Texte intégral
Le Télégramme : La Jeanne d'Arc est un navire-école vieillissant. Il va falloir le remplacer. Quelle est selon vous la meilleure solution ?
Hervé Morin : La Jeanne d'Arc est un bâtiment qui rend encore de bons et loyaux services, tant pour la formation des officiers qu'en jouant un rôle d'« ambassadeur » de la Marine française à l'occasion de ses escales à l'étranger. Les solutions étudiées par la Marine prennent pour hypothèse le retrait du service actif de la « Jeanne » à l'été 2010. Toutefois, si la solution de remplacement devait dépasser ce délai, il sera vraisemblablement possible de décaler d'un ou deux ans cette échéance. Toutes les solutions de remplacement sont envisagées car le besoin est avéré et la formation de nos officiers de marine serait affectée par la disparition de la campagne d'application : mutualisation d'un navire-école avec les autres marines européennes ; affrètement d'un bâtiment de type « ferry » avec statut de navire de guerre ; constitution, comme ce fut le cas en 1997, d'un groupe tactique école de circonstance qui agrégerait le temps d'une campagne des bâtiments de la Force d'action navale. Ma préférence ira vers la solution qui permet, avec la meilleure maîtrise des coûts, de préserver l'accomplissement de la mission de la formation de nos officiers dans une perspective européenne.
Question : L'ex-porte-avions Clemenceau, la coque Q790, est à Brest. Quel est l'industriel qui va être chargé de son démantèlement ?
Réponse : Les propositions des cinq industriels candidats au démantèlement ont été suivies par de longues vérifications et négociations qui arrivent à leur terme. La procédure est désormais dans une phase plus administrative, qui consiste à vérifier la validité de l'ensemble des documents tant sur le plan fiscal que social et environnemental afin de préparer les éléments de choix. La feuille de route que le précédent gouvernement s'était fixée est toujours suivie et l'objectif reste de voir la Q790 rejoindre son site de démantèlement avant Brest 2008. Dans l'intérêt de la conduite de ce projet, j'entends respecter scrupuleusement les règles de discrétion imposées par le Code des marchés public. Vous comprendrez qu'il m'est ainsi impossible de communiquer davantage sur le sujet.
Q : Le rapatriement des SNA (Sous-marins nucléaires d'attaque) de Toulon sur Brest est-il d'actualité ?
R : Je comprends parfaitement l'intérêt des Brestois pour cette question récurrente. Cependant, dans le cadre des travaux d'optimisation et de densification de nos sites militaires, aucune décision ne sera prise dans la précipitation. Le développement du programme Barracuda nécessitera des travaux d'infrastructures importants pour accueillir ces nouveaux bâtiments. C'est l'occasion de revoir nos critères d'optimisation de l'outil d'entretien des sous-marins. La décision devra être prise en cohérence avec la date de livraison du Suffren, premier de la série, qui doit rallier la Marine en 2016.
Q : Le Télégramme a évoqué une éventuelle fermeture de la base aéronavale de Lann-Bihoué. Vous confirmez ?
R : Dans le cadre de l'ensemble des travaux d'optimisation de notre outil de Défense, toutes les options sont systématiquement envisagées, sans tabou. Il est donc naturel que les bruits les plus divers courent pour toutes les implantations. Il faut comprendre que les études n'ont pas pour objectif de justifier a posteriori la fermeture d'un site. Au contraire. La démarche que nous entreprenons pourrait permettre la consolidation de certaines implantations. Je ne souhaite pas ponctuellement m'exprimer sur l'avenir de chacun des sites militaires à mesure de mes déplacements en région car il est beaucoup trop tôt. La réorganisation du ministère répond à une logique d'ensemble et je ne peux pas annoncer un plan qui n'est pas encore abouti. Je peux uniquement préciser aux lecteurs du Télégramme que rien ne permet en l'état actuel des dossiers d'envisager la fermeture de Lann Bihoué.
