Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les tensions entre la Turquie et l'Irak, Paris le 21 octobre 2007.

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Q - C'est au sujet de la tension entre la Turquie et l'Irak. Je me demandais si vous aviez un message ?
R - Je suis en effet très inquiet car je viens de recevoir un bilan. Vous savez que des rebelles kurdes ont attaqué une unité de l'armée turque, près de la frontière entre l'Iran et l'Irak, tuant 13 soldats, en blessant 15 autres.
Cette attaque a eu lieu quatre jours après l'adoption par le Parlement turc d'une motion autorisant l'armée à pénétrer en territoire nord-irakien pour attaquer les bases arrières du parti PKK, c'est-à-dire du parti des travailleurs du Kurdistan.
C'est une situation extrêmement dangereuse. Nous avons ici condamné, par une déclaration du ministère des Affaires étrangères français, nous avons condamné très fortement ces actions, pensant que l'aggravation de la tension était lourde de menaces, dans une région qui, elle-même, est déjà très instable.
Nous en appelons une fois de plus, à la retenue. Je sais que les rebelles du PKK sont dans les montagnes, dans une région complètement isolée, très difficile d'accès pour une armée régulière. Et, en dehors des bombardements, je ne vois pas ce que pourrait faire, je sais ce qu'elle ne devrait pas faire l'armée turque.
Il y a eu une déclaration du Parlement d'Irak, pour condamner toute tentative de pénétration militaire, il n'y a pas de solution militaire à ce problème que je connais depuis très longtemps.
C'est très légitime de vouloir se défendre contre le terrorisme, bien entendu, c'est légitime, mais cela complique le problème car certains groupes du PKK, malgré les consignes de leur responsable qui est en prison depuis longtemps et qui a depuis longtemps choisi la démocratie, je me souviens très bien de ses déclarations, certains pratiquent le terrorisme et je comprends que l'Etat turc qui a des morts chaque année, des groupes de soldats en particulier, je comprends qu'il soit inquiet. Mais je pense que la solution n'est pas militaire et nous condamnons donc ces agissements.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 octobre 2007