Texte intégral
Chers amis,
J'écoutais avec bonheur Mme Rivoyre et sa présence à la tête de l'organisation du Mouvement départemental de Seine-Saint-Denis montre assez que, lorsqu'une famille politique est vivante, qu'importe ceux qui partent, il y a toujours des personnes de qualité pour les remplacer !....
Je suis, comme vous l'imaginez bien, si profondément heureux de votre présence que j'aurai du mal à exprimer ce bonheur.
Je veux vous saluer, d'où que vous veniez géographiquement, d'où que vous veniez civiquement, d'où que vous veniez, car la rencontre que vous avez aujourd'hui construite entre vous, cette rencontre, il faut que vous en voyez bien l'importance.
Elle est et vous êtes la seule force de renouveau dans la vie politique française. La seule force de renouveau, c'est vous !...
J'ai vécu et nous avons vécu ensemble, plus exactement j'ai vécu grâce à vous l'incroyable émotion de la campagne présidentielle. Et si nous sommes là c'est naturellement la suite de cette extraordinaire aventure ou de cette extraordinaire entreprise dont l'objet était de proposer aux Français une approche nouvelle du destin de leur pays. Et, ce qui est extrêmement frappant pour moi, c'est à quel point les experts en tout genre n'ont rien vu venir de la force de la vague qui s'est alors lancée au sein du peuple de France, qui a atteint presque 20 % des voix et qui a failli remporter cette élection présidentielle. Car j'ai la conviction profonde et peut-être vous aussi, que si quelques points avaient bougés, nous aurions été au deuxième tour et nous aurions gagné l'élection présidentielle, et je pense que cela aurait été quelque chose de très important pour notre pays, et au-delà un message peut-être, dont nous avons toujours la charge.
En effet, ce qui me frappe, c'est que cet élan, cette force, cette vague -et vous en êtes les témoins innombrables, par milliers- elle est toujours présente. Cette force et cette vague continuent à se dérouler, peut-être plus souterrainement parfois, au sein du peuple de France.
L'attente d'un autre horizon, d'une autre espérance, est toujours là et elle sera, au fur et à mesure que passeront les semaines et les mois, plus forte que jamais, car les attentes qui peut prétendre que les attentes de notre peuple trouvent aujourd'hui une réponse ?
L'objet du congrès, l'objet de la fondation de ce mouvement, à la suite de l'élection présidentielle, celui-ci : un immense espoir s'est fait entendre au moment de l'élection présidentielle. Maintenant, nous devons faire de cet espoir un projet, un projet dans lequel tous les Français trouveront à s'exprimer, mettent leurs attentes, s'engagent pour que la France trouve, enfin, le destin et le chemin qu'elle attend et qu'elle mérite, étant donné ce qu'elle est, par son histoire et son peuple.
Nous avons vécu cette immense aventure et entreprise, et il y a eu les difficultés qui ont suivi. De ces difficultés, je ne tairai rien ; elles sont de deux ordres : la première, institutionnelle et, la deuxième, humaine.
La première est institutionnelle : il y a, dans notre pays, des règles de notre vie publique qui sont des règles d'une absolue et profonde injustice. Ces règles, il faudra les changer et il n'y a pas d'autre chemin pour un mouvement comme le nôtre.
Je regardais avec curiosité un sondage d'intentions de vote récent, publié par le Journal du Dimanche, il y a quelques week-ends, au mois de novembre et qui posait cette question : « si l'on votait aujourd'hui, quel serait votre vote à l'élection présidentielle ? ».
Nicolas Sarkozy, dont on ne peut pas prétendre qu'il soit complètement absent des médias, a donc naturellement une présence forte. Il avait fait 31 % au mois d'avril. Il était dans ce sondage à 34 %. Il a 340 députés. 34 %, 340 députés.
Ségolène Royal, elle, réalisait dans ce sondage 22 %, 4 points de moins que ce qu'elle avait eu au premier tour de l'élection présidentielle. Elle a 220 députés.
Comme vous le voyez, 34/340 et 22/220, ils ont à peu près l'un et l'autre 10 députés pour 1 % des voix qu'ils ont obtenues.
Nous, nous obtenions dans ce sondage 17 %. En toute logique et en toute justice, nous devions avoir 170 députés. Nous en avons 3 et demi.
(Applaudissements...)
Ceci traduit quelque chose de profondément antidémocratique dans la manière dont nos institutions sont organisées et, je vous le dis, ceci n'est pas sans conséquences sur le deuxième problème que nous avons rencontré qui est un problème de caractère.
Un certain nombre d'élus nous a quittés, provisoirement, peut-être, comme l'un d'entre eux l'a dit hier. Au fond, il y avait deux raisons à cette transhumance.
La première de ces raisons était parfois une raison politique. Ils voulaient, ces députés, être à droite. Bon, j'accepte cette vision, je dis seulement que, si l'on veut être à droite, alors, il ne faut pas être au centre.
(Applaudissements...)
Être au centre, le chemin que nous avons choisi, c'est offrir au pays non pas un « ni gauche ni droite » -je n'aime pas le "ni-ni"- mais un dépassement de la gauche et de la droite dans un nouveau projet politique, le constat de l'échec et de l'impuissance de la droite et de la gauche, et l'appel à un nouveau projet politique, à un nouveau projet de société. C'est cela notre contrat.
Le Mouvement Démocrate est fait, non pas pour dire « ni gauche ni droite » mais pour dépasser la gauche et la droite dans un projet politique nouveau. Ce chemin-là exclut en réalité que l'on se sente dépendant, prisonnier et soumis à l'intérieur d'une seule alliance, autrement dit le strabisme empêche de regarder et de voir la vérité du chemin que nous avons à suivre.
Nous n'avons pas l'intention de nous ranger de ces deux côtés, ni d'un côté, à droite, ni de l'autre côté, à gauche, nous voulons dépasser la droite et la gauche. Nous avons, avec ces élus, une divergence fondamentale qui est une divergence sur notre nature. C'est le premier élément de choix de ceux qui se sont éloignés peut-être momentanément.
Il y en a un deuxième : ils voulaient à tout prix conserver leur mandat. Ils voulaient à tout prix se rapprocher du pouvoir. Pour un certain nombre d'entre eux, ils voulaient à tout prix sentir les effluves de l'odeur des maroquins !... (Applaudissements...)
C'est un mal de notre démocratie depuis longtemps, c'est un mal de la Vème République depuis longtemps, que nous vivions où que l'on nous fasse vivre dans un pays dans lequel on récompense non pas le caractère des hommes, non pas le courage des femmes et des hommes, on récompense la servilité : « Viens-te ranger derrière moi et, à ce moment-là, je te récompenserai ! »... (Applaudissements...)
La France a besoin d'une véritable réforme des institutions
Ceci, mes chers amis, est de la responsabilité des institutions, car les institutions ne sont pas faites pour les hommes vertueux, à supposer qu'il en existe !.... Les institutions ne sont pas faites pour les âmes justes et les forces de caractère. Les institutions sont faites pour les pauvres hommes, je ne dis pas les pauvres femmes, car elles sont, elles, un peu plus courageuses qu'un très grand nombre d'hommes....
Permettez-moi de le dire, ceci est aussi quelque chose à quoi il faut réfléchir. Il se trouve que dans le cheminement de vie, de vie politique qui a été le nôtre, les femmes de notre équipe ont eu une égalité d'âme, un courage tranquille qui les a signalées à l'attention générale, raison pour laquelle je leur dis merci (Applaudissements...). Naturellement, certains hommes aussi !
