la République était plutôt resté prudent sur le sujet, à condamner le projet de loi de gouvernement sur la Corse, vous vous en félicitez ?
De quoi donc ?
Des critiques qu'a émises le Président sur ce projet ?
Je m'en fiche et je crois que c'est le minimum. Le Président de la République, de par la Constitution, a des responsabilités propres et notamment le garant de l'unité nationale. Et de l'indivisibilité de la République. La cohabitation a eu comme conséquence de transformer le Président de la République d'acteur principal en spectateur, voire en commentateur. Ce n'est pas cela qu'on attend de lui. On n'attend pas de lui qu'il nous dise que le moment venu, le Conseil constitutionnel dira si on peut faire ça ou pas. On attend de lui qu'il dise "voilà jusqu'où on peut aller et voilà ce que l'on ne doit pas faire. Et voilà de toute façon, ce à quoi, moi, Président de la République je m'opposerai" c'est cela que l'on est en droit d'attendre de lui. Pour le moment, nous n'avons pas une position aussi claire. Voilà.
Et nous verrons cela quand le projet sera le bureau du Conseil des ministres, dans quelques jours maintenant, merci, Charles Pasqua, d'avoir été l'invité de la Tribune, Sud Radio/Le Point.
Merci Messieurs.
(Source http://www.rpfie.org, le 05 février 2001).
Bonsoir.
Merci d'être le premier invité 2001, de la Tribune/Sud Radio/Le Point, l'occasion de vous présenter tous nos vux ainsi qu'à tous ceux qui sont fidèles à ce rendez-vous du mardi 19 heures.
Une année 2001 qui commence sans doute comme vous l'auriez souhaité, votre argent, enfin pas le vôtre, l'argent du RPF intéresse beaucoup de monde.
La justice et le juge Philippe Courroye, qui s'occupait d'un dossier de vente d'armes est venu jusqu'au siège du RPF pour saisir vos comptes de campagne européenne. Il a reçu le renfort de votre ex-associé du RPF, Philippe de Villiers qui demain déposera, il l'a dit, comme témoin à charge.
L'argent, il en sera également question avec l'euro, qui sera la monnaie unique de 11 pays dans une année maintenant. 11 pays dont la France bien sûr.
Alors vous partez en résistance, je dirais, contre l'euro ou plutôt vous voulez défendre le franc. Vous nous direz pourquoi et comment. Mais en tout cas vous commencerez votre action après les municipales. Les municipales qui sont la grande bataille politique de ce trimestre. Avec des élections qui se polarisent à tort ou à raison sur la capitale.
On a vu les derniers sondages, ils ne sont pas favorables à la droite alors que doit faire ou que peut faire le RPF pour conserver la capitale à droite ?
Et puis, bien sûr, il y a l'horizon 2002, avec un Jacques Chirac qui profite des vux de début d'année pour multiplier les avertissements au gouvernement. Une année utile, avait-il dit le 31 décembre, pas d'année sabbatique a-t-il dit aujourd'hui devant la presse.
La campagne présidentielle semble belle et bien lancée, elle ne peut laisser indifférent le candidat Pasqua. Riche actualité vous le voyez pour ce début d'année, que nous allons développer dans un instant, avec Jean-François Paige de Sud Ouest et Ludovic Guillaume du Point.
Alors on va parler d'abord de ce qui fâche, serais-je tenté de dire. A propos donc de cette enquête et la venue du juge Courroye dans votre bureau, chez vous, et au Conseil Général.
Alors vous vous êtes posé la question, vous vous demandez ce que le juge et ce que la justice générale vous reprochent. Vous vous posiez la question il y a quelques jours, est-ce que vous en savez un peu plus aujourd'hui ?
Non je n'en sais pas davantage. Je trouve étonnant et même un peu anormal. La justice a un certain nombre de moyens, elle les utilise, c'est normal. Mais encore faut-il que cela ne débouche pas sur la mise en cause injustifiée ou la suspicion jetée sur un parti politique et sur les dirigeants de ce mouvement. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que premièrement, je ne savais pas pourquoi ils étaient venus.
