Déclaration de M. Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, pour présenter les tables rondes consacrées à la protection de l'air, de la terre et de l'eau dans l'outre-mer, Paris le 5 février 2008.

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Circonstance : Rencontres "Environnement Outre-mer - vers un outre-mer exemplaire" à Paris le 5 février 2008-discours d'ouverture

Texte intégral

Monsieur le Président
Monsieur le Directeur
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

C'est pour moi un honneur et un plaisir de vous accueillir aujourd'hui pour ces rencontres de l'environnement et Outre-mer. D'abord, en raison de la très grande qualité des intervenants qui ont répondu favorablement à ma sollicitation (malgré des agendas très chargés), mais aussi de l'auditoire prestigieux qui participe à cette journée.
Ces rencontres de l'environnement sont une première qui, dans la continuité du Grenelle de l'environnement, vise à confronter des expériences et des témoignages. Les principes conducteurs du Grenelle étant fixés, il faut aller de l'avant et concrétiser cette démarche.
Je tiens d'ores et déjà à vous remercier tous de votre présence et de votre contribution.
Ces rencontres vous sont, avant tout, destinées. C'est une tribune, où vous avez la parole, un lieu d'échanges de points de vue, de critiques et d'idées, de confrontation peut-être, car j'estime qu'une démocratie sans débat n'a ni sens ni d'avenir.
Les enjeux sont planétaires, car ce n'est pas uniquement de l'avenir de territoires ou d'un Etat qu'il s'agit. C'est l'espace de vie de toute l'humanité qui est en cause. C'est le patrimoine que nous léguerons aux générations futures.
La question n'est donc plus de savoir si la protection de notre environnement est une notion a développer. La protection de l'environnement est une nécessité impérieuse.
Je serai - croyez-le - très attentif à cette journée. Je voudrai qu'elle soit un tremplin pour relancer notre réflexion, une esquisse pour dessiner l'Outre-mer de demain: un Outre-mer conquérant, un Outre-mer qui gagne et qui regarde loin.
Bien entendu, il a fallu faire des choix difficiles parmi de trop nombreux thèmes pour organiser les tables rondes de cette journée.
J'en ai retenu trois : l'air, la terre et l'eau. Ce sont les éléments fondamentaux de toute vie, dont les problématiques et les enjeux, sont déterminants pour un développement durable, dynamique, ambitieux et équitable de notre Outre-mer et de la France.
La première table ronde traitera ce matin de l'air, cet élément invisible à apprivoiser.
Le grand témoin de cette matinée sera Jean-Louis ETIENNE, ce médecin explorateur qui, grâce à ses nombreuses expéditions à travers le monde, est en mesure de nous faire partager une « autre vision » de l'état de notre planète.
Comprendre les phénomènes en jeu est essentiel car le réchauffement climatique et ses conséquences, notamment sur l'élévation du niveau des océans sera la cause directe de la disparition de certaines îles, et de l'exode de ses populations. Ces exilés de l'environnement seront les premières victimes directes de ce réchauffement. Des questions se posent sur l'avenir de certains atolls de Polynésie française. Mais il faut également garder à l'esprit les dégâts sur nos littoraux.
Avec l'Outre-mer, nous bénéficions d'un positionnement sur les deux hémisphères du globe, en zone tropicale, et en zone polaire. L'apport de notre recherche et de notre expérience peut donc être utile pour mieux mesurer les conséquences exactes de ce réchauffement climatique.
Nous savons d'ores et déjà qu'il est lié à nos rejets de CO2. Ce constat doit être dans tous les esprits. Seul un changement radical de comportement de chacun d'entre nous pourra enrayer l'inéluctable.
Aussi, l'Outre-mer ne peut être absent de toute action en faveur de cette limitation impérative des rejets de CO2. Mieux, il peut faire bénéficier de son avance par rapport à la métropole, car les énergies renouvelables y sont déjà mieux déployées: 18% en Guadeloupe, 36% à La Réunion contre 9% en métropole.

L'Outre-mer a donc la possibilité de valoriser son expérience. Et j'ai une double ambition pour ces territoires ultramarins :

  • Celle d'en faire des lieux privilégiés d'expérimentation, dont le savoir faire acquis pourra être transférer vers la métropole ;
  • Celle d'en faire des vitrines technologiques à partir duquel pourra se développer une nouvelle économie ultramarine.

