Interview de M. Hervé Morin, ministre de la défense, à France 24 le 14 février 2008, notamment sur la réforme des armées, le Nouveau Centre, la situation politique au Tchad et en Afghanistan.

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Média : France 24

Texte intégral


ROSELYNE FEBVRE - Bonjour et bienvenue dans POLITIQUES avec notre invité cette semaine, c'est Hervé MORIN, ministre de la Défense. Donc dans cette première partie nous allons parler de défense européenne, du mouvement de réforme dans l'armée et nous parlerons aussi de politique intérieure. Et dans la deuxième partie la politique étrangère avec le Tchad et l'Afghanistan. Mais avant tout quelques mots pour vous présenter, alors Hervé MORIN, ancien soldat du centriste François BAYROU, vous êtes depuis passé chez SARKOZY. Entre les deux tours de l'élection présidentielle votre destin bascule, vous délaissez l'homme au tracteur pour suivre les pas de votre grand homme, Nicolas SARKOZY. Depuis François BAYROU vous assimile à son Ganelon Roncevaux et refuse désormais de vous adresser la parole, ce qui vous chagrine. Tant pis un ami de perdu dix de retrouvés. En l'occurrence de l'UMP. Même si vous avez gardé votre fibre centriste, en créant le Nouveau Centre, mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Aujourd'hui vous êtes le ministre de la Défense, un ministère régalien donc SARKOZY vous a gratifié pour service rendu au nom de la sacro sainte ouverture. Alors vous êtes moins sévère que Michèle ALLIOT-MARIE, en tant que ministre, dont la raideur toute militaire faisait merveille. Vous, vous adoptez un style plus moderne, un ton un peu boyeur, parfois dit-on un peu désinvolte. Vous avez gaffé sur l'avion Rafale, bref, vous n'aurez donc pas 20 sur 20 de bonne conduite dans le code militaire, et après des débuts un peu timides vous enfilez petit à petit l'uniforme, et dernièrement d'ailleurs Nicolas SARKOZY - c'était lors d'un voyage aux Arabes Unis - vous a rendu hommage devant les journalistes. Alors les journalistes justement Nicolas SARKOZY qui n'a pas apprécié vos débuts, est-ce que ça va mieux, est-ce que vous êtes à l'aise dans vos rangers ?
HERVE MORIN - Ecoutez, oui moi je suis tout à fait à l'aise, je vis un ministère passionnant, difficile. Vous savez je vous raconte cette anecdote parce que quand j'ai été nommé Ministre de la Défense je l'ai su la veille de ma nomination. Je connaissais le ministère pour avoir été conseiller de François LEOTARD lorsqu'il était ministre de la Défense, et mes copains m'ont dit : mais tu dois sauter de joie. J'ai dit : je ne saute pas du tout de joie...
ROSELYNE FEBVRE - Vous avez dit, j'ai lu que vous aviez dit : je suis vachement content qu'il m'appelle.
HERVE MORIN - Non, je n'ai jamais dit ça, mais bon ce n'est pas grave. Je leur ai dit : non on ne saute pas de joie parce que le moment même où vous êtes nommé, vous avez sur le poids des épaules un poids important de la charge que représente ... la responsabilité que représente le ministère de la Défense, dont je vous rappelle que c'est la bagatelle de 430 000 hommes, d'un budget qui est le deuxième budget du pays, et donc c'est une responsabilité, probablement on a besoin de se formater dans un premier temps, pourquoi pas.
ROSELYNE FEBVRE - Ca a été un peu dur au début, vous n'aviez pas adopté vraiment le style militaire...
HERVE MORIN - Chacun son style, le style de François LEOTARD n'était pas non plus le style d'Alain RICHARD, ni le style de Charles MILLION, chacun a son style, le style de Michèle ALLIOT-MARIE était le sien, j'ai le mien. Je pense que voilà, c'est pas une question de style c'est...
ROSELYNE FEBVRE - Petit à petit vous avez adopté les codes, vous vous y êtes fait parce que c'est vrai que les militaires c'est particulier. C'est un monde particulier.
HERVE MORIN - Non, je pense que c'est un monde qui n'est pas connu, c'est plutôt ça. C'est une chose que j'aimerais tellement faire partager à nos compatriotes. C'est qu'à l'exigence militaire, plus qu'à la rigueur ou l'autorité dont on parle, à l'exigence, il y a aussi une formidable générosité. Et que les militaires c'est cela. C'est l'exigence et la rigueur pour la générosité et le don de soi. Je vous raconte cette anecdote qui est assez extraordinaire, je suis allé au départ de la Jeanne, et les midships, les jeunes futurs officiers de notre marine, je leur pose la question dans un carré et je leur dis : mais pourquoi vous avez décidé de faire ça ? Peu d'ailleurs étaient des enfants de militaires, et deux, tous me disaient : j'aime la mer - il vaut mieux - mais surtout j'ai envie de servir la France. Et donc il y a une communauté militaire extraordinaire qui est mal connue de nos compatriotes, qui en ont encore un peu l'image qu'ils voulaient bien donner à travers les expressions qui étaient les vôtres, alors que c'est un monde de générosité et de don de soi extraordinaire, de vocation. Et ça c'est fabuleux quand on est ministre d'une telle communauté. Mais c'est aussi une vraie responsabilité, une vraie exigence et c'est cette exigence là qu'il faut incarner.
