Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je repars du Liban avec la satisfaction du devoir accompli. Je ne sais pas si c'est un succès ou un demi-succès ; ce n'est cependant ni un échec, ni un demi-échec. Vous vous souvenez peut-être que la dernière fois que nous nous sommes vus, nous étions très pessimistes. Il n'y avait pas d'entente suffisante entre l'opposition et la majorité. Il n'y avait pas de candidat consensuel, il n'y avait pas de candidat commun. On ne savait pas si l'élection du président de la République pouvait avoir lieu. On peut considérer que des progrès ont été accomplis de la part de tous ceux qui ont participé à la mise en place de ces élections, que ce soit les Libanais - toutes les communautés que la France soutient indistinctement - la France et l'Union européenne, je parle avec l'accord de la Présidence portugaise, au nom de l'Union européenne, je parle au nom de mes amis qui sont venus avec moi, Massimo d'Alema, le ministre italien des Affaires étrangères, Miguel Moratinos, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Franck Steinmeier, ministre allemand des Affaires étrangères.
Quel est le bilan ?
D'abord il n'y a pas eu de troubles au moment du départ du président de la République, comme certains le craignaient. Il a quitté la présidence, et rien ne s'est passé. Il y a un gouvernement légitime, celui de M. Fouad Siniora, qui a les pouvoirs, et désormais un candidat de consensus, M. Michel Sleimane, commandant en chef de l'armée que j'ai rencontré et que j'ai apprécié. Il y a aussi la nécessité d'un amendement pour changer la Constitution. Je ne connais pas la façon dont la majorité et l'opposition s'entendront pour changer la Constitution. Cela a été discuté ce matin. Je pense que mardi, vous aurez peut-être la chance d'avoir un président de la République libanaise. Il y avait aussi un document politique que tout le monde attendait, que vous ne connaissez pas encore, mais tout le monde sait ce qu'il y a dedans. Je peux vous dire que notre excellent ambassadeur de France, M. André Parant, et moi-même, avons beaucoup insisté, beaucoup bataillé. Nous nous sommes longuement expliqué avec M. Nabih Berry, le président du Parlement, et avec M. Saad Hariri, le chef de la majorité.
Des réunions de 4 heures, longues, difficiles se sont tenues pour qu'un document soit accepté: c'est un document politique sur l'essentiel de ce que voulaient toutes les communautés. Le monde entier regarde vers le Liban. M. Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations unies, s'est rendu dans votre pays, il a insisté pour que l'élection présidentielle ait lieu. Tous les ambassadeurs sont venus tour à tour rencontrer tous les responsables : Mme Rice, l'ambassadeur égyptien et tous ceux de la région, M. Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. Tout le monde s'intéresse à ce qui se passe au Liban. J'ai parlé d'un demi-succès, et j'espère que ce sera un succès mardi. Pas pour moi, Mesdames et Messieurs, pas pour la France mais pour tous les Libanais. C'est votre succès. Ce sera, je l'espère, votre président, accepté par toutes les communautés. Ce n'est pas fait, il peut y avoir encore des obstacles. Un jour au Liban on est pessimiste, le lendemain on est optimiste. Pourquoi ? Parce qu'il y a les confrontations habituelles, nécessaires en démocratie. C'est comme cela qu'on aime ce pays, avec ses défauts et ses immenses qualités, avec ses communautés mêlées, et c'est cela que nous voulons, c'est cela que nous souhaitons. La France souhaite que toutes les communautés, les unes avec les autres, et non les unes contre les autres, fassent le Liban de demain. Il y aura beaucoup de choses à faire si nous y parvenons. Il y a à développer l'économie, il y a à s'occuper de la dette, il y a à rebâtir la République libanaise autour de ses habitants.
Ce qui est précieux au Liban, je crois, a été préservé et nous en sommes heureux, voire un peu fiers d'y avoir participé. Vous savez, pour un pays comme la France qui a des attaches particulières avec le Liban, historiques, politiques, mais surtout sentimentales, des liens d'affection, de compréhension, d'agacement. Voir pour la septième fois un ministre des Affaires étrangères, évidemment, cela suscite des critiques et de l'ironie. Je devais être à vos côtés, comme un frère. C'est ce que j'ai essayé de faire avec André Parant, avec toute l'équipe de l'ambassade, et avec mes amis du Quai d'Orsay qui m'accompagnent.
