Texte intégral
J.-P. Elkabbach La boucle sera bientôt bouclée, peut-être ce soir. A. Sirven rentre à Paris après quatre années d'absence. On raconte qu'il y a déjà une épidémie d'insomnies, surtout à droite... C'est vrai ?
- "Je crois qu'il y en a au moins autant à gauche. D'ailleurs, la gauche, ces 20 dernières années, a gouverné beaucoup plus que la droite. Donc, elle est certainement beaucoup plus compromise."
Mais la droite avait créé des habitudes avec Elf... ?
- "Pas à ce point-là. Je crois que le délire que nous avons atteint dans la corruption c'est quand même le sommet de la gauche."
Elf, c'est une longue affaire qui entraîne et salit beaucoup de monde. Qu'est-ce qu'était Elf, pour vous ?
- "Il me semble que Elf ait été un instrument de l'Etat depuis longtemps, et qu'il ait servi aux Services secrets français dans un certain nombre d'opérations financières. De là, peut-être, c'est devenu aussi un instrument de corruption intérieure."
"Intérieure" ? Qu' "intérieure" ?
- "Oui. C'est ce que disent quelques témoins jusqu'à maintenant."
Pouvez-vous assurer que depuis le départ de L. Le Floch-Prigent, Elf puis TotalFinaElf, en ont fini avec les commissions et les récompenses
occultes ?
- "Je ne peux rien assurer, ce n'est pas à moi d'assurer cela. Mais c'est une entreprise qui normalement devrait être contrôlée sérieusement par l'Etat. Et les pratiques anciennes devraient avoir cessé, on peut l'espérer."
Vous voulez dire que c'est un instrument de l'Etat depuis toujours ?
- "Je crois depuis sa fondation. On a eu au cours de l'actualité l'occasion de le voir. C'est une entreprise qui a servi les intérêts français, y compris la raison d'Etat."
Et les intérêts de quelques uns au passage ?
- "Oui."
Ou de quelques partis peut-être ?
- "Et avec sans doute des retombées. On le découvre aujourd'hui."
Sirven devrait se mettre à table et parler. C'est peut-être bon pour la vérité et pas bon pour tous. Mais va-t-il vraiment se mettre à table, à votre avis ?
- "Je n'en suis pas certain et ce n'est peut-être pas son intérêt non plus car s'il a l'air de recouvrir tellement de turpitudes... Je suis étonné qu'il soit rentré volontairement, puisqu'à Francfort il a accepté son extradition malgré tous les cafouillages. Car d'une certaine manière, il semble rentrer malgré le Gouvernement. C'est la justice qui l'a retrouvé ; les journalistes l'avaient d'ailleurs retrouvé avant la justice, avant la police. Ce n'était pas impossible de le retrouver. A Francfort, on a le sentiment d'un immense cafouillage."
Donc, il est sympa monsieur Sirven ?
- "Non, il n'est pas très sympathique, au contraire. Mais il a le droit à la justice et à la présomption d'innocence comme tout le monde."
C'est-à-dire que vous ne voulez pas qu'il soit traité comme du gibier, qu'on le menotte tout de suite, au yeux de tout le monde ? Je crois qu'il y a une nouvelle loi ?
- "Oui, on les cache, c'est une loi hypocrite : on peut mettre les menottes mais il faut les cacher... Il parait que madame Guigou ne voulait pas les voir."
Mais cela défend les présumés innocents - ou les présumés coupables !?
- "Personne ne prend monsieur Sirven pour un présumé innocent, même si juridiquement c'est une fiction qui existe."
D'après ce que vous savez et entendez, qu'est-ce qui peut lui être reproché ?
- "D'avoir acheté beaucoup de gens, d'avoir été l'instrument de corruption à l'égard de beaucoup de gens. Mais peut-être a-t-il aussi agi dans le cadre de l'Etat et par exemple, dans le procès Dumas, il peut apporter la compétence de la Cour de justice. Finalement, le témoignage de monsieur Sirven ou ses dépositions peuvent être éminemment subversives et faire sauter tous les procès en cours pour les conduire vers la Cour de justice de la République."
Vous voulez dire que ce qu'on appelait "le procès Dumas" pourrait devenir le procès Elf-Thomson - avec les frégates - et par conséquent envoyer le ministre des Affaires étrangères de l'époque devant la Cour de justice ?
