Texte intégral
G. Cahour.- Nous allons parler des fruits et légumes dans quelques instants, mais d'abord, l'actualité, c'est aussi ces grèves, ce contexte social assez pesant. Que pouvez-vous répondre à ces reproches que l'on a pu entendre ces derniers jours ? N. Sarkozy a allumé plusieurs mèches à la fois, alors aujourd'hui cela explose. Il y a les marins pêcheurs, il y a les professionnels de la justice et il y a les retraites aussi.
R.- Franchement, ce sont des problèmes très différents. On n'a rien allumé du tout à propos des marins pêcheurs. Nous sommes très vigilants - on en parlera peut-être tout à l'heure - sur les conséquences très graves pour leur travail, pour leur salaire, du prix du gasoil. Mais on sait bien d'où vient l'augmentation du pétrole, ce n'est pas le Gouvernement français. Nous subissons cette hausse des matières premières en général, et de celle-là en particulier, et nous essayons d'aider, selon les professions, pour que ce prix ou que cette augmentation soit acceptable.
Q.- Mais avez-vous l'impression qu'il peut y avoir une vague de contestations qui s'en mêle, et qui devienne totalement indétricotable ?
R.- Je ne peux pas dire cela, mais je ne le pense pas. Quand j'entends les Français, en regard des sondages, on voit bien qu'il y a dans le peuple, le sentiment qu'il faut que ce pays bouge. Sincèrement, le président de la République fait ce qu'il a dit, il n'y pas de surprise, il n'y a pas de surprise ! Durant cette campagne - et c'est sans doute la première fois que cela se passe de cette manière -, vous avez eu un candidat qui a dit : voilà ce que je vais faire sur les régimes spéciaux de retraite, parce q ue c'est l'intérêt général. Et très franchement, personne ne peut être surpris aujourd'hui de voir que nous mettons, comme nous l'avons fait tout l'été dernier, des réformes en place, même si c'est difficile. Je crois que ce que les Français ne pardonneraient pas, c'est le manque de courage, et puis que l'on fasse comme si le monde ne bougeait pas autour de nous. Nous étions hier en Allemagne, chez A. Merkel, avec l'ensemble du Gouvernement, le président de la République et le Premier ministre, on voit bien que ce gouvernement allemand, composé d'ailleurs de socialistes et de centristes, de libéraux, a bougé ; qu'on a bougé en Angleterre, qu'on a bougé en Espagne, qu'on bouge en Italie. Et la France, elle, ne peut pas rester toute seule à se recroqueviller, chacun pour soi, chacun chez soi.
Q.- Mais faut-il la négocier cette réforme des retraites des régimes spéciaux ? Parce que, demain, tout de même, la grève sera extrêmement suivie, comme la précédente ?
R.- Oui. Franchement, je pense que la concertation a été faite, le ministre X. Bertrand, le Premier ministre, ont mis sur la table un certain nombre d'éléments de négociation, mais néanmoins il faut faire cette réforme. Voilà ce que je peux dire.
Q.- Le pouvoir d'achat est au coeur des préoccupations des Français, on l'a encore ressenti ces derniers jours avec un nouveau sondage. Dans le pouvoir d'achat, il y a aussi le prix des fruits et légumes qui a tendance à augmenter, notamment pour les fruits. Quelques repères, avec des chiffres qui mettent en évidence le poids des fruits et légumes dans notre budget : il y a, par exemple, le budget fruits et légumes d'une famille de deux enfants : 115 euros par mois, et peut-être, par conséquent, 60 % des familles ne mangent pas assez de fruits et légumes. L'augmentation des prix en un an : les fruits + 24 % - le raisin, par exemple, + 40 % -, les légumes d'une manière générale, moins 4 %, ils ont baissé, et la laitue moins 33 %. Comment expliquer, d'abord pour les fruits, cette hausse si importante, le raisin + 40 % ? Connaît-on l'origine de ces hausses ?
R.- Franchement, ce sont des chiffres qui m'étonnent s'agissant de l'ensemble des fruits. Je ne pense pas qu'on puisse parler des fruits en général ou des légumes en général. Il y a une chose très importante, c'est que l'on encourage la consommation de fruits ou de légumes de saison, parce que là, vous avez plus de proximité et des prix plus faibles, puisque ce sont des fruits de la saison. Si vous allez chercher des fruits qu'on est obligé d'importer de l'autre bout du monde, c'est sûr que cela coûte plus cher.