Deuxièmement, j'ai dit également que s'il y avait des reproches à faire, il fallait les faire, et que s'il n'y avait rien de plus à dire, qu'on nous fiche la paix. Je n'en sais pas davantage.
Ce que je sais, je l'apprends, en lisant la presse, parce qu'une fois de plus, il y a cette espèce de symbiose entre une partie de la presse et une partie de la justice, ce qui me semble regrettable. Qui en tous les cas conduit à un système qui relève davantage de ce qu'on a connu à la fin de la République romaine qui était la proscription ou avec la liste des suspects.
Et je crois que tout cela n'a rien à voir avec une bonne administration de la justice comme on dit.
Alors justement comment expliquez-vous que vous puissiez être mis en cause, je crois que c'est une question que beaucoup d'auditeurs se posent, avec dans un dossier qui mêle aussi le fils de l'ancien Président de la République, Jean-Christophe Mitterrand ? Est-ce que c'est vrai qu'il y a des réseaux qui mélangent en Afrique, des amis à vous et Jean-Christophe Mitterrand ?
Ecoutez alors ça c'est
Est-ce que c'est vrai ? Ou est-ce que c'est de la fantasmagorie ?
Alors ça, cela fait partie des fantasmes. Je crois que j'ai dû croiser Jean-Christophe Mitterrand une fois en dix ans. Et je crois que nous n'avons absolument rien de commun, moi je ne sais pas ce qu'a fait Jean-Christophe Mitterrand.
Je constate simplement qu'il a été mis en détention et qu'ensuite la Chambre d'Appel qui a remplacé la Chambre d'Accusation a décidé de sa mise en liberté. Bien que cette mise en liberté, ne soit pas effective, compte tenu du montant de la caution tel qu'il a été fixé. Je constate que ça fait la deuxième fois que des gens sont mis en détention et je pense que la détention a été trop souvent utilisée comme un moyen de pression par un certain nombre de juges.
Comme à partir du 1er janvier, nous sommes dans le cadre de l'application de la nouvelle loi sur la présomption d'innocence, qui fait que ce n'est pas le même juge qui décide de la mise en détention provisoire et de celui qui instruit le dossier, peut-être a-t-on voulu aller vite en besogne.
Quoi qu'il en soit, le problème de Jean-Christophe Mitterrand est une chose. L'utilisation abusive de la détention provisoire est une chose.
La mise en cause, dans la presse sans qu'aucune accusation précise puisse être portée par la justice en ce qui concerne le mouvement que je préside ou moi-même, tout ça n'a rien à voir avec la justice.
On dit qu'il y a eu un trafic d'armes, je n'en sais rien du tout. Je constate d'abord que le mot de "trafic d'armes" ne correspond pas à la réalité des choses, s'il y a eu vente d'armes entre deux pays, souverains en dehors de la France, il ne s'agit pas d'un trafic d'armes. il s'agit de vente d'armes. C'est un autre problème.
Alors qu'est-ce qu'on essaie de découvrir ? Ou qu'est-ce qu'on essaie de démontrer ? Qu'éventuellement une société qui était dans l'orbite du ministère de l'Intérieur aurait pu être partie prenante dans cette affaire ? C'est totalement impossible, oui c'est totalement impossible et c'est irréaliste.
Je rappelle au passage que dans cette société, dans ce conseil d'administration figuraient les représentants des différentes administrations concernées : l'Intérieur bien entendu, la Défense, les Finances. Qu'on arrête de fantasmer ! Ou alors on a des éléments. Si on a des éléments, qu'on les donne. Voilà.
Vous dites que vous ne savez pas ce que les juges peuvent vous reprocher en ce moment. Pourtant, il semble que votre ex-associé politique Philippe de Villiers, avec qui vous étiez au RPF, sache, lui, puisqu'il va aller demain devant le juge Courroye témoigner
Non, non, tout cela n'a strictement rien à voir. Là nous sommes en train de parler d'une affaire de ventes d'armes, dont
Mais qui serait bien un financement de parti, c'est cela ?