ROSELYNE FEBVRE - Vous aviez... l'Elysée a eu des hoquets quand vous aviez critiqué l'avion Rafale que la France a du mal à vendre , vous aviez critiqué son hyper technologie, le Maroc n'en a pas voulu de cet avion, personne n'en veut visiblement, pourquoi ? C'est vrai pourquoi on n'arrive pas à le vendre.
HERVE MORIN - On va finir, j'espère bien que nous finirons par le vendre et que j'ai beaucoup d'espoir pour qu'on torde le cou à ce que vous venez de dire.
ROSELYNE FEBVRE - Vous aviez ...
HERVE MORIN - Non, j'avais évoque ça sur un autre sujet, c'était un sujet plus complexe, et plus long à définir. C'est un avion exceptionnel, c'est un avion remarquable, c'est un avion qui correspond parfaitement aux besoins d'une armée moderne.
ROSELYNE FEBVRE - Pourquoi on ne peut pas le vendre ?
HERVE MORIN - Parce qu'il y a notamment une pression américaine considérable pour faire en sorte qu'on empêche la vente du Rafale et qu'il y a une concurrence étrangère considérable, il y a les Russes, les Américains, il y a l'Eurofighter et donc on est dans un monde hyper concurrentiel et il faut une volonté politique majeure de porter les projets et l'effort commercial des industriels. Nous faisons avec le président de la République un effort absolument colossal d'implication pour que à la démarche industrielle et commerciale de nos entreprises il y ait une démarche politique et cette démarche là elle va porter ses fruits.
ROSELYNE FEBVRE - Alors la défense française entre dans une période incertaine, avec notamment la rédaction d'un livre blanc, et d'une loi de programmation militaire, alors ce livre blanc se fait attendre, d'abord on voudrait savoir pourquoi. Alors à quoi va ressembler le modèle futur de l'armée française, et quels vont être ses choix stratégiques ?
HERVE MORIN - Les choix seront déterminés en effet dans le cadre du livre blanc, qui sera publié à la fin du mois de mars, et qui tracera la politique de défense eu pays des 15 prochaines aux 20 prochaines années.
ROSELYNE FEBVRE - Alors c'est-à-dire ?
HERVE MORIN - L'idée c'est qu'on a eu le tout nucléaire, dans un premier temps, on a eu le tout projection, c'était le livre blanc d'Edouard BALLADUR en 94 et aujourd'hui on doit définir une nouvelle politique de défense qui tienne compte des mutations du monde, on a un monde qui change, qui change très vite et notre défense doit en permanence s'adapter. Ces adaptations c'est quoi ? C'est de prendre en compte les nouvelles menaces, les nouveaux risques. Aujourd'hui notre territoire national est plus menacé qu'il ne l'était il y a 15 ou 20 ans notamment à cause de réseaux terroristes extrêmement puissants et organisés. Nous avons besoin de pouvoir avoir une perception précise des nouveaux risques type celui de la prolifération nucléaire, nous devons prendre en compte des éléments comme les problématiques liées à au réchauffement climatique. Bref, il y a toute une série d'éléments qui fait que nous devons réorienter en permanence notre outil de défense. Et parmi ces orientations là, il y en a une qui se dessine, je vous en donne une, qui est la nécessité de l'anticipation et de la connaissance, c'est-à-dire que nous devons, pour pouvoir décider,pour pouvoir nous défendre, pour pouvoir assurer nos intérêts stratégiques majeurs, nous devons avoir une perception parfaite du monde, et cette perception elle passe par des systèmes de renseignements efficaces, elle passe par des systèmes satellitaires efficaces...
ROSELYNE FEBVRE - Au detriment de l'équipement ?
HERVE MORIN - Alors bien entendu ça ne sert à rien de connaître et d'anticiper si ensuite nous n'avons pas les outils militaires nous permettant de le faire. Donc il faut trouver ce dosage, dans un contexte budgétaire qui est un contexte budgétaire extrêmement difficile, qui est le contexte budgétaire national, 40 milliards d'euros de déficit annuel et notre endettement croissant, et dans un contexte de croissance qui n'est pas ... Où on n'a pas retrouvé les niveaux de croissance des pays européens, et dans un contexte budgétaire propre au ministère de la Défense où nous avons, où il y a eu un effort réel de réalisé du temps de Jacques CHIRAC, cet effort réel a permis de remonter j'allais dire le maintien aux conditions opérationnelles de nos équipements, c'est-à-dire le fait que nos équipements puissent fonctionner, qui a permis de lancer toute une série de programmes, mais on a lancé ces programmes et désormais on les fabriquer, et on les livre. Et donc on a une perspective budgétaire qui est une perspective budgétaire considérable, c'est à dire que l'effort de défense que fait le pays aujourd'hui c'est à dire à peu près 16 milliards d'euros pour l'équipement, cet effort là n'est pas suffisant pour couvrir l'ensemble des programmes que nous avons engagé. Et nous avons besoin entre 3, 4 ou 5 milliards d'euros supplémentaires par an sur la prochaine loi de programmation et vous comprenez que 5 milliards d'euros, même si vous êtes militaire vous comprenez bien que compte tenu de la situation budgétaire du pays, c'est un effort qu'on ne peut pas faire. Donc on va être obligé de mener un certain nombre d'adaptations, de réformes de structures, pour trouver les marges de manoeuvre dont nous avons besoin.