Je reviens au sujet : les institutions ne sont pas faites pour les grands caractères, pour les âmes trempées, pour les personnalités d'exception. Les institutions sont faites pour les femmes et les hommes ordinaires et, dans notre pays, la conception des institutions, avec tous les pouvoirs aux mêmes, toutes les carrières qui proviennent de la faveur du prince, tout cela pousse à l'abaissement, à la soumission et à la servilité et c'est un drame pour la France et c'est un drame qu'il faudra corriger.
Si l'on veut rompre avec cet esprit de soumission et cette servilité, alors, il faudrait équilibrer les institutions de la République.
Il se trouve que j'avais mis beaucoup d'espoirs dans le comité Balladur, dans lequel il y avait des personnes que je considère comme tout à fait éminentes. Je ne sais pas si Jean-Claude Casanova est arrivé, mais, si c'est le cas, je le salue avec l'amitié et le respect qu'il sait : la revue Commentaires est l'une des revues les plus éminentes qui existe dans notre espace intellectuel français, et je salue également France Forum dans les revues qui sont dans notre amitié.
Il y avait Jean-Louis Bourlanges. On a eu quelques dissensions, mais je le respecte beaucoup. Il y avait des personnes que je trouve tout à fait éminentes et je pensais que le comité Balladur allait permettre que nos institutions se rééquilibrent.
Il ne faut pas être sorti de Polytechnique pour comprendre que, si nous voulons qu'elles se rééquilibrent, il y a une chose à faire : permettre au parlement d'être indépendant de l'exécutif, permettre au parlement de s'exprimer, de contrôler, de dire son mot comme représentant du peuple français par rapport à l'exécutif. Les deux principes que j'évoquais dans les statuts : principe de représentation, que tous les courants du peuple se fassent entendre, en face principe d'autorité, et il y a un équilibre entre les deux.
Le drame de la France, tout le monde le sait bien, il n'y a pas un type sérieux qui l'ignore, c'est que la représentation nationale dépend de l'exécutif. Vous n'êtes élus que si vous acceptez de suivre les vainqueurs ou si vous appartenez au principal parti de l'opposition.
Entre les deux, nous l'avons bien vécu avec Jean Lassalle et Abdelatifou Aly, naturellement c'est une rude épreuve et il faut être drôlement costaud pour s'en sortir. C'est injuste, mais c'est ainsi. (Applaudissements...) Vous pouvez les applaudir, car leur performance électorale à l'un et l'autre n'a pas été mince. (Applaudissements...)
Je pensais qu'on allait rééquilibrer les institutions ce qui signifie quelque chose de simple et de premier, la première marche, trouver une loi électorale juste qui fasse que tous les courants qui atteignent, mettons 5 %, c'est-à-dire un million de voix de citoyens français, que tous les courants puissent avoir une représentation à l'Assemblée, au moins dans une certaine mesure qui permette cependant au processus majoritaire d'avoir lieu.
C'est une déception pour nous tous et, je suis certain, pour beaucoup de démocrates en France que d'avoir compris ou cru comprendre qu'en réalité on avait renoncé à changer cet équilibre des institutions, renoncé à trouver une architecture nouvelle dans laquelle l'État pourrait trouver son autorité, le peuple, sa représentation et, les institutions, leur légitimité.
Je vais dire quelque chose de simple, peut-être aurai-je l'occasion de le redire demain. Si on en reste là et si on nous présente un projet qui ne comporte pas cette décision essentielle de rendre à la représentation nationale son autonomie par rapport au gouvernement et à l'exécutif, nous ne voterons pas, je ne voterai pas et je me battrai contre tout projet de fausse modification des institutions. S'il n'y a pas cela, il n'y a pas modification.
Voilà pour les institutions.
Le projet démocrate
Le Mouvement Démocrate, au-delà des discussions juridiques, a pour objet de faire émerger dans la démocratie française, des femmes et des hommes de caractère, indépendants de toutes pressions et notamment des pressions du pouvoir, des personnes qui n'ont pas peur du bâton et qui ne sont pas tentés par la carotte, ni l'un ni l'autre ! (Applaudissements...)
Toutefois, il n'existe de mouvement politique que par le projet qu'il porte et je voudrais vous dire un mot de ce projet. Ce projet, nous l'avons appelé de notre nom, démocrate.
Je voudrais vous dire ce que, pour moi, démocrate veut dire. Au premier sens du terme, démocrate, cela signifie que nous avons une certaine conception du citoyen, que nous sommes donc en résistance à l'égard de ce que l'on est en train de faire du citoyen aujourd'hui, pas seulement en France, mais dans beaucoup de pays. Nous sommes en résistance contre l'idée que le citoyen ne serait pas autre chose d'une cible de communication.
Nous, nous pensons que la communication en direction du citoyen pour l'influencer, ce n'est pas l'objet. Nous, nous voulons que le citoyen soit un responsable.
J'ai cité, devant vous, souvent, mais je vais le refaire, une phrase admirable qui a été prononcée et écrite il y a exactement cent ans, en 1907, par un homme qui, pour beaucoup d'entre vous, un philosophe et homme engagé, avait beaucoup d'importance. Il s'appelait Marc Sangnier : « La démocratie, c'est l'organisation sociale qui porte à son maximum la conscience et la responsabilité des citoyens ».
La conscience et la responsabilité.... (Applaudissements...)
Le but du Mouvement Démocrate dans la vie publique est la conscience et la responsabilité des citoyens, car nous pensons qu'il n'est aucune réforme, aucune mutation, aucun progrès dont notre pays a besoin qui ne relèvent de la conscience et de la responsabilité des citoyens.
Si on veut leur raconter des histoires comme on l'a fait lors de la précédente élection présidentielle, au bout du compte, on se cassera la figure et on rencontrera le mur des réalités. Les promesses non suivies d'effets sont, en réalité, l'amorce des désillusions qui ruinent un projet politique.
Nous ne voulons pas des promesses artificielles car nous voulons écarter les désillusions. Nous voulons que l'on dise la vérité aux citoyens, et nous considérons que la vérité est le seul élément qui permette à un peuple d'avancer.
Nous sommes le parti de la vérité en politique. Conscience et responsabilité, cela veut dire évidemment que l'on accepte de regarder en face ce qu'il y a de plus dur dans la situation de notre pays.
Nous parlerons cet après-midi des banlieues. Nous acceptons de regarder cette question en face. Nous parlerons du pouvoir d'achat, nous acceptons de le regarder en face. Nous sommes désolés pour notre pays que l'on ait écarté la question du déficit et de la dette, qu'on l'ait laissée tomber, de côté, qu'on ait laissé glisser les choses au lieu d'en faire un sujet central du redressement de notre pays !... (Applaudissements...)
Conscience et responsabilité du citoyen...
Je parle de dette, et je mets cela au coeur du développement durable. Voyez-vous, le durable, en politique, qu'est-ce que c'est ?
C'est la conception d'un mouvement de la société qui puisse permettre au progrès de se perpétuer dans les générations qui viennent, et non pas d'être l'épuisement des générations qui viennent par les générations actuelles.
Il y a quelque chose qui est de l'ordre de l'escroquerie à faire que les générations actuelles mangent le blé en herbe, alors que les générations de demain n'auront plus rien et seront obligées, hélas, d'assumer l'impéritie qui a été la nôtre !(Applaudissements...)
Nous nous dirigeons vers cette idée de conscience des responsabilités du citoyen et, au fond, c'est exactement à cela que répondent les statuts que nous avons examinés.
Projet de justice croissante contre projet d'inégalité croissante
Il y a une deuxième question dans le projet de société, c'est une question « d'Himalaya ». Nous vivons un temps que l'histoire caractérisera comme étant le temps de la mondialisation, « globalisation » comme disent les Anglais, mondialisation.