Voilà pourquoi, quel que soit l'avenir, et cela peut ne pas marcher, je suis assez heureux d'avoir passé ces jours avec vous, d'avoir manqué à mes devoirs de ministre avec l'assentiment, la complicité et le soutien du président de la République, Nicolas Sarkozy, que peut-être vous verrez un jour, si tout marche bien. J'ai le sentiment, Mes Chers Amis - ce qui n'est pas fréquent en politique -, du devoir accompli. Je vous remercie.
Q - (Inaudible)
R - Je vous dirai cela lorsqu'ils auront fait tout leur travail. Un petit effort, le dernier pour que l'opposition et la majorité s'entendent pour choisir la voie des amendements à la Constitution, pour que le président de la République puisse être élu. Je vous dirai alors ma satisfaction, ou peut-être mon insatisfaction, si cela ne marche pas. Je dénoncerai les obstacles. Pour le moment je suis heureux que les obstacles se soient un par un abattus, même s'il en reste encore.
Q - Le général Aoun serait l'obstacle ?
R - Je ne comprends pas bien pourquoi il ne serait pas heureux. Un général en chef de l'armée, comme lui, président consensuel d'un pays, comme il a été l'excellent général en chef de l'armée qui a maintenu l'unité du Liban. Je pense que le général Aoun que je connais bien, aura fait l'effort sur lui-même. Il a fait un sacrifice, et je reconnais tout à fait la valeur de son renoncement à la candidature à la présidence de la République. Je l'en remercie au nom de la France et je le remercie aussi en mon nom personnel, parce que c'est un ami. Je pense qu'il sera très utile dans le Liban de demain, car il a des propositions politiques très intéressantes, et car c'est peut-être l'un des rares qui parle politique. Il parle du sort des Libanais, des Libanais de toutes les communautés. Il fait des propositions, elles seront utiles demain.
Q - Il y aura un prochain retour ?
R - Il y aura peut être un prochain retour, cela dépend bien entendu du sort que les élus, les députés de la majorité et de l'opposition réserveront au choix qui, j'espère, sera fait mardi, de la façon d'amender la Constitution pour que le vote ait lieu. Si le vote a lieu, s'il y a un président, s'il y a un Premier ministre, je serai très heureux de venir les saluer à nouveau.
Q - (Inaudible)
R - C'est à la démocratie d'apporter des garanties, ce qui est certain c'est qu'un gouvernement, selon les termes que vous connaîtrez de cet engagement politique, sera formé avec l'ensemble des partis politiques et des représentants au Parlement. Je n'en sais rien, je ne suis pas le Premier ministre, je ne connais pas le Premier ministre, il sera désigné par le président de la République et il formera son gouvernement, qui devra être accepté également par le président de la République. C'est aux Libanais de le faire. Je n'ai aucun jugement à porter là-dessus. Je souhaite que Michel Aoun puisse participer, et en particulier avec les propositions qu'il amène, à l'essor et au développement de la République libanaise.
Q - (Inaudible)
R - Oui Madame, c'est nous, c'est chacun d'entre nous. Il faut exiger maintenant de tous les Libanais qu'ils s'entendent avec leurs représentants pour qu'enfin, mardi, soit élu le président de la République, ce que je souhaite, ce que je crois possible. Vous savez, hier, nous étions tous pessimistes, et ce matin nous sommes un peu plus qu'à demi-optimistes. Nous, l'ambassadeur André Parant et moi-même, avons passé tant d'heures à discuter avec tous. Nous avons revu tout le monde, du Patriarche au général en chef, tous les dirigeants politiques. Il y en a quelques-uns que je n'ai pas pu rencontrer faut de temps, et je leur demande pardon, mon coeur allait avec tous. Pour ceux qui ont participé à ce marathon, c'est une satisfaction et même encore une fois ce sera peut-être un plaisir de l'avoir fait si cela marche. Maintenant c'est à vous de le faire marcher en faisant pression, c'est cela la démocratie, de façon démocratique sur les élus. Merci beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 décembre 2007
Je repars du Liban avec la satisfaction du devoir accompli. Je ne sais pas si c'est un succès ou un demi-succès ; ce n'est cependant ni un échec, ni un demi-échec. Vous vous souvenez peut-être que la dernière fois que nous nous sommes vus, nous étions très pessimistes. Il n'y avait pas d'entente suffisante entre l'opposition et la majorité. Il n'y avait pas de candidat consensuel, il n'y avait pas de candidat commun. On ne savait pas si l'élection du président de la République pouvait avoir lieu. On peut considérer que des progrès ont été accomplis de la part de tous ceux qui ont participé à la mise en place de ces élections, que ce soit les Libanais - toutes les communautés que la France soutient indistinctement - la France et l'Union européenne, je parle avec l'accord de la Présidence portugaise, au nom de l'Union européenne, je parle au nom de mes amis qui sont venus avec moi, Massimo d'Alema, le ministre italien des Affaires étrangères, Miguel Moratinos, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Franck Steinmeier, ministre allemand des Affaires étrangères.