Ecoutez, deux secondes, on parle de cette affaire de ventes d'armes, dans laquelle éventuellement le ministère de l'Intérieur aurait pu être impliqué. C'est totalement faux et j'ai demandé au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, d'engager les poursuites prévues par la loi. Premier point.
Elle a réagi ?
Elle a le temps nécessaire pour le faire. Mais cela, pour moi, j'ai fait le nécessaire, c'est en route. C'est le problème de la justice, ce n'est plus le mien.
Là-dessus vient se greffer un autre fantasme qui consiste à dire, mais il y a eu beaucoup d'argent, alors pour l'instant qu'est-ce que l'on sait ? On sait que Jean-Christophe Mitterrand a touché une somme d'argent émanant d'une des personnes suspectées d'avoir participé à cette opération de vente d'armes. Et on ne sait d'ailleurs pas pourquoi.
Ce n'est pas mon problème, c'est celui de la justice et à la limite des défenseurs de Jean-Christophe Mitterrand. Mais qu'est-ce que nous avons à voir là-dedans ? Alors on essaie de dire, "mais le RPF a dû bénéficier de ces fonds".
Ecoutez, il n'y a rien de plus simple et de plus facile à vérifier que les comptes du RPF
Les comptes de campagne du RPF ont été soumis aux experts comptables, aux commissaires aux comptes, puis à la Commission des comptes de campagne, tout ça a été vérifié et accepté.
D'autre part, tout le monde sait que le RPF, mouvement politique qui ne bénéficie pas de financement public, en dehors des sommes affectées aux six parlementaires que nous avons, ce qui fait 1 800 000 francs, ne dispose pour son financement que des cotisations des adhérents, des versements de ses membres bienfaiteurs et donateurs qui sont faciles à identifier. Et en dehors de cela des souscriptions. Ce qui fait qu'aujourd'hui le RPF est dans une situation financière difficile et il vit pratiquement au jour le jour, en fonction du soutien de ses adhérents, et il est notamment dans cette situation parce que nous avons eu, comme vous le rappeliez tout à l'heure, dans le personne de De Villiers, un associé sans parole, qui n'a tenu aucun de ses engagements.
Qui avait déclaré publiquement, lorsque nous avons créé ce mouvement politique, qu'il apportait le financement public qu'il recevait, puisque lui-même avait présenté des candidats aux élections législatives, c'est seulement en fonction de cela que vous avez un financement public.
Il est bien évident que si je n'avais pas eu la certitude d'avoir ce financement public, je n'aurais pas créé un mouvement politique. Et aujourd'hui, alors qu'il n'a pas honoré ses engagements, qu'il a manqué à sa parole, et que c'est à cause de cela que nous sommes dans une situation difficile, il dit "mais je vais aller expliquer ce qui va mal, etc." Alors il est bien évident que tout cela aura des conséquences judiciaires.
Il y a problème, c'est qu'il y a une certaine Madame Mondoloni-Tomi qui a donné de l'argent au RPF, ça paraît suspect. On parle de réseaux liés aux jeux, aux casinos en Afrique ?
Je vais me montrer un peu désagréable à votre égard...
Mais allez y, on adore cela.
J'espère que vous ne m'en voudrez pas ?
Non, non pas du tout.
Pourquoi êtes-vous à ce point aussi peu curieux au regard de la loi ? Est-ce que vous croyez que la loi permet à quelqu'un de nous donner une telle somme d'argent, mais c'est forcément impossible !
Ca paraît assez bizarre, oui.
Non cela ne paraît pas bizarre, c'est impossible. La seule chose que l'on peut faire dans le cadre de la campagne européenne, c'est que des gens qui sont candidats sur votre liste, peuvent, non pas vous donner, vous avancer de l'argent, jusqu'au moment où vous avez le résultat des élections et où l'Etat vous rembourse.