Q.- C'est la raison principale, c'est parce qu'on ne consomme pas des fruits de saison, et qu'on les fait venir de loin ?
R.- Non, ce n'est pas la raison principale mais une raison pour avoir des prix meilleurs et des fruits plus abordables, c'est de consommer davantage de fruits et de légumes de saison. Qu'est-ce que je constate, comme ministre de l'Agriculture et de la Pêche, c'est-à-dire le ministre qui est le porte-parole des gens qui produisent mais aussi, comme citoyen ? J'entends les médecins dire : il faut consommer plus de fruits et légumes, cinq fruits et légumes par jour, 400 ou 500 grammes, on en a besoin physiologiquement, vous et moi on en a besoin pour notre santé. J'entends des producteurs, dont je suis le porte-parole, dire : mon travail n'est pas payé équitablement, n'est pas rémunérateur, le prix n'est pas rémunérateur, le prix où l'on m'achète mon fruits ou mon légumes. J'entends les distributeurs dire : on ne vend pas assez. Et donc, il y a un problème. Et naturellement, les consommateurs disent : c'est trop cher !
Q.- Pour être précis, pourquoi ces hausses ? On a besoin de comprendre, en tant que consommateurs, pourquoi cela augmente autant sur certains produits.
R.- Vous avez affaire, avec des fruits et légumes, à une demande extrêmement sensible, et à des produits extrêmement sensibles. Les pêches et les nectarines, vous pouvez avoir une période où vous en avez beaucoup et les gens en consomment moins parce qu'il ne fait pas beau. Si cet été on a eu des stocks de pêches et de nectarines au point que nous avons été obligés, avec la grande distribution, de faire des opérations sur les parkings pour déstocker, pour aider les producteurs, c'est qu'il y avait de la pluie, et que, quand il pleut on consomme moins de raisin, moins de pêches, de nectarines, ou moins de ces fruits-là.
Q.- Cela, c'est pour la baisse, et pour la hausse c'est parce qu'on demande, on est plus nombreux à demander ?
R.- Je vais vous donner un exemple concret qui intéresse les ménagères qui nous écoutent : les courgettes, il a fait doux au printemps, donc on a eu une surproduction de courgettes. On la consomme, la courgette, quand il ne fait pas beau, et donc il y en a eu moins pendant l'été quand il a commencé à y avoir du soleil, il n'y avait pas assez de courgettes et il y en a eu trop à une autre période. Donc la courgette a beaucoup augmenté. Donc on peut trouver des explications très logiques, surtout sur des produits aussi sensibles. On ne parle pas d'ordinateurs ou de téléviseurs, on parle de fruits, de légumes, c'est-à-dire de produits qu'on consomme dans la vie quotidienne selon son envie, selon le temps qu'il fait.
Q.- Pour inciter les jeunes à manger plus de fruits, vous voulez organiser des distributions gratuites de fruits dans les établissements scolaires, c'est cela ?
R.- C'est une des idées. Naturellement, ce ne sera pas gratuit pour tout le monde, ça doit être gratuit pour ceux qui consomment, les enfants, mais il faut acheter ces produits à ceux qui les produisent, les choses sont claires.
Q.- Et c'est de la distribution ponctuelle ou toute l'année ?
R.- Hier, j'étais en Allemagne, avec mon collègue allemand de l'Agriculture, et nous sommes allés dans une école, où il y a d'ailleurs 85 % d'enfants d'origine immigrée, à Berlin, et j'ai participé à une telle distribution. Et je voudrais, au-delà des efforts qui sont déjà faits par l'Interprofession, tous les professionnels des fruits et légumes sont déjà mobilisés pour encourager la consommation, je voudrais aller plus loin avec eux, et peut-être avec d'autres partenaires pour organiser dans les régions, avec les collectivités locales, des distributions...
Q.- Ponctuelles ?
R.- ...Ponctuelles et assez régulières. Je vais essayer de monter une opération assez régulière pour mettre à disposition des enfants, ou des fruits frais ou des fruits frais découpés, pour que les enfants, notamment des milieux défavorisés, aient l'occasion, régulièrement, parce qu'ils en ont besoin pour eux-mêmes, pour leur santé, de manger des fruits et des légumes.
