Point de presse de M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat, porte-parole du gouvernement, sur le bilan du Conseil des ministres délocalisé, notamment la nomination de D. Strauss-Kahn à la présidence du FMI, le plan banlieue présenté par F. Amara, la politique industrielle et le développement de l'Alsace, Strasbourg le 7 septembre 2007.

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Circonstance : Conseil des ministres décentralisé à Strasbourg le 7 septembre 2007

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On va d'abord commencer par un clin d'oeil. Vous aurez remarqué que, comme beaucoup de ministres, fond bleu, cravate bleu : c'est un geste de soutien évidemment pour notre équipe de France, comme l'a demandé mon futur collègue Bernard LAPORTE. Plus sérieusement maintenant, nous venons d'avoir un vrai conseil des ministres extrêmement dense avec des sujets particulièrement intéressants, notamment sur les questions des banlieues et de la politique industrielle qui ont été évoqués. Impossible de ne pas commencer sans vous souligner la dimension très forte et symbolique de ce conseil des ministres qui se tient aujourd'hui à Strasbourg. Le signal qui a été souligné par le président est de dire : 'Le pays n'est pas dirigé que de Paris. Je souhaite que vous gouverniez dans le souci de la proximité' ; c'est le message qu'il a adressé très clairement à ses ministres et en indiquant en plus 'Passionnez-vous pour Strasbourg'. Autre signification qui était importante : chaque région doit avoir sa chance. On est ministre à Paris mais on est également ministre en région et le prochain conseil des ministres décentralisé se tiendra vraisemblablement en Corse en novembre.
Le président de la République est également revenu sur l'accueil exceptionnel qu'il a reçu aussi bien dans le monde ouvrier que dans ses déplacements dans le cadre des universités ou dans l'univers de la recherche, et également l'accueil très chaleureux qu'il a reçu hier lors de sa promenade dans les rues de Strasbourg. Il a rajouté un petit regret : il aurait aimé, mais il n'y avait pas de match, pouvoir aller à la Meinau. Voilà. Dans le cadre de ce conseil des ministres, il y a en fait une ligne que je vais essayer de vous illustrer, c'est de montrer quel est l'intérêt de faire un conseil des ministres en Alsace et de prendre sur un certain nombre de thèmes qui ont été abordés dans ce conseil des ministres la plus-value de s'obliger à réfléchir à partir d'exemples concrets, d'exemples de terrain, que peut offrir la région d'Alsace pour l'action du gouvernement. On va balayer, si vous en êtes d'accord, deux thèmes rapidement qui ont été des thèmes qui ont été abordés dans le cadre du conseil des ministres, puis les deux points les plus importants de cette communication sur le plan pour les banlieues de Fadela AMARA et sur la politique industrielle, et nous conclurons avec toutes les illustrations qui ont été données à partir de l'Alsace. Je commence donc avec ces deux thèmes, le premier qui est celui de la réorganisation de la gendarmerie nationale avec la réorganisation du réseau du GIPN. Le but est d'avoir plus d'efficacité en regroupant tous les services au sein du GIGN qui jusque là étaient dispersés. Je ne vous cache pas qu'évidemment avec le drame qui a eu lieu hier et la mort d'un tireur d'élite qui était chargé d'assurer la protection du président de la République, le président a rendu un hommage au travail de toutes ces personnes de l'ombre qui assurent sa sécurité et insisté très directement auprès du secrétaire général de l'Elysée pour qu'on veille à ce que dans son emploi du temps il puisse être présent aux obsèques. Michèle ALLIOT-MARIE a appelé elle-même la famille.
