Texte intégral
F. Laborde.- Avec H. Morin, ce matin, nous allons en effet parler Armée, Défense, déplacements, projets et toutes sortes de choses. Commençons... Bonjour H. Morin.
R.- Bonjour tout d'abord.
Q.- Bonjour Monsieur le Ministre. Commençons d'abord par l'annonce qu'a faite le Président Sarkozy d'une base militaire dans les Emirats. C'est la première fois depuis très, très longtemps que la France ouvre, si je puis dire, une base, comme ça, dans un pays.
R.- Tout d'abord, de quoi s'agit-il ? Il s'agit d'une base interarmées, c'est-à-dire avec des éléments de marine, de l'armée de terre, de l'armée de l'air ; base interarmées qui va permettre le soutien des forces qui sont régulièrement présentes dans la région. Pourquoi cette base ? C'est d'abord les conséquences ou la conséquence d'un accord de défense que la France a signé en janvier 1995, entre les Emirats Arabes Unis et notre pays, cet accord de défense qui nous lie, sur un certain nombre d'obligations. Pourquoi le président de la République a-t-il décidé de répondre favorablement à la demande des E.A.U - des Emirats arabes Unis - ? Parce que nous avons un partenariat stratégique avec ce pays...
Q.- Et qu'il ne faut pas laisser seuls les Etats-Unis dans la zone.
R.- Ce partenariat stratégique, par ailleurs, nous ne l'avons pas uniquement qu'en matière militaire, nous l'avons en matière culturelle, puisque nous ouvrons la Sorbonne, puisque nous allons faire le Louvre et nous l'avons aussi en matière économique puisque c'est notre premier partenaire dans la région. Et enfin, les E.A.U...
Q.- Les Emirats arabes unis, pour...
R.- Oui, les Emirats arabes unis, montrent par ailleurs que l'on peut tout à fait être, j'allais dire, conserver sa tradition, montrer que l'on est un pays arabe et musulman et un pays ouvert vers la modernité. Et donc il est important que la France accompagne aux yeux du monde l'idée que l'on peut être un pays musulman et un pays ouvert vers la modernité. Et par ailleurs, pour nous, il s'agit de démontrer que dans cette région du monde, qui est une région stratégique, la France entend jouer un rôle.
Q.- Son rôle et tout son rôle. Combien d'hommes et de femmes vivront sur cette base ?
R.- Disons, autour de 400, probablement un peu moins.
Q.- Et les locaux, ils existent, ils sont à construire ?
R.- Ils sont à construire et...
Q.- C'est les Emirats qui vont les construire ou c'est nous ?
R.- Ce sont les Emirats qui vont faire l'essentiel de l'effort d'investissement, en effet.
Q.- Alors, en même temps, le paradoxe, c'est que vous créez, enfin, vous créez, le Gouvernement, la France, ouvre cette base et on annonce que le ministère de la Défense va supprimer 50.000 postes, 50 militaires (sic) vont disparaître.
R.- Oui 50.000.
Q.- 50.000, 50.000... 50.000.
R.- Oui, c'est vrai que cette information a commencé à paraître dans la presse, or -ça va me permettre de le dire - c'est totalement farfelu, c'est infondé. Ce que nous avons engagé, c'est en effet une réforme en profondeur du ministère de la Défense, avec des idées simples : on mutualise le soutien et l'administration générale. Au lieu d'avoir un soutien et une administration générale par armée, on va faire en sorte qu'elle soit "interarmisée", c'est-à-dire que... Je vais vous donner un exemple concret...
Q.- Au lieu d'avoir l'armée de l'air d'un côté, la navale...
R.- Voilà, pour que ce soit clair, je vais vous donner un exemple concret : quand un hélicoptère de l'armée de l'air se pose sur une base de l'armée de terre, un mécanicien de l'armée de terre ne peut pas réparer l'hélicoptère de l'armée de l'air, et inversement, même si c'est le même hélicoptère, parce que les procédures ne sont pas les mêmes, parce que... pour telle et telle raison. Et donc, ce que je souhaite, c'est de faire en sorte que nous allions vers "l'interarmisation", c'est-à-dire que...