Q.- Dans les écoles de Rome, en Italie, tous les jours, ce sont des repas bio qui sont distribués, qui sont aussi subventionnés pour plus de la moitié par la municipalité. Est-ce une idée applicable en France ? N'est-on pas assez imaginatifs, justement, en matière de développement de produits bio ?
R.- On a un problème avec le bio puisqu'on importe une grande partie des produits bio qu'on consomme en France, et...
Q.- On les importe ?
R.- Oui, on importe plus de la moitié des produits bio, parce qu'on n'en produit pas assez en France. Donc l'objectif qu'a fixé N. Sarkozy - c'est l'une des conclusions du "Grenelle de l'environnement" -, c'est de tripler la surface cultivée en bio...
Q.- 6 %, c'est cela ?
R.- Oui, passer à 6 %, donc 1,5 million hectares au lieu de 500.000 hectares aujourd'hui, et ainsi, ce n'est pas un problème que le bio soit moins cher, parce que si on en produit plus, il sera moins cher. Il faut aussi que les gestionnaires des cantines offrent du bio et c'est un objectif qu'on a dans tous les restaurants collectifs, les restaurants d'administration et les restaurants scolaires. Mais pour cela, il faut travailler avec les régions, les départements et les communes, pour qu'elles qui puissent offrir, non pas obliger à consommer du bio, mais offrir du bio chaque jour.
Q.- Pour continuer à parler des prix des fruits et légumes, tous les produits agricole, d'une manière générale ou presque, augmentent, exemple, les céréales, + 20 %. D'ici à la fin de l'année, on estime que les prix d'un certain nombre de produits vont augmenter : les glaces + 30 %, les chocolats + 5, les poulets + 8, et les pâtes + 10 %. Alors parlons franchement : est-ce que les agriculteurs s'enrichissent avec cette hausse de tarifs ?
R.- Ils ne sont pas responsables de ces augmentations. Et quand on sait la difficulté du travail des agriculteurs ou des pêcheurs, on sait bien que le prix auquel on paye leurs produits n'est pas souvent équitable. Vous savez...
Q.- C'est-à-dire qu'ils ne gagnent pas plus malgré ces hausses ?
R.- Les producteurs de grandes céréales gagnent plus et c'est heureux. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle qu'il y ait des agriculteurs qui soient mieux payés du prix plutôt que d'être seulement rémunérés par des subventions. Le lait augmente aussi ; le bois augmente. Ce n'est pas vraiment un produit de grande consommation, encore que c'est important. En revanche, cela a des conséquences négatives pour beaucoup de paysans. Ceux qui élèvent des poulets - vous me parliez des poulets qui augmentent -, ils nourrissent leurs poulets avec quoi ? Avec des céréales et avec des produits qui augmentent ! Les producteurs de veaux de boucherie, les producteurs de porc qui sont en vraie difficulté actuellement, ce sont des gens qui ont besoin de ces matières premières pour nourrir leurs animaux. Donc leurs charges augmentent et les prix à la consommation, eux, les prix auxquels ils vendent leurs produits n'augmentent pas. Donc ils sont étranglés.
Q.- Mais tout de même, ces hausses, on en parle depuis le début de l'été de ces hausses ! On nous annonce qu'elles vont arriver...
R.- Les principales hausses sont liées aux matières premières, comme les grandes céréales...
Q.- Mais ces hausses des matières premières, elles ont aussi, peut-être, un peu bon dos ? C'est le moyen pour tout le monde, pour toute la chaîne, le producteur, l'industriel, le supermarché, d'améliorer ses marges ?
R.- Oui, c'est aussi pourquoi nous allons réformer la loi dite "Galland", pour permettre de répercuter à la baisse une partie des marges arrière. C'est l'objectif de la loi que prépare L. Chatel et qui est en discussion en ce moment, et que les consommateurs...
Q.- Y a-t-il des abus, franchement, en ce moment, dans les augmentations de marges ?