ROSELYNE FEBVRE - Donc on a bien compris que c'est effectivement un vaste mouvement de réforme dans l'armée, dans le domaine militaire mais çà veut dire que vous allez rationaliser les moyens et les militaires ne sont pas dupes et ils savent que ça passe par des coupes claires. Comment expliquer qu'on peut faire mieux avec moins ? Comment vous leur expliquez çà ?
HERVE MORIN - Cela veut dire qu'il nous faudra faire des choix. On ne va pas se cacher, il faut dire la vérité, nous aurons des choix à effectuer sur un certain nombre de programmes et ça veut dire qu'il faut que nous fassions des efforts, alors les armées en ont déjà beaucoup fait, notamment parce que Jacques CHIRAC a décidé en 96, de professionnaliser. La professionnalisation ça a été la fermeture d'un régiment sur deux. Ce que nous devons faire aujourd'hui...
ROSELYNE FEBVRE - A quoi il faut qu'ils s'attendent, voilà.
HERVE MORIN - Tirer les conséquences de ce qui a été fait à travers la professionnalisation notamment ce que j'appelle "l'inter armisation". C'est-à-dire qu'il y a la culture de chaque armée - l'armée de Terre, la Marine, et l'armée de l'Air ont leur culture et il s'agit bien entendu de la conserver - mais il faut que pour tout ce qui est administration générale, tout ce qui est soutien, tout ce qui pour l'instant fonctionne en tuyaux d'orgues, eh bien nous le mettions en commun pour faire des économies. Je vous donne un exemple. Il faut que lorsqu'un Puma de l'armée de l'Air se pose dans une unité de l'armée de Terre, eh bien que ce Puma puisse être réparé par des mécaniciens de l'armée de Terre et vice versa. Pour l'instant c'est impossible. Il faut faire en sorte que pour tout ce qui est administration générale, on ait un système inter-armisé, collectif, qui nous permette de faire des économies sur la super structure du ministère. Voilà l'idée.
ROSELYNE FEBVRE - Alors je voudrais qu'on parle un petit peu de politique intérieure avant de passer dans cette deuxième partie, au Tchad et à l'Afghanistan. Donc vous animez le "Nouveau Centre", c'est une entité centriste au sein de la majorité, c'est le deuxième Parti. A quoi ça sert ce Nouveau Centre, dans le fond ?
HERVE MORIN - A reprendre ce qu'a toujours connu la vie politique française, c'est-à-dire un Parti qui affiche clairement son libéralisme, sa modernité et qui et profondément européen. Il y avait un Parti qui s'appelait l'UDF qui a été...
ROSELYNE FEBVRE - Oui. Il n'est pas mort, hein !
HERVE MORIN - Si, il est mort ! et abandonné en rase campagne, qui est un Parti, la vie politique française depuis deux siècles a toujours été rythmée avec un Parti conservateur, de droite, clairement, qui s'appelait le RPR, l'UDR, qui s'appelle l'UMP aujourd'hui. Et un Parti Libéral moderne, qui était l'UDF. Ce Parti là a été abandonné, cette famille politique-là a été abandonné et il nous appartient de la faire revivre à travers cette formation politique qu'on a appelée pour l'instant "Nouveau Centre".
ROSELYNE FEBVRE - Comment vous ressentez aujourd'hui la stratégie de François BAYROU, est-ce qu'il va dans le mur ?
HERVE MORIN - Je pense qu'on est dans la confusion absolue, on assiste à des choses absolument ahurissantes quand on y réfléchit, où on trouve des MoDEM sur des listes différentes, allant du PS à l'UMP dans une même ville ; on assiste...
ROSELYNE FEBVRE - Il ne sait pas où il habite dans le fond...
HERVE MORIN - On assiste à des choses assez baroques où, je prends l'exemple de Dijon et la Côte d'Or où à la fois le MoDEM soutient la liste socialiste de Monsieur REBSAMEN à la Mairie et qu'en même temps le MoDEM soutient les candidats aux cantonales de l'UMP et du Nouveau Centre dans la même ville.
ROSELYNE FEBVRE - Donc c'est une girouette le MoDEM ?