Q : Où en sont les réflexions sur le Livre blanc sur la Défense ?
R : Les travaux de la commission du Livre blanc suivent leur cours. Les sept groupes travaillent d'arrache-pied pour présenter à la mi-janvier un premier point d'étape au président de la République. Les grandes orientations devront pouvoir être produites au printemps de façon à être transcrites dans le projet de loi de Programmation militaire présentée au Parlement courant 2008.
Q : À l'heure de la rigueur, il va falloir faire des choix, dégager des économies. Quels sont les programmes prioritaires ?
R : Il nous faut cinq milliards d'euros supplémentaires par an pour assurer le seul suivi des programmes en cours. C'est une « bosse » budgétaire colossale, et le seul maintien de l'effort de Défense ne suffira pas. Le mot « rigueur » n'a pas de sens et il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu'il nous faut dégager des marges de manoeuvre financières car nous ne pourrons pas compter sur des crédits supplémentaires... C'est pour cela que j'ai voulu, dès mon arrivée à la tête du ministère, faire procéder à un état des lieux complet puis à une revue générale des programmes d'armement. Ce travail, dicté par la nécessité de préparer l'avenir de notre Défense, est pratiquement terminé et montre dès à présent la difficulté à pourvoir les programmes déjà prévus...Des choix vont effectivement être faits quand le schéma de notre future armée aura été défini et les arbitrages relèveront de l'autorité du président de la République. La liste des programmes d'armement prioritaires sera arrêtée au terme du cycle préparatoire en cours, c'est-à-dire au printemps prochain.
Q : Quid du second porte-avions ?
R : La construction du second porte-avions sera décidée début 2008, lorsque le président aura pris connaissance des conclusions des cycles préparatoires que je viens d'évoquer. C'est pourquoi, à titre prévisionnel, le projet de loi de Finances pour 2008 comprend une enveloppe de trois milliards d'euros de crédits, pour engager cette commande si elle était confirmée. source http://www.defense.gouv.fr, le 19 décembre 2007
Hervé Morin : La Jeanne d'Arc est un bâtiment qui rend encore de bons et loyaux services, tant pour la formation des officiers qu'en jouant un rôle d'« ambassadeur » de la Marine française à l'occasion de ses escales à l'étranger. Les solutions étudiées par la Marine prennent pour hypothèse le retrait du service actif de la « Jeanne » à l'été 2010. Toutefois, si la solution de remplacement devait dépasser ce délai, il sera vraisemblablement possible de décaler d'un ou deux ans cette échéance. Toutes les solutions de remplacement sont envisagées car le besoin est avéré et la formation de nos officiers de marine serait affectée par la disparition de la campagne d'application : mutualisation d'un navire-école avec les autres marines européennes ; affrètement d'un bâtiment de type « ferry » avec statut de navire de guerre ; constitution, comme ce fut le cas en 1997, d'un groupe tactique école de circonstance qui agrégerait le temps d'une campagne des bâtiments de la Force d'action navale. Ma préférence ira vers la solution qui permet, avec la meilleure maîtrise des coûts, de préserver l'accomplissement de la mission de la formation de nos officiers dans une perspective européenne.
Question : L'ex-porte-avions Clemenceau, la coque Q790, est à Brest. Quel est l'industriel qui va être chargé de son démantèlement ?
Réponse : Les propositions des cinq industriels candidats au démantèlement ont été suivies par de longues vérifications et négociations qui arrivent à leur terme. La procédure est désormais dans une phase plus administrative, qui consiste à vérifier la validité de l'ensemble des documents tant sur le plan fiscal que social et environnemental afin de préparer les éléments de choix. La feuille de route que le précédent gouvernement s'était fixée est toujours suivie et l'objectif reste de voir la Q790 rejoindre son site de démantèlement avant Brest 2008. Dans l'intérêt de la conduite de ce projet, j'entends respecter scrupuleusement les règles de discrétion imposées par le Code des marchés public. Vous comprendrez qu'il m'est ainsi impossible de communiquer davantage sur le sujet.