Donc, au moment des élections européennes, il n'y a eu aucun don. Il y a eu un prêt, qui a été consenti par cette personne, comme par un certain nombre d'autres membres de la liste comme par de Villiers et un certain nombre de ses amis.
J'ajouterai au passage qu'un des trésoriers était fourni par de Villiers, donc il en savait autant que moi. Et pour le reste, puisque Monsieur rebondissait là-dessus en parlant d'un don qu'il y aurait eu envers moi etc., il n'y a pas de don non plus, il y a un prêt toujours pars des gens qui appartenaient à ma liste.
Voilà, il n'y a rien de plus simple. Il n'y a pas besoin pour vérifier ces comptes d'avoir un expert international et un comptable d'une qualité exceptionnelle. En une heure de temps, on peut vérifier tout cela.
Alors ce sera ma dernière question sur le sujet, s'il n'y a rien dans le dossier à votre avis, qui en veut à Charles Pasqua ? Et pourquoi on lui en veut ?
Ecoutez, nous sommes entrés dans la période préparatoire des élections présidentielles, on a bien vu tout ce qui a été fait contre le Président de la République. Aujourd'hui c'est moi, demain ce sera quelqu'un d'autre.
Mais moi, je ne me laisserai pas faire. Le Président de la République dit "je suis sans moyens", pas moi. Moi, je n'ai pas du tout l'intention de me laisser faire.
Donc vous allez agir ?
Bien entendu.
Passons, parlons toujours d'argent. Mais parlons de l'euro, alors cette fois-ci.
Ca c'est plus important. C'est beaucoup plus d'argent, même si l'euro flanche.
Il se redresse un peu en ce moment.
Oui enfin, le système des vases communicants...
J'avais envie de vous demander si, parmi les cadeaux que vous avez reçus cette année de vos amis ou de votre famille, il y avait une petite calculette pour transformer les francs en euros ?
Non, mais je n'y tiens pas d'ailleurs. Je crois que l'euro a toutes les chances de voir son application réalisée, bien que ce ne soit pas un succès, chacun voit bien que la façon dont l'euro a été lancé, moi je ne suis pas contre le principe d'une monnaie commune à l'ensemble des pays européens.
Mais il est bien évident que de la façon dont ça s'est fait, c'est totalement incohérent, on ne peut pas avoir une monnaie commune à un certain nombre de pays, alors que la politique économique, la politique fiscale et la politique sociale est différente.
Or, à l'heure actuelle, nous avons une banque centrale européenne, qui gère cette monnaie, elle gère cette monnaie naturellement avec un taux d'intérêt unique.
A l'heure actuelle, il n'y a que deux variables d'ajustement dont disposent les gouvernements et la banque centrale.
Le premier, ce sont les taux d'intérêt ; le second éventuellement, c'est le chômage. Et vous ne pouvez pas avoir un seul taux d'intérêt variable pour des pays qui ont une situation économique différente. Pour certains d'entre eux, ils sont dans une situation de surchauffe, c'est le cas de l'Irlande par exemple. Pour d'autres, ils sont dans une situation de stagnation économique. Et un taux d'intérêt unique ne peut pas correspondre, ne peut pas convenir. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il faudrait remettre les choses à l'endroit, si on veut avoir une monnaie de compte, ce qui est le cas de l'euro à l'heure actuelle.
Qu'on le garde, moi, je n'y vois pas d'inconvénient.
Par contre, je vois l'inconvénient majeur, à la disparition du franc, comme je vois un inconvénient majeur comme les Allemands d'ailleurs voient un inconvénient majeur à la disparition du mark, je ne vois pas ce que ça nous rapportera.
Cela ne nous apportera rien du tout. Donc, je vais livrer bataille sur le terrain.
Oui mais est-ce que cette bataille ne vient pas un peu tard ? Ca y est l'euro, il est là, il va rentrer, on a nos factures déjà qui arrivent en euros.
Et en francs.
Et en francs. Mais dans six mois, vous ne les aurez plus qu'en euros.
