Tribune de M. François Sauvadet, président du groupe parlementaire Le Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, dans "Les Echos" du 18 janvier 2008, sur la volonté du Nouveau Centre de réduire le déficit de l'Etat, intitulée "S'endetter moins pour gagner plus".

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Texte intégral

La question de la dette publique n'est pas qu'une simple affaire de gestion, c'est d'abord et avant tout un choix politique. Son niveau préoccupant - 1.200 milliards d'euros -, qui va encore s'accroître en 2008, est le résultat de l'accumulation de vingt-cinq années de dérapages des comptes publics. Depuis 1980, aucun budget n'a été voté en équilibre de fonctionnement. Il faut que cela change, et il y a urgence.
Depuis trop longtemps, nous finançons des dépenses de fonctionnement par l'emprunt ; depuis trop longtemps, nous laissons croire que la croissance économique réglera le problème alors que la dette freine la croissance ; depuis trop longtemps, nous laissons entendre que la dette publique est quelque chose d'insaisissable, de lointain qui n'a pas d'impact sur notre vie quotidienne ; depuis trop longtemps, nous oublions de dire que la lutte contre la dette est d'abord et avant tout un combat social, le premier combat pour garantir le pouvoir d'achat des Français. Cette désinvolture à l'égard de la situation financière de notre pays n'est plus acceptable. Il faut le dire et rompre, dès maintenant, avec les pratiques du passé. Seul un redressement de nos finances publiques permettra d'obtenir ce point de croissance qui nous fait tant défaut.
Pour nous, c'est la première des priorités parce que cela répond à une triple exigence :
- Une exigence morale, envers les générations futures. On peut s'endetter pour investir, pour créer de la richesse, mais pas pour financer les dépenses courantes dont on laisse l'addition à nos enfants.
- Une exigence économique : on ne doit plus prélever de l'épargne nationale pour financer les dépenses de fonctionnement car cette pratique affaiblit la croissance économique française et développe le chômage.
- Une exigence politique : nous devons respecter les engagements pris devant les Français et devant nos partenaires européens de retour à l'équilibre de nos finances publiques.
Cette nécessité impérieuse d'un retour à l'équilibre de nos finances publiques, d'ici à 2012, est pour nous la première des règles, le fil rouge de notre engagement politique.
C'est pourquoi nous proposons d'inscrire dans le marbre de notre Constitution le principe de l'interdiction de tout déficit de fonctionnement pour le budget de l'Etat et du retour à l'équilibre des comptes sociaux. L'Etat et les organismes de Sécurité sociale doivent respecter la même règle de gouvernance que celle qui s'applique déjà aux collectivités territoriales et au secteur privé. Cette proposition n'est bien entendu qu'une étape, qu'un passage obligé dans la mise en oeuvre d'une véritable stratégie économique pour la France. Cette stratégie pour la croissance et l'emploi repose sur l'amélioration de notre compétitivité, notamment par des efforts en matière de recherche et développement et l'adaptation de nos modes de production aux exigences d'un monde moderne.
Le combat contre la dette est un combat pour la croissance économique et pour la justice sociale, un combat en faveur du pouvoir d'achat des Français. Depuis le début de cette législature, le groupe Nouveau Centre a placé cet impératif de réduction au coeur de son action en exigeant :
- Le financement de chacune des dépenses nouvelles par des mesures d'économies à due concurrence : plafonnement des niches fiscales, concentration des allégements de charges patronales sur les petites et moyennes entreprises, pacte de solidarité avec les collectivités territoriales.
- La mise en oeuvre de quatre grandes réformes structurelles : retraites, assurance-maladie, Etat, décentralisation.
- Un effort partagé, entre l'Etat, la Sécurité sociale et les collectivités territoriales, de maîtrise des dépenses publiques.
S'endetter moins pour vivre mieux aujourd'hui et demain, tel est le coeur de notre engagement. C'est pourquoi nous proposons au gouvernement l'organisation d'un véritable "Grenelle de la dépense publique" réunissant l'Etat, les collectivités locales et les organismes de Sécurité sociale.Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 18 janvier 2008