Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, J.-M. Ayrault.
R.- Bonjour J.-M. Aphatie.
Q.- Le président de la République s'exprime ce matin dans Le Figaro : "J'entendrai, je tiendrai compte, dit-il de la signification politique du scrutin municipal, mais pour conduire l'action gouvernementale, ajoute-t-il, le meilleur reste F. Fillon". Quel commentaire vous suggère cette confirmation du Premier ministre ce matin ?
R.- Ça ne m'étonne pas du tout puisque F. Fillon et N. Sarkozy font exactement la même politique... c'est la même politique avec les mêmes erreurs, les mêmes insatisfactions des Français que j'entends tous les jours, puisque vous dites que je suis sur le terrain. C'est vrai, j'en vois beaucoup de Nantais et donc de Français, ils ne sont pas contents.
Q.- En même temps, c'est clair ; au moins, avant de voter, les Français, les électeurs, sauront que le Premier ministre restera en place et que la politique menée se poursuivra.
R.- Voilà, c'est ça qui me paraît surréaliste dans cette interview que j'ai lue attentivement. C'est qu'au fond, le Président a raison contre tout le monde, avec son Gouvernement qui ne changera rien quel que soit le vote des Français dimanche. En d'autres termes, vous pouvez vous exprimer dans tous les sens, ça ne me gêne pas, je continuerai. Alors, il appelle ça la réforme, mais enfin quelle réforme ? Quelle réforme pour les Français ?
Q.- Il ne dit pas tout à fait ça. Il dit "J'entendrai, je tiendrai compte de la signification politique du scrutin" mais en gardant la même équipe, parce que, dit-il aussi dans cette interview, "la valse des ministres, c'est une maladie française".
R.- Oui, mais pour moi c'est anecdotique parce qu'on a beaucoup agité ces derniers jours avec ça : qui va rester, qui partir ? Ce n'est pas ça qui intéresse les gens. Ce que je crois, profondément je le pense, c'est que le Président est sourd et c'est pour ça qu'il faut voter fort, et j'espère qu'il finira par entendre, parce qu'il y a quand même au départ, dès le mois de juillet, dès les premiers votes proposés au Parlement, qui ont été votés par la majorité, une erreur de stratégie économique. À la fois une injustice fiscale qui est forte ressentie par les Français ; les promesses sur le pouvoir - il y a quand même des millions de retraités qui vont manifester aujourd'hui, ils ne sont pas les seuls à protester - n'ont pas été tenues. Et puis la croissance qui devait redémarrer après ces premières mesures n'est pas du tout au rendez-vous, au contraire. Alors, il y a une vraie erreur de stratégie économique, et ça, si c'est dans ce sens qu'on continue, je pense qu'on risque d'aller dans le mur.
Q.- En même temps, c'est un jeu de rôle, J.-M. Ayrault. N. Sarkozy ne va appliquer votre politique si tant est que vous en ayez une d'ailleurs...
R.- Je pense, M. Aphatie, c'est que N. Sarkozy accepte qu'au Parlement, lorsque l'on demande des débats, ils aient lieu. Il y a quelques jours, juste avant l'interruption des travaux de l'Assemblée nationale, j'ai écrit à F. Fillon. Je lui ai demandé un débat sur l'état de la France en quelque sorte puisque l'on a vu que les hypothèses de croissance n'allaient pas être respectées, que le budget qui venait d'être voté, on sait déjà qu'il va manquer 20 milliards dans ce budget. J'ai demandé que les Français soient éclairés pour connaître au fond ce qui va se passer après les élections municipales. On nous dit qu'il n'y aura pas de plan de rigueur, mais l'austérité, les Français la vivent déjà : hausse des prix et des loyers, stagnation des salaires et des retraites, les franchises médicales, parce que enfin quand même, les franchises médicales, qui les a inventées ? Ce n'est peut-être pas N. Sarkozy tout seul, c'est aussi F. Fillon, R. Bachelot. Enfin,, moi, tous les jours, je fais le terrain, je ne vais pas que sur les marchés, je rencontre beaucoup de gens, individuellement, chez eux, qui me parlent de tout ça, qui me disent qu'ils ne sont pas contents. Et moi, ce que je crains, c'est que ça ne s'appellera peut-être pas plan de rigueur, mais il va y avoir un serrage de boulons. Tenez, dans les collèges, par exemple, M. Darcos avait promis le soutien scolaire. Eh bien les principaux, les chefs d'établissement étaient réunis dans les Inspections d'Académie. On leur a dit que les crédits qu'on vous avait promis, eh bien ça s'arrête maintenant. Ça n'aura duré qu'un trimestre. Donc, vous allez voir, après les élections, ça va être dur. C'est pour ça qu'il faut que les Français se défendent, qu'ils se protègent, qu'ils ne se laissent pas faire.