Nous verrons bien. En tous les cas, je remercie le Président de la République et le Premier ministre qui ont décidé que l'application éventuelle de l'euro se ferait trois mois avant les élections présidentielles et les élections législatives. Je pense que les Français leur en seront très reconnaissants.
Pourquoi ?
Parce qu'on peut compter sur moi pour les aider.
Vous pensez que vous pourrez mettre le doigt sur les incongruités de l'euro, sur les
Sur les inconvénients bien sûr. Bien entendu.
Alors vous proposez, si j'ai bien compris, de garder pendant une période plus longue le franc et l'euro ?
Mais oui.
Vous pensez donc que ce sera plus compliqué qu'autre chose ?
Mais pourquoi ? En quoi est-ce que la situation est compliquée aujourd'hui ? Pour les établissements bancaires, pour les grandes entreprises, etc., il n'y a pas d'inconvénient. Moi, je crois que l'euro n'a de sens que si nous arrivons à harmoniser, d'ailleurs tout le monde le sait, ça, que si nous arrivons à harmoniser les politiques économiques, les politiques fiscales et les politiques sociales. Tant que nous continuerons à avoir les écarts tels qu'ils existent, par exemple, sur le plan des charges sociales, d'un pays à l'autre, c'est illusoire de parler d'une monnaie unique.
Cela revient à plaider pour plus d'Europe ? Plus dec'est du fédéralisme.
Non pas du tout.
Enfin mêmes charges, même
Non ça revient à plaider pour plus de coopération et plus de solidarité, ça c'est clair.
C'est une bataille que vous commencerez à mener après donc les municipales, à la rentrée quoi ?
Laissons passer les municipales, il y a d'autres chats à fouetter actuellement.
Alors justement les municipales
Pas pour moi, mais pour ceux qui sont candidats.
Les municipales Vous aurez des candidats ?
Peut-être. Il y en aura bien ici ou là.
Toulon non !
Oui, cela c'est certain.
Et à Paris dans le 18ème on avait parlé de Monsieur Arajol ?
Non pas dans le 18ème. De toute façon pour l'instant, parlons de candidat RPF.
Des listes RPF, il y en aura dans deux villes, à Toulon, puisque Marchiani conduit une liste RPF, même si elle sera plus large bien entendu.
Et ensuite Marseille parce qu'à Marseille nous faisons nos propres listes. Ca c'est clair.
Ensuite, ailleurs dans un certain nombre de communes, comme notre bureau national avait décidé il y a plu d'un an, dans tous les endroits où il y a un risque de gauche, nous sommes prêts à participer à des listes d'union, soit à les conduire si on nous le demande.
Mais je rappelle tout de même que les élections municipales ne sont pas notre objectif prioritaire. On n'a pas créé le RPF pour cela. S'il s'agissait de s'occuper des élections municipales, il valait mieux rester au RPR, à l'UDF etc. Ca n'apporte rien de plus.
Alors les municipales à Paris justement, vous avez vu les derniers sondages, ils sont favorables à la gauche, donc défavorables aux listes de Monsieur Seguin et de Monsieur Tibéri, est-ce que vous avez l'impression que la droite est en train de perdre Paris ?
Je crois que ça ne se présente pas très bien. C'est le moins que l'on puisse dire. Je crois que ça ne se présente pas très bien pour un certain nombre de raisons. La première, je crois que le RPR s'est très mal conduit à l'égard de Tibéri. Ca a été mal ressenti, non seulement par lui-même, mais par une partie non négligeable du corps électoral. Je crois que d'autre part, Seguin a eu tort de s'empêtrer dans cet espèce de conglomérat de partis. Et que les arguments qui étaient présentés, à savoir que Paris devait être RPR, que Lyon était UDF, tout ça est grotesque. Il n'y a pas de propriété, il n'y a pas de droit d'héritage, il n'y a pas de transmission, ce sont les électeurs qui décident. Alors moi, ce que je crois, c'est que de toute façon, au vu des sondages actuels, je dirais même, pas besoin de ces sondages pour le penser. Je crois qu'au vu de ces sondages, il est clair que s'il n'y a pas entre les listes de Seguin et celles de Tibéri, puisque manifestement il y aura deux catégories de listes, s'il n'y a pas un accord en bonne et due forme, d'union pour le second tour alors qu'à Paris, il y a une majorité de droite, la ville risque d'être perdue.