Comment concrétiser cette ambition ? Comment développer l'existant ? Comment dynamiser la recherche dans ces territoires et ses applications ? Quelle implication de l'Europe vers ses régions ultra-périphériques ?
Autant de questions auxquelles il nous faut apporter des réponses.
La seconde table ronde est consacrée à la terre. L'Outre-mer, à l'exception de la Guyane et de Saint Pierre et Miquelon est né des volcans.
C'est pourquoi j'ai voulu que la présentation de ce thème soit confiée à Jean-Marie BARDINTZEFF, vulcanologue de réputation mondiale qui, depuis plus de 20 ans, sillonne le monde entier pour comprendre, mesurer les risques mais aussi les apports.
La terre, c'est aussi ce lieu où nous vivons. Les ultramarins sont confrontés à de multiples risques dont les occurrences sont plus fortes. Cyclones, séismes, éruptions, tsunamis, peuvent survenir à tous moments.
Comment dès lors peut on se protéger ? Comment peut on prévenir ? Est il possible de pense qu'un jour, il sera possible d' assurer une prévision de ces phénomènes ?
Les questions sont multiples mais fondamentales. Est il possible de penser que l'évolution de la technologie pourra venir en aide aux populations menacées ?
La terre, c'est aussi malheureusement, le lieu ou nous polluons. Est il inéluctable que l'homme dégrade sans cesse son environnement sans qu'un jour il ne menace aussi sa propre vie ? La préservation de la biodiversité est essentielle à notre vie.
Sans abeilles, plus de pollinisation.
Mais il nous faut également préserver les milieux dans lesquels vit cette biodiversité.
Pour illustrer ces thématiques, des intervenants nous feront part de leur expérience en matière de déchets ou de prévention et de réparation des effets d'une pollution.
La troisième table ronde sera consacrée à l'eau. En guise d'introduction de ce sujet, nous pourrons assister à la projection de trois extraits du futur film de Jacques PERRIN qui, pris par des obligations impérieuses, ne pourra être parmi nous. Il a bien volontiers accepté de déléguer son plongeur scientifique, Monsieur François SARANO, qui nous fera partager, durant quelques instants, sa passion.
Le grand témoin de cette table ronde sera Monsieur Alain WILS, directeur général du groupe CMA-CGM, qui a bien voulu accepter de remplacer Monsieur Jacques SAADE, président du directoire de ce groupe qui a été retenu en dernière minute.
Pour aborder ce thème de l'eau, j'ai voulu en effet faire appel à cet armement français qui a su se hisser au troisième rang mondial. Car le transport maritime est le noeud vital entre l'Outre-mer et la métropole. C'est aussi le moyen de transport le moins polluant.
C'est enfin, un témoignage important car il démontre que chacun doit contribuer à la protection de notre environnement, et sur ce point, le groupe CMA-CGM développe une politique environnementale intéressante.
Les thèmes qui seront abordés par la suite nous permettront de mesurer toute l'importance de la biodiversité marine de l'Outre-mer, mai aussi de mieux appréhender que nos actions sur terre, peuvent avoir de lourdes conséquences en mer.
Ce sera donc l'occasion pour nous de lancer ce débat primordial sur les mesures de protection les plus pertinentes à mettre en oeuvre, car nous ne sommes pas démunis. Dans ce cadre, nous aurons, je le pense, l'occasion de faire une incursion en haute mer car, au contraire des terres émergées, la plus grande partie de la mer est caractérisée par un principe général de liberté. Est ce encore tenable dans les années à venir compte tenu des enjeux qui se posent à nous aujourd'hui ? Il y a là un vrai sujet que je comptais livrer à vos réflexions.
J'ouvre donc une journée très riche de débats... une journée de dialogue, de réflexion. C'est ensemble que nous arriverons à dessiner les nouvelles perspectives d'action de mon ministère, qui ont été fixées par le plan « vers un Outre-mer exemplaire ».
C'est je le crois, le programme d'une belle journée, qui je n'en doute pas, avec vous, sera riche d'enseignements.
Votre contribution sera mise à profit pour nourrir les décisions du comité opérationnel Outre-mer du Grenelle de l'environnement que j'installerai demain matin avec mon collègue Jean-Louis BORLOO, et qui sera présidée par Madame Nassimah DINDAR, présidente du conseil général de La Réunion.
Sur les aspects plus spécifiquement maritimes, je tiendrai également compte de vos témoignages, de vos remarques et de vos propositions, dans le cadre du groupe de travail sur la valorisation des ressources océaniques de la France, dont le Premier ministre m'a confié la mission d'établir un programme opérationnel.
Comme vous le constatez, avec ces rencontres de l'environnement Outre-mer, j'ai tenu à lancer une dynamique qui, grâce à votre aide, sera j'en suis sur, profitable à tous.

Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 13 février 2008