Deuxième point, qui est une communication traditionnelle qui est celle des sujets internationaux. Dans le cadre du conseil des ministres, mais cette fois-ci, puisque Bernard KOUCHNER n'était pas là, c'est Jean-Marie BOCKEL qui a complété la communication qui a été faite par Jean-Pierre JOUYET, en insistant notamment sur un sujet d'aide publique fondamental qui est celui de la Somalie, sur lequel il est revenu longuement. Dans ces questions de communication internationale, peut-être pour vous deux points intéressants. Le premier, le président de la République qui est revenu sur la position de Londres et le soutien sans ambiguïté apporté par Londres à la candidature de DSK. Encore une fois, on y voit quelque part les fruits de la nouvelle diplomatie française et du rapprochement avec Londres, de la politique d'entente voulue par le président avec Gordon BROWN. Et le président de la République l'a indiqué de cette manière-là : la victoire d'un Français pour atteindre à la présidence d'un organisme comme celui-ci ne se fait pas toute seul. Ça suppose un investissement non stop de la part du président pour débloquer un certain nombre de points de blocage. En tous cas, c'est un succès important qui nous rapproche un peu plus de l'objectif et de la victoire de Dominique STRAUSS-KAHN. Deuxième sujet : le grenelle de l'environnement. Jean-Louis BORLOO est revenu sur un soutien qui vous a peut-être échappé mais qui est intéressant, qui a été apporté par STEINER qui est le responsable du programme des Nations Unies pour le développement et qui a souligné à Rio le caractère tout à fait exemplaire et original de la démarche qui était entreprise par le gouvernement français dans le cadre du grenelle de l'environnement, qui permettait finalement de mettre autour de la table des agriculteurs, des industriels, des ONG, des associations dont, on le sait très bien, les intérêts peuvent être conflictuels et d'essayer tout simplement de trouver des points communs d'approche. Cette attention internationale sur ce qui se passe en ce moment, sur le développement durable en France, est un message d'espoir important. Le président de la République l'a résumé simplement : 'On va réussir et le gouvernement prendra ses responsabilités'.
J'en viens maintenant à deux thèmes qui vous intéresseront, j'espère. Le premier : le plan sur les banlieues avec une communication de Fadela AMARA. Ç'a été un des moments très forts de ce conseil des ministres, tout simplement parce que Fadela a traduit avec beaucoup de simplicité mais avec un langage très clair, direct, ses convictions, ses espoirs, ses attentes par rapport aux banlieues. Son discours était très franc, c'était un discours de vérité, elle l'a d'ailleurs dit. Je reprends certaines de ses expressions : 'Je vous le dis très cash : maintenant il faut agir' ; 'Il est hors de question qu'on continue à se la raconter sur la question des banlieues'. Elle a évoqué un certain nombre de cas concrets auxquels elle s'était heurtée dans le cadre de ses déplacements de terrain, les questions de happy slapping, le car jacking, les problèmes d'économies parallèles, les boîtes aux lettres 'destroy', toutes les choses hallucinantes auxquelles elle est confrontée dans ce dialogue entre d'une part l'État et ses quartiers. Elle est notamment revenue sur un événement qui avait valeur de symbole. Lors d'une de ses visites - vous voyez bien la teneur des visites gouvernementales où parfois tout le monde est un peu bousculé - une des jeunes femmes qui avait un appartement dans une des cages HLM qu'elle visitait tombe contre une fenêtre, le carreau est cassé. C'était il y a un mois. Fadela AMARA, malgré toute la pression qu'elle a mise sur l'organisme HLM, n'est toujours pas parvenue à ce que le carreau soit remplacé et pour elle, c'était un exemple de cette espèce d'incurie ou d'inaction. Le président de la République a rebondi dessus en s'adressant notamment à Claude GUÉANT et en lui disant : 'Voilà exactement ce que je ne veux pas. Les fonctionnaires doivent comprendre qu'il y a des impulsions qui sont données par les politiques et qu'il faut que ça avance'. Plusieurs sujets