Q.- Une simplification.
R.-...On supprime les doublons, on supprime les duplications et on met l'essentiel de l'effort vers deux sujets : l'équipement de nos forces - on préserve les forces opérationnelles -, et par ailleurs on fait en sorte que l'on améliore la condition militaire, et c'est cette réforme-là qui va nous conduire à réduire un certain nombre de postes.
Q.- Ça veut dire qu'il y aura des départs à la retraite qui ne seront pas renouvelés, des choses comme ça ?
R.- Attendez, mais ça n'est pas un objectif en tant que tel, de supprimer des postes, on mutualise, on supprime les doublons, on fait en sorte qu'on soit plus efficace au profit des forces opérationnelles...
Q.- Mais à l'arrivée, il y aura 50.000 militaires de moins ?
R.- Non, il n'y aura pas 50.000 militaires de moins. A la fin, il y en aura un certain nombre mais en fonction de la réforme et non pas comme objectif en tant que tel.
Q.- C'est comme le fût du canon : un certain nombre c'est un certain temps pour qu'il se refroidisse.
R.- Non, ce n'est pas ça, mais considérer qu'on se fixe un objectif quantitatif à l'origine, c'est idiot.
Q.- D'accord. L'idée, c'est quand même de faire quoi ? Une sorte de Pentagone à la française ?
R.- Et alors, le symbole...
Q.- Alors, on dit que vous seriez installé...
R.-... tout près de chez vous.
Q.- Voilà, en face, on va être très bien protégé.
R.- Comme ça, vous pourrez m'offrir un café de temps à autre.
Q.- Bien sûr, quand vous voulez ! Et vous serez, eh bien là où se trouve l'armée de l'air, d'ailleurs, pas très loin de la porte de Versailles...
R.- L'idée c'est que nous construisions un "Pentagone à la française", c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir des églises qui sont séparées les unes des autres, on construise, si je puis dire, une grande cathédrale, qui soit le lieu où l'ensemble des grands patrons de l'armée française, autour du ministre, travaillent ensemble, dans un projet architectural - vous savez que le président de la République y tient...
Q.- Est très attaché à ça, oui.
R.-...Dans un projet architectural ambitieux, moderne, qui démontre que nous sommes résolument inscrits dans le siècle qui vient.
Q.- Mais les différents corps d'armée, ils n'aiment pas forcément se retrouver fondus, parce que la navale, ce n'est pas l'armée de terre...
R.- Il ne s'agit pas de supprimer l'identité et la culture de chaque armée, il s'agit de faire en sorte que l'on mutualise des moyens et que l'on travaille collectivement et collégialement.
Q.- Ça veut dire que l'on pourrait aussi passer d'un corps à l'autre, plus facilement ?
R.- Quand vous avez une spécificité et un métier, vous n'en changez pas du jour au lendemain, vous ne passez pas de l'armée de terre à la marine, quand vous êtes sous-marinier, vous ne devenez pas artilleur.
Q.- Oui, ça je me doute. Alors, justement, puisqu'on parle des emplois, est-ce que l'armée ça reste, quoi ? L'un des plus gros employeurs en France ?
R.- Contrairement à l'idée que l'on a, l'armée française est essentiellement une armée contractuelle, c'est lié à la professionnalisation ; plus de 50 % des militaires sont des contractuels et ...
Q.- Ça veut dire qu'ils ont des contrats de quoi ? Des CDD.
R.- Des contrats de 3 ans, 5 ans, 6 ans, 9 ans. Ils font entre 5 et 10 ans en moyenne dans les forces.
Q.- Mais pourquoi ? Parce qu'ils ne veulent pas faire plus ou parce que vous ne leur offrez pas davantage ?