Mais pourquoi vous soutenez Jean Tibéri plutôt que Philippe Seguin ? On ne comprend pas bien ça ?
Ecoutez, moi premièrement pour l'instant, je ne soutiens personne. J'ai dit que j'avais
On comprend entre les lignes que vous soutenez plutôt Jean Tibéri ?
Mais bien entendu, parce que d'abord j'ai de la sympathie pour Jean Tibéri ! Parce que
Vous en aviez pour Philippe Seguin, si vous avez été
Oui, mais je considère que la démarche de Philippe Seguin est une démarche qui, finalement, n'est pas conforme à l'intérêt général, et à ce qu'elle aurait du être. Je crois que Seguin a eu tort, je le redis, de remettre dans cette espèce de coalition de partis politiques. D'autre part, la démarche qui conduit Philippe Seguin, qui est une démarche dite de rupture, en ayant avec lui les trois quarts des gens qui géraient la municipalité précédente, c'est difficile à comprendre pour un Français moyen et même un peu au dessus de la moyenne. Alors je crois qu'il faut qu'il y ait une prise de conscience, si nous pouvons participer à cette prise de conscience, nous le ferons. Si nous ne le pouvons pas, écoutez, qu'il se débrouille.
Alors après les municipales, Edouard Balladur propose, il n'est pas le seul d'ailleurs, une union de toute l'opposition sous une forme d'ailleurs encore à définir. Est-ce que vous vous sentez concerné par ce projet d'union ?
Non.
Qu'est-ce que c'est un gadget pour vous ?
Non, je ne dirais pas que c'est un gadget, c'est une vieille, une vieille lune. On regarde ce qui s'est passé en Espagne ou ailleurs et on se dit qu'à partir du moment où il y aura une seule formation politique, ce serait mieux. Jamais les formations de l'opposition n'ont jamais été aussi unies qu'en 1997.
Elles avaient un candidat unique partout, elles avaient un programme unique, ça ne les a pas empêchées de perdre. On dirait que c'est à cause du Front national etc. Je ne crois pas du tout, je ne crois pas que ça corresponde à la sensibilité des Français.
Et puis, on ne peut s'entendre que sur des idées, autrement l'entente serait basée sur quoi ? Je ne parle pas pour nous, il est exclu que nous y participions, je vais dire pourquoi. Mais l'entente pourrait être basée sur quoi ? Uniquement sur la défense des postes ? Je ne crois pas que ça soit tellement enthousiasmant pour les Français. Quant à nous, il est bien évident que sur ce que nous considérons comme capital pour notre pays, c'est-à-dire le maintien de son identité nationale, le maintien se sa souveraineté nationale, ou en tout les cas qu'on limite les empiètements etc., il est bien évident que nous n'avons aucun accord avec le RPR.
Et nous n'avons plus aucun accord avec l'UDF. par contre, il y a un accord entre le RPR, l'UDF et le PS. Alors la véritable union, ça devrait être celle-là.
C'est à dire qu'autrement dit, surtout lorsque vous vous présenterez aux présidentielles, je crois que c'est toujours votre idée, vous allez être le candidat de la France contre les Européens, contre les Eurocrates, les
C'est un peu ça, mais ce sera probablement. Si on schématise, on peut caricaturer un peu aussi. Mais ce sera autre chose. Je veux vous dire par là que moi, ce qui me frappe, à l'heure actuelle, c'est l'absence de fond
Vous mettez un peu tout le monde dans le même panier ?
Oui, ce n'est pas moi qui les y mets, ils s'y sont mis tout seuls.