- "C'est en tout cas un risque important."
C'est "un risque", un souhait ou une possibilité ?
- "Non, c'est un risque parce que cela ne peut que ralentir le processus judiciaire. Or finalement, tout le monde a envie de savoir la vérité. Cette affaire dure déjà depuis très longtemps, et à mon avis elle risque de durer encore très longtemps. Et l'arrivée de monsieur Sirven, dont on a le sentiment qu'elle pourrait simplifier les choses et conduire à la vérité, peut peut-être conduire à tout le contraire."
Vous n'avez pas le sentiment que le Gouvernement Jospin a cherché à entraver la justice ? Vous ne pouvez pas dire ça ?
- "Non, je ne dis pas ça. Je dis simplement que manifestement le Gouvernement a été dépassé par les événements et que si dans le fond, monsieur Sirven avait pu rester un peu plus longtemps à Francfort, avant de venir s'expliquer à Paris, cela ne lui aurait pas fait de peine."
Mais vous avez vu que le choix d'A. Sirven était de refuser de parler aux Allemands. Et il est vrai que les Allemands n'ont pas lancé de mandat d'arrêt international contre lui, que ...
- "Oui, c'est étrange ..."
... qu'en dehors de quelques-uns, ils n'ont pas tenu à l'avoir ...
- "C'est étrange puisqu'il y a cette affaire Leuna, où Elf aurait versé des commissions extrêmement importantes pour corrompre des hommes politiques allemands, et la justice allemande n'éprouverait pas le besoin aujourd'hui de demander des comptes à A. Sirven alors qu'elle l'a sous la main ? C'est étrange."
Vous voulez dire que l'Allemagne qui nous envoie le message : "le droit, tout le droit, rien que le droit", oublie de poursuivre quelqu'un qui aurait pu donner des indications ?
- "Sur des investigations qui ont lieu en Allemagne même."
Pensez-vous que des traces de fâcherie entre Paris et Berlin vont rester ?
- "Sur cette affaire ? "
Oui.
- "Non. Il me semble, si A. Sirven rentre, que l'Allemagne sera irréprochable dans cette affaire à l'égard de la France."
L'auriez-vous défendu ou le défendriez-vous, vous qui êtes avocat ?
- " C'est une belle affaire, mais ..."
Pour le principe ...
- "Sur le principe, c'est une belle affaire et tout le monde a le droit d'être défendu. Mais je suis assez peu favorable à mélanger la politique à ce genre d'affaire."
Mais défendriez-vous des RPR, s'il y en avait qui étaient dénoncés ou désignés par A. Sirven ?
- "Je n'en suis pas convaincu. Il faudrait voir. Il ne faut pas non plus refuser son assistance. Mais je ne me sens pas d'ambition dans ce domaine."
Je note au passage que vous ne m'avez pas dit qu'il n'y aura pas de RPR ...
- "Mais je n'en sais rien, évidemment ! Il y a, paraît-il, des centaines de gens compromis. C'est ce que vos confrères journalistes disent !"
0ui, mais parce qu'ils sont partis d'une phrase de Sirven, selon laquelle il pouvait ou pourrait mettre en péril la Vème République. Cela vous semble possible ?
- "Je crois, à ce qu'on lit dans les journaux, que beaucoup de gens peuvent avoir été corrompus."
Une dernière remarque : que risque-t-il ? Il va rentrer, une cellule qui est prête pour lui à la Santé.
- "S'il a accepté de rentrer alors qu'il aurait pu faire de la procédure pour rester beaucoup plus longtemps en Allemagne, c'est qu'il n'est pas si inquiet que cela. Ce qu'il risque, c'est quelques mois de prison, quelques explications sommaires et sans doute très réticentes. Et finalement une grande frustration pour tous ceux qui ont soif de vérité, comme nous."
C'est-à-dire qu'il viendra dans six mois, un an à son procès, les mains dans les poches, libre ?
- "Le procès, s'il vient dans six mois, c'est beau."
C'est-à-dire ?
- "Cela peut durer beaucoup plus longtemps. La justice, dans notre pays, et surtout dans les affaires financières, est extrêmement lente, et son module habituel c'est une dizaine d'années."
