Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors du point de presse conjoint avec le général Patrick Nash, sur l'accord du président tchadien Idriss Déby au déploiement de l'opération Eufor-Tchad-RCA (République centrafricaine) au Tchad, Paris le 5 novembre 2007.

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Texte intégral

Nous sommes très contents car l'opération démarre, opération que nous avons préparée, à laquelle nous avons travaillé afin qu'un accord, soit trouvé avec M. Idriss Deby qui ne voyait pas d'un très bon oeil l'arrivée sur son sol d'une opération européenne, mais nous l'avons convaincu. Depuis, il nous est extrêmement utile et il est aisé de travailler avec lui.
Je ne parle pas des derniers événements qui sont à séparer complètement de la tâche qui consiste à nous occuper, avec les Européens, sous la direction du Général Nash, de la reconstruction de ces villages d'où fuient les enfants.
Ces enfants réfugiés, ces personnes déplacées, n'auront d'avenir que si les villages sont reconstruits. C'est cela que nous entamons à présent. Pour cela, il faudra sécuriser la zone avec l'opération qui s'appelle EUFOR-TCHAD-RCA.
Nous devons commencer dans les jours qui viennent. Il a fallu 5 ou 6 mois pour tout mettre en place, ce qui par rapport à l'opération Darfour que nous devons commencer également est beaucoup plus rapide. Il aura fallu deux ans et demi pour lancer la MINUAD au Darfour.

Q - Monsieur le Ministre, pardonnez-moi de vous poser cette question mais, même si vous tenez à séparer les deux événements qui sont l'Arche de Zoé et le déploiement de la Force, cette affaire n'est-elle pas, malgré tout, un élément perturbant ?
R - Je ne l'ai pas choisi, même s'il est perturbant. J'espère qu'il ne le sera pas longtemps. De toutes les façons, ce qui rassemble l'une et l'autre de ces missions, ce sont les enfants du Tchad. Oui, en effet, nous nous occuperons, peut-être à plus long terme, et dans de meilleures conditions, des enfants du Tchad. Mais les moyens ne sont pas du tout les mêmes. Il s'agit d'une opération européenne acceptée et voulue par le président Deby qui l'a encore indiqué hier. Il s'agit d'une opération qui respecte les populations, qui travaillent avec les populations et qui les écoutent. Notre idée, qui est le contraire de ce qui s'est passé avec ces personnes auxquelles vous faites allusion, c'est que ce sont les Tchadiens qui vont reconstruire les villages tchadiens. Il y aura des zones de sécurité, nous les impliquerons le plus possible dans la reconstruction. Il y aura des ONG qui leur apporteront un soutien. Nous n'allons pas seulement reconstruire des maisons traditionnelles, mais il y aura des petits dispensaires, des écoles. C'est tout le contraire de ce qui s'est passé ces derniers jours. Il y aura du respect, de l'écoute et une adaptation des missions que nos amis mèneront selon les besoins.

Q - Un message qui évitera donc les dysfonctionnements ?
R - J'ai fait beaucoup d'opérations dans ma vie, les dysfonctionnements existent, mais en réalité, ce qui compte c'est l'aide que l'on apporte aux populations et c'est l'objectif de nos amis avec des forces appropriées qui pourront aider les populations à regagner leurs villages dans des zones de sécurité afin qu'ils reprennent leur vie quotidienne, brisée par les menaces qui venaient du Darfour ainsi que des milices.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 novembre 2007