HERVE MORIN - Et on est dans la confusion, dans la tambouille absolument extraordinaire, et vous avez à Strasbourg des MoDEM qui sont sur trois listes différentes ; vous avez au Havre, je l'ai vu ce matin, vous avez des MoDEM aussi sur des listes différentes. On est dans une espèce de cafouillage absolu, et je constate que par ailleurs notre analyse était la bonne. C'est que lorsque nous avons fait le choix de rejoindre Nicolas SARKOZY, nous avons été dans la tradition de notre famille politique et la famille politique dont je vous parlais. Et que nous avons constaté que l'idée de François BAYROU était déjà pour l'élection présidentielle de 2012 et d'être le principal opposant de Nicolas SARKOZY. Je constate que nous avions raison et qu'en quelque sorte, c'est lui qui a fait un chemin qui est le chemin qui n'est pas le même que celui qui était celui de notre tradition politique.
ROSELYNE FEBVRE - Donc vous êtes en train de dire qu'il n'y a pas de stratégie chez François BAYROU. Est-ce que ça serait une sorte de girouette ?
HERVE MORIN - La seule stratégie c'est sa stratégie personnelle, c'est-à-dire celle de 2012. Voilà.
ROSELYNE FEBVRE - Un côté girouette quand même. Donc, vous, finalement aujourd'hui vous vous distinguez complètement du MoDEM, on est d'accord, vous n'avez plus rien à voir dans les idées, dans...
HERVE MORIN - Nous, nous faisons le choix à la fois de ce que représente historiquement notre famille politique et nous faisons le choix d'essayer de transformer à travers notre participation à la majorité, transformer un pays qui doit clairement afficher sa capacité de mouvement dans un monde qui change. Voilà.
ROSELYNE FEBVRE - Ok. On l' a vu, l'affaire de Neuilly c'est devenu Dallas sur Seine avec l'éviction du porte-parole David MARTINON, et parmi les conjures le propre fils de Nicolas SARKOZY - Jean SARKOZY - et la présidente du Nouveau Centre à Neuilly s'est horrifiée par ces méthodes, donc vous la connaissez, et elle dit : qu'elle remet en cause le soutien à la liste UMP. Est-ce que vous êtes d'accord ?
HERVE MORIN - Depuis nous avons discuté de tout cela et nous souhaitons la victoire de la majorité à Neuilly bien entendu et nous ferons en sorte de participer et de soutenir la liste de la majorité présidentielle.
ROSELYNE FEBVRE - Nicolas SARKOZY dévisse chaque semaine un peu plus dans les sondages. Vous, Hervé MORIN, à quoi vous attribuez cette chute ? Est-ce qu'il va pouvoir remonter, c'est du jamais vu.
HERVE MORIN - Moi ce n'est pas problématique, les sondages ne m'intéressent pas. Et l'analyse ne m'intéresse pas.
ROSELYNE FEBVRE - Qu'est-ce qui vous intéresse ?
HERVE MORIN - Pour moi, ce qui me semble absolument capital et majeur c'est que, quelle que soit l'issue du scrutin, je vous rappelle que jamais les scrutins intermédiaires ne sont favorables à la majorité en place. C'est une tradition.
ROSELYNE FEBVRE - Oui, enfin... !
HERVE MORIN - Si. En 2001 c'était bon pour la droite parce que c'était la gauche qui était au pouvoir et vous pouvez faire élection après élection, c'est toujours le même schéma. Les élections intermédiaires ne sont jamais bonnes pour la majorité en place. Mais quel que soit le scrutin nous avons une seule obligation ; c'est de continuer à tracer la route de la modernité et du changement et d'ailleurs si Nicolas SARKOZY a été élu, souvenez-vous une partie de l'analyse de vos collègues, de vos confrères ou des hommes politiques, eh bien Nicolas SARKOZY ne sera jamais élu parce qu'il incarne la rupture et le changement. Les Français ont voté pour lui, il a fait un score...
ROSELYNE FEBVRE - D'accord, mais là il plonge ! Pourquoi il plonge ?
HERVE MORIN - Eh bien peu importe moi ce qui compte pour moi c'est que nous avons cette obligation de changement de modernité. On doit être le pays qui prouve, quoi, qui, comme les autres pays européens s'adapte pour être en mesure de pouvoir profiter de ce que représente la mondialisation. On y voit toujours les cotés négatifs, il y a aussi un vaste mouvement de liberté qui permet à des pays entier d'accéder à la modernité et qui permet à des hommes et des femmes, à plusieurs centaines de millions d'individus d'accéder à des conditions de vie décentes et ce sont autant de perspectives dont nous pouvons profiter. Et de tout cela il faut que la France se mette en situation d'en profiter.
ROSELYNE FEBVRE - Merci Hervé MORIN. C'est la fin de cette première partie. On se retrouve tout de suite après le journal et on parle du Tchad et de l'Afghanistan, de l'OTAN. A tout de suite.
Retour sur le plateau de "Politique" en compagnie du Ministre de la Défense, Hervé MORIN. Et pour l'interroger avec moi, Gauthier RYBINSKY, spécialiste de politique internationale sur France 24. Alors avant de passer aux dossiers chauds de l'actualité internationale, je voudrais juste vous poser une question, toujours de politique intérieure. En Guyane, vous étiez avec Nicolas SARKOZY, il a dit qu'il fallait garder son sang froid sur la chute dans ces sondages et qu'il s'exprimerait après les municipales et aujourd'hui dans l'EXPRESS, Claude GUEANT le secrétaire général de l'Elysée laisse entendre un remaniement après ces élections. D'abord, est-ce que vous en savez un peu plus et deuxièmement, est-ce que vous, vous craignez pour votre place ?