C. Delay, tout à l'heure, rappelait que selon les derniers sondages du Parisien-CSA, "Paris, c'est à gauche toute !." Est-ce que cela veut dire que maintenant, on connaît "l'effet Séguin" ? C'est un effet débâcle...
- "Je pense qu'il n'y a pas que "l'effet Séguin." D'abord, celui qui nous fait perdre Paris, c'est quand même J. Tiberi. Si J. Tiberi ne voulait pas faire perdre son camp comme il l'avait promis, il devrait se retirer. Mais son maintien est évidemment catastrophique."
R. Barre trouve "que vous êtes tous trop injustes" avec Tiberi. Il dit : "Je ne vois pas en quoi J. Tiberi est plus condamnable que son prédécesseur."
- "Monsieur Barre est mal placé pour donner des leçons car à Lyon, il nous laisse aussi une situation politique très difficile. Et heureusement - je l'en félicite - H. Chabert vient de se retirer parce que cela simplifie un peu les données du problème."
Et si monsieur Séguin prenait dès le 11 mars, pour le deuxième tour, la tête de la liste fusionnée dans le 18ème ? Qu'est-ce que cela changerait, puisque maintenant il est perdant ?
- "C'était tout de même très courageux de la part de la part de Séguin d'aller dans le 18ème, qui est sans doute l'arrondissement le plus difficile de Paris. Seulement, cela s'est présenté de manière tellement compliquée que son courage n'est pas paru aussi évident qu'il l'est. Alors, il faut peut-être rendre ce courage explicite."
Vous le dites à l'imparfait, c'est "feu Séguin", Dieu ait son âme, enfin, son âme politique, momentanément ?!
- "Non, il est en train de combattre, le combat est très difficile. C'est très possible que nous ayons perdu Paris. Naturellement, ce n'est pas une raison pour renoncer et P. Séguin ne renonce pas, j'apprécie cela."
Il se bat avec la perspective de la défaite, mais il se bat ? Noblesse oblige !
- "C'est plutôt honorable."
Aujourd'hui, on constate - Le Figaro le notait - que tous les ténors de l'opposition défilent pour soutenir à tour de rôle Séguin. Est-ce que cela veut dire qu'il est à ce point condamné et plombé ?
- "Cela veut dire que la situation à Paris est très difficile. Donc, nous devons tous nous y mettre pour essayer d'aider celui qui mène le combat. Et ce qu'on pourrait faire de mieux, c'est effectivement d'obtenir le retrait de J. Tiberi, cela simplifierait."
Oui, mais il ne veut pas...
- "Eh bien, c'est lui qui nous fait perdre."
Comme la presse le remarque, dans son contrat-programme pour Paris, B. Delanoë joue l'ouverture, il promet la transparence et annonce un audit public des comptes de Paris-RPR.
- "C'est de la gesticulation, parce qu'il ne trouvera pas grand chose..."
Voulez-vous dire que c'est trop tard ?
- "Non, je veux dire que la justice s'est penchée très activement, avant lui, sur les comptes de Paris, et s'il y a avait des choses à découvrir, elle les a déjà découvertes. Or, elle n'a semble-t-il pas découvert grand chose."
Vous laissez entendre qu'il y a des choses déjà parties en fumée ?
- "Non, je laisse entendre que la justice est déjà passée avant monsieur Delanoë, et que s'il y avait quelque chose à trouver, cela serait déjà fait."
Il publierait cet audit en 2001, début 2002, au goutte-à-goutte, comme le supplice chinois...
- "Je vais lui rappeler une chose : nous avons voulu faire l'audit du gouvernement Bérégovoy. Cela ne nous a pas porté chance, qu'il s'en souvienne."
Est-ce que P. Séguin n'a pas eu tort de dire sans arrêt "la rupture", "l'alternance, c'est moi" ? "Chiche, dit B. Delanoë, l'alternance, c'est nous."
- "Il a eu raison, quels que soient les résultats, de dire que c'était la rupture, parce qu'il a semé pour l'avenir. Parce que de toute façon, même si la gauche gagnait à Paris, le combat continuera et nous reprendrons Paris un jour."
Paris 2002, pour vous, c'est fini ? Rendez-vous en 2008 ?
- "D'abord, ce n'est pas 2002, c'est 2001 !"
En 2007, alors !