R.- Parce qu'une armée professionnelle, c'est une armée jeune. Oui. Et donc nous avons deux obligations : le premier, c'est la reconversion des militaires. J'ai engagé un grand plan de reconversion des militaires, en passant des accords avec tous les grands groupes français pour qu'on fasse de la gestion prévisionnelle de la ressource humaine, qu'on dise aux grands groupes français : « vous allez avoir des besoins de recrutement, nous on a des hommes et des femmes formidables », eh bien voyons ensemble comment on peut les aider.
Q.- Qui ont été formés, qui savent travailler, qui ont le sens du...
R.- Qui se lèvent le matin, etc. Et puis par ailleurs, nous avons un plan d'égalité des chances...
Q.- Ça c'est pour les jeunes.
R.- Pour les jeunes de familles défavorisées ou de milieux modestes. L'armée est probablement le lieu ou l'institution où la promotion sociale existe. La moitié des sous-officiers...
Q.- Qui est la mieux équipée pour accueillir ces jeunes.
R.- La moitié des sous-officiers sont issus des militaires du rang, et la moitié des officiers sont issus des sous-officiers. Et l'idée c'est de faire en sorte que chez les officiers, nous ayons la même mixité sociale que nous pouvons l'avoir chez les sous-officiers et chez les militaires du rang ; que notre armée qui ressemble déjà tellement à la société française, y ressemble totalement. Et donc nous avons engagé un plan, qui permettra aux jeunes issus des milieux modestes, et pas uniquement ceux des banlieues, de faire en sorte qu'ils puissent accéder...
Q.- Ils peuvent s'appeler Morin, Laborde ou Abdallah...
R.- Voilà, et même Leymergie.
Q.- Très bien... ou Leymergie, on est d'accord.
R.- Et donc, de faire en sorte que ces jeunes puissent accéder aux grandes écoles militaires, à travers une formation, une remise à niveau dans les lycées militaires et donc nous allons engager ça à partir de l'année prochaine.
Q.- Vous avez beaucoup de demandes, justement, de...alors, à la fois pour s'inscrire dans les lycées militaires, parce que ça redevient à la mode, le côté, on veut un peu... les parents, parfois, ont envie que les enfants soient bien encadrés. Est-ce que vous avez beaucoup de demandes de parents qui disent « c'est peut-être la solution pour mon fils ou ma fille, que j'ai un peu du mal à tenir » ?
R.- Les lycées militaires, d'abord, sont réservés aux enfants de militaires, parce que beaucoup d'entre eux sont partis à l'étranger, sont en opérations extérieures, sont dans les forces pré positionnées. Donc 70 % des postes sont réservés aux enfants de militaires. J'ai modifié les conditions d'accès aux lycées militaires, conservé les 70 % pour les enfants de militaires ; j'ai réservé 15 % des postes aux enfants des personnels civils de la Défense, qui participent à la communauté de défense, et 15 % qui étaient jusqu'alors réservés aux fonctionnaires, je les ai ouverts à l'ensemble du pays, c'est-à-dire au secteur privé aussi. Et donc, l'idée c'est que nous puissions accéder dans ces 15 % à des enfants issus de milieux modestes mais qui ont envie, peut-être, plus tard, de faire une carrière militaire, parce que ces lycées militaires, ce n'est pas une question de mode, c'est...
Q.- C'est une élite ?
R.- Non, mais c'est l'excellence : on y fait un encadrement, une qualité d'enseignement qui est absolument exceptionnelle.
Q.- Et vos enfants ils y sont ?
R.- Non, mais j'ai mis mon fils en internat en début d'année, non pas pour répondre à une mode, mais pour faire en sorte qu'il puisse bosser. Vous voyez ?
Q.- Très bien... Merci beaucoup d'être venu nous voir, Monsieur le ministre. Nous en profitons pour saluer l'ensemble des Forces françaises déployées dans le monde. Dans combien de pays ?
R.- Oh, une cinquantaine de pays dans le monde, oui.
Q.- Alors, on dit : bonjour !
R.- Et ils y font quelque chose de formidable, en permanence !
Q.- Bonjour l'armée française, interarmées ! W. Leymergie :
R.- Ils vous reçoivent même sur mer, je vous signale !
