Déclaration de M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, sur la coopération énergétique entre la Méditerranée, l'Afrique et le Moyen-Orient, à Charm El-Cheikh le 1er novembre 2007.

Prononcé le 1er novembre 2007

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Circonstance : Déplacement en Egypte, du 1er au 4 novembre-Conférence Union européenne-Afrique-Moyen-Orient sur l'énergie, à Charm El-Cheikh le 1er novembre 2007

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame et Monsieur les Commissaires européens,
Je souhaite tout d'abord remercier, au nom du gouvernement français, les autorités égyptiennes et la Commission européenne pour l'organisation de cette conférence dans cet environnement enchanteur.
Ce format novateur, qui regroupe nos trois régions - l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Europe - constitue sans aucun doute un excellent cadre de concertation, de dialogue et d'initiative pour répondre collectivement aux défis partagés de la sécurité énergétique. La France est en effet très attachée au renforcement de la coopération énergétique entre la Méditerranée, l'Afrique et le Moyen-Orient.
Comme cela a déjà été évoqué par les Commissaires européens, l'interdépendance énergétique entre pays européens et pays du pourtour méditerranéen donne tout son sens à l'initiative Euromed. La France souhaite que cette initiative puisse donner lieu dans les pays méditerranéens à des projets concrets et structurants dans le domaine de l'énergie, qui bénéficieront également au Moyen-Orient et à l'Afrique.
Je tiens également à vous dire combien la France se réjouit du lancement prochain, lors du Sommet de Lisbonne, d'un partenariat important entre l'Union européenne et l'Afrique, dont les priorités seront l'accès à l'énergie, la sécurité énergétique et la lutte contre le changement climatique.
Nous appelons enfin de nos voeux le renforcement des coopérations énergétiques entre l'Union européenne et le Conseil de Coopération des Etats du Golfe, en particulier dans le domaine industriel et technologique.
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Je souhaite évoquer aussi devant vous une initiative qui nous tient particulièrement à coeur, dans laquelle la France est activement engagée et qui se déploie aujourd'hui sur tous les continents, notamment en Afrique : il s'agit de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives, ITIE, qui vise à assurer la transparence des revenus pétroliers, gaziers et miniers au moyen de contrôles comptables, en concertation avec les Etats, les entreprises et la société civile. Nous invitons le plus grand nombre de pays à rejoindre cette initiative.
A titre bilatéral, nous attachons également la plus grande importance à la question de l'énergie, qu'il s'agisse de renforcer nos relations avec les pays voisins de la Méditerranée, ou de favoriser l'accès des pays d'Afrique aux services énergétiques. C'est une des priorités de l'aide publique au développement française.
Selon la Banque mondiale, pour assurer 100 % d'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne, d'ici à 2030, il faudrait investir chaque année 8,27 milliards d'euros. Face à l'ampleur des besoins, il nous faut par conséquent aussi mobiliser les acteurs du secteur privé et leur fournir un cadre favorisant les investissements durables.
D'une manière générale, la concertation entre les Etats, les entreprises et la société civile est fondamentale pour relever les défis de la sécurité énergétique et du changement climatique.
Dans sa politique extérieure de l'énergie, désormais indissociable de sa politique en matière de changement climatique, la France privilégie les axes d'action suivants :
- la diversification du bouquet énergétique et des sources d'approvisionnement. Nous accordons une importance particulière au développement de deux sources d'énergie endogènes non émettrices de gaz à effet de serre : les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire.
En matière de sécurisation de l'offre, nous restons convaincus de l'utilité des contrats de long terme, qui concourent à la stabilité et à la prévisibilité des marchés, donc des investissements.
- La maîtrise de la demande d'énergie, qui passe par l'amélioration de l'efficacité énergétique. Nous soutenons évidemment les travaux menés dans ce domaine par l'Union européenne.
- La coopération sous-régionale dans le domaine de l'énergie, de voisin à voisin, car les infrastructures physiques sont incontournables. Au titre de la coopération, nous mettons également l'accent sur la coopération régionale, par exemple en Afrique dans le cadre de la CEDEAO : appui aux grands projets d'infrastructures, aux interconnexions électriques et à la régulation dans le cadre du WAPP (West African Power Pool), mais également aux politiques régionales pour l'accès à l'énergie.
- La concertation et la recherche de solutions face à la hausse du prix du pétrole, entretenue par des facteurs à la fois géopolitiques et structurels. Pour réduire les tensions entre l'offre et la demande de pétrole, nous encourageons l'OPEP et les grands pays producteurs à adopter des objectifs de production permettant de maintenir un prix raisonnable du baril.
Nous notons l'importance de poursuivre les travaux engagés dans le cadre de l'initiative "Joint Oil Data Initiative" (JODI) sur la transparence des marchés pétroliers et qu'il faudrait étendre aux marchés gaziers, en se concentrant en particulier sur la question des réserves.
La France est consciente du poids important que font peser les coûts actuels des hydrocarbures sur la facture énergétique des pays en développement, notamment en Afrique. Nous souhaitons qu'une réflexion soit engagée sur les moyens pour ces pays de faire face à ces surcoûts. Le développement du nucléaire civil est une des options importantes à étudier et à développer. Nous saluons à cet égard et appuyons l'exemple que donne l'Egypte et le président Moubarak, avec la décision qui vient d'être annoncée il y a quelques jours.
L'énergie sera l'une des priorités de la Présidence française de l'Union européenne au second semestre 2008, avec pour objectif l'élaboration et la mise en oeuvre d'une véritable politique énergétique européenne, notamment dans son volet extérieur. La France s'attachera donc sous sa présidence à renforcer la coopération énergétique de l'Union européenne avec la Méditerranée, l'Afrique et le Moyen-Orient. Les idées et propositions présentées lors de cette conférence seront pour nous d'une grande utilité pour contribuer au renforcement de cette coopération.
Enfin, je veux rappeler que dès juin 2008, à l'invitation du président de la République française, M. Nicolas Sarkozy, tous les chefs d'Etat et de gouvernement des pays riverains de la Méditerranée seront conviés à jeter les bases d'une Union politique, économique et culturelle, l'Union de la Méditerranée.
Merci encore à l'Egypte d'avoir organisé cette conférence au moment le plus opportun : nous en attendons beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2007