- "Ensuite, nous allons jusqu'au bout, et si par malheur nous ne gagnons pas, nous ferons tout pour reprendre Paris."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 6 février 2001)
- "Je crois qu'il y en a au moins autant à gauche. D'ailleurs, la gauche, ces 20 dernières années, a gouverné beaucoup plus que la droite. Donc, elle est certainement beaucoup plus compromise."
Mais la droite avait créé des habitudes avec Elf... ?
- "Pas à ce point-là. Je crois que le délire que nous avons atteint dans la corruption c'est quand même le sommet de la gauche."
Elf, c'est une longue affaire qui entraîne et salit beaucoup de monde. Qu'est-ce qu'était Elf, pour vous ?
- "Il me semble que Elf ait été un instrument de l'Etat depuis longtemps, et qu'il ait servi aux Services secrets français dans un certain nombre d'opérations financières. De là, peut-être, c'est devenu aussi un instrument de corruption intérieure."
"Intérieure" ? Qu' "intérieure" ?
- "Oui. C'est ce que disent quelques témoins jusqu'à maintenant."
Pouvez-vous assurer que depuis le départ de L. Le Floch-Prigent, Elf puis TotalFinaElf, en ont fini avec les commissions et les récompenses
occultes ?
- "Je ne peux rien assurer, ce n'est pas à moi d'assurer cela. Mais c'est une entreprise qui normalement devrait être contrôlée sérieusement par l'Etat. Et les pratiques anciennes devraient avoir cessé, on peut l'espérer."
Vous voulez dire que c'est un instrument de l'Etat depuis toujours ?
- "Je crois depuis sa fondation. On a eu au cours de l'actualité l'occasion de le voir. C'est une entreprise qui a servi les intérêts français, y compris la raison d'Etat."
Et les intérêts de quelques uns au passage ?
- "Oui."
Ou de quelques partis peut-être ?
- "Et avec sans doute des retombées. On le découvre aujourd'hui."
Sirven devrait se mettre à table et parler. C'est peut-être bon pour la vérité et pas bon pour tous. Mais va-t-il vraiment se mettre à table, à votre avis ?
- "Je n'en suis pas certain et ce n'est peut-être pas son intérêt non plus car s'il a l'air de recouvrir tellement de turpitudes... Je suis étonné qu'il soit rentré volontairement, puisqu'à Francfort il a accepté son extradition malgré tous les cafouillages. Car d'une certaine manière, il semble rentrer malgré le Gouvernement. C'est la justice qui l'a retrouvé ; les journalistes l'avaient d'ailleurs retrouvé avant la justice, avant la police. Ce n'était pas impossible de le retrouver. A Francfort, on a le sentiment d'un immense cafouillage."
Donc, il est sympa monsieur Sirven ?
- "Non, il n'est pas très sympathique, au contraire. Mais il a le droit à la justice et à la présomption d'innocence comme tout le monde."
C'est-à-dire que vous ne voulez pas qu'il soit traité comme du gibier, qu'on le menotte tout de suite, au yeux de tout le monde ? Je crois qu'il y a une nouvelle loi ?
- "Oui, on les cache, c'est une loi hypocrite : on peut mettre les menottes mais il faut les cacher... Il parait que madame Guigou ne voulait pas les voir."
Mais cela défend les présumés innocents - ou les présumés coupables !?
- "Personne ne prend monsieur Sirven pour un présumé innocent, même si juridiquement c'est une fiction qui existe."
D'après ce que vous savez et entendez, qu'est-ce qui peut lui être reproché ?
- "D'avoir acheté beaucoup de gens, d'avoir été l'instrument de corruption à l'égard de beaucoup de gens. Mais peut-être a-t-il aussi agi dans le cadre de l'Etat et par exemple, dans le procès Dumas, il peut apporter la compétence de la Cour de justice. Finalement, le témoignage de monsieur Sirven ou ses dépositions peuvent être éminemment subversives et faire sauter tous les procès en cours pour les conduire vers la Cour de justice de la République."
Vous voulez dire que ce qu'on appelait "le procès Dumas" pourrait devenir le procès Elf-Thomson - avec les frégates - et par conséquent envoyer le ministre des Affaires étrangères de l'époque devant la Cour de justice ?
- "C'est en tout cas un risque important."
C'est "un risque", un souhait ou une possibilité ?