Q.- Oui, on les salue ! Salut les militaires. Voilà. Merci d'être venu nous voir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 janvier 2008
R.- Bonjour tout d'abord.
Q.- Bonjour Monsieur le Ministre. Commençons d'abord par l'annonce qu'a faite le Président Sarkozy d'une base militaire dans les Emirats. C'est la première fois depuis très, très longtemps que la France ouvre, si je puis dire, une base, comme ça, dans un pays.
R.- Tout d'abord, de quoi s'agit-il ? Il s'agit d'une base interarmées, c'est-à-dire avec des éléments de marine, de l'armée de terre, de l'armée de l'air ; base interarmées qui va permettre le soutien des forces qui sont régulièrement présentes dans la région. Pourquoi cette base ? C'est d'abord les conséquences ou la conséquence d'un accord de défense que la France a signé en janvier 1995, entre les Emirats Arabes Unis et notre pays, cet accord de défense qui nous lie, sur un certain nombre d'obligations. Pourquoi le président de la République a-t-il décidé de répondre favorablement à la demande des E.A.U - des Emirats arabes Unis - ? Parce que nous avons un partenariat stratégique avec ce pays...
Q.- Et qu'il ne faut pas laisser seuls les Etats-Unis dans la zone.
R.- Ce partenariat stratégique, par ailleurs, nous ne l'avons pas uniquement qu'en matière militaire, nous l'avons en matière culturelle, puisque nous ouvrons la Sorbonne, puisque nous allons faire le Louvre et nous l'avons aussi en matière économique puisque c'est notre premier partenaire dans la région. Et enfin, les E.A.U...
Q.- Les Emirats arabes unis, pour...
R.- Oui, les Emirats arabes unis, montrent par ailleurs que l'on peut tout à fait être, j'allais dire, conserver sa tradition, montrer que l'on est un pays arabe et musulman et un pays ouvert vers la modernité. Et donc il est important que la France accompagne aux yeux du monde l'idée que l'on peut être un pays musulman et un pays ouvert vers la modernité. Et par ailleurs, pour nous, il s'agit de démontrer que dans cette région du monde, qui est une région stratégique, la France entend jouer un rôle.
Q.- Son rôle et tout son rôle. Combien d'hommes et de femmes vivront sur cette base ?
R.- Disons, autour de 400, probablement un peu moins.
Q.- Et les locaux, ils existent, ils sont à construire ?
R.- Ils sont à construire et...
Q.- C'est les Emirats qui vont les construire ou c'est nous ?
R.- Ce sont les Emirats qui vont faire l'essentiel de l'effort d'investissement, en effet.
Q.- Alors, en même temps, le paradoxe, c'est que vous créez, enfin, vous créez, le Gouvernement, la France, ouvre cette base et on annonce que le ministère de la Défense va supprimer 50.000 postes, 50 militaires (sic) vont disparaître.
R.- Oui 50.000.
Q.- 50.000, 50.000... 50.000.
R.- Oui, c'est vrai que cette information a commencé à paraître dans la presse, or -ça va me permettre de le dire - c'est totalement farfelu, c'est infondé. Ce que nous avons engagé, c'est en effet une réforme en profondeur du ministère de la Défense, avec des idées simples : on mutualise le soutien et l'administration générale. Au lieu d'avoir un soutien et une administration générale par armée, on va faire en sorte qu'elle soit "interarmisée", c'est-à-dire que... Je vais vous donner un exemple concret...
Q.- Au lieu d'avoir l'armée de l'air d'un côté, la navale...
R.- Voilà, pour que ce soit clair, je vais vous donner un exemple concret : quand un hélicoptère de l'armée de l'air se pose sur une base de l'armée de terre, un mécanicien de l'armée de terre ne peut pas réparer l'hélicoptère de l'armée de l'air, et inversement, même si c'est le même hélicoptère, parce que les procédures ne sont pas les mêmes, parce que... pour telle et telle raison. Et donc, ce que je souhaite, c'est de faire en sorte que nous allions vers "l'interarmisation", c'est-à-dire que...