Quelle est la différence à l'heure actuelle, sur le plan de la politique économique, entre la gauche et la droite ? Quelle est-elle ? Sur le plan de la politique européenne, quelle est-elle ? Sur le plan de la politique étrangère, quelle est-elle ? En réalité, on voit bien que la cohabitation a gommé les différences, les différences qui existaient encore, et on a cette espèce de conduite bicéphale de la politique française qui n'arrange rien.
Mais en dehors de ça, ce qui est déjà beaucoup et on voit bien que dans le même temps, cette gestion bicéphale, elle a amené un certain affaissement de l'Etat. Tout à l'heure, on a commencé à parler de la justice, on pourrait en parler longtemps.
Et sur un plan beaucoup plus général, mais dans beaucoup de domaines, l'Etat ne joue plus son rôle, ça c'est clair.
Il s'est affaissé, deuxièmement, ce qui est extrêmement étonnant, c'est de voir qu'en définitive, alors que les hommes politiques devraient voir les choses de plus haut et plus loin, ils pourraient voir les choses en perspectives d'avenir etc., pour l'instant, où sont les projets de Monsieur Jospin ? Il n'en a pas.
Où sont ceux du Président de la République ? On ne les connaît pas non plus.
Ce qui est beaucoup plus grave d'ailleurs, c'est que si vous questionnez les différents leaders des autres pays européens, il n'y en a pas non plus. Manque de vision, manque de perspective, manque de souffle, ça fait quand même trois inconvénients, trois handicaps considérables.
Alors vous me direz, mais vous alors, et à votre âge, vous vous figurez que vous allez incarner tout ça ? Ecoutez, moi, vous savez, je n'ai pas d'ambition personnelle et je ne suis pas, j'aurai un avantage sur les autres, je ne chercherai pas à plaire. Je ne chercherai pas ce qui permettrait de gagner des voix.
Et je ne donnerai pas dans la démagogie.
Je dirai comment je vois les choses, pas seulement comment je les vois, moi, mais comment un certain nombre de gens qui sont autour de mois et que l'on connaîtra le moment venu, que l'on verra comment ils voient les choses et comment nous sentons qu'il faudrait faire progresser ce pays. Voilà.
Pourtant, à écouter le Président de la République, depuis quelques jours, on a l'impression que ses vues sont assez largement différentes de celles du Premier ministre, en tout cas
Oui mais ça, c'est de la tactique. C'est parce qu'ils sont candidats tous les deux. Donc il faut bien qu'ils trouvent des éléments de différence. Mais ça porte sur quoi ? Ca ne porte pas sur l'essentiel.
Je reviens sur un dossier qui est un peu plus proche de nous, qui est celui de la Corse, la semaine dernière le Président de la République était plutôt resté prudent sur le sujet, à condamner le projet de loi de gouvernement sur la Corse, vous vous en félicitez ?
De quoi donc ?
Des critiques qu'a émises le Président sur ce projet ?
Je m'en fiche et je crois que c'est le minimum. Le Président de la République, de par la Constitution, a des responsabilités propres et notamment le garant de l'unité nationale. Et de l'indivisibilité de la République. La cohabitation a eu comme conséquence de transformer le Président de la République d'acteur principal en spectateur, voire en commentateur. Ce n'est pas cela qu'on attend de lui. On n'attend pas de lui qu'il nous dise que le moment venu, le Conseil constitutionnel dira si on peut faire ça ou pas. On attend de lui qu'il dise "voilà jusqu'où on peut aller et voilà ce que l'on ne doit pas faire. Et voilà de toute façon, ce à quoi, moi, Président de la République je m'opposerai" c'est cela que l'on est en droit d'attendre de lui. Pour le moment, nous n'avons pas une position aussi claire. Voilà.
Et nous verrons cela quand le projet sera le bureau du Conseil des ministres, dans quelques jours maintenant, merci, Charles Pasqua, d'avoir été l'invité de la Tribune, Sud Radio/Le Point.
Merci Messieurs.
(Source http://www.rpfie.org, le 05 février 2001).