Q : Le rapatriement des SNA (Sous-marins nucléaires d'attaque) de Toulon sur Brest est-il d'actualité ?
R : Je comprends parfaitement l'intérêt des Brestois pour cette question récurrente. Cependant, dans le cadre des travaux d'optimisation et de densification de nos sites militaires, aucune décision ne sera prise dans la précipitation. Le développement du programme Barracuda nécessitera des travaux d'infrastructures importants pour accueillir ces nouveaux bâtiments. C'est l'occasion de revoir nos critères d'optimisation de l'outil d'entretien des sous-marins. La décision devra être prise en cohérence avec la date de livraison du Suffren, premier de la série, qui doit rallier la Marine en 2016.
Q : Le Télégramme a évoqué une éventuelle fermeture de la base aéronavale de Lann-Bihoué. Vous confirmez ?
R : Dans le cadre de l'ensemble des travaux d'optimisation de notre outil de Défense, toutes les options sont systématiquement envisagées, sans tabou. Il est donc naturel que les bruits les plus divers courent pour toutes les implantations. Il faut comprendre que les études n'ont pas pour objectif de justifier a posteriori la fermeture d'un site. Au contraire. La démarche que nous entreprenons pourrait permettre la consolidation de certaines implantations. Je ne souhaite pas ponctuellement m'exprimer sur l'avenir de chacun des sites militaires à mesure de mes déplacements en région car il est beaucoup trop tôt. La réorganisation du ministère répond à une logique d'ensemble et je ne peux pas annoncer un plan qui n'est pas encore abouti. Je peux uniquement préciser aux lecteurs du Télégramme que rien ne permet en l'état actuel des dossiers d'envisager la fermeture de Lann Bihoué.
Q : Où en sont les réflexions sur le Livre blanc sur la Défense ?
R : Les travaux de la commission du Livre blanc suivent leur cours. Les sept groupes travaillent d'arrache-pied pour présenter à la mi-janvier un premier point d'étape au président de la République. Les grandes orientations devront pouvoir être produites au printemps de façon à être transcrites dans le projet de loi de Programmation militaire présentée au Parlement courant 2008.
Q : À l'heure de la rigueur, il va falloir faire des choix, dégager des économies. Quels sont les programmes prioritaires ?
R : Il nous faut cinq milliards d'euros supplémentaires par an pour assurer le seul suivi des programmes en cours. C'est une « bosse » budgétaire colossale, et le seul maintien de l'effort de Défense ne suffira pas. Le mot « rigueur » n'a pas de sens et il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu'il nous faut dégager des marges de manoeuvre financières car nous ne pourrons pas compter sur des crédits supplémentaires... C'est pour cela que j'ai voulu, dès mon arrivée à la tête du ministère, faire procéder à un état des lieux complet puis à une revue générale des programmes d'armement. Ce travail, dicté par la nécessité de préparer l'avenir de notre Défense, est pratiquement terminé et montre dès à présent la difficulté à pourvoir les programmes déjà prévus...Des choix vont effectivement être faits quand le schéma de notre future armée aura été défini et les arbitrages relèveront de l'autorité du président de la République. La liste des programmes d'armement prioritaires sera arrêtée au terme du cycle préparatoire en cours, c'est-à-dire au printemps prochain.
Q : Quid du second porte-avions ?
R : La construction du second porte-avions sera décidée début 2008, lorsque le président aura pris connaissance des conclusions des cycles préparatoires que je viens d'évoquer. C'est pourquoi, à titre prévisionnel, le projet de loi de Finances pour 2008 comprend une enveloppe de trois milliards d'euros de crédits, pour engager cette commande si elle était confirmée. source http://www.defense.gouv.fr, le 19 décembre 2007