R.- Je ne veux pas mettre des mauvais ou des bons points. Je pense qu'il faut que tout le monde soit responsable. Ce que je sais, c'est qu'il faut à la fois des prix raisonnables, certains prix vont tenir compte des hausses des matières premières. Quand vous avez dans le monde entier - ce n'est pas seulement chez nous - les prix des grandes céréales et des grandes cultures qui augmentent, on ne peut pas ne pas en tenir compte. Ce je voudrais aussi, c'est que ceux qui travaillent, qui travaillent dur, les agriculteurs, les pêcheurs, soient payés à un prix équitable.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 13 novembre 2007
R.- Franchement, ce sont des problèmes très différents. On n'a rien allumé du tout à propos des marins pêcheurs. Nous sommes très vigilants - on en parlera peut-être tout à l'heure - sur les conséquences très graves pour leur travail, pour leur salaire, du prix du gasoil. Mais on sait bien d'où vient l'augmentation du pétrole, ce n'est pas le Gouvernement français. Nous subissons cette hausse des matières premières en général, et de celle-là en particulier, et nous essayons d'aider, selon les professions, pour que ce prix ou que cette augmentation soit acceptable.
Q.- Mais avez-vous l'impression qu'il peut y avoir une vague de contestations qui s'en mêle, et qui devienne totalement indétricotable ?
R.- Je ne peux pas dire cela, mais je ne le pense pas. Quand j'entends les Français, en regard des sondages, on voit bien qu'il y a dans le peuple, le sentiment qu'il faut que ce pays bouge. Sincèrement, le président de la République fait ce qu'il a dit, il n'y pas de surprise, il n'y a pas de surprise ! Durant cette campagne - et c'est sans doute la première fois que cela se passe de cette manière -, vous avez eu un candidat qui a dit : voilà ce que je vais faire sur les régimes spéciaux de retraite, parce q ue c'est l'intérêt général. Et très franchement, personne ne peut être surpris aujourd'hui de voir que nous mettons, comme nous l'avons fait tout l'été dernier, des réformes en place, même si c'est difficile. Je crois que ce que les Français ne pardonneraient pas, c'est le manque de courage, et puis que l'on fasse comme si le monde ne bougeait pas autour de nous. Nous étions hier en Allemagne, chez A. Merkel, avec l'ensemble du Gouvernement, le président de la République et le Premier ministre, on voit bien que ce gouvernement allemand, composé d'ailleurs de socialistes et de centristes, de libéraux, a bougé ; qu'on a bougé en Angleterre, qu'on a bougé en Espagne, qu'on bouge en Italie. Et la France, elle, ne peut pas rester toute seule à se recroqueviller, chacun pour soi, chacun chez soi.
Q.- Mais faut-il la négocier cette réforme des retraites des régimes spéciaux ? Parce que, demain, tout de même, la grève sera extrêmement suivie, comme la précédente ?
R.- Oui. Franchement, je pense que la concertation a été faite, le ministre X. Bertrand, le Premier ministre, ont mis sur la table un certain nombre d'éléments de négociation, mais néanmoins il faut faire cette réforme. Voilà ce que je peux dire.
Q.- Le pouvoir d'achat est au coeur des préoccupations des Français, on l'a encore ressenti ces derniers jours avec un nouveau sondage. Dans le pouvoir d'achat, il y a aussi le prix des fruits et légumes qui a tendance à augmenter, notamment pour les fruits. Quelques repères, avec des chiffres qui mettent en évidence le poids des fruits et légumes dans notre budget : il y a, par exemple, le budget fruits et légumes d'une famille de deux enfants : 115 euros par mois, et peut-être, par conséquent, 60 % des familles ne mangent pas assez de fruits et légumes. L'augmentation des prix en un an : les fruits + 24 % - le raisin, par exemple, + 40 % -, les légumes d'une manière générale, moins 4 %, ils ont baissé, et la laitue moins 33 %. Comment expliquer, d'abord pour les fruits, cette hausse si importante, le raisin + 40 % ? Connaît-on l'origine de ces hausses ?
R.- Franchement, ce sont des chiffres qui m'étonnent s'agissant de l'ensemble des fruits. Je ne pense pas qu'on puisse parler des fruits en général ou des légumes en général. Il y a une chose très importante, c'est que l'on encourage la consommation de fruits ou de légumes de saison, parce que là, vous avez plus de proximité et des prix plus faibles, puisque ce sont des fruits de la saison. Si vous allez chercher des fruits qu'on est obligé d'importer de l'autre bout du monde, c'est sûr que cela coûte plus cher.
Q.- C'est la raison principale, c'est parce qu'on ne consomme pas des fruits de saison, et qu'on les fait venir de loin ?