- "Non, c'est un risque parce que cela ne peut que ralentir le processus judiciaire. Or finalement, tout le monde a envie de savoir la vérité. Cette affaire dure déjà depuis très longtemps, et à mon avis elle risque de durer encore très longtemps. Et l'arrivée de monsieur Sirven, dont on a le sentiment qu'elle pourrait simplifier les choses et conduire à la vérité, peut peut-être conduire à tout le contraire."
Vous n'avez pas le sentiment que le Gouvernement Jospin a cherché à entraver la justice ? Vous ne pouvez pas dire ça ?
- "Non, je ne dis pas ça. Je dis simplement que manifestement le Gouvernement a été dépassé par les événements et que si dans le fond, monsieur Sirven avait pu rester un peu plus longtemps à Francfort, avant de venir s'expliquer à Paris, cela ne lui aurait pas fait de peine."
Mais vous avez vu que le choix d'A. Sirven était de refuser de parler aux Allemands. Et il est vrai que les Allemands n'ont pas lancé de mandat d'arrêt international contre lui, que ...
- "Oui, c'est étrange ..."
... qu'en dehors de quelques-uns, ils n'ont pas tenu à l'avoir ...
- "C'est étrange puisqu'il y a cette affaire Leuna, où Elf aurait versé des commissions extrêmement importantes pour corrompre des hommes politiques allemands, et la justice allemande n'éprouverait pas le besoin aujourd'hui de demander des comptes à A. Sirven alors qu'elle l'a sous la main ? C'est étrange."
Vous voulez dire que l'Allemagne qui nous envoie le message : "le droit, tout le droit, rien que le droit", oublie de poursuivre quelqu'un qui aurait pu donner des indications ?
- "Sur des investigations qui ont lieu en Allemagne même."
Pensez-vous que des traces de fâcherie entre Paris et Berlin vont rester ?
- "Sur cette affaire ? "
Oui.
- "Non. Il me semble, si A. Sirven rentre, que l'Allemagne sera irréprochable dans cette affaire à l'égard de la France."
L'auriez-vous défendu ou le défendriez-vous, vous qui êtes avocat ?
- " C'est une belle affaire, mais ..."
Pour le principe ...
- "Sur le principe, c'est une belle affaire et tout le monde a le droit d'être défendu. Mais je suis assez peu favorable à mélanger la politique à ce genre d'affaire."
Mais défendriez-vous des RPR, s'il y en avait qui étaient dénoncés ou désignés par A. Sirven ?
- "Je n'en suis pas convaincu. Il faudrait voir. Il ne faut pas non plus refuser son assistance. Mais je ne me sens pas d'ambition dans ce domaine."
Je note au passage que vous ne m'avez pas dit qu'il n'y aura pas de RPR ...
- "Mais je n'en sais rien, évidemment ! Il y a, paraît-il, des centaines de gens compromis. C'est ce que vos confrères journalistes disent !"
0ui, mais parce qu'ils sont partis d'une phrase de Sirven, selon laquelle il pouvait ou pourrait mettre en péril la Vème République. Cela vous semble possible ?
- "Je crois, à ce qu'on lit dans les journaux, que beaucoup de gens peuvent avoir été corrompus."
Une dernière remarque : que risque-t-il ? Il va rentrer, une cellule qui est prête pour lui à la Santé.
- "S'il a accepté de rentrer alors qu'il aurait pu faire de la procédure pour rester beaucoup plus longtemps en Allemagne, c'est qu'il n'est pas si inquiet que cela. Ce qu'il risque, c'est quelques mois de prison, quelques explications sommaires et sans doute très réticentes. Et finalement une grande frustration pour tous ceux qui ont soif de vérité, comme nous."
C'est-à-dire qu'il viendra dans six mois, un an à son procès, les mains dans les poches, libre ?
- "Le procès, s'il vient dans six mois, c'est beau."
C'est-à-dire ?
- "Cela peut durer beaucoup plus longtemps. La justice, dans notre pays, et surtout dans les affaires financières, est extrêmement lente, et son module habituel c'est une dizaine d'années."
C. Delay, tout à l'heure, rappelait que selon les derniers sondages du Parisien-CSA, "Paris, c'est à gauche toute !." Est-ce que cela veut dire que maintenant, on connaît "l'effet Séguin" ? C'est un effet débâcle...