La mondialisation est naturellement génératrice de changement et de chocs très profonds, mais elle pose une question politique centrale et j'emploie ici le mot « politique » au sens le plus élevé du terme, pas une question de parti politique mais une question de vocation politique, d'inspiration politique.
Tout montre aujourd'hui que la mondialisation, ce n'est pas seulement un ensemble de phénomènes qui libèrent les échanges commerciaux, financiers, d'informations, ou humains, ce qui fait que tous les pays d'une certaine manière commencent à vivre dans le même monde.
Ce n'est pas seulement cela. La mondialisation, depuis quelques années, porte un projet politique qui apparaît comme étant, à la surface de la terre, le projet politique dominant. La quintessence de la réalisation la plus assumée de ce projet a été faite ces dernières années au sein de la société américaine avec notamment l'administration Bush... Ce projet se caractérise, pour moi, par un phénomène majeur qui est celui-ci : c'est une société d'inégalité croissante.
Je m'arrête un instant à ce sujet. Bien entendu, nous savons que l'inégalité a été et est la trame de la vie. Toutefois tout l'occident, l'occident américain, l'occident européen, j'allais même dire l'occident soviétique a vécu ce dernier siècle et même avant avec une idée qui était celle-ci et que nous acceptions tous comme étant au fond indiscutable, qui ne faisait plus l'objet de débat, cette idée qui était que le progrès technique et industriel était un projet qui ferait baisser les inégalités. Chacun avait sa manière pour que la baisse soit la plus rapide possible, mais tout le monde acceptait l'idée que le progrès allait faire baisser les inégalités.
Or, il s'est produit quelque chose il y a quinze ou vingt ans. Du côté, probablement des milieux qui ont inspiré l'action de Mme Thatcher ou de MM. Bush, père et fils, ou de M. Reagan, dont on n'a pas sur l'instant saisi la vraie nature qui est que, désormais, l'inégalité n'est plus considérée comme quelque chose qu'il serait bon de réduire, mais au contraire comme le meilleur moteur de progrès d'une société.
Et tout a été bâti pour que désormais les inégalités redeviennent croissantes, alors que nous étions dans un monde où les inégalités diminuaient.
Eh bien, ce projet d'inégalités croissantes est directement en contradiction avec ce que l'Europe et avec ce que la France républicaine avaient voulu faire de son avenir et de son destin. C'est une question, pour nous, très importante. (Applaudissements...)
Je voudrais vous donner deux faits, à peine chiffrés. Depuis vingt ans la totalité du pouvoir d'achat supérieur aux États-Unis a été captée entièrement par les 10 % les plus riches de la société américaine. Et si vous avez lu les Échos -je vois Robert Rochefort et Christian Saint-Etienne devant moi- vous aurez vu l'évolution de ce que l'on appelle les déciles, c'est-à-dire chaque tranche de 10 % des revenus, en France, tous stagnent ou sont en déclin sauf un qui crève les plafonds, le décile supérieur, les 10 % les plus riches de la société française.
Comme il n'y a plus d'impôts re-distributifs, comme on a cessé d'imaginer que l'on pouvait prélever à la transmission entre générations, des droits de succession, ne serait-ce qu'en raison de la concurrence fiscale entre états, le dumping fiscal entre états, alors, les inégalités se transmettent de génération en génération et ne sont plus diminuantes, mais croissantes. Ceci est une question pour nous tous.
À cette réalité des inégalités croissantes s'attache un système de valeurs tel que l'argent apparaît comme un élément central dans la société et je suis désolé quand je vois qu'aujourd'hui, en France, la déclaration répétée à multiples reprises du président de la République est qu'il faut réconcilier la France avec l'argent, car l'argent c'est la réussite.
Moi je crois qu'il y a d'autres réussites que l'argent et que l'on ne peut pas bâtir un projet de société sur la seule force et prédominance de l'argent.
Sans cela, si nous n'identifions pas les conséquences en termes de valeurs, de la société d'inégalités croissantes, alors nous avons menti à nos enfants, alors j'ai menti lorsque j'ai conduit des jeunes élèves vers les grandes écoles, vers des fonctions d'enseignants, de chercheurs, vers ceux qui donnaient leur vie, vers les animateurs d'associations, nous avons menti et je ne veux pas avoir menti.
Selon moi, il est très important de réconcilier la France avec ce qui ne relève pas de l'argent, de réconcilier la France avec l'enseignement, de réconcilier la France avec la recherche, de réconcilier la France avec la solidarité, de réconcilier la France avec l'initiative, réconcilier la France avec le risque, toutes choses qui ne sont pas du domaine de l'argent.
Nous n'acceptons pas que, dans notre pays, la réussite soit désormais considérée comme uniquement une réussite matérielle.
(Standing ovation...)
Je suis désolé pour mon pays, je suis désolé pour notre histoire républicaine quand je vois que de manière légère et sans y réfléchir, on fait chaque jour un pas de plus dans ce chemin. Je suis désolé pour mon pays quand je vois que la première mesure du gouvernement était le « paquet fiscal » dont on a tout dit. Je ne dis pas qu'il soit, comment dirais-je, « une horreur politique » mais symboliquement, commencer par cela, diriger les quelques moyens disponibles que l'État pouvait éventuellement avoir dans son déséquilibre des finances publiques vers ceux qui étaient déjà les plus favorisés de la nation, c'est une faute contre l'idée des réformes que nous allons devoir partager avec tout le monde ! (Applaudissements...) Je pourrais revenir sur les franchises médicales, mais le temps avance...
Je vais simplement vous montrer au passage un petit coup de projecteur sur une décision qui a été prise la semaine dernière. La semaine dernière, dans la nuit de vendredi à samedi, on a décidé, en même temps, le jour et la nuit, deux choses :
La première de ces choses est que l'on a décidé de supprimer l'impôt de bourse -on l'appelait ainsi- un prélèvement sur les mouvements financiers qui existait depuis cent ans, prélèvement faible sur les mouvements financiers importants, dont je n'avais pas l'impression qu'il était si lourd qu'il n'y ait jamais plus aucune opération de bourse financière en France. J'avais eu l'impression du contraire. 280 Meuros qui ont été ainsi donnés aux acteurs financiers et boursiers ! Et le même jour on a décidé qu'on allait désormais faire payer la redevance télévision à 780 000 foyers de personnes âgées et modestes !
280 Meuros rendus au monde de la bourse et de la finance et 80 Meuros prélevés sur les personnes âgées ou modestes ! 116 euros par an : il y a beaucoup de familles, naturellement, beaucoup de personnes pour qui 116 euros ce n'est rien, mais, dans l'état actuel du coût de la vie en France et l'état des retraites par rapport au coût de la vie, je considère que l'on fait une faute en reportant sur les personnes âgées et modestes une partie des sommes que l'on aurait bien pu laisser à l'impôt de bourse, aux mouvements financiers dans notre pays... C'était la semaine dernière.
Je trouve que l'on se trompe avec ces « deux poids deux mesures » ou naturellement, sans le dire, les moyens de l'État sont dirigés vers ceux ayant déjà toute cette influence, toute cette force des puissances qui relèvent du domaine des finances et de l'argent.
Je trouve que l'on se trompe et ce n'est pas notre projet de société.
Nous sommes donc détenteurs de quelque chose de tout-à-fait essentiel qui est la défense de la société contre les inégalités croissantes, la défense d'une société de justice, société de justice à l'égard des jeunes par la lutte contre la dette et le déficit, société de justice lorsqu'on parle des prélèvements. Société de justice lorsqu'il faudra bien que l'on aborde la question des petites retraites qui sont en France dans un état misérable et qui laissent des millions de personnes qui ne peuvent rien dire dans la misère la plus absolue. Elles ne peuvent pas parler, elles n'ont pas de représentants et il va bien falloir qu'on les entende.