ont été soulignés par Fadela AMARA : le problème des bailleurs sociaux, la question de la formation professionnelle, le désenclavement. Là encore, elle est revenue sur un exemple. Elle a essayé d'obtenir qu'une ligne de bus soit prolongée dans la région parisienne et on lui a répondu que pour l'instant c'est trop compliqué, mais elle n'a pas l'intention de baisser les bras. Dernier point : la carte scolaire. Elle a conclu un peu cette partie de diagnostic en disant : 'La responsabilité dans les banlieues n'est pas que la mienne. Nous sommes tous - vous êtes tous - responsables autour de la table et au bout du bout, c'est une cause nationale'. L'expression, évidemment, a une forte connotation politique. Le plan de travail maintenant. Les skyblogs - le skyblog qui a été ouvert par Fadela AMARA va maintenant laisser la place à un certain nombre de grandes réunions de terrain. Je vous amène d'ailleurs tous à aller sur le blog de Fadela AMARA qui est extrêmement intéressant. Je ne sais pas si jamais vous avez eu l'occasion de vous pencher dessus mais c'est un blog, sans doute un des blogs politiques les plus réussis des dernières années, vraiment intéressant à regarder, et qui traduit bien tout ce mélange de rage, d'espoir et d'ambition des jeunes par rapport à la situation dans les quartiers puisque c'est un blog qui est plus particulièrement orienté évidemment via skyblog à la jeune génération. Réunions publiques qui donc se prolongeront jusque fin novembre avec derrière la volonté d'aboutir sur des positions très concrètes sur trois sujets : l'emploi, le désenclavement et les questions d'éducation. Le président de la République a demandé à l'ensemble de ses ministres qu'ils fassent des déplacements de terrain avec Fadela AMARA sur toute cette période pour accompagner ces réunions publiques. Lui-même le fera. J'attire également votre attention à ce sujet sur l'initiative de Christine BOUTIN qui va complètement délocaliser son ministère, cabinet et administration centrale, à Lyon pendant dix jours en plantant des Algeco sur la place Bellecour, ce qui est aussi une bonne manière d'illustrer - c'est d'ailleurs une des lignes qu'on a retrouvé tout au long de ce conseil des ministres - la volonté d'être sur le terrain.
J'en viens à la deuxième grande communication qui portait sur la politique industrielle faite par Christine LAGARDE, qui a insisté d'une part sur la nécessité de positionner les industries françaises sur les créneaux à haute valeur ajoutée et de faire émerger des champions. Trois exemples ont été donnés par Christine LAGARDE : GDF SUEZ, excellente illustration du rôle de l'État actionnaire qui fait émerger un champion européen ; l'aéronautique avec un plan d'action pour anticiper la mise en oeuvre de Power 8 et notamment son impact sur les sous-traitants, et le troisième l'automobile, avec l'image d'un État partenaire qui essaye d'accompagner une mutation industrielle. Le Premier ministre et le président de la République ont donné leur vision de la politique industrielle. Le Premier ministre l'a dit simplement : 'Faire une politique industrielle n'est pas un mot grossier. Avoir à faire preuve de volontarisme en terme d'armement sur des sujets comme AIRBUS, comme ALSTOM, est une exigence pour notre pays et c'est parce que le pouvoir politique a été trop passif qu'on a assisté à la disparition de secteurs entiers tels que la chimie ou la sidérurgie. Il faut une politique industrielle, il faut un État actionnaire qui assume ses responsabilités et fasse son job'. Le président de la République a rebondi en disant que pour lui, il était 'hors de question', je le cite, 'de se laisser impressionner par les ultra-libéraux. L'État doit assumer sa responsabilité et faire des choix stratégiques industriels à long terme'. On aura d'ailleurs d'autres dossiers qui vont s'ouvrir - je vous en parlerai au moment où ils avanceront - mais en tous cas, il y en a un qui était intéressant et qui a été illustré : c'est celui du secteur de l'énergie renouvelable sur lequel le président de la République souhaite que Jean-Louis BORLOO et Christine LAGARDE puissent travailler rapidement ensemble.