R.- Non, ce n'est pas la raison principale mais une raison pour avoir des prix meilleurs et des fruits plus abordables, c'est de consommer davantage de fruits et de légumes de saison. Qu'est-ce que je constate, comme ministre de l'Agriculture et de la Pêche, c'est-à-dire le ministre qui est le porte-parole des gens qui produisent mais aussi, comme citoyen ? J'entends les médecins dire : il faut consommer plus de fruits et légumes, cinq fruits et légumes par jour, 400 ou 500 grammes, on en a besoin physiologiquement, vous et moi on en a besoin pour notre santé. J'entends des producteurs, dont je suis le porte-parole, dire : mon travail n'est pas payé équitablement, n'est pas rémunérateur, le prix n'est pas rémunérateur, le prix où l'on m'achète mon fruits ou mon légumes. J'entends les distributeurs dire : on ne vend pas assez. Et donc, il y a un problème. Et naturellement, les consommateurs disent : c'est trop cher !
Q.- Pour être précis, pourquoi ces hausses ? On a besoin de comprendre, en tant que consommateurs, pourquoi cela augmente autant sur certains produits.
R.- Vous avez affaire, avec des fruits et légumes, à une demande extrêmement sensible, et à des produits extrêmement sensibles. Les pêches et les nectarines, vous pouvez avoir une période où vous en avez beaucoup et les gens en consomment moins parce qu'il ne fait pas beau. Si cet été on a eu des stocks de pêches et de nectarines au point que nous avons été obligés, avec la grande distribution, de faire des opérations sur les parkings pour déstocker, pour aider les producteurs, c'est qu'il y avait de la pluie, et que, quand il pleut on consomme moins de raisin, moins de pêches, de nectarines, ou moins de ces fruits-là.
Q.- Cela, c'est pour la baisse, et pour la hausse c'est parce qu'on demande, on est plus nombreux à demander ?
R.- Je vais vous donner un exemple concret qui intéresse les ménagères qui nous écoutent : les courgettes, il a fait doux au printemps, donc on a eu une surproduction de courgettes. On la consomme, la courgette, quand il ne fait pas beau, et donc il y en a eu moins pendant l'été quand il a commencé à y avoir du soleil, il n'y avait pas assez de courgettes et il y en a eu trop à une autre période. Donc la courgette a beaucoup augmenté. Donc on peut trouver des explications très logiques, surtout sur des produits aussi sensibles. On ne parle pas d'ordinateurs ou de téléviseurs, on parle de fruits, de légumes, c'est-à-dire de produits qu'on consomme dans la vie quotidienne selon son envie, selon le temps qu'il fait.
Q.- Pour inciter les jeunes à manger plus de fruits, vous voulez organiser des distributions gratuites de fruits dans les établissements scolaires, c'est cela ?
R.- C'est une des idées. Naturellement, ce ne sera pas gratuit pour tout le monde, ça doit être gratuit pour ceux qui consomment, les enfants, mais il faut acheter ces produits à ceux qui les produisent, les choses sont claires.
Q.- Et c'est de la distribution ponctuelle ou toute l'année ?
R.- Hier, j'étais en Allemagne, avec mon collègue allemand de l'Agriculture, et nous sommes allés dans une école, où il y a d'ailleurs 85 % d'enfants d'origine immigrée, à Berlin, et j'ai participé à une telle distribution. Et je voudrais, au-delà des efforts qui sont déjà faits par l'Interprofession, tous les professionnels des fruits et légumes sont déjà mobilisés pour encourager la consommation, je voudrais aller plus loin avec eux, et peut-être avec d'autres partenaires pour organiser dans les régions, avec les collectivités locales, des distributions...
Q.- Ponctuelles ?
R.- ...Ponctuelles et assez régulières. Je vais essayer de monter une opération assez régulière pour mettre à disposition des enfants, ou des fruits frais ou des fruits frais découpés, pour que les enfants, notamment des milieux défavorisés, aient l'occasion, régulièrement, parce qu'ils en ont besoin pour eux-mêmes, pour leur santé, de manger des fruits et des légumes.
Q.- Dans les écoles de Rome, en Italie, tous les jours, ce sont des repas bio qui sont distribués, qui sont aussi subventionnés pour plus de la moitié par la municipalité. Est-ce une idée applicable en France ? N'est-on pas assez imaginatifs, justement, en matière de développement de produits bio ?