(Applaudissements...)
C'est vers ceux-là, c'est vers ces personnes dans la société de justice que l'on devrait pouvoir tourner l'effort disponible de l'État.
Je le dis d'autant plus que j'ai écouté, je dis cela au passage, Nicolas Sarkozy s'exprimer jeudi soir. Je craignais beaucoup qu'il ne fasse comme beaucoup avant lui, le "père Noël" et qu'il ne distribue l'argent que l'État n'a pas. Il ne l'a heureusement pas fait.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas des manques ou des incohérences dans son propos. J'en cite un. Il a dit : on va favoriser les entreprises qui acceptent de sortir des 35 heures. Je veux simplement rappeler que, depuis six mois, on nous vend l'idée que c'est par les heures supplémentaires que les Français vont trouver un pouvoir d'achat supérieur. Si l'on supprime les 35 heures, à partir de quel quota d'heures allons-nous compter les heures supplémentaires ? (Applaudissements...) Je n'ai rien contre le fait que l'on nourrisse des démarches de cet ordre, mais ce qui me frappe, c'est l'incohérence du propos.
Je me réjouis qu'il n'ait pas, pour une fois, joué les pères Noël avec la dépense publique ni même fait croire qu'il pourrait avoir, sur ce sujet, comme sur d'autres, réponse à tout. Car je considère -et je m'adresse au PS au moins autant que je m'adresse au pouvoir actuel- je considère que c'est une faiblesse française que de faire croire aux citoyens que l'État peut tout, que l'État centralisé peut répondre à toutes leurs questions et que celui au sommet de l'État, alors, n'a qu'à décider pour que les choses changent dans notre pays.
Je trouve que c'est puéril, je trouve que c'est en retard, je trouve que cela ne nous permet pas de faire l'évolution nécessaire et je pense que, dans le projet démocrate, il y a une chose tout à fait essentielle : il faut que nous redéfinissions la place de l'État.
Je ne crois pas à l'État qui fait tout à la place de la société, encore moins au Président de la République solitaire qui décide de tout.
Je crois, au contraire, à une société dans laquelle naissent des légitimités multiples et qui a l'État comme partenaire, comme fédérateur, s'il le faut, comme inspirateur, mais pas qui agit à leur place. Je crois à la société et la société telle que nous la pensons, c'est une société des multiples légitimités. C'est le projet démocrate. (Applaudissements...)
Comme je suis candidat à la présidence du Mouvement Démocrate, je n'ai pas envie de perdre des voix et je m'arrête là en vous disant ce que sont, pour moi, les trois axes du mouvement que nous construisons ensemble.
Les trois axes du Mouvement Démocrate : rassemblement, renouvellement, refondation démocratique
Après avoir répété que tout le monde a pu vivre et vérifier l'extraordinaire richesse et la sincérité de la démocratie interne que nous avons mise en place et de l'expression directe, sans filtre, sans qu'il y ait la moindre éviction et le moindre évitement dans l'élaboration des statuts qui a été la nôtre... -je ne connais pas de formation politique qui puisse manifester une telle richesse démocratique et une telle sérénité dans cet exercice (applaudissements...)- je vais vous dire les trois axes qui, pour moi, sont ceux de notre mouvement et comme on faisait dans la publicité d'autrefois, pour nous les mettre en mémoire, je leur ai donné la même initiale, trois R : Rassemblement, Renouvellement, Refondation démocratique.
Je voudrais dire une phrase sur les trois sujets. Il suffit de vous voir pour découvrir que vous êtes, par nature, un rassemblement.
Nous réalisons ici cette aspiration que nous avons proposée aux Français de faire vivre, penser et travailler ensemble des femmes et des hommes venus d'horizons différents. Il y a parmi nous des UDF, des Cap 21, des écologistes venus des Verts, des personnes déçues du PS, des personnes de l'UMP. J'en connais même quelques-uns qui viennent encore de mouvements plus engagés et j'en connais beaucoup qui, surtout, ne viennent de nulle part... (applaudissements...) qui ont choisi de s'engager alors qu'ils étaient jusque-là dans une sorte d'abstention civique et qui ont choisi de sortir de cette abstention civique pour entrer dans l'action collective commune, dans l'adhésion et le militantisme à cette formation politique nouvelle.
Notre devoir, notre mission, c'est que nous soyons exemplaires du point de vue du rassemblement et c'est pourquoi je ne veux pas qu'il y ait chez nous des « adhérents anciens », des « adhérents nouveaux », je ne veux pas que l'on nous identifie par nos étiquettes précédentes, que l'on nous demande d'où nous venons. Je crois exactement le contraire.
Dans les années 70, François Mitterrand a créé le PS à Epinay, en 1971. Et au milieu des années 70, un nombre important et significatif de femmes et d'hommes sont venus le rejoindre, venant de ce que l'on appelait la « deuxième gauche » c'est-à-dire le PSU qui en avait été l'organisation un temps, et la réalité de ce mouvement était la gauche d'inspiration chrétienne.
François Mitterrand a eu une phrase que je considère comme absolument terrible quand ils ont annoncé leur venue. Il a dit, je cite : "Qu'ils viennent, mais qu'ils veuillent bien laisser leurs armes et leurs bagages au vestiaire".
Je dis exactement le contraire. Je ne parle pas des armes, mais je parle du bagage, venez avec votre bagage, avec votre expérience, avec votre histoire, soyez ce que vous êtes, considérez qu'ici, il ne faut pas abandonner ce que l'on a été. Il faut l'assumer, il faut que chacun d'entre vous soit fier de l'itinéraire qui l'a conduit ici. Comme je vous le dis, je suis fier du nôtre.
Le rassemblement, c'est l'acceptation sereine, heureuse de ce que les parcours ont été différents et heureusement, car sans cela on s'étiole et on meurt. Nous allons donc pratiquer le rassemblement.
Deuxièmement, nous allons être le mouvement politique qui porte, dans la vie politique française, son renouvellement.
Voilà pourquoi il y aura tant d'équipes nouvelles aux élections municipales dans toutes les villes et les villages de France à de rares exceptions près. (Applaudissements...) La vie démocratique se sclérose si ce sont toujours les mêmes visages... Nous avons l'immense chance d'avoir été laissés, pour un instant, par un certain nombre, notamment un certain nombre de sortants : laissons les sortants à leur sortie.
Nous, il faut que nous entrions. Nous choisissons d'être des entrants ! (Applaudissements...) Nous allons porter le renouvellement et nous allons porter la refondation démocratique.
J'ai beaucoup aimé la réflexion que nous avons eue sur les statuts et j'aime beaucoup la réflexion que nous aurons ce soir ou demain matin -rapide je vous en supplie !- sur les chartes et j'aime beaucoup le processus dans lequel Internet joue un si grand rôle d'engagement des participations. Nous avons à inventer une démocratie nouvelle fondée en particulier sur la formation des adhérents et des citoyens.
Car nous voulons la conscience et la responsabilité, et l'engagement que nous allons assumer la formation des militants et il faut que nous inventions ce qui ne l'a jamais été, ce qui doit être une grande université populaire, une grande université des adhérents engagés, des citoyens qui s'intéressent à cela pour que ce soit la conscience qui l'emporte et non le suivisme.
Rassemblement, Renouvellement, Refondation démocratique, tel est le programme que je voulais défendre devant vous. Je suis très heureux que nous tenions ensemble ce Congrès de fondation.
Merci à tous.