Voilà pour la partie communication, vient maintenant la partie qui était aussi plus originale, qui était l'illustration à partir de la région Alsace de l'action de l'État. Tout d'abord, une présentation du soutien apporté par l'État à la région Alsace qui a été faite par le Premier ministre. Vous aurez sûrement relevé que le Premier ministre a comme directeur de cabinet Jean-Paul FAUGÈRE qui était en poste à la préfecture en Alsace et qui connaît donc particulièrement ces questions. Ça s'est d'ailleurs fortement ressenti dans la présentation du Premier ministre qui est revenu sur ce mélange et cette identité culturelle alsacienne où on trouve à la fois la volonté d'être en même temps au coeur de la Nation et au coeur de l'Europe ; un symbole à travers ce conseil des ministres, certes, mais surtout des actions concrètes. Actions concrètes dans le domaine des transports pour faire progresser le TGV est, actions concrètes pour le contournement ouest de Strasbourg qui attend depuis plus de 15 ans, actions concrètes pour faire marcher tout de suite la taxe sur les poids lourds, mais aussi dans le domaine de la recherche innovation, dans le domaine de la rénovation urbaine et également dans le domaine de la sécurité sur lequel le Premier ministre a tenu à souligner le très beau travail qui avait été accompli sur Strasbourg, notamment avec la mise en place de caméras de vidéosurveillance et un vrai travail de lutte contre les problèmes d'insécurité sur une ville comme Strasbourg. S'agissant de Mulhouse, la rénovation des quartiers d'une part et d'autre part, la politique de recherche et d'innovation a également été soulignée. Le président de la République a rebondi sur ces questions et là encore, on voit bien l'intérêt de faire ces conseils des ministres en Alsace en disant : 'Voilà, il y a une nouvelle idée que je souhaite qu'on pousse. C'est qu'on mette en place un État général - des États généraux, pardon - de la décentralisation et en abordant notamment la question des régions frontalières'. Thème qui finalement n'était jusque là pas forcément apparu et là le président de la République, à la lumière de son voyage en Alsace, souhaite qu'on progresse là-dessus parce que ce sont des régions où on a des bons gisements d'activité et de compétitivité à gagner. Strasbourg, Strasbourg ville européenne, avec une communication de Jean-Pierre JOUYET, là encore avec plusieurs éléments. La question d'abord transfrontalière, rappelant que Strasbourg avait été le premier eurodistrict à cheval sur la frontière, rappelant la signature récente d'un accord de coopération avec l'Allemagne sur les questions de santé et rappelant également qu'il souhaitait améliorer encore cette coopération transfrontalière avec un déplacement qui aura lieu de concert avec son homologue Günter GLOSER. Par ailleurs, le président de la République est revenu sur la vocation de capitale européenne de Strasbourg avec des termes qui ne laissaient aucune ambiguïté sur sa détermination : 'Il faut y aller à fond. Le gouvernement doit absolument conforter Strasbourg comme capitale européenne. La présence du Parlement européen dans une ville comme Strasbourg est un enjeu majeur'. Et le président souhaite également qu'en plus de l'alliance et du partenariat qui s'est tissé maintenant depuis plusieurs mois entre la France et la commission, on améliore aussi les relations entre le gouvernement et le Parlement européen. 'On n'avance pas en Europe sans et contre la commission et le Parlement'. Son message était simple : 'Quand vous allez sur le terrain, c'est pour bouger'. À cette occasion, on est revenu notamment sur un sujet qui est celui de l'école européenne. Les journalistes d'Alsace savent l'importance qu'elle a. Par rapport aux institutions européennes, le but est d'avoir un label école européenne qui soit sur Strasbourg. Ç'a été l'occasion pour le président de la République de féliciter le travail accompli par DARCOS : une rentrée scolaire exemplaire, beaucoup de projets mis en avant. Et il l'a cité en exemple pour l'ensemble des ministres en disant : 'C'est ce type d'action gouvernementale que je veux, que vous alliez de l'avant, que vous mettiez plusieurs projets sur la table et que vous ne vous laissiez pas enfermer dans du politiquement correct, type le collège unique'. Source http://www.porte-parole.gouv.fr, le 8 novembre 2007