Quel est le bilan ?
D'abord il n'y a pas eu de troubles au moment du départ du président de la République, comme certains le craignaient. Il a quitté la présidence, et rien ne s'est passé. Il y a un gouvernement légitime, celui de M. Fouad Siniora, qui a les pouvoirs, et désormais un candidat de consensus, M. Michel Sleimane, commandant en chef de l'armée que j'ai rencontré et que j'ai apprécié. Il y a aussi la nécessité d'un amendement pour changer la Constitution. Je ne connais pas la façon dont la majorité et l'opposition s'entendront pour changer la Constitution. Cela a été discuté ce matin. Je pense que mardi, vous aurez peut-être la chance d'avoir un président de la République libanaise. Il y avait aussi un document politique que tout le monde attendait, que vous ne connaissez pas encore, mais tout le monde sait ce qu'il y a dedans. Je peux vous dire que notre excellent ambassadeur de France, M. André Parant, et moi-même, avons beaucoup insisté, beaucoup bataillé. Nous nous sommes longuement expliqué avec M. Nabih Berry, le président du Parlement, et avec M. Saad Hariri, le chef de la majorité.
Des réunions de 4 heures, longues, difficiles se sont tenues pour qu'un document soit accepté: c'est un document politique sur l'essentiel de ce que voulaient toutes les communautés. Le monde entier regarde vers le Liban. M. Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations unies, s'est rendu dans votre pays, il a insisté pour que l'élection présidentielle ait lieu. Tous les ambassadeurs sont venus tour à tour rencontrer tous les responsables : Mme Rice, l'ambassadeur égyptien et tous ceux de la région, M. Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. Tout le monde s'intéresse à ce qui se passe au Liban. J'ai parlé d'un demi-succès, et j'espère que ce sera un succès mardi. Pas pour moi, Mesdames et Messieurs, pas pour la France mais pour tous les Libanais. C'est votre succès. Ce sera, je l'espère, votre président, accepté par toutes les communautés. Ce n'est pas fait, il peut y avoir encore des obstacles. Un jour au Liban on est pessimiste, le lendemain on est optimiste. Pourquoi ? Parce qu'il y a les confrontations habituelles, nécessaires en démocratie. C'est comme cela qu'on aime ce pays, avec ses défauts et ses immenses qualités, avec ses communautés mêlées, et c'est cela que nous voulons, c'est cela que nous souhaitons. La France souhaite que toutes les communautés, les unes avec les autres, et non les unes contre les autres, fassent le Liban de demain. Il y aura beaucoup de choses à faire si nous y parvenons. Il y a à développer l'économie, il y a à s'occuper de la dette, il y a à rebâtir la République libanaise autour de ses habitants.
Ce qui est précieux au Liban, je crois, a été préservé et nous en sommes heureux, voire un peu fiers d'y avoir participé. Vous savez, pour un pays comme la France qui a des attaches particulières avec le Liban, historiques, politiques, mais surtout sentimentales, des liens d'affection, de compréhension, d'agacement. Voir pour la septième fois un ministre des Affaires étrangères, évidemment, cela suscite des critiques et de l'ironie. Je devais être à vos côtés, comme un frère. C'est ce que j'ai essayé de faire avec André Parant, avec toute l'équipe de l'ambassade, et avec mes amis du Quai d'Orsay qui m'accompagnent.
Voilà pourquoi, quel que soit l'avenir, et cela peut ne pas marcher, je suis assez heureux d'avoir passé ces jours avec vous, d'avoir manqué à mes devoirs de ministre avec l'assentiment, la complicité et le soutien du président de la République, Nicolas Sarkozy, que peut-être vous verrez un jour, si tout marche bien. J'ai le sentiment, Mes Chers Amis - ce qui n'est pas fréquent en politique -, du devoir accompli. Je vous remercie.
Q - (Inaudible)
R - Je vous dirai cela lorsqu'ils auront fait tout leur travail. Un petit effort, le dernier pour que l'opposition et la majorité s'entendent pour choisir la voie des amendements à la Constitution, pour que le président de la République puisse être élu. Je vous dirai alors ma satisfaction, ou peut-être mon insatisfaction, si cela ne marche pas. Je dénoncerai les obstacles. Pour le moment je suis heureux que les obstacles se soient un par un abattus, même s'il en reste encore.
Q - Le général Aoun serait l'obstacle ?
R - Je ne comprends pas bien pourquoi il ne serait pas heureux. Un général en chef de l'armée, comme lui, président consensuel d'un pays, comme il a été l'excellent général en chef de l'armée qui a maintenu l'unité du Liban. Je pense que le général Aoun que je connais bien, aura fait l'effort sur lui-même. Il a fait un sacrifice, et je reconnais tout à fait la valeur de son renoncement à la candidature à la présidence de la République. Je l'en remercie au nom de la France et je le remercie aussi en mon nom personnel, parce que c'est un ami. Je pense qu'il sera très utile dans le Liban de demain, car il a des propositions politiques très intéressantes, et car c'est peut-être l'un des rares qui parle politique. Il parle du sort des Libanais, des Libanais de toutes les communautés. Il fait des propositions, elles seront utiles demain.
Q - Il y aura un prochain retour ?
R - Il y aura peut être un prochain retour, cela dépend bien entendu du sort que les élus, les députés de la majorité et de l'opposition réserveront au choix qui, j'espère, sera fait mardi, de la façon d'amender la Constitution pour que le vote ait lieu. Si le vote a lieu, s'il y a un président, s'il y a un Premier ministre, je serai très heureux de venir les saluer à nouveau.
Q - (Inaudible)
R - C'est à la démocratie d'apporter des garanties, ce qui est certain c'est qu'un gouvernement, selon les termes que vous connaîtrez de cet engagement politique, sera formé avec l'ensemble des partis politiques et des représentants au Parlement. Je n'en sais rien, je ne suis pas le Premier ministre, je ne connais pas le Premier ministre, il sera désigné par le président de la République et il formera son gouvernement, qui devra être accepté également par le président de la République. C'est aux Libanais de le faire. Je n'ai aucun jugement à porter là-dessus. Je souhaite que Michel Aoun puisse participer, et en particulier avec les propositions qu'il amène, à l'essor et au développement de la République libanaise.
Q - (Inaudible)
R - Oui Madame, c'est nous, c'est chacun d'entre nous. Il faut exiger maintenant de tous les Libanais qu'ils s'entendent avec leurs représentants pour qu'enfin, mardi, soit élu le président de la République, ce que je souhaite, ce que je crois possible. Vous savez, hier, nous étions tous pessimistes, et ce matin nous sommes un peu plus qu'à demi-optimistes. Nous, l'ambassadeur André Parant et moi-même, avons passé tant d'heures à discuter avec tous. Nous avons revu tout le monde, du Patriarche au général en chef, tous les dirigeants politiques. Il y en a quelques-uns que je n'ai pas pu rencontrer faut de temps, et je leur demande pardon, mon coeur allait avec tous. Pour ceux qui ont participé à ce marathon, c'est une satisfaction et même encore une fois ce sera peut-être un plaisir de l'avoir fait si cela marche. Maintenant c'est à vous de le faire marcher en faisant pression, c'est cela la démocratie, de façon démocratique sur les élus. Merci beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 décembre 2007