(Standing ovation.)source http://www.mouvementdemocrate.fr, le 5 décembre 2007
J'écoutais avec bonheur Mme Rivoyre et sa présence à la tête de l'organisation du Mouvement départemental de Seine-Saint-Denis montre assez que, lorsqu'une famille politique est vivante, qu'importe ceux qui partent, il y a toujours des personnes de qualité pour les remplacer !....
Je suis, comme vous l'imaginez bien, si profondément heureux de votre présence que j'aurai du mal à exprimer ce bonheur.
Je veux vous saluer, d'où que vous veniez géographiquement, d'où que vous veniez civiquement, d'où que vous veniez, car la rencontre que vous avez aujourd'hui construite entre vous, cette rencontre, il faut que vous en voyez bien l'importance.
Elle est et vous êtes la seule force de renouveau dans la vie politique française. La seule force de renouveau, c'est vous !...
J'ai vécu et nous avons vécu ensemble, plus exactement j'ai vécu grâce à vous l'incroyable émotion de la campagne présidentielle. Et si nous sommes là c'est naturellement la suite de cette extraordinaire aventure ou de cette extraordinaire entreprise dont l'objet était de proposer aux Français une approche nouvelle du destin de leur pays. Et, ce qui est extrêmement frappant pour moi, c'est à quel point les experts en tout genre n'ont rien vu venir de la force de la vague qui s'est alors lancée au sein du peuple de France, qui a atteint presque 20 % des voix et qui a failli remporter cette élection présidentielle. Car j'ai la conviction profonde et peut-être vous aussi, que si quelques points avaient bougés, nous aurions été au deuxième tour et nous aurions gagné l'élection présidentielle, et je pense que cela aurait été quelque chose de très important pour notre pays, et au-delà un message peut-être, dont nous avons toujours la charge.
En effet, ce qui me frappe, c'est que cet élan, cette force, cette vague -et vous en êtes les témoins innombrables, par milliers- elle est toujours présente. Cette force et cette vague continuent à se dérouler, peut-être plus souterrainement parfois, au sein du peuple de France.
L'attente d'un autre horizon, d'une autre espérance, est toujours là et elle sera, au fur et à mesure que passeront les semaines et les mois, plus forte que jamais, car les attentes qui peut prétendre que les attentes de notre peuple trouvent aujourd'hui une réponse ?
L'objet du congrès, l'objet de la fondation de ce mouvement, à la suite de l'élection présidentielle, celui-ci : un immense espoir s'est fait entendre au moment de l'élection présidentielle. Maintenant, nous devons faire de cet espoir un projet, un projet dans lequel tous les Français trouveront à s'exprimer, mettent leurs attentes, s'engagent pour que la France trouve, enfin, le destin et le chemin qu'elle attend et qu'elle mérite, étant donné ce qu'elle est, par son histoire et son peuple.
Nous avons vécu cette immense aventure et entreprise, et il y a eu les difficultés qui ont suivi. De ces difficultés, je ne tairai rien ; elles sont de deux ordres : la première, institutionnelle et, la deuxième, humaine.
La première est institutionnelle : il y a, dans notre pays, des règles de notre vie publique qui sont des règles d'une absolue et profonde injustice. Ces règles, il faudra les changer et il n'y a pas d'autre chemin pour un mouvement comme le nôtre.
Je regardais avec curiosité un sondage d'intentions de vote récent, publié par le Journal du Dimanche, il y a quelques week-ends, au mois de novembre et qui posait cette question : « si l'on votait aujourd'hui, quel serait votre vote à l'élection présidentielle ? ».
Nicolas Sarkozy, dont on ne peut pas prétendre qu'il soit complètement absent des médias, a donc naturellement une présence forte. Il avait fait 31 % au mois d'avril. Il était dans ce sondage à 34 %. Il a 340 députés. 34 %, 340 députés.
Ségolène Royal, elle, réalisait dans ce sondage 22 %, 4 points de moins que ce qu'elle avait eu au premier tour de l'élection présidentielle. Elle a 220 députés.
Comme vous le voyez, 34/340 et 22/220, ils ont à peu près l'un et l'autre 10 députés pour 1 % des voix qu'ils ont obtenues.
Nous, nous obtenions dans ce sondage 17 %. En toute logique et en toute justice, nous devions avoir 170 députés. Nous en avons 3 et demi.
(Applaudissements...)
Ceci traduit quelque chose de profondément antidémocratique dans la manière dont nos institutions sont organisées et, je vous le dis, ceci n'est pas sans conséquences sur le deuxième problème que nous avons rencontré qui est un problème de caractère.
Un certain nombre d'élus nous a quittés, provisoirement, peut-être, comme l'un d'entre eux l'a dit hier. Au fond, il y avait deux raisons à cette transhumance.
La première de ces raisons était parfois une raison politique. Ils voulaient, ces députés, être à droite. Bon, j'accepte cette vision, je dis seulement que, si l'on veut être à droite, alors, il ne faut pas être au centre.
(Applaudissements...)
Être au centre, le chemin que nous avons choisi, c'est offrir au pays non pas un « ni gauche ni droite » -je n'aime pas le "ni-ni"- mais un dépassement de la gauche et de la droite dans un nouveau projet politique, le constat de l'échec et de l'impuissance de la droite et de la gauche, et l'appel à un nouveau projet politique, à un nouveau projet de société. C'est cela notre contrat.
Le Mouvement Démocrate est fait, non pas pour dire « ni gauche ni droite » mais pour dépasser la gauche et la droite dans un projet politique nouveau. Ce chemin-là exclut en réalité que l'on se sente dépendant, prisonnier et soumis à l'intérieur d'une seule alliance, autrement dit le strabisme empêche de regarder et de voir la vérité du chemin que nous avons à suivre.
Nous n'avons pas l'intention de nous ranger de ces deux côtés, ni d'un côté, à droite, ni de l'autre côté, à gauche, nous voulons dépasser la droite et la gauche. Nous avons, avec ces élus, une divergence fondamentale qui est une divergence sur notre nature. C'est le premier élément de choix de ceux qui se sont éloignés peut-être momentanément.
Il y en a un deuxième : ils voulaient à tout prix conserver leur mandat. Ils voulaient à tout prix se rapprocher du pouvoir. Pour un certain nombre d'entre eux, ils voulaient à tout prix sentir les effluves de l'odeur des maroquins !... (Applaudissements...)
C'est un mal de notre démocratie depuis longtemps, c'est un mal de la Vème République depuis longtemps, que nous vivions où que l'on nous fasse vivre dans un pays dans lequel on récompense non pas le caractère des hommes, non pas le courage des femmes et des hommes, on récompense la servilité : « Viens-te ranger derrière moi et, à ce moment-là, je te récompenserai ! »... (Applaudissements...)
La France a besoin d'une véritable réforme des institutions
Ceci, mes chers amis, est de la responsabilité des institutions, car les institutions ne sont pas faites pour les hommes vertueux, à supposer qu'il en existe !.... Les institutions ne sont pas faites pour les âmes justes et les forces de caractère. Les institutions sont faites pour les pauvres hommes, je ne dis pas les pauvres femmes, car elles sont, elles, un peu plus courageuses qu'un très grand nombre d'hommes....
Permettez-moi de le dire, ceci est aussi quelque chose à quoi il faut réfléchir. Il se trouve que dans le cheminement de vie, de vie politique qui a été le nôtre, les femmes de notre équipe ont eu une égalité d'âme, un courage tranquille qui les a signalées à l'attention générale, raison pour laquelle je leur dis merci (Applaudissements...). Naturellement, certains hommes aussi !
Je reviens au sujet : les institutions ne sont pas faites pour les grands caractères, pour les âmes trempées, pour les personnalités d'exception. Les institutions sont faites pour les femmes et les hommes ordinaires et, dans notre pays, la conception des institutions, avec tous les pouvoirs aux mêmes, toutes les carrières qui proviennent de la faveur du prince, tout cela pousse à l'abaissement, à la soumission et à la servilité et c'est un drame pour la France et c'est un drame qu'il faudra corriger.
Si l'on veut rompre avec cet esprit de soumission et cette servilité, alors, il faudrait équilibrer les institutions de la République.
Il se trouve que j'avais mis beaucoup d'espoirs dans le comité Balladur, dans lequel il y avait des personnes que je considère comme tout à fait éminentes. Je ne sais pas si Jean-Claude Casanova est arrivé, mais, si c'est le cas, je le salue avec l'amitié et le respect qu'il sait : la revue Commentaires est l'une des revues les plus éminentes qui existe dans notre espace intellectuel français, et je salue également France Forum dans les revues qui sont dans notre amitié.
Il y avait Jean-Louis Bourlanges. On a eu quelques dissensions, mais je le respecte beaucoup. Il y avait des personnes que je trouve tout à fait éminentes et je pensais que le comité Balladur allait permettre que nos institutions se rééquilibrent.
Il ne faut pas être sorti de Polytechnique pour comprendre que, si nous voulons qu'elles se rééquilibrent, il y a une chose à faire : permettre au parlement d'être indépendant de l'exécutif, permettre au parlement de s'exprimer, de contrôler, de dire son mot comme représentant du peuple français par rapport à l'exécutif. Les deux principes que j'évoquais dans les statuts : principe de représentation, que tous les courants du peuple se fassent entendre, en face principe d'autorité, et il y a un équilibre entre les deux.
Le drame de la France, tout le monde le sait bien, il n'y a pas un type sérieux qui l'ignore, c'est que la représentation nationale dépend de l'exécutif. Vous n'êtes élus que si vous acceptez de suivre les vainqueurs ou si vous appartenez au principal parti de l'opposition.
Entre les deux, nous l'avons bien vécu avec Jean Lassalle et Abdelatifou Aly, naturellement c'est une rude épreuve et il faut être drôlement costaud pour s'en sortir. C'est injuste, mais c'est ainsi. (Applaudissements...) Vous pouvez les applaudir, car leur performance électorale à l'un et l'autre n'a pas été mince. (Applaudissements...)
Je pensais qu'on allait rééquilibrer les institutions ce qui signifie quelque chose de simple et de premier, la première marche, trouver une loi électorale juste qui fasse que tous les courants qui atteignent, mettons 5 %, c'est-à-dire un million de voix de citoyens français, que tous les courants puissent avoir une représentation à l'Assemblée, au moins dans une certaine mesure qui permette cependant au processus majoritaire d'avoir lieu.
C'est une déception pour nous tous et, je suis certain, pour beaucoup de démocrates en France que d'avoir compris ou cru comprendre qu'en réalité on avait renoncé à changer cet équilibre des institutions, renoncé à trouver une architecture nouvelle dans laquelle l'État pourrait trouver son autorité, le peuple, sa représentation et, les institutions, leur légitimité.
Je vais dire quelque chose de simple, peut-être aurai-je l'occasion de le redire demain. Si on en reste là et si on nous présente un projet qui ne comporte pas cette décision essentielle de rendre à la représentation nationale son autonomie par rapport au gouvernement et à l'exécutif, nous ne voterons pas, je ne voterai pas et je me battrai contre tout projet de fausse modification des institutions. S'il n'y a pas cela, il n'y a pas modification.
Voilà pour les institutions.
Le projet démocrate
Le Mouvement Démocrate, au-delà des discussions juridiques, a pour objet de faire émerger dans la démocratie française, des femmes et des hommes de caractère, indépendants de toutes pressions et notamment des pressions du pouvoir, des personnes qui n'ont pas peur du bâton et qui ne sont pas tentés par la carotte, ni l'un ni l'autre ! (Applaudissements...)
Toutefois, il n'existe de mouvement politique que par le projet qu'il porte et je voudrais vous dire un mot de ce projet. Ce projet, nous l'avons appelé de notre nom, démocrate.
Je voudrais vous dire ce que, pour moi, démocrate veut dire. Au premier sens du terme, démocrate, cela signifie que nous avons une certaine conception du citoyen, que nous sommes donc en résistance à l'égard de ce que l'on est en train de faire du citoyen aujourd'hui, pas seulement en France, mais dans beaucoup de pays. Nous sommes en résistance contre l'idée que le citoyen ne serait pas autre chose d'une cible de communication.
Nous, nous pensons que la communication en direction du citoyen pour l'influencer, ce n'est pas l'objet. Nous, nous voulons que le citoyen soit un responsable.
J'ai cité, devant vous, souvent, mais je vais le refaire, une phrase admirable qui a été prononcée et écrite il y a exactement cent ans, en 1907, par un homme qui, pour beaucoup d'entre vous, un philosophe et homme engagé, avait beaucoup d'importance. Il s'appelait Marc Sangnier : « La démocratie, c'est l'organisation sociale qui porte à son maximum la conscience et la responsabilité des citoyens ».
La conscience et la responsabilité.... (Applaudissements...)
Le but du Mouvement Démocrate dans la vie publique est la conscience et la responsabilité des citoyens, car nous pensons qu'il n'est aucune réforme, aucune mutation, aucun progrès dont notre pays a besoin qui ne relèvent de la conscience et de la responsabilité des citoyens.
Si on veut leur raconter des histoires comme on l'a fait lors de la précédente élection présidentielle, au bout du compte, on se cassera la figure et on rencontrera le mur des réalités. Les promesses non suivies d'effets sont, en réalité, l'amorce des désillusions qui ruinent un projet politique.
Nous ne voulons pas des promesses artificielles car nous voulons écarter les désillusions. Nous voulons que l'on dise la vérité aux citoyens, et nous considérons que la vérité est le seul élément qui permette à un peuple d'avancer.
Nous sommes le parti de la vérité en politique. Conscience et responsabilité, cela veut dire évidemment que l'on accepte de regarder en face ce qu'il y a de plus dur dans la situation de notre pays.
Nous parlerons cet après-midi des banlieues. Nous acceptons de regarder cette question en face. Nous parlerons du pouvoir d'achat, nous acceptons de le regarder en face. Nous sommes désolés pour notre pays que l'on ait écarté la question du déficit et de la dette, qu'on l'ait laissée tomber, de côté, qu'on ait laissé glisser les choses au lieu d'en faire un sujet central du redressement de notre pays !... (Applaudissements...)
Conscience et responsabilité du citoyen...
Je parle de dette, et je mets cela au coeur du développement durable. Voyez-vous, le durable, en politique, qu'est-ce que c'est ?
C'est la conception d'un mouvement de la société qui puisse permettre au progrès de se perpétuer dans les générations qui viennent, et non pas d'être l'épuisement des générations qui viennent par les générations actuelles.
Il y a quelque chose qui est de l'ordre de l'escroquerie à faire que les générations actuelles mangent le blé en herbe, alors que les générations de demain n'auront plus rien et seront obligées, hélas, d'assumer l'impéritie qui a été la nôtre !(Applaudissements...)
Nous nous dirigeons vers cette idée de conscience des responsabilités du citoyen et, au fond, c'est exactement à cela que répondent les statuts que nous avons examinés.
Projet de justice croissante contre projet d'inégalité croissante
Il y a une deuxième question dans le projet de société, c'est une question « d'Himalaya ». Nous vivons un temps que l'histoire caractérisera comme étant le temps de la mondialisation, « globalisation » comme disent les Anglais, mondialisation.
La mondialisation est naturellement génératrice de changement et de chocs très profonds, mais elle pose une question politique centrale et j'emploie ici le mot « politique » au sens le plus élevé du terme, pas une question de parti politique mais une question de vocation politique, d'inspiration politique.
Tout montre aujourd'hui que la mondialisation, ce n'est pas seulement un ensemble de phénomènes qui libèrent les échanges commerciaux, financiers, d'informations, ou humains, ce qui fait que tous les pays d'une certaine manière commencent à vivre dans le même monde.
Ce n'est pas seulement cela. La mondialisation, depuis quelques années, porte un projet politique qui apparaît comme étant, à la surface de la terre, le projet politique dominant. La quintessence de la réalisation la plus assumée de ce projet a été faite ces dernières années au sein de la société américaine avec notamment l'administration Bush... Ce projet se caractérise, pour moi, par un phénomène majeur qui est celui-ci : c'est une société d'inégalité croissante.
Je m'arrête un instant à ce sujet. Bien entendu, nous savons que l'inégalité a été et est la trame de la vie. Toutefois tout l'occident, l'occident américain, l'occident européen, j'allais même dire l'occident soviétique a vécu ce dernier siècle et même avant avec une idée qui était celle-ci et que nous acceptions tous comme étant au fond indiscutable, qui ne faisait plus l'objet de débat, cette idée qui était que le progrès technique et industriel était un projet qui ferait baisser les inégalités. Chacun avait sa manière pour que la baisse soit la plus rapide possible, mais tout le monde acceptait l'idée que le progrès allait faire baisser les inégalités.
Or, il s'est produit quelque chose il y a quinze ou vingt ans. Du côté, probablement des milieux qui ont inspiré l'action de Mme Thatcher ou de MM. Bush, père et fils, ou de M. Reagan, dont on n'a pas sur l'instant saisi la vraie nature qui est que, désormais, l'inégalité n'est plus considérée comme quelque chose qu'il serait bon de réduire, mais au contraire comme le meilleur moteur de progrès d'une société.
Et tout a été bâti pour que désormais les inégalités redeviennent croissantes, alors que nous étions dans un monde où les inégalités diminuaient.
Eh bien, ce projet d'inégalités croissantes est directement en contradiction avec ce que l'Europe et avec ce que la France républicaine avaient voulu faire de son avenir et de son destin. C'est une question, pour nous, très importante. (Applaudissements...)
Je voudrais vous donner deux faits, à peine chiffrés. Depuis vingt ans la totalité du pouvoir d'achat supérieur aux États-Unis a été captée entièrement par les 10 % les plus riches de la société américaine. Et si vous avez lu les Échos -je vois Robert Rochefort et Christian Saint-Etienne devant moi- vous aurez vu l'évolution de ce que l'on appelle les déciles, c'est-à-dire chaque tranche de 10 % des revenus, en France, tous stagnent ou sont en déclin sauf un qui crève les plafonds, le décile supérieur, les 10 % les plus riches de la société française.
Comme il n'y a plus d'impôts re-distributifs, comme on a cessé d'imaginer que l'on pouvait prélever à la transmission entre générations, des droits de succession, ne serait-ce qu'en raison de la concurrence fiscale entre états, le dumping fiscal entre états, alors, les inégalités se transmettent de génération en génération et ne sont plus diminuantes, mais croissantes. Ceci est une question pour nous tous.
À cette réalité des inégalités croissantes s'attache un système de valeurs tel que l'argent apparaît comme un élément central dans la société et je suis désolé quand je vois qu'aujourd'hui, en France, la déclaration répétée à multiples reprises du président de la République est qu'il faut réconcilier la France avec l'argent, car l'argent c'est la réussite.
Moi je crois qu'il y a d'autres réussites que l'argent et que l'on ne peut pas bâtir un projet de société sur la seule force et prédominance de l'argent.
Sans cela, si nous n'identifions pas les conséquences en termes de valeurs, de la société d'inégalités croissantes, alors nous avons menti à nos enfants, alors j'ai menti lorsque j'ai conduit des jeunes élèves vers les grandes écoles, vers des fonctions d'enseignants, de chercheurs, vers ceux qui donnaient leur vie, vers les animateurs d'associations, nous avons menti et je ne veux pas avoir menti.
Selon moi, il est très important de réconcilier la France avec ce qui ne relève pas de l'argent, de réconcilier la France avec l'enseignement, de réconcilier la France avec la recherche, de réconcilier la France avec la solidarité, de réconcilier la France avec l'initiative, réconcilier la France avec le risque, toutes choses qui ne sont pas du domaine de l'argent.
Nous n'acceptons pas que, dans notre pays, la réussite soit désormais considérée comme uniquement une réussite matérielle.
(Standing ovation...)
Je suis désolé pour mon pays, je suis désolé pour notre histoire républicaine quand je vois que de manière légère et sans y réfléchir, on fait chaque jour un pas de plus dans ce chemin. Je suis désolé pour mon pays quand je vois que la première mesure du gouvernement était le « paquet fiscal » dont on a tout dit. Je ne dis pas qu'il soit, comment dirais-je, « une horreur politique » mais symboliquement, commencer par cela, diriger les quelques moyens disponibles que l'État pouvait éventuellement avoir dans son déséquilibre des finances publiques vers ceux qui étaient déjà les plus favorisés de la nation, c'est une faute contre l'idée des réformes que nous allons devoir partager avec tout le monde ! (Applaudissements...) Je pourrais revenir sur les franchises médicales, mais le temps avance...
Je vais simplement vous montrer au passage un petit coup de projecteur sur une décision qui a été prise la semaine dernière. La semaine dernière, dans la nuit de vendredi à samedi, on a décidé, en même temps, le jour et la nuit, deux choses :
La première de ces choses est que l'on a décidé de supprimer l'impôt de bourse -on l'appelait ainsi- un prélèvement sur les mouvements financiers qui existait depuis cent ans, prélèvement faible sur les mouvements financiers importants, dont je n'avais pas l'impression qu'il était si lourd qu'il n'y ait jamais plus aucune opération de bourse financière en France. J'avais eu l'impression du contraire. 280 Meuros qui ont été ainsi donnés aux acteurs financiers et boursiers ! Et le même jour on a décidé qu'on allait désormais faire payer la redevance télévision à 780 000 foyers de personnes âgées et modestes !
280 Meuros rendus au monde de la bourse et de la finance et 80 Meuros prélevés sur les personnes âgées ou modestes ! 116 euros par an : il y a beaucoup de familles, naturellement, beaucoup de personnes pour qui 116 euros ce n'est rien, mais, dans l'état actuel du coût de la vie en France et l'état des retraites par rapport au coût de la vie, je considère que l'on fait une faute en reportant sur les personnes âgées et modestes une partie des sommes que l'on aurait bien pu laisser à l'impôt de bourse, aux mouvements financiers dans notre pays... C'était la semaine dernière.
Je trouve que l'on se trompe avec ces « deux poids deux mesures » ou naturellement, sans le dire, les moyens de l'État sont dirigés vers ceux ayant déjà toute cette influence, toute cette force des puissances qui relèvent du domaine des finances et de l'argent.
Je trouve que l'on se trompe et ce n'est pas notre projet de société.
Nous sommes donc détenteurs de quelque chose de tout-à-fait essentiel qui est la défense de la société contre les inégalités croissantes, la défense d'une société de justice, société de justice à l'égard des jeunes par la lutte contre la dette et le déficit, société de justice lorsqu'on parle des prélèvements. Société de justice lorsqu'il faudra bien que l'on aborde la question des petites retraites qui sont en France dans un état misérable et qui laissent des millions de personnes qui ne peuvent rien dire dans la misère la plus absolue. Elles ne peuvent pas parler, elles n'ont pas de représentants et il va bien falloir qu'on les entende.
(Applaudissements...)
C'est vers ceux-là, c'est vers ces personnes dans la société de justice que l'on devrait pouvoir tourner l'effort disponible de l'État.
Je le dis d'autant plus que j'ai écouté, je dis cela au passage, Nicolas Sarkozy s'exprimer jeudi soir. Je craignais beaucoup qu'il ne fasse comme beaucoup avant lui, le "père Noël" et qu'il ne distribue l'argent que l'État n'a pas. Il ne l'a heureusement pas fait.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas des manques ou des incohérences dans son propos. J'en cite un. Il a dit : on va favoriser les entreprises qui acceptent de sortir des 35 heures. Je veux simplement rappeler que, depuis six mois, on nous vend l'idée que c'est par les heures supplémentaires que les Français vont trouver un pouvoir d'achat supérieur. Si l'on supprime les 35 heures, à partir de quel quota d'heures allons-nous compter les heures supplémentaires ? (Applaudissements...) Je n'ai rien contre le fait que l'on nourrisse des démarches de cet ordre, mais ce qui me frappe, c'est l'incohérence du propos.
Je me réjouis qu'il n'ait pas, pour une fois, joué les pères Noël avec la dépense publique ni même fait croire qu'il pourrait avoir, sur ce sujet, comme sur d'autres, réponse à tout. Car je considère -et je m'adresse au PS au moins autant que je m'adresse au pouvoir actuel- je considère que c'est une faiblesse française que de faire croire aux citoyens que l'État peut tout, que l'État centralisé peut répondre à toutes leurs questions et que celui au sommet de l'État, alors, n'a qu'à décider pour que les choses changent dans notre pays.
Je trouve que c'est puéril, je trouve que c'est en retard, je trouve que cela ne nous permet pas de faire l'évolution nécessaire et je pense que, dans le projet démocrate, il y a une chose tout à fait essentielle : il faut que nous redéfinissions la place de l'État.
Je ne crois pas à l'État qui fait tout à la place de la société, encore moins au Président de la République solitaire qui décide de tout.
Je crois, au contraire, à une société dans laquelle naissent des légitimités multiples et qui a l'État comme partenaire, comme fédérateur, s'il le faut, comme inspirateur, mais pas qui agit à leur place. Je crois à la société et la société telle que nous la pensons, c'est une société des multiples légitimités. C'est le projet démocrate. (Applaudissements...)
Comme je suis candidat à la présidence du Mouvement Démocrate, je n'ai pas envie de perdre des voix et je m'arrête là en vous disant ce que sont, pour moi, les trois axes du mouvement que nous construisons ensemble.
Les trois axes du Mouvement Démocrate : rassemblement, renouvellement, refondation démocratique
Après avoir répété que tout le monde a pu vivre et vérifier l'extraordinaire richesse et la sincérité de la démocratie interne que nous avons mise en place et de l'expression directe, sans filtre, sans qu'il y ait la moindre éviction et le moindre évitement dans l'élaboration des statuts qui a été la nôtre... -je ne connais pas de formation politique qui puisse manifester une telle richesse démocratique et une telle sérénité dans cet exercice (applaudissements...)- je vais vous dire les trois axes qui, pour moi, sont ceux de notre mouvement et comme on faisait dans la publicité d'autrefois, pour nous les mettre en mémoire, je leur ai donné la même initiale, trois R : Rassemblement, Renouvellement, Refondation démocratique.
Je voudrais dire une phrase sur les trois sujets. Il suffit de vous voir pour découvrir que vous êtes, par nature, un rassemblement.
Nous réalisons ici cette aspiration que nous avons proposée aux Français de faire vivre, penser et travailler ensemble des femmes et des hommes venus d'horizons différents. Il y a parmi nous des UDF, des Cap 21, des écologistes venus des Verts, des personnes déçues du PS, des personnes de l'UMP. J'en connais même quelques-uns qui viennent encore de mouvements plus engagés et j'en connais beaucoup qui, surtout, ne viennent de nulle part... (applaudissements...) qui ont choisi de s'engager alors qu'ils étaient jusque-là dans une sorte d'abstention civique et qui ont choisi de sortir de cette abstention civique pour entrer dans l'action collective commune, dans l'adhésion et le militantisme à cette formation politique nouvelle.
Notre devoir, notre mission, c'est que nous soyons exemplaires du point de vue du rassemblement et c'est pourquoi je ne veux pas qu'il y ait chez nous des « adhérents anciens », des « adhérents nouveaux », je ne veux pas que l'on nous identifie par nos étiquettes précédentes, que l'on nous demande d'où nous venons. Je crois exactement le contraire.
Dans les années 70, François Mitterrand a créé le PS à Epinay, en 1971. Et au milieu des années 70, un nombre important et significatif de femmes et d'hommes sont venus le rejoindre, venant de ce que l'on appelait la « deuxième gauche » c'est-à-dire le PSU qui en avait été l'organisation un temps, et la réalité de ce mouvement était la gauche d'inspiration chrétienne.
François Mitterrand a eu une phrase que je considère comme absolument terrible quand ils ont annoncé leur venue. Il a dit, je cite : "Qu'ils viennent, mais qu'ils veuillent bien laisser leurs armes et leurs bagages au vestiaire".
Je dis exactement le contraire. Je ne parle pas des armes, mais je parle du bagage, venez avec votre bagage, avec votre expérience, avec votre histoire, soyez ce que vous êtes, considérez qu'ici, il ne faut pas abandonner ce que l'on a été. Il faut l'assumer, il faut que chacun d'entre vous soit fier de l'itinéraire qui l'a conduit ici. Comme je vous le dis, je suis fier du nôtre.
Le rassemblement, c'est l'acceptation sereine, heureuse de ce que les parcours ont été différents et heureusement, car sans cela on s'étiole et on meurt. Nous allons donc pratiquer le rassemblement.
Deuxièmement, nous allons être le mouvement politique qui porte, dans la vie politique française, son renouvellement.
Voilà pourquoi il y aura tant d'équipes nouvelles aux élections municipales dans toutes les villes et les villages de France à de rares exceptions près. (Applaudissements...) La vie démocratique se sclérose si ce sont toujours les mêmes visages... Nous avons l'immense chance d'avoir été laissés, pour un instant, par un certain nombre, notamment un certain nombre de sortants : laissons les sortants à leur sortie.
Nous, il faut que nous entrions. Nous choisissons d'être des entrants ! (Applaudissements...) Nous allons porter le renouvellement et nous allons porter la refondation démocratique.
J'ai beaucoup aimé la réflexion que nous avons eue sur les statuts et j'aime beaucoup la réflexion que nous aurons ce soir ou demain matin -rapide je vous en supplie !- sur les chartes et j'aime beaucoup le processus dans lequel Internet joue un si grand rôle d'engagement des participations. Nous avons à inventer une démocratie nouvelle fondée en particulier sur la formation des adhérents et des citoyens.
Car nous voulons la conscience et la responsabilité, et l'engagement que nous allons assumer la formation des militants et il faut que nous inventions ce qui ne l'a jamais été, ce qui doit être une grande université populaire, une grande université des adhérents engagés, des citoyens qui s'intéressent à cela pour que ce soit la conscience qui l'emporte et non le suivisme.
Rassemblement, Renouvellement, Refondation démocratique, tel est le programme que je voulais défendre devant vous. Je suis très heureux que nous tenions ensemble ce Congrès de fondation.
Merci à tous.
(Standing ovation.)source http://www.mouvementdemocrate.fr, le 5 décembre 2007