- "Je pense qu'il n'y a pas que "l'effet Séguin." D'abord, celui qui nous fait perdre Paris, c'est quand même J. Tiberi. Si J. Tiberi ne voulait pas faire perdre son camp comme il l'avait promis, il devrait se retirer. Mais son maintien est évidemment catastrophique."
R. Barre trouve "que vous êtes tous trop injustes" avec Tiberi. Il dit : "Je ne vois pas en quoi J. Tiberi est plus condamnable que son prédécesseur."
- "Monsieur Barre est mal placé pour donner des leçons car à Lyon, il nous laisse aussi une situation politique très difficile. Et heureusement - je l'en félicite - H. Chabert vient de se retirer parce que cela simplifie un peu les données du problème."
Et si monsieur Séguin prenait dès le 11 mars, pour le deuxième tour, la tête de la liste fusionnée dans le 18ème ? Qu'est-ce que cela changerait, puisque maintenant il est perdant ?
- "C'était tout de même très courageux de la part de la part de Séguin d'aller dans le 18ème, qui est sans doute l'arrondissement le plus difficile de Paris. Seulement, cela s'est présenté de manière tellement compliquée que son courage n'est pas paru aussi évident qu'il l'est. Alors, il faut peut-être rendre ce courage explicite."
Vous le dites à l'imparfait, c'est "feu Séguin", Dieu ait son âme, enfin, son âme politique, momentanément ?!
- "Non, il est en train de combattre, le combat est très difficile. C'est très possible que nous ayons perdu Paris. Naturellement, ce n'est pas une raison pour renoncer et P. Séguin ne renonce pas, j'apprécie cela."
Il se bat avec la perspective de la défaite, mais il se bat ? Noblesse oblige !
- "C'est plutôt honorable."
Aujourd'hui, on constate - Le Figaro le notait - que tous les ténors de l'opposition défilent pour soutenir à tour de rôle Séguin. Est-ce que cela veut dire qu'il est à ce point condamné et plombé ?
- "Cela veut dire que la situation à Paris est très difficile. Donc, nous devons tous nous y mettre pour essayer d'aider celui qui mène le combat. Et ce qu'on pourrait faire de mieux, c'est effectivement d'obtenir le retrait de J. Tiberi, cela simplifierait."
Oui, mais il ne veut pas...
- "Eh bien, c'est lui qui nous fait perdre."
Comme la presse le remarque, dans son contrat-programme pour Paris, B. Delanoë joue l'ouverture, il promet la transparence et annonce un audit public des comptes de Paris-RPR.
- "C'est de la gesticulation, parce qu'il ne trouvera pas grand chose..."
Voulez-vous dire que c'est trop tard ?
- "Non, je veux dire que la justice s'est penchée très activement, avant lui, sur les comptes de Paris, et s'il y a avait des choses à découvrir, elle les a déjà découvertes. Or, elle n'a semble-t-il pas découvert grand chose."
Vous laissez entendre qu'il y a des choses déjà parties en fumée ?
- "Non, je laisse entendre que la justice est déjà passée avant monsieur Delanoë, et que s'il y avait quelque chose à trouver, cela serait déjà fait."
Il publierait cet audit en 2001, début 2002, au goutte-à-goutte, comme le supplice chinois...
- "Je vais lui rappeler une chose : nous avons voulu faire l'audit du gouvernement Bérégovoy. Cela ne nous a pas porté chance, qu'il s'en souvienne."
Est-ce que P. Séguin n'a pas eu tort de dire sans arrêt "la rupture", "l'alternance, c'est moi" ? "Chiche, dit B. Delanoë, l'alternance, c'est nous."
- "Il a eu raison, quels que soient les résultats, de dire que c'était la rupture, parce qu'il a semé pour l'avenir. Parce que de toute façon, même si la gauche gagnait à Paris, le combat continuera et nous reprendrons Paris un jour."
Paris 2002, pour vous, c'est fini ? Rendez-vous en 2008 ?
- "D'abord, ce n'est pas 2002, c'est 2001 !"
En 2007, alors !
- "Ensuite, nous allons jusqu'au bout, et si par malheur nous ne gagnons pas, nous ferons tout pour reprendre Paris."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 6 février 2001)