R.- On a un problème avec le bio puisqu'on importe une grande partie des produits bio qu'on consomme en France, et...
Q.- On les importe ?
R.- Oui, on importe plus de la moitié des produits bio, parce qu'on n'en produit pas assez en France. Donc l'objectif qu'a fixé N. Sarkozy - c'est l'une des conclusions du "Grenelle de l'environnement" -, c'est de tripler la surface cultivée en bio...
Q.- 6 %, c'est cela ?
R.- Oui, passer à 6 %, donc 1,5 million hectares au lieu de 500.000 hectares aujourd'hui, et ainsi, ce n'est pas un problème que le bio soit moins cher, parce que si on en produit plus, il sera moins cher. Il faut aussi que les gestionnaires des cantines offrent du bio et c'est un objectif qu'on a dans tous les restaurants collectifs, les restaurants d'administration et les restaurants scolaires. Mais pour cela, il faut travailler avec les régions, les départements et les communes, pour qu'elles qui puissent offrir, non pas obliger à consommer du bio, mais offrir du bio chaque jour.
Q.- Pour continuer à parler des prix des fruits et légumes, tous les produits agricole, d'une manière générale ou presque, augmentent, exemple, les céréales, + 20 %. D'ici à la fin de l'année, on estime que les prix d'un certain nombre de produits vont augmenter : les glaces + 30 %, les chocolats + 5, les poulets + 8, et les pâtes + 10 %. Alors parlons franchement : est-ce que les agriculteurs s'enrichissent avec cette hausse de tarifs ?
R.- Ils ne sont pas responsables de ces augmentations. Et quand on sait la difficulté du travail des agriculteurs ou des pêcheurs, on sait bien que le prix auquel on paye leurs produits n'est pas souvent équitable. Vous savez...
Q.- C'est-à-dire qu'ils ne gagnent pas plus malgré ces hausses ?
R.- Les producteurs de grandes céréales gagnent plus et c'est heureux. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle qu'il y ait des agriculteurs qui soient mieux payés du prix plutôt que d'être seulement rémunérés par des subventions. Le lait augmente aussi ; le bois augmente. Ce n'est pas vraiment un produit de grande consommation, encore que c'est important. En revanche, cela a des conséquences négatives pour beaucoup de paysans. Ceux qui élèvent des poulets - vous me parliez des poulets qui augmentent -, ils nourrissent leurs poulets avec quoi ? Avec des céréales et avec des produits qui augmentent ! Les producteurs de veaux de boucherie, les producteurs de porc qui sont en vraie difficulté actuellement, ce sont des gens qui ont besoin de ces matières premières pour nourrir leurs animaux. Donc leurs charges augmentent et les prix à la consommation, eux, les prix auxquels ils vendent leurs produits n'augmentent pas. Donc ils sont étranglés.
Q.- Mais tout de même, ces hausses, on en parle depuis le début de l'été de ces hausses ! On nous annonce qu'elles vont arriver...
R.- Les principales hausses sont liées aux matières premières, comme les grandes céréales...
Q.- Mais ces hausses des matières premières, elles ont aussi, peut-être, un peu bon dos ? C'est le moyen pour tout le monde, pour toute la chaîne, le producteur, l'industriel, le supermarché, d'améliorer ses marges ?
R.- Oui, c'est aussi pourquoi nous allons réformer la loi dite "Galland", pour permettre de répercuter à la baisse une partie des marges arrière. C'est l'objectif de la loi que prépare L. Chatel et qui est en discussion en ce moment, et que les consommateurs...
Q.- Y a-t-il des abus, franchement, en ce moment, dans les augmentations de marges ?
R.- Je ne veux pas mettre des mauvais ou des bons points. Je pense qu'il faut que tout le monde soit responsable. Ce que je sais, c'est qu'il faut à la fois des prix raisonnables, certains prix vont tenir compte des hausses des matières premières. Quand vous avez dans le monde entier - ce n'est pas seulement chez nous - les prix des grandes céréales et des grandes cultures qui augmentent, on ne peut pas ne pas en tenir compte. Ce je voudrais aussi, c'est que ceux qui travaillent, qui travaillent dur, les agriculteurs, les pêcheurs, soient payés à un prix équitable.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 13 novembre 2007