Q.- Une simplification.
R.-...On supprime les doublons, on supprime les duplications et on met l'essentiel de l'effort vers deux sujets : l'équipement de nos forces - on préserve les forces opérationnelles -, et par ailleurs on fait en sorte que l'on améliore la condition militaire, et c'est cette réforme-là qui va nous conduire à réduire un certain nombre de postes.
Q.- Ça veut dire qu'il y aura des départs à la retraite qui ne seront pas renouvelés, des choses comme ça ?
R.- Attendez, mais ça n'est pas un objectif en tant que tel, de supprimer des postes, on mutualise, on supprime les doublons, on fait en sorte qu'on soit plus efficace au profit des forces opérationnelles...
Q.- Mais à l'arrivée, il y aura 50.000 militaires de moins ?
R.- Non, il n'y aura pas 50.000 militaires de moins. A la fin, il y en aura un certain nombre mais en fonction de la réforme et non pas comme objectif en tant que tel.
Q.- C'est comme le fût du canon : un certain nombre c'est un certain temps pour qu'il se refroidisse.
R.- Non, ce n'est pas ça, mais considérer qu'on se fixe un objectif quantitatif à l'origine, c'est idiot.
Q.- D'accord. L'idée, c'est quand même de faire quoi ? Une sorte de Pentagone à la française ?
R.- Et alors, le symbole...
Q.- Alors, on dit que vous seriez installé...
R.-... tout près de chez vous.
Q.- Voilà, en face, on va être très bien protégé.
R.- Comme ça, vous pourrez m'offrir un café de temps à autre.
Q.- Bien sûr, quand vous voulez ! Et vous serez, eh bien là où se trouve l'armée de l'air, d'ailleurs, pas très loin de la porte de Versailles...
R.- L'idée c'est que nous construisions un "Pentagone à la française", c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir des églises qui sont séparées les unes des autres, on construise, si je puis dire, une grande cathédrale, qui soit le lieu où l'ensemble des grands patrons de l'armée française, autour du ministre, travaillent ensemble, dans un projet architectural - vous savez que le président de la République y tient...
Q.- Est très attaché à ça, oui.
R.-...Dans un projet architectural ambitieux, moderne, qui démontre que nous sommes résolument inscrits dans le siècle qui vient.
Q.- Mais les différents corps d'armée, ils n'aiment pas forcément se retrouver fondus, parce que la navale, ce n'est pas l'armée de terre...
R.- Il ne s'agit pas de supprimer l'identité et la culture de chaque armée, il s'agit de faire en sorte que l'on mutualise des moyens et que l'on travaille collectivement et collégialement.
Q.- Ça veut dire que l'on pourrait aussi passer d'un corps à l'autre, plus facilement ?
R.- Quand vous avez une spécificité et un métier, vous n'en changez pas du jour au lendemain, vous ne passez pas de l'armée de terre à la marine, quand vous êtes sous-marinier, vous ne devenez pas artilleur.
Q.- Oui, ça je me doute. Alors, justement, puisqu'on parle des emplois, est-ce que l'armée ça reste, quoi ? L'un des plus gros employeurs en France ?
R.- Contrairement à l'idée que l'on a, l'armée française est essentiellement une armée contractuelle, c'est lié à la professionnalisation ; plus de 50 % des militaires sont des contractuels et ...
Q.- Ça veut dire qu'ils ont des contrats de quoi ? Des CDD.
R.- Des contrats de 3 ans, 5 ans, 6 ans, 9 ans. Ils font entre 5 et 10 ans en moyenne dans les forces.
Q.- Mais pourquoi ? Parce qu'ils ne veulent pas faire plus ou parce que vous ne leur offrez pas davantage ?
R.- Parce qu'une armée professionnelle, c'est une armée jeune. Oui. Et donc nous avons deux obligations : le premier, c'est la reconversion des militaires. J'ai engagé un grand plan de reconversion des militaires, en passant des accords avec tous les grands groupes français pour qu'on fasse de la gestion prévisionnelle de la ressource humaine, qu'on dise aux grands groupes français : « vous allez avoir des besoins de recrutement, nous on a des hommes et des femmes formidables », eh bien voyons ensemble comment on peut les aider.
Q.- Qui ont été formés, qui savent travailler, qui ont le sens du...
R.- Qui se lèvent le matin, etc. Et puis par ailleurs, nous avons un plan d'égalité des chances...
Q.- Ça c'est pour les jeunes.
R.- Pour les jeunes de familles défavorisées ou de milieux modestes. L'armée est probablement le lieu ou l'institution où la promotion sociale existe. La moitié des sous-officiers...
Q.- Qui est la mieux équipée pour accueillir ces jeunes.
R.- La moitié des sous-officiers sont issus des militaires du rang, et la moitié des officiers sont issus des sous-officiers. Et l'idée c'est de faire en sorte que chez les officiers, nous ayons la même mixité sociale que nous pouvons l'avoir chez les sous-officiers et chez les militaires du rang ; que notre armée qui ressemble déjà tellement à la société française, y ressemble totalement. Et donc nous avons engagé un plan, qui permettra aux jeunes issus des milieux modestes, et pas uniquement ceux des banlieues, de faire en sorte qu'ils puissent accéder...
Q.- Ils peuvent s'appeler Morin, Laborde ou Abdallah...
R.- Voilà, et même Leymergie.
Q.- Très bien... ou Leymergie, on est d'accord.
R.- Et donc, de faire en sorte que ces jeunes puissent accéder aux grandes écoles militaires, à travers une formation, une remise à niveau dans les lycées militaires et donc nous allons engager ça à partir de l'année prochaine.
Q.- Vous avez beaucoup de demandes, justement, de...alors, à la fois pour s'inscrire dans les lycées militaires, parce que ça redevient à la mode, le côté, on veut un peu... les parents, parfois, ont envie que les enfants soient bien encadrés. Est-ce que vous avez beaucoup de demandes de parents qui disent « c'est peut-être la solution pour mon fils ou ma fille, que j'ai un peu du mal à tenir » ?
R.- Les lycées militaires, d'abord, sont réservés aux enfants de militaires, parce que beaucoup d'entre eux sont partis à l'étranger, sont en opérations extérieures, sont dans les forces pré positionnées. Donc 70 % des postes sont réservés aux enfants de militaires. J'ai modifié les conditions d'accès aux lycées militaires, conservé les 70 % pour les enfants de militaires ; j'ai réservé 15 % des postes aux enfants des personnels civils de la Défense, qui participent à la communauté de défense, et 15 % qui étaient jusqu'alors réservés aux fonctionnaires, je les ai ouverts à l'ensemble du pays, c'est-à-dire au secteur privé aussi. Et donc, l'idée c'est que nous puissions accéder dans ces 15 % à des enfants issus de milieux modestes mais qui ont envie, peut-être, plus tard, de faire une carrière militaire, parce que ces lycées militaires, ce n'est pas une question de mode, c'est...
Q.- C'est une élite ?
R.- Non, mais c'est l'excellence : on y fait un encadrement, une qualité d'enseignement qui est absolument exceptionnelle.
Q.- Et vos enfants ils y sont ?
R.- Non, mais j'ai mis mon fils en internat en début d'année, non pas pour répondre à une mode, mais pour faire en sorte qu'il puisse bosser. Vous voyez ?
Q.- Très bien... Merci beaucoup d'être venu nous voir, Monsieur le ministre. Nous en profitons pour saluer l'ensemble des Forces françaises déployées dans le monde. Dans combien de pays ?
R.- Oh, une cinquantaine de pays dans le monde, oui.
Q.- Alors, on dit : bonjour !
R.- Et ils y font quelque chose de formidable, en permanence !
Q.- Bonjour l'armée française, interarmées ! W. Leymergie :
R.- Ils vous reçoivent même sur mer, je vous signale !
Q.- Oui, on les salue ! Salut les militaires. Voilà. Merci d'être venu nous voir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 janvier 2008