Q.- F. Fillon vous accuse d'entretenir un climat de quasi guerre civile, dit-il, pendant la campagne...
R.- J'ai trouvé ça profondément choquant qu'il dise des choses aussi brutales et caricaturales...
Q.- C'est vrai que le débat est dur, quand même...
R.- Ecoutez ! Le débat est dur !
Q.-...et notamment les attaques contre N. Sarkozy, il y a beaucoup.
R.- Moi, je ne fais pas d'attaques personnelles...
Un peu personnelles, non ? Ah ! Vous n'en faites pas, vous.
R.- Non, c'est la politique qui est menée qui ne me paraît pas juste et qui surtout est inefficace. Je pense que quand on tient de tels propos de la part du Premier ministre, ça ressemble à des gens qui perdent un peu la tête, qui perdent la mesure et qui transmettent au pays au fond leur inquiétude, leur angoisse alors que le pays a besoin a besoin de respect, a besoin de confiance. Aujourd'hui, le moral des ménages est très bas, le moral des chefs d'entreprise aussi. Ça veut dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans le pays. L'élection présidentielle, ce n'est pas le résultat que je souhaitais, mais l'élection présidentielle a eu lieu et a soulevé un certain espoir, que les choses allaient redémarrer, que le pays avec les capacités qu'il a eu mais aussi les problèmes qu'il a résoudre, allait repartir de l'avant. Et là, on retombe encore dans cette sinistrose parce que les équilibres entre les efforts qu'il faut demander et aussi les contreparties pour les plus modestes ne sont pas là. Regardez cette grève dans les supermarchés et les hypermarchés, on n'avait pas ça depuis longtemps. Il n'y a rien eu au bout du compte alors que la hausse des prix est considérable et que les grands groupes...
Q.- Alors, ça c'est les chefs d'entreprise qui...
R.- Mais oui, mais oui, mais que fait le Gouvernement pour organiser une conférence nationale sur les salaires ? Voilà une proposition que nous avons faites, nous les socialistes. Et elle a été refusée aussi.
Q.- Il n'y a pas que N. Sarkozy qui parle aujourd'hui. S. Royal a parlé aussi hier à des journalistes en marge du meeting qu'elle a tenu à Toulouse. Elle a dit : moi, je veux être majoritaire lors du prochain congrès du Parti socialiste. Est-ce que vous la soutiendrez dans cette entreprise, J.-M. Ayrault ?
R.- Je vous dis, franchement, moi, je ne suis pas sur ce calendrier-là. Je suis candidat comme beaucoup...
Q.- Mais vous avez un problème d'organisation du Parti socialiste. Il faut en parler aussi...
R.- On le traitera après.
Q.- Après quoi ?
R.- Après les élections municipales.
Q.- S. Royal a tort d'en parler dès maintenant ?
R.- Il s'agit dans ces différents déplacements de soutenir les candidats ou les candidates aux élections municipales, c'est la priorité. Moi je propose un projet ; comme tous les autres...
Q.- Ça j'ai compris, mais elle a tort de parler de l'organisation du congrès du Parti socialiste, S. Royal ?
R.- Si on veut être écouté des Français, il faut d'abord s'occuper de la question qui leur est posée aujourd'hui. Quelles équipes municipales et quel maire voulez-vous pour conduire la politique dans vos villes, dans vos communes...
Q.- Et le reste, il ne faut pas en parler ?
R.-... mais juste après, j'espère bien qu'on tiendra compte du message des Français, et quel que soit le résultat de l'élection municipale, il faut que le Parti socialiste se rénove, soit une force de proposition et apparaisse comme la grande force d'opposition. C'est sa responsabilité.
Q.- Rénover le parti socialiste, est-ce que soutenir G. Frêche et s'afficher avec lui à Montpellier c'est le signe de la modernisation du Parti socialiste, J.-M. Ayrault ?
R.- Pas vraiment. Voilà. Mais ça, ça vaut pour tout le monde...
Q.- Pour tout le monde, c'est-à-dire pour tous ceux qui s'affichent avec G. Frêche, en l'occurrence F. Hollande et S. Royal...
R.- Voilà. Donc si vous voulez, moi je pense qu'il va falloir changer un certain nombre de choses. Mais il y a une chose à laquelle je tiens particulièrement : c'est qu'on arrête les compétitions de personnes. Combien de fois on m'a dit pendant cette campagne municipale...
Q.- Mais combien de fois vous l'avez dit ça ?
R.- Je l'ai dit moi-même...
Q.- Tout le monde le dit, et puis ça continue...
R.- Attendez ! Monsieur Aphatie, il y a un reproche que vous ne pouvez pas me faire. Je suis président du groupe des députés socialistes, il y a de la diversité là. Est-ce que vous m'avez entendu une fois critiquer un autre dirigeant socialiste depuis que j'exerce ces fonctions ? Non, jamais...
Q.- Je n'ai peut-être pas bien écouté...
R.- Je crois qu'il y en a assez de ces querelles de personnes. Les Français ont envie d'avoir une vraie opposition. Les socialistes rassemblant la gauche et l'ensemble des forces républicaines vont le démontrer dans ces élections municipales, mais il faut ensuite qu'après on prépare l'alternance et que les Français en 2012 aient un vrai choix et ça se demande un gros travail sur nous-mêmes, à la fois exemplaire à titre de comportement, capacité d'innovation, être à l'écoute de la société française, et quand on est sur le terrain, je peux vous dire qu'on est capable d'être à l'écoute, il y a beaucoup de choses qui sont dites, et vous savez les socialistes quand ils gèrent les villes, ils sont souvent très innovants, très entreprenants. Au fond ils sont dans leur temps, et je me dis souvent pourquoi on n'utilise pas davantage ces compétences au plan national sous le Parti socialiste ?
Q.- J.-M. Ayrault, vous étiez avec nous depuis Nantes et c'est terminé.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 mars 2008
R.- Bonjour J.-M. Aphatie.
Q.- Le président de la République s'exprime ce matin dans Le Figaro : "J'entendrai, je tiendrai compte, dit-il de la signification politique du scrutin municipal, mais pour conduire l'action gouvernementale, ajoute-t-il, le meilleur reste F. Fillon". Quel commentaire vous suggère cette confirmation du Premier ministre ce matin ?
R.- Ça ne m'étonne pas du tout puisque F. Fillon et N. Sarkozy font exactement la même politique... c'est la même politique avec les mêmes erreurs, les mêmes insatisfactions des Français que j'entends tous les jours, puisque vous dites que je suis sur le terrain. C'est vrai, j'en vois beaucoup de Nantais et donc de Français, ils ne sont pas contents.
Q.- En même temps, c'est clair ; au moins, avant de voter, les Français, les électeurs, sauront que le Premier ministre restera en place et que la politique menée se poursuivra.
R.- Voilà, c'est ça qui me paraît surréaliste dans cette interview que j'ai lue attentivement. C'est qu'au fond, le Président a raison contre tout le monde, avec son Gouvernement qui ne changera rien quel que soit le vote des Français dimanche. En d'autres termes, vous pouvez vous exprimer dans tous les sens, ça ne me gêne pas, je continuerai. Alors, il appelle ça la réforme, mais enfin quelle réforme ? Quelle réforme pour les Français ?
Q.- Il ne dit pas tout à fait ça. Il dit "J'entendrai, je tiendrai compte de la signification politique du scrutin" mais en gardant la même équipe, parce que, dit-il aussi dans cette interview, "la valse des ministres, c'est une maladie française".
R.- Oui, mais pour moi c'est anecdotique parce qu'on a beaucoup agité ces derniers jours avec ça : qui va rester, qui partir ? Ce n'est pas ça qui intéresse les gens. Ce que je crois, profondément je le pense, c'est que le Président est sourd et c'est pour ça qu'il faut voter fort, et j'espère qu'il finira par entendre, parce qu'il y a quand même au départ, dès le mois de juillet, dès les premiers votes proposés au Parlement, qui ont été votés par la majorité, une erreur de stratégie économique. À la fois une injustice fiscale qui est forte ressentie par les Français ; les promesses sur le pouvoir - il y a quand même des millions de retraités qui vont manifester aujourd'hui, ils ne sont pas les seuls à protester - n'ont pas été tenues. Et puis la croissance qui devait redémarrer après ces premières mesures n'est pas du tout au rendez-vous, au contraire. Alors, il y a une vraie erreur de stratégie économique, et ça, si c'est dans ce sens qu'on continue, je pense qu'on risque d'aller dans le mur.
Q.- En même temps, c'est un jeu de rôle, J.-M. Ayrault. N. Sarkozy ne va appliquer votre politique si tant est que vous en ayez une d'ailleurs...
R.- Je pense, M. Aphatie, c'est que N. Sarkozy accepte qu'au Parlement, lorsque l'on demande des débats, ils aient lieu. Il y a quelques jours, juste avant l'interruption des travaux de l'Assemblée nationale, j'ai écrit à F. Fillon. Je lui ai demandé un débat sur l'état de la France en quelque sorte puisque l'on a vu que les hypothèses de croissance n'allaient pas être respectées, que le budget qui venait d'être voté, on sait déjà qu'il va manquer 20 milliards dans ce budget. J'ai demandé que les Français soient éclairés pour connaître au fond ce qui va se passer après les élections municipales. On nous dit qu'il n'y aura pas de plan de rigueur, mais l'austérité, les Français la vivent déjà : hausse des prix et des loyers, stagnation des salaires et des retraites, les franchises médicales, parce que enfin quand même, les franchises médicