Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- F. Hollande, bonjour. Vous avez écouté [le journal], je vais commencer par l'Espagne. Qu'est-ce que vous avez pensé du succès de Zapatero en Espagne ?
R.- Il est plus fort qu'il n'était annoncé. Il marque, je pense, le succès d'une équipe socialiste qui a su allier modernité et fidélité à ses valeurs. Je pense que c'est toujours un exemple à avoir à l'esprit, parce que c'est la deuxième fois qu'ils obtiennent le succès, coup sur coup. Il y a quatre ans, on disait que c'est à cause de circonstances exceptionnelles ; il y avait eu une vague d'attentats d'Al Qaïda, niés d'ailleurs par Aznar, et cela avait été pour beaucoup dans le succès de Zapatero. Et là, maintenant, c'est sur son bilan. Je pense que c'est une bonne nouvelle pour le mouvement socialiste en Europe et une bonne nouvelle aussi pour l'Europe, parce que Zapatero, c'est vrai, est un Européen.
Q.- Alors, félicitations pour votre double succès à la mairie de Tulle et à la présidence du Conseil général de Corrèze, pour la première fois depuis vingt-trois ans. Donc, les Français, quand il s'agit de l'Elysée ou même de leur maire, restent politiquement intéressés et concernés. Parce qu'ils ont voté hier.
R.- Oui je pense que c'est d'ailleurs un bon résultat pour la démocratie locale, on ne l'a forcément souligné, et le fait que beaucoup de nos concitoyens se soient mobilisés pour ces élections cantonales et municipales, tout cela va donner plus de légitimité encore au pouvoir territorial et je pense que les maires qui seront élus, les présidents de Conseil général qui sortiront de ce scrutin, dont on parle peu, qui est le scrutin des cantonales, pourront être légitimes pour faire entendre leurs voix.
Q.- Tout à l'heure, A. Juppé disait : il faut que l'exécutif, il faut que Paris entende, l'Etat entende davantage les villes où il se passe tellement de choses, les villes qui ont tant de responsabilités !
R.- Oui, d'abord il faut que l'Etat entende les citoyens, parce que quand ils s'expriment dans des élections - là il y en a deux, le même jour, élections municipales et cantonales - ils disent quelque chose, ils envoient un message, un message dont on aura connaissance de l'ampleur et de la force au second tour. Mais il faut d'abord que l'Etat entende, et N. Sarkozy en particulier, ce qui revient des profondeurs de notre peuple, à l'occasion de ces élections et, deuxièmement, il faut qu'effectivement les territoires, - je ne parle pas simplement des villes - villes, départements, régions, puissent avoir un rapport simple avec l'Etat, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et peut-être qu'A. Juppé le constate, renforce encore mon propos. Il y a une nécessité à contractualiser, c'est-à-dire à ne pas laisser les villes et les territoires sans perspectives, sans vision, sans clarté de leur financement et même de leurs compétences. Pour l'instant, N. Sarkozy ne s'est du tout intéressé aux territoires, c'est un impensé - Dieu sait si pourtant il s'exprime beaucoup en ce moment...
Q.- Mais ne cela, il ressemble à beaucoup de gens qui ne s'y intéressaient pas, avec...
R.- Non. Ce n'est pas vrai.
Q.-...A tort d'ailleurs.
R.- Oui, à tort. Ce n'est pas vrai d'ailleurs, parce que F. Mitterrand avait fait les grandes lois de décentralisation ; J. Chirac était un élu - je suis bien placé pour le savoir - à la fois de Paris et de la province, en l'occurrence la Corrèze, et donc, il savait ce qu'étaient les territoires, et là, depuis dix mois, je pense que N. Sarkozy n'a pas compris quel était l'enjeu de cette France qui bouge, qui évolue, qui change et qui prend en main les pouvoirs qui lui sont confiés, à travers les élections locales.
Q.- Hier, dès votre premier commentaire vers 20 heures 03 - et d'ailleurs, ce qui était intéressant, c'est que voir que vous êtes intervenu très vite, presque le premier des dirigeants socialistes, parce qu'il y avait une sorte de compétition - hier soir, vous avez appelé à la modestie, à la prudence. Et aujourd'hui, vous dites : il faut passer de l'avertissement à la sanction. Qu'est-ce qui s'est passé dans la nuit ?
R.- Ah non, mais il s'est passé que nous sommes dans un premier tour. Au soir d'un premier tour, rien n'est finalement acquis. Certes, il y a des villes dont le sort est connu, il y a des victoires dès le premier tour, mais nous connaîtrons le résultat des élections municipales et cantonales non pas aujourd'hui, ni même demain, mais nous les connaîtrons, ces résultats, au soir du second tour. Et donc c'est au second tours que nous saurons s'il y a une sanction, au-delà même des choix que feront les Français, département par département. Donc, moi je ne veux pas annoncer un résultat, je veux le construire...
Q.- Et donc, là, il y a toute cette semaine pour le construire, et en même temps la stratégie et les alliances, F. Hollande. Hier, S. Royal disait à la télévision qu'elle recommandait des alliances partout avec le parti de F. Bayrou, le MoDem, et vous, vous dites que le PS, ce matin, n'est pas dans une stratégie d'alliance avec le MoDem. Estce qu'il n'y a pas d'abord une contradiction, mais peu importe la contradiction, pourquoi cette différence ?
R.- Il n'y a pas de contradiction. On peut souhaiter que les électeurs du MoDem nous rejoignent pour le second tour...
Q.- Sans faire d'alliance ?
R.- Nous pouvons appeler les candidats du MoDem à nous rejoindre sur la base de notre projet, de nos alliances, et de notre rapport d'opposition claire à N. Sarkozy et à sa politique. Mais vous voyez bien qu'il n'est pas possible d'avoir une alliance nationale avec le MoDem puisqu'il n'a pas de stratégie nationale. F. Bayrou...
Q.- Mais vous ne demandez pas ce matin par exemple, à F. Bayrou, de discuter ou de commencer, je ne dis pas de négocier mais commencer à discuter avec vous, le Parti socialiste ?
R.- J'entendais tout à l'heure A. Juppé dire qu'il était disponible pour aller soutenir F. Bayrou contre la candidate socialiste, qui, j'espère, va gagner à Pau. Vous voyez donc qu'il n'est pas envisageable pour F. Bayrou dans sa stratégie, qui est d'en avoir aucune, c'est-à-dire de prendre ici et de laisser faire ailleurs, et je pense que le Parti socialiste, lui qui a une stratégie de large rassemblement sur des bases claires - projets, alliances, clarté dans l'opposition à N. Sarkozy - lui doit s'adresser et aux électeurs et même aux candidats du MoDem qui partagent nos valeurs et nos projets.
Q.- C'est une manière de dissuader B. Delanoë de passer un accord avec le MoDem à Paris, et d'autre part, vous condamnez d'une certaine façon, F. Rebsamen à Dijon ?
R.- Pas du tout.
Q.- Parce qu'il a déjà fait accord avec le MoDem.
R.- Mais justement. Il a bien donné ce qu'il fallait faire. Quand, au premier tour - mais cela peut être vrai au second tour - des hommes ou des femmes venant du MoDem ou d'ailleurs, disent : nous voulons travailler avec vous, nous voulons construire avec vous un projet, nous sommes clairement dans l'opposition, et nous voulons aussi des alliances que vous avez construites avec d'autres, et notamment la gauche, pourquoi irions-nous les récuser ? Par rapport maintenant à Paris, moi je laisse B. Delanoë faire, mais je crois qu'il a dit que ses alliés naturels, c'était d'abord les Verts, et que si d'autres partenaires voulaient se joindre à lui, cela ne pourrait être que sur ses conditions : un projet partagé, des alliances respectées et une clarté dans l'opposition à N. Sarkozy. Dois-je le répéter...
Q.- Non, non. F. Hollande nous avons à peu près une minute, une minute trente pour terminer, parce que nous allons entendre tout à l'heure, tous ensemble N. Cantelou. Comment allez-vous faire votre campagne de l'entre-deux tours ? Et quand vous entendez J.-F. Copé, ce matin, X. Bertrand ici, agiter la menace que si la gauche passait, elle ferait exploser les impôts locaux, comment y répondrez-vous ?
R.- J'ai entendu cet argument. La droite quand elle est aux responsabilités locales et même nationales augmente les impôts. Et jamais le niveau des prélèvements obligatoires de notre pays n'a été aussi élevé. Donc, la droite est particulièrement mal placée pour faire reproche à ses concurrents, en l'occurrence la gauche, d'augmenter le niveau des impôts et des prélèvements.
Q.- Vous dites "on fera comme eux" ! Vous ferez comme eux !
R.- Non, je dis d'abord que eux ont augmenté les prélèvements, que ce soit d'ailleurs au niveau des collectivités qu'ils ont en charge qu'au niveau de l'Etat. Regardez la masse des prélèvements que l'Etat et la Sécurité sociale ont depuis cinq ans et neuf mois augmenter ou créer. Et deuxièmement, je prends l'engagement, et je vous le dis, je prends l'engagement au nom du Parti socialiste que nous, parce que nous sommes soucieux du pouvoir d'achat, nous n'augmenterons pas les prélèvements là où nous sommes en responsabilité et nous. Et même si - c'est vrai c'est douloureux, difficile - même si l'Etat se défausse sur les collectivités en terme de compétences.
Q.- F. Hollande, est-ce qu'il n'est pas facile pour vous de prendre cet engagement, puisque dans quelques mois, vous ne serez plus à la tête du Parti socialiste ?
R.- Je le prends cet engagement au nom des socialistes. Je le prends pour ma propre ville. Je n'ai pas augmenté les impôts depuis sept ans.
Q.- Donc pour votre ville, pour la Corrèze...
R.- Je le prends au niveau des conseils généraux que nous allons maintenant animer. Il y en aura plus de 50 %, je l'espère. Mais c'est un engagement que nous n'avons pas besoin de proclamer, parce que depuis plusieurs années dans nos villes et dans nos départements, nous modérons la pression fiscale. Il y a des régions... et les régions ont été obligées d'augmenter d'ailleurs faiblement en euro par habitant les traitements, parce que l'Etat les a privé.
Q.- On voit bien que ce thème va être un thème de la campagne. Mais ...
R.- Je l'assume parfaitement. C'est l'Etat, c'est N. Sarkozy qui aujourd'hui augmente les prélèvements. Les Français peuvent suffisamment le vivre : franchise médicale, saisie sur les retraites, bientôt CRDS. Et je n'oublie pas ce qui va se produire pour le financement des comptes publics avec les hausses de prélèvements qui sont attendues au lendemain des élections municipales, pour dire franchement à la droite : vous voulez être sur le sujet des prélèvements, on y sera. Avec le plan de rigueur dont je parle, c'est un plan de prélèvement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 mars 2008
R.- Il est plus fort qu'il n'était annoncé. Il marque, je pense, le succès d'une équipe socialiste qui a su allier modernité et fidélité à ses valeurs. Je pense que c'est toujours un exemple à avoir à l'esprit, parce que c'est la deuxième fois qu'ils obtiennent le succès, coup sur coup. Il y a quatre ans, on disait que c'est à cause de circonstances exceptionnelles ; il y avait eu une vague d'attentats d'Al Qaïda, niés d'ailleurs par Aznar, et cela avait été pour beaucoup dans le succès de Zapatero. Et là, maintenant, c'est sur son bilan. Je pense que c'est une bonne nouvelle pour le mouvement socialiste en Europe et une bonne nouvelle aussi pour l'Europe, parce que Zapatero, c'est vrai, est un Européen.
Q.- Alors, félicitations pour votre double succès à la mairie de Tulle et à la présidence du Conseil général de Corrèze, pour la première fois depuis vingt-trois ans. Donc, les Français, quand il s'agit de l'Elysée ou même de leur maire, restent politiquement intéressés et concernés. Parce qu'ils ont voté hier.
R.- Oui je pense que c'est d'ailleurs un bon résultat pour la démocratie locale, on ne l'a forcément souligné, et le fait que beaucoup de nos concitoyens se soient mobilisés pour ces élections cantonales et municipales, tout cela va donner plus de légitimité encore au pouvoir territorial et je pense que les maires qui seront élus, les présidents de Conseil général qui sortiront de ce scrutin, dont on parle peu, qui est le scrutin des cantonales, pourront être légitimes pour faire entendre leurs voix.
Q.- Tout à l'heure, A. Juppé disait : il faut que l'exécutif, il faut que Paris entende, l'Etat entende davantage les villes où il se passe tellement de choses, les villes qui ont tant de responsabilités !
R.- Oui, d'abord il faut que l'Etat entende les citoyens, parce que quand ils s'expriment dans des élections - là il y en a deux, le même jour, élections municipales et cantonales - ils disent quelque chose, ils envoient un message, un message dont on aura connaissance de l'ampleur et de la force au second tour. Mais il faut d'abord que l'Etat entende, et N. Sarkozy en particulier, ce qui revient des profondeurs de notre peuple, à l'occasion de ces élections et, deuxièmement, il faut qu'effectivement les territoires, - je ne parle pas simplement des villes - villes, départements, régions, puissent avoir un rapport simple avec l'Etat, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et peut-être qu'A. Juppé le constate, renforce encore mon propos. Il y a une nécessité à contractualiser, c'est-à-dire à ne pas laisser les villes et les territoires sans perspectives, sans vision, sans clarté de leur financement et même de leurs compétences. Pour l'instant, N. Sarkozy ne s'est du tout intéressé aux territoires, c'est un impensé - Dieu sait si pourtant il s'exprime beaucoup en ce moment...
Q.- Mais ne cela, il ressemble à beaucoup de gens qui ne s'y intéressaient pas, avec...
R.- Non. Ce n'est pas vrai.
Q.-...A tort d'ailleurs.
R.- Oui, à tort. Ce n'est pas vrai d'ailleurs, parce que F. Mitterrand avait fait les grandes lois de décentralisation ; J. Chirac était un élu - je suis bien placé pour le savoir - à la fois de Paris et de la province, en l'occurrence la Corrèze, et donc, il savait ce qu'étaient les territoires, et là, depuis dix mois, je pense que N. Sarkozy n'a pas compris quel était l'enjeu de cette France qui bouge, qui évolue, qui change et qui prend en main les pouvoirs qui lui sont confiés, à travers les élections locales.
Q.- Hier, dès votre premier commentaire vers 20 heures 03 - et d'ailleurs, ce qui était intéressant, c'est que voir que vous êtes intervenu très vite, presque le premier des dirigeants socialistes, parce qu'il y avait une sorte de compétition - hier soir, vous avez appelé à la modestie, à la prudence. Et aujourd'hui, vous dites : il faut passer de l'avertissement à la sanction. Qu'est-ce qui s'est passé dans la nuit ?
R.- Ah non, mais il s'est passé que nous sommes dans un premier tour. Au soir d'un premier tour, rien n'est finalement acquis. Certes, il y a des villes dont le sort est connu, il y a des victoires dès le premier tour, mais nous connaîtrons le résultat des élections municipales et cantonales non pas aujourd'hui, ni même demain, mais nous les connaîtrons, ces résultats, au soir du second tour. Et donc c'est au second tours que nous saurons s'il y a une sanction, au-delà même des choix que feront les Français, département par département. Donc, moi je ne veux pas annoncer un résultat, je veux le construire...
Q.- Et donc, là, il y a toute cette semaine pour le construire, et en même temps la stratégie et les alliances, F. Hollande. Hier, S. Royal disait à la télévision qu'elle recommandait des alliances partout avec le parti de F. Bayrou, le MoDem, et vous, vous dites que le PS, ce matin, n'est pas dans une stratégie d'alliance avec le MoDem. Estce qu'il n'y a pas d'abord une contradiction, mais peu importe la contradiction, pourquoi cette différence ?
R.- Il n'y a pas de contradiction. On peut souhaiter que les électeurs du MoDem nous rejoignent pour le second tour...
Q.- Sans faire d'alliance ?
R.- Nous pouvons appeler les candidats du MoDem à nous rejoindre sur la base de notre projet, de nos alliances, et de notre rapport d'opposition claire à N. Sarkozy et à sa politique. Mais vous voyez bien qu'il n'est pas possible d'avoir une alliance nationale avec le MoDem puisqu'il n'a pas de stratégie nationale. F. Bayrou...
Q.- Mais vous ne demandez pas ce matin par exemple, à F. Bayrou, de discuter ou de commencer, je ne dis pas de négocier mais commencer à discuter avec vous, le Parti socialiste ?
R.- J'entendais tout à l'heure A. Juppé dire qu'il était disponible pour aller soutenir F. Bayrou contre la candidate socialiste, qui, j'espère, va gagner à Pau. Vous voyez donc qu'il n'est pas envisageable pour F. Bayrou dans sa stratégie, qui est d'en avoir aucune, c'est-à-dire de prendre ici et de laisser faire ailleurs, et je pense que le Parti socialiste, lui qui a une stratégie de large rassemblement sur des bases claires - projets, alliances, clarté dans l'opposition à N. Sarkozy - lui doit s'adresser et aux électeurs et même aux candidats du MoDem qui partagent nos valeurs et nos projets.
Q.- C'est une manière de dissuader B. Delanoë de passer un accord avec le MoDem à Paris, et d'autre part, vous condamnez d'une certaine façon, F. Rebsamen à Dijon ?
R.- Pas du tout.
Q.- Parce qu'il a déjà fait accord avec le MoDem.
R.- Mais justement. Il a bien donné ce qu'il fallait faire. Quand, au premier tour - mais cela peut être vrai au second tour - des hommes ou des femmes venant du MoDem ou d'ailleurs, disent : nous voulons travailler avec vous, nous voulons construire avec vous un projet, nous sommes clairement dans l'opposition, et nous voulons aussi des alliances que vous avez construites avec d'autres, et notamment la gauche, pourquoi irions-nous les récuser ? Par rapport maintenant à Paris, moi je laisse B. Delanoë faire, mais je crois qu'il a dit que ses alliés naturels, c'était d'abord les Verts, et que si d'autres partenaires voulaient se joindre à lui, cela ne pourrait être que sur ses conditions : un projet partagé, des alliances respectées et une clarté dans l'opposition à N. Sarkozy. Dois-je le répéter...
Q.- Non, non. F. Hollande nous avons à peu près une minute, une minute trente pour terminer, parce que nous allons entendre tout à l'heure, tous ensemble N. Cantelou. Comment allez-vous faire votre campagne de l'entre-deux tours ? Et quand vous entendez J.-F. Copé, ce matin, X. Bertrand ici, agiter la menace que si la gauche passait, elle ferait exploser les impôts locaux, comment y répondrez-vous ?
R.- J'ai entendu cet argument. La droite quand elle est aux responsabilités locales et même nationales augmente les impôts. Et jamais le niveau des prélèvements obligatoires de notre pays n'a été aussi élevé. Donc, la droite est particulièrement mal placée pour faire reproche à ses concurrents, en l'occurrence la gauche, d'augmenter le niveau des impôts et des prélèvements.
Q.- Vous dites "on fera comme eux" ! Vous ferez comme eux !
R.- Non, je dis d'abord que eux ont augmenté les prélèvements, que ce soit d'ailleurs au niveau des collectivités qu'ils ont en charge qu'au niveau de l'Etat. Regardez la masse des prélèvements que l'Etat et la Sécurité sociale ont depuis cinq ans et neuf mois augmenter ou créer. Et deuxièmement, je prends l'engagement, et je vous le dis, je prends l'engagement au nom du Parti socialiste que nous, parce que nous sommes soucieux du pouvoir d'achat, nous n'augmenterons pas les prélèvements là où nous sommes en responsabilité et nous. Et même si - c'est vrai c'est douloureux, difficile - même si l'Etat se défausse sur les collectivités en terme de compétences.
Q.- F. Hollande, est-ce qu'il n'est pas facile pour vous de prendre cet engagement, puisque dans quelques mois, vous ne serez plus à la tête du Parti socialiste ?
R.- Je le prends cet engagement au nom des socialistes. Je le prends pour ma propre ville. Je n'ai pas augmenté les impôts depuis sept ans.
Q.- Donc pour votre ville, pour la Corrèze...
R.- Je le prends au niveau des conseils généraux que nous allons maintenant animer. Il y en aura plus de 50 %, je l'espère. Mais c'est un engagement que nous n'avons pas besoin de proclamer, parce que depuis plusieurs années dans nos villes et dans nos départements, nous modérons la pression fiscale. Il y a des régions... et les régions ont été obligées d'augmenter d'ailleurs faiblement en euro par habitant les traitements, parce que l'Etat les a privé.
Q.- On voit bien que ce thème va être un thème de la campagne. Mais ...
R.- Je l'assume parfaitement. C'est l'Etat, c'est N. Sarkozy qui aujourd'hui augmente les prélèvements. Les Français peuvent suffisamment le vivre : franchise médicale, saisie sur les retraites, bientôt CRDS. Et je n'oublie pas ce qui va se produire pour le financement des comptes publics avec les hausses de prélèvements qui sont attendues au lendemain des élections municipales, pour dire franchement à la droite : vous voulez être sur le sujet des prélèvements, on y sera. Avec le plan de rigueur dont je parle, c'est un plan de prélèvement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 mars 2008