HERVÉ MORIN - Bien entendu je n'en sais rien et par ailleurs je fais mon travail ; j'ai engagé un vaste plan de rénovation et de modernisation. Le livre blanc dont nos avons parlé, il y a la loi de programmation militaire sur laquelle nous travaillons, je mène mon chemin et...
ROSELYNE FEBVRE - Et le reste...
HERVÉ MORIN - J'attends, voilà.
ROSELYNE FEBVRE - Bon. Alors, quand il était candidat Nicolas SARKOZY avait prôné la rupture avec la politique africaine, ce qu'on appelle "la France / Afrique". Alors aujourd'hui le discret coup de pouce au régime d'Idriss DEBY, le coup de pouce militaire pour sauver le régime au Tchad, prouve le contraire. Est-ce que la France ne retombe pas justement dans le piège de cette France / Afrique ?
HERVÉ MORIN - D'une part, la France a tenu ses engagements ; ces engagements sont liés à un accord de coopération technique militaire, nous avons fait du soutien, de la logistique, santé. Nous n'avons pas participé militairement directement aux combats, sinon pour assurer notre propre défense ou la sécurité des ressortissants que nous avons évacués.
ROSELYNE FEBVRE - Mais enfin il fallait sauver le soldat DEBY.
HERVÉ MORIN - Nous avons respecté les engagements que la France a signé avec la République du Tchad. Voilà ce que nous avons fait. Nous l'avons fait parce qu'aussi nous avions à assurer la protection de nos propres ressortissants et des ressortissants étrangers. Je me permets de vous signaler que dans des conditions extrêmement périlleuses et difficiles, nous avons sauvé l'ensemble de l'Ambassade des Etats-Unis, l'Ambassade d'Allemagne, l'Ambassade de la République Populaire de Chine. Qu'hier encore, hier soir, je croisais l'Ambassadeur d'Egypte au dîner du CRIF qui me disait : merci à l'armée française qui a fait un boulot absolument extraordinaire pour sauver les Egyptiens qui étaient à N'Djaména. Ce qu'a fait l'armée française elle l'a fait de façon remarquable. Toutes celles et tous ceux qui ont bénéficié du soutien et de l'appui de l'armée française pour évacuer ou exfiltrer les ressortissants français ou étrangers vous diront que ce que nous avons fait est à l'honneur de la France.
ROSELYNE FEBVRE - En attendant, il y a trois hommes, trois opposants qui ont été arrêtés par Idriss DEBY, par le régime d'Idriss DEBY après avoir repris la main militairement. Depuis, plus de nouvelles du tout d'eux. Est-ce qu'on peut cautionner une telle chose ?
HERVE MORIN - Vous avez vu et lu, ou entendu des déclarations de Bernard KOUCHNER. La France a demandé à avoir des explications, de savoir exactement ce qui se passait ; que... voilà.... Donc ne considérons pas non plus que la France cautionne les démarches qui sont contraires aux principes qui sont les nôtres.
ROSELYNE FEBVRE - Que sont devenus ces trois hommes ?
HERVE MORIN - Ecoutez, des explications ont été demandées à Idriss DEBY.
GAUTHIER RYBINSKI - Moi Monsieur MORIN je me demande si cette intervention, non... au contraire... ce soutien français au Tchad a été aussi discret que vous le dites. D'abord sur France 24 et dans d'autres médias nous avons eu vent d'intervention de commandos opérations spéciales au Tchad et vous-même, quand vous êtes allé à N'Djamena vous avez dit : c'est un soutien sans faille au régime d'Idriss DEBY, dont on sait qu'il a été élu mais dont on sait aussi et Roselyne le disait à l'instant avec ces trois opposants, que ce n'est pas un modèle de démocratie. Alors, comment vous...
HERVE MORIN - Attendez... attendez... je pense que là vous mélangez les choses. 1) il n'y a pas eu d'opération militaire directe, je confirme, et je vous mets...
GAUTHIER RYBINSKI - Y compris pour repousser les rebelles...
HERVE MORIN - Non mais attendez, il fallait qu'on assure la protection de l'aéroport ; l'aéroport c'était la possibilité pour les 1500 ou 2000 ressortissants étrangers, de pouvoir rester en sécurité. Si nous ne maintenions pas la sécurité et le contrôle de l'aéroport, nous n'étions plus en mesure de pouvoir évacuer les ressortissants français et étrangers et donc bien entendu, on a repoussé à chaque fois qu'on a eu le sentiment que le contrôle de l'aéroport pourrait être menacé. Mais ça n'a jamais été une action offensive de notre part ; nous n'avons fait que dans le cadre d'une légitime défense qui était la nôtre.
