Texte intégral
La France est fière d'accueillir les lettres israéliennes à Paris. Je suis personnellement très heureuse de cette nouvelle rencontre entre nos cultures, qui intervient un mois seulement après mon voyage à Jérusalem pour l'inauguration de l'exposition « A qui appartenaient ces tableaux » au musée d'Israël. Un voyage particulièrement riche en émotions, notamment lors de ma visite au Mémorial de Yad Vashem.
Aujourd'hui, je veux remercier le Président Shimon Péres de nous faire l'honneur de sa présence. Je salue en lui un homme de courage qui, depuis les accords d'Oslo où son rôle a été essentiel, et qui furent pour tous un moment historique, n'a jamais cessé son combat pour la paix.
Nombreux sont les écrivains ici présents qui se sont engagés au nom de cet espoir dans le mouvement "La Paix maintenant". Je salue leur détermination à inventer de nouveaux dialogues et à abattre les murs.
Monsieur le Président, vous êtes aussi venu au Salon du Livre en homme de culture : si la plupart de vos livres témoignent de votre engagement politique, votre dernier recueil de poèmes et de pensées, manifeste votre goût de la méditation et de l'idéal, votre attachement à la langue, à l'art et à la beauté. Vous aimez les livres et nous avons pu observer avec quelle curiosité et quel bonheur vous avez parcouru les allées de ce salon et notamment les stands de vos deux éditeurs.
Si vous vous y sentez si bien, c'est parce que ce salon est essentiellement un lieu de liberté, un espace de rencontres et de débats, à l'écart de toute idéologie et de tout sectarisme. Avant toute nationalité, c'est la Littérature que cette manifestation entend honorer chaque année. La littérature, quand elle n'est pas détournée à des fins partisanes, se soucie d'unir et non de diviser, de construire et non de dévaster.
Les lettres israéliennes se sont délivrées des pesanteurs de l'histoire nationale. Porteurs d'un héritage complexe, les écrivains mis à l'honneur dans le cadre de ce Salon incarnent aujourd'hui la maturité d'un pays. Ils observent et analysent sa réalité. Ils se confrontent à tous les désenchantements de la société, à toutes les obsessions contemporaines. Résolument modernes, ils évoquent avec talent les maux de leurs générations, les conflits de leur temps mais aussi leurs visions et leurs espérances, sans jamais oublier l'ombre portée, immense et terrible, de la Shoah. Même au présent, ils demeurent habités par l'héritage millénaire de la langue hébraïque. C'est sans doute grâce à elle qu'ils osent s'aventurer dans les forêts profondes de la fable et de la parabole.
Portés par l'exemple de leurs aînés, Amos Oz, Avraham B.Yehoshua et Aharon Appelfeld, qui sont la gloire de la littérature israélienne, les jeunes auteurs, malgré les douleurs passées et les blessures actuelles, expriment une audace et une vitalité admirables. Ils nous donnent aujourd'hui la preuve que la littérature peut conduire à toutes les fraternités.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 17 mars 2008