Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureux de vous recevoir, ici, au ministère de la Recherche. Et ceci pour plusieurs raisons.
Vous me fournissez une nouvelle occasion de souligner la densité et la qualité de la coopération scientifique et technologique entre le Brésil et la France. Comme je le rappelais, ici même, en octobre dernier, en ouvrant la semaine " Brasil 2000 " en compagnie de mon homologue, Ronaldo SARDENBERG, le Brésil est le premier partenaire scientifique de mon ministère.
Ceci est particulièrement vrai dans le domaine de la recherche agronomique où nos organismes, l'EMBRAPA, d'une part, le CIRAD, l'INRA et l'IRD, d'autre part, ont déjà un long passé de coopération au service de l'agriculture et du développement rural.
C'est cet acquis commun que nous entendons pérenniser et développer, en signant, Monsieur le Ministre, la lettre d'intention que vous m'avez proposée et par laquelle nos deux ministères affirment leur volonté de poursuivre et de renforcer notre coopération dans ces domaines.
Une volonté que l'accord entre l'EMBRAPA et AGROPOLIS, qui va être également signé maintenant, illustre et concrétise parfaitement.
L'EMBRAPA, forte de ses deux mille chercheurs, est l'un des organismes de recherche agronomique les plus importants au monde. En matière de relations internationales, elle a fait le choix innovant d'implanter, hors du Brésil, sur quelques sites stratégiques de recherche, des laboratoires sans murs " Labex " où ses équipes peuvent trouver des partenaires de haut niveau et un support technique et administratif de qualité.
Pour l'Europe, l'EMBRAPA s'est tournée vers la France. Elle y a choisi AGROPOLIS.
Avec ses trois mille chercheurs, enseignants et techniciens des établissements publics d'enseignement supérieur et de recherche, ses équipes des centres internationaux de recherche agronomique, ses laboratoires étrangers, un américain, un australien et, bientôt donc, un brésilien, ses nombreux secrétariats de grands réseaux internationaux et ses 650 scientifiques répartis dans 60 pays, AGROPOLIS s'est imposé, depuis sa création en 1986, par ce ministère et ceux de l'Agriculture et de la Coopération, comme l'un des grands carrefours de la recherche agronomique mondiale.
Les compétences qu'il rassemble le mettent, en effet, au premier rang pour répondre aux grands enjeux du développement dans les domaines de la biodiversité et de sa valorisation, des systèmes agraires et du développement durable, de la gestion des ressources naturelles non renouvelables, des transformations agroalimentaires et de nutrition humaine en relation avec la santé. Montpellier et le Languedoc-Roussillon sont ainsi au cur des programmes prioritaires du ministère de la Recherche (Génopole et Génoplante) dans le domaine de la génomique des plantes. Cette politique nationale, favorisant l'émergence d'un pôle d'excellence ouvert au Sud, n'aurait pu être mise en uvre sans le soutien des autorités locales.
Ainsi, un nouveau partenariat, prometteur, vient renforcer la coopération scientifique entre nos deux pays. Mais, si nous avons tenu, Son Excellence Pratini de Moraes et moi-même à parrainer cet accord, c'est que nous tenions à souligner la portée politique que son originalité et son exemplarité lui confèrent.
Au-delà du site montpelliérain, c'est une ouverture vers l'ensemble de la recherche française et européenne qu'il autorise. AGROPOLIS sera, pour l'EMBRAPA, un " portail " vers la recherche agronomique européenne dans son ensemble. Ceci est d'autant plus prometteur que des pays membres de l'Union, comme l'Italie et le Portugal, ont manifesté leur intérêt de devenir partenaires d'AGROPOLIS, appelé à être l'une de ces " grandes infrastructures de recherche " indispensables à l'édification de " l'Espace européen de la recherche " que les quinze ont appelé de leurs vux au Conseil Recherche, sous la Présidence française, en novembre dernier.
Cet accord devrait ainsi constituer un exemple. Je souhaite que d'autres grands pays du Sud, comme l'Inde, l'Indonésie ou le Mexique, s'engagent sur la voie ouverte par l'EMBRAPA et AGROPOLIS. Pour les y encourager, le ministère de la Recherche, en partenariat avec des établissements membres d'Agropolis, a l'intention de lancer, en 2001, un appel à propositions destiné à accueillir en France, grâce à Agropolis, des scientifiques confirmés des pays du Sud et des Centres internationaux sur la base de projets nécessitant les savoir-faire et les équipements technologiques d'Agropolis et d'autres sites français.
En conclusion, je voudrais souligner qu'une fois encore, face aux problèmes du développement durable, le Brésil et la France se montrent imaginatifs et solidaires. Face à la mondialisation, à la globalisation, ils affirment, à travers cet accord, que les rapports Nord/Sud peuvent s'établir autrement que sous forme de rapports de force. Je m'en réjouis sincèrement .
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 26 janvier 2001)