GAUTHIER RYBINSKI - Et c'est celle qui a repouss?? aussi...
HERVE MORIN - Non, non... non... çà ne les a pas repoussés, ça a été l'affaire de l'armée nationale tchadienne. C'est avec leurs tanks, avec leurs moyens. Nous on a simplement fait en sorte d'assurer le contrôle de l'aéroport. Mais cessons de raconter que l'armée française a participé directement aux combats. Elle n'y a pas participé. Premier point. Second point que je voudrais quand même vous indiquer, c'est qu'en effet Idriss DEBY est arrivé au pouvoir par un coup d'Etat mais je me permets de vous signaler qu'il a été réélu démocratiquement ; que lors de ces élections la communauté internationale, à travers des observateur a elle-même constaté que ces élections s'étaient passées de façon démocratique. J'observe que le Tchad avait engagé un processus démocratique dont la communauté certes, considérait qu'il n'était pas achevé mais qu'il avait fait un chemin réel.
GAUTHIER RYBINSKI - La meilleure preuve c'est que ceux qui sont en prison aujourd'hui faisaient partie de ce processus...
HERVE MORIN - Quatrième point que j'aimerais signaler c'est que l'union africaine a pris une résolution soutenant et condamnant ce coup de force, soutenant DEBY et condamnant le coup de force et je me permets de vous signaler que le conseil de sécurité des Nations Unies saisi par la France et par les pays africains, dont la Libye, a aussi apporté son soutien au régime légal du Tchad. Je pense qu'il y a dans la démarche française une vraie cohérence et un soutien de la communauté internationale qui me semble unanime.
ROSELYNE FEBVRE - Oui, enfin en ce qui concerne L'EUFOR, on voit, les Allemands et les Anglais n'y sont pas, comment finalement vous pouvez rassurer les partenaires européens de la neutralité de la France ? Parce que, aujourd'hui, il y a des doutes.
HERVE MORIN - Nous sommes dans le cadre d'un accord dans une opération qui s'appelle "l'opération Epervier". Ca ne date pas d'hier, elle a maintenant près de trente ans.
GAUTHIER RYBINSKI - Qui a suivi d'ailleurs tous les présidents tchadiens quels qu'ils soient ; l'opération Epervier.
HERVE MORIN - L'opération Epervier assure les engagements qui sont les nôtres dans le cadre d'un accord. Donc c'est à l'Etat, c'est la République tchadienne, ce n'est pas des gouvernements en tant que tels. Il y a des gouvernements qui incarnent un Etat et ...
ROSELYNE FEBVRE - ... vous rassurez, qu'on ne tombe pas dans le piège, alors...
HERVE MORIN - Sur l'EUFOR il s'agit d'autre chose. L'EUFOR est la partie tchadienne et Centre africaine, c'est ce déploiement des forces européennes assurera la protection des populations - plus de 450.000 personnes qui ont été déplacées ou qui sont réfugiées - de ce qu'on appelle de cette vaste zone du DARFOUR. Il y a une partie qui sera sous l'opération des forces... enfin, sous le contrôle des forces hybrides, africaines et de l'ONU et de l'autre, cette force européenne de plus de 3.000 hommes qui assurera la sécurité parce que, si vous ne mettez pas en place les conditions de la sécurité de cette zone, vous ne permettrez pas aux populations qui ont été déplacées, aux réfugiés, de revenir dans leurs villages.
ROSELYNE FEBVRE - Il y en a qui sont arrivés là, aujourd'hui, est-ce que la France va faire venir...
HERVE MORIN - C'est la preuve, c'est bien la preuve que nous avons besoin de faire ce déploiement pour assurer la sécurité et la stabilité de cette zone. C'est, j'allais dire, la démonstration la plus éclatante de la nécessité de ce déploiement européen.
ROSELYNE FEBVRE - Je voudrais qu'on parle...
HERVE MORIN - ... déploiement qui doit être d'autant plus fait, assumé en partie par l'Europe, que nous avons, nous Européens, une responsabilité directe sur cette partie du monde.
ROSELYNE FEBVRE - Je voudrais qu'on parle de l'Afghanistan, puisque la France a promis de renforcer sont contingent d'hommes. Alors il est question de 700 hommes. Est-ce que vous confirmez et quand est-ce que ça va être annoncé, est-ce que ça va être au sommet de l'OTAN à Bucarest ?
HERVE MORIN - J'ai été à deux reprises en Afghanistan ; la situation en Afghanistan est une situation disons contrastée où à la fois on assiste à des victoires militaires, mais où on assiste peu ou pas à un progrès de la gouvernance...
ROSELYNE FEBVRE - Des victoires de qui ? Des Américains face aux talibans...
HERVE MORIN - De l'ensemble de...
ROSELYNE FEBVRE - On a l'impression qu'ils s'enfoncent plutôt.
HERVÉ MORIN - Non, non, ça c'est une vision rapide des choses...
ROSELYNE FEBVRE - On a l'impression qu'ils sont en train de perdre.
HERVE MORIN - Non, ce n'est pas exact. On est dans une situation où en effet il y a à la fois des victoires militaires, la capacité pour les forces de l'OTAN, de l'ISAF - de la FIAS, si l'on parle français - d'être en mesure de pouvoir mener une opération militaire victorieuse à peu près n'importe où sur le pays mais les conditions permettant que ces victoires militaires donnent l'occasion à l'Afghanistan de prendre progressivement en main son destin ne sont pas réunies. Il faut... il y a une problématique de gouvernance, il faut faire en sorte que la police commence à retrouver un brin d'organisation - ce qui n'est pas le cas. Il faut que le système judiciaire se mette en place, ce qui n'est pas le cas. Qu'il y ait des voies de développement économique, ce qui n'est pas le cas. Qu'on donne aux agriculteurs et aux Afghans des moyens de développement qui soient autres que la seule production d'opium. Bref, l'Afghanistan...
ROSELYNE FEBVRE - C'est à ça qu'on sert, là-bas...
HERVE MORIN - La résolution de la problématique afghane ne peut être simplement une résolution liée à un exercice militaire. Il doit y avoir par ailleurs un vaste plan de développement d'amélioration de la gouvernance. Bref, il y a une stratégie politique globale à mener sur l'Afghanistan et le renforcement éventuel de la France...
ROSELYNE FEBVRE - Combien d'hommes ?
HERVE MORIN - Le renforcement éventuel de la France ne peut se faire ...
ROSELYNE FEBVRE - Sept cents hommes !
HERVE MORIN - Ne peut se faire... non, il n'y a pas de chiffres, il n'y a aucun chiffre, aucune décision de prise. Il y a seulement l'idée que l'OTAN doit s'interroger sur cette stratégie globale avant de se projeter sur des moyens militaires supplémentaires.
ROSELYNE FEBVRE - Oui, il y a juste... est-ce que ce n'est pas illogique ce que vous me dites, dans le sens où il y a besoin d'une autre stratégie et que tout le monde... enfin que les Américains gagnent face aux talibans, pourquoi est-ce qu'il y aurait besoin de renforts, dans ce cas ? C'est ça que je ne comprends pas dans votre explication.
HERVE MORIN - Eh bien d'une part parce qu'il y a certaines zones dans lesquelles les choses sont plus difficiles, je pense au Sud notamment, là où sont les Canadiens par exemple. Qu'il y a encore des zones dans lesquelles globalement on ne sait pas exactement ce qui s'y passe, je pense notamment à « Mimerose » (phon) et puis on a une situation relativement calme sur le nord, par exemple, de l'Afghanistan ou même sur Kaboul, même si aujourd'hui on assiste à un certain nombre d'attentats sur Kaboul. Et donc ce que nous disons c'est que tout effort complémentaire ou supplémentaire de la France doit être conditionné au fait que tout le monde décide de faire des efforts et deuxièmement, qu'il y ait une vraie stratégie globale de développement et d'installation d'un système qui nous permettent un jour d'avoir en perspective la sortie.
GAUTHIER RYBINSKI - Justement c'est ce que j'allais vous demander, que de temps perdu entre 2001 et aujourd'hui. C'est-à-dire que quand, en 2001 les forces qui allaient constituer l'ISAF sont entrées à Kaboul, elles ont été accueillies comme des libérateurs et aujourd'hui - ce n'est pas vous qui allez me dire le contraire- un certain nombre de patrouilles, qu'elles soient françaises, américaines ou canadiennes sont attaquées par des gens qui se sont à nouveau alliés ou ralliés aux talibans. Que s'est-il passé ? Pourquoi a-t-on misé autant sur le militaire en abandonnant ce que vous venez de dire : c'est-à-dire le civil...
HERVE MORIN - La politique de développement...
GAUTHIER RYBINSKI - Pourquoi c'est arrive à ce point...
HERVE MORIN - Je pense... je pense que vous exagérez le trait en disant les choses, il y a quand même beaucoup d'investissements qui ont été réalisés aussi par l'ensemble de la communauté internationale : des écoles, 9.000 et la santé, on me dit que 80% des Afghans aujourd'hui ont accès à une santé minimum, bien entendu, mais enfin ça n'était pas le cas avant. Que le nombre d'étudiants s'est accru de façon considérable. C'est ce que me disait... ce qu'on se disait la semaine dernière au sommet des ministres de la Défense de l'OTAN à Vilnius. Donc il y a un certain nombre de progrès. Mais en effet, le risque dans cette affaire, c'est qu'il y ait à terme, je pense qu'on n'en est pas là aujourd'hui, contrairement à ce que vous pensez, le syndrome de l'armée d'occupation. Donc il faut absolument qu'il y ait une vraie réflexion sur une approche nouvelle de l'OTAN et de l'ensemble de la communauté internationale pour donner à l'Afghanistan les clés de son développement futur.
ROSELYNE FEBVRE - Est-ce que le renforcement des forces sur le terrain, vous ne voulez pas me dire combien d'hommes et quand ça sera annoncé, sans doute au sommet de l'OTAN, est-ce que vous pouvez confirmer ?
HERVE MORIN - Mais je vous ai dit...
ROSELYNE FEBVRE - Ok, vous ne voulez pas...
HERVE MORIN - Non, je vous ai dit clairement que ce n'était pas qu'une question militaire. Je pense avoir été clair.
ROSELYNE FEBVRE - J'entends bien mais est-ce que ce n'est pas...
HERVE MORIN - Donc il faut que l'ensemble des membres de l'OTAN s'interrogent sur la politique globale qui doit être menée en Afghanistan avant de se dire : on va mettre des moyens supplémentaires.
ROSELYNE FEBVRE - Oui tout le monde... Nicolas SARKOZY l'a dit ; il y aura ce renforcement d'hommes. Est-ce que ce n'est pas symboliquement un alignement sur les Etats-Unis ?
HERVE MORIN - Mais je n'ai absolument pas eu cette expression-là. Je pense que...
ROSELYNE FEBVRE - Je sais mais tout de même...
HERVE MORIN - Je pense que nos compatriotes n'ont pas conscience que nous y avons des intérêts stratégiques en Afghanistan. C'est notre propre sécurité...
ROSELYNE FEBVRE - Il n'y a pas des risques d'attentats, alors, du coup ?
HERVE MORIN - Notre propre sécurité est aussi en jeu en Afghanistan. Ca peut paraître loin, mais l'Afghanistan, la stabilité de l'Afghanistan c'est aussi une des clés de notre sécurité. parce que vous voyez bien que...
ROSELYNE FEBVRE - Mais sur le territoire français ?
HERVE MORIN - Si le système se désagrège, vous voyez bien que c'est des risques majeurs sur l'instabilité de cet arc de crise qui va de la Mauritanie à l'Afghanistan. Et donc la déstabilisation de cet arc de crise aurait des conséquences sur notre propre sécurité. Donc nous avons... notre rôle est d'être là-bas. Cependant ça ne peut pas être qu'une implication militaire.
ROSELYNE FEBVRE - Oui mais ma question c'est : est-ce que, effectivement, le fait d'être là-bas, est-ce que ça ne va pas nous apporter une insécurisation sur le territoire français ? C'est-à-dire des risques d'attentats.
HERVÉ MORIN - Vous voyez bien que la condition, les risques d'attentats existent quoi qu'il arrive ; il y a de multiples réseaux terroristes aujourd'hui et ce n'est pas notre présence en tant que telle en Afghanistan qui accentue les risques d'attentats qui existent malheureusement pour toutes les démocraties occidentales.
ROSELYNE FEBVRE - Il est élevé en ce moment ?
HERVÉ MORIN - Il existe pour toutes les démocraties occidentales. Vous avez vu même que la Norvège dont on ne peut pas dire que la politique internationale soit considérée comme très offensive, a fait l'objet à travers la présence de son ministre des Affaires Etrangères en Afghanistan d'une tentative d'attentat.
ROSELYNE FEBVRE - Une dernière question Gauthier, il reste une minute.
GAUTHIER RYBINSKI - Alors je ne sais pas, on reste sur l'Afghanistan ou on...
ROSELYNE FEBVRE - Si vous voulez...
GAUTHIER RYBINSKI - Ecoutez, moi je voulais vous parler de cette base qui doit être établie Abu-dhabi, base française. A quoi sert-elle, compte tenu du nombre relativement faible de personnels. Vous me direz, 500 ce n'est pas mal, mais à quoi sert-elle ? Et surtout, est-ce que ça veut dire qu'on se rapproche de plus en plus des Etats-Unis, en étant dans ce site particulièrement sensible ?
HERVE MORIN - Nous avons, le président de la République a décide l'installation de cette base à la demande d'Abu-Dhabi, du régime. Cette base va nous permettre d'apporter le soutien à toutes les opérations militaires que nous avons là-bas et nous en avons énormément. Nous avons une cinquantaine d'escales de bateaux par an. Nous avons des exercices aériens constants avec l'ensemble des pays du Golfe. Nous avons, pour vous donner un exemple, 90 officiers et sous-officiers qui sont dans les armées, dans les forces Abu-Dhabiennes pour leur formation. Bref, donc nous avons déjà une présence militaire régulière et constante dans cette région du monde. Nous allons avoir un immense exercice militaire dans quelques semaines, qui s'appelle "Golf Shield" avec les pays du Golfe.
Bref, donc 1) ça va nous apporter un soutien permanent aux forces militaires.
2) pour nous, c'est le signe de notre volonté d'être présents dans cette région stratégique pour le monde. Notamment pour l'approvisionnement énergétique du monde. Et la troisième raison c'est que ce n'est pas par hasard que nous installons cette base à Abu-Dhabi, c'est que Abu-Dhabi c'est le pays où le régime politique qui clairement est en train de montrer à la face du monde que modernité et Islam ça peut aller ensemble.
ROSELYNE FEBVRE - Et c'est en face de l'Iran. Merci beaucoup Monsieur MORIN d'avoir été notre invité. Merci Gauthier. On se retrouve la semaine prochaine avec d'autres invités. Merci. Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 19 février 2008