Texte intégral
ENTRETIEN AVEC "MIDDLE EAST BROADCASTING CENTER (MBC)"
ET "AL HAYAT"
(Bruxelles, 27 février 2001)
Q - Pensez-vous que, après les derniers bombardements et les déclarations que vous avez faites, la position française (sur l'Iraq) est mieux comprise par les Américains et les Britanniques ?
R - Non je crois que l'opinion britannique a commencé à évoluer avant, l'opinion américaine aussi, pour des raisons américaines et pour des raisons britanniques. La presse américaine et la presse britannique ont posé des questions depuis longtemps sur l'efficacité ou non de ce système de sanctions. Donc à travers cette interrogation, cette remise en cause, je crois que nos amis américains et britanniques découvrent, ou redécouvrent à cette occasion, que les questions que la France posaient depuis quelques temps n'étaient pas infondées. Donc il se crée un climat dans lequel les uns et les autres recherchent un système plus efficace, plus adapté à la situation. Il y a moins d'opposition entre les membres permanents du Conseil de sécurité. Je pense qu'il y a moins d'opposition entre les Américains, les Britanniques et les Français et même peut-être entre les Russes et les Chinois et nous allons pouvoir peut-être réfléchir ensemble.
Q - Est ce qu'il est juste de dire, si je traduis ainsi, que c'est plutôt la position américaine qui se rapproche de celle de la France que le contraire ?
R - Je ne pose pas le problème en ces termes. Ce que je veux dire sur le fond, c'est que depuis quelques années, nous Français, nous estimons que la communauté internationale a raison de vouloir maintenir sur l'Iraq à cause du passé - l'affaire du Koweït, l'affaire de l'Iran et d'autres actions antérieures - une vigilance internationale et un contrôle particulier en matière de sécurité. C'est ce que demandent tous les voisins de ce pays et c'est considéré comme légitime par le Conseil de sécurité. Nous pensons que cette sécurité nécessaire, qui doit porter sur la surveillance d'éventuels programmes de réarmement qui ont été interdits, qui doit par conséquent porter sur le transfert de certaines technologies, certains produits, nous pensons que tout cela est justifié. Mais nous pensons que cela ne justifie pas un embargo global qui a pris en otage la population depuis des années. Nous estimons aujourd'hui que nous n'avons pas tellement besoin d'un système de sanctions. Ce n'est pas la notion de punition tournée vers le passé qui est importante aujourd'hui. Il faut se tourner vers l'avenir. Nous avons besoin d'un système de précaution et de contrôle, tourné vers l'avenir, mais qui ne pèse pas sur les populations. Voilà ce que nous recherchons depuis quelques années. S'il y a une plus grande disponibilité chez d'autres membres permanents pour réfléchir dans cette direction, tant mieux.
Q - D'après ce que j'ai pu lire les Etats-Unis et les Britanniques, lorsqu'ils ont bombardé l'Iraq, ne vous ont pas consulté.
R - Naturellement
Q - Cela vous a choqué ?
R - Non cela ne m'a pas choqué, mais il est important que cette précision soit connue : que la France n'avait été ni informée ni consultée. Nous n'avions pas demandé à être informés, mais il est important que l'opinion publique ne puisse pas se tromper sur ce point.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er mars 2001)
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ENTRETIEN AVEC LA RADIO EGYPTIENNE "NATIONAL RADIO"
(Bruxelles, 27 février 2001)
Q - Est ce que le fait de réfléchir à un "nouvel embargo" contre l'Iraq, signifie que les dix dernières années ont été un échec ?
R - Non, je crois que les mesures qui ont été appliquées à l'Iraq après la guerre du Golfe étaient justifiées. Le Conseil de sécurité a décidé, avec l'accord de tous les membres permanents, y compris la Russie, qu'il fallait à cette époque-là appliquer à l'Iraq un embargo très sévère, des contrôles très sévères. C'était les conséquences de la guerre du Golfe. Mais, dix ans ont passé et, aujourd'hui, la France considère que l'on doit réfléchir à l'adaptation du système. Ce qui est important c'est d'avoir un contrôle international pour des raisons de sécurité régionale. C'est ce que pense le Conseil de sécurité. Mais pour atteindre cet objectif de sécurité régionale et pour que les contrôles soient efficaces, on n'a pas besoin d'avoir un système d'embargo qui en réalité pénalise la population et qui n'a aucun effet sur les dirigeants. Donc, nous Français, nous disons depuis quelques années, qu'il faut réfléchir à l'adaptation des choses. Jusqu'ici les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne voyaient pas les choses de la même façon que nous. Il semblerait que dans la situation actuelle il y a un certain rapprochement entre Etats Unis, Grande Bretagne et France et une certaine ouverture d'esprit du côté russe. Donc je pense que la réflexion va pouvoir recommencer au sein du Conseil de sécurité pour adapter la politique.
Q - Avez-vous obtenu tous les détails de la part de M. Colin Powell sur ce nouvel embargo ou bien cela n'est pas encore clair ?
R - Non, d'abord ce n'est pas un "nouvel embargo", au contraire, il recherche autre chose. Il ne m'a pas donné de détails parce qu'il est dans la phase de réflexion.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 mars 2001)
ET "AL HAYAT"
(Bruxelles, 27 février 2001)
Q - Pensez-vous que, après les derniers bombardements et les déclarations que vous avez faites, la position française (sur l'Iraq) est mieux comprise par les Américains et les Britanniques ?
R - Non je crois que l'opinion britannique a commencé à évoluer avant, l'opinion américaine aussi, pour des raisons américaines et pour des raisons britanniques. La presse américaine et la presse britannique ont posé des questions depuis longtemps sur l'efficacité ou non de ce système de sanctions. Donc à travers cette interrogation, cette remise en cause, je crois que nos amis américains et britanniques découvrent, ou redécouvrent à cette occasion, que les questions que la France posaient depuis quelques temps n'étaient pas infondées. Donc il se crée un climat dans lequel les uns et les autres recherchent un système plus efficace, plus adapté à la situation. Il y a moins d'opposition entre les membres permanents du Conseil de sécurité. Je pense qu'il y a moins d'opposition entre les Américains, les Britanniques et les Français et même peut-être entre les Russes et les Chinois et nous allons pouvoir peut-être réfléchir ensemble.
Q - Est ce qu'il est juste de dire, si je traduis ainsi, que c'est plutôt la position américaine qui se rapproche de celle de la France que le contraire ?
R - Je ne pose pas le problème en ces termes. Ce que je veux dire sur le fond, c'est que depuis quelques années, nous Français, nous estimons que la communauté internationale a raison de vouloir maintenir sur l'Iraq à cause du passé - l'affaire du Koweït, l'affaire de l'Iran et d'autres actions antérieures - une vigilance internationale et un contrôle particulier en matière de sécurité. C'est ce que demandent tous les voisins de ce pays et c'est considéré comme légitime par le Conseil de sécurité. Nous pensons que cette sécurité nécessaire, qui doit porter sur la surveillance d'éventuels programmes de réarmement qui ont été interdits, qui doit par conséquent porter sur le transfert de certaines technologies, certains produits, nous pensons que tout cela est justifié. Mais nous pensons que cela ne justifie pas un embargo global qui a pris en otage la population depuis des années. Nous estimons aujourd'hui que nous n'avons pas tellement besoin d'un système de sanctions. Ce n'est pas la notion de punition tournée vers le passé qui est importante aujourd'hui. Il faut se tourner vers l'avenir. Nous avons besoin d'un système de précaution et de contrôle, tourné vers l'avenir, mais qui ne pèse pas sur les populations. Voilà ce que nous recherchons depuis quelques années. S'il y a une plus grande disponibilité chez d'autres membres permanents pour réfléchir dans cette direction, tant mieux.
Q - D'après ce que j'ai pu lire les Etats-Unis et les Britanniques, lorsqu'ils ont bombardé l'Iraq, ne vous ont pas consulté.
R - Naturellement
Q - Cela vous a choqué ?
R - Non cela ne m'a pas choqué, mais il est important que cette précision soit connue : que la France n'avait été ni informée ni consultée. Nous n'avions pas demandé à être informés, mais il est important que l'opinion publique ne puisse pas se tromper sur ce point.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er mars 2001)
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ENTRETIEN AVEC LA RADIO EGYPTIENNE "NATIONAL RADIO"
(Bruxelles, 27 février 2001)
Q - Est ce que le fait de réfléchir à un "nouvel embargo" contre l'Iraq, signifie que les dix dernières années ont été un échec ?
R - Non, je crois que les mesures qui ont été appliquées à l'Iraq après la guerre du Golfe étaient justifiées. Le Conseil de sécurité a décidé, avec l'accord de tous les membres permanents, y compris la Russie, qu'il fallait à cette époque-là appliquer à l'Iraq un embargo très sévère, des contrôles très sévères. C'était les conséquences de la guerre du Golfe. Mais, dix ans ont passé et, aujourd'hui, la France considère que l'on doit réfléchir à l'adaptation du système. Ce qui est important c'est d'avoir un contrôle international pour des raisons de sécurité régionale. C'est ce que pense le Conseil de sécurité. Mais pour atteindre cet objectif de sécurité régionale et pour que les contrôles soient efficaces, on n'a pas besoin d'avoir un système d'embargo qui en réalité pénalise la population et qui n'a aucun effet sur les dirigeants. Donc, nous Français, nous disons depuis quelques années, qu'il faut réfléchir à l'adaptation des choses. Jusqu'ici les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne voyaient pas les choses de la même façon que nous. Il semblerait que dans la situation actuelle il y a un certain rapprochement entre Etats Unis, Grande Bretagne et France et une certaine ouverture d'esprit du côté russe. Donc je pense que la réflexion va pouvoir recommencer au sein du Conseil de sécurité pour adapter la politique.
Q - Avez-vous obtenu tous les détails de la part de M. Colin Powell sur ce nouvel embargo ou bien cela n'est pas encore clair ?
R - Non, d'abord ce n'est pas un "nouvel embargo", au contraire, il recherche autre chose. Il ne m'a pas donné de détails parce qu'il est dans la phase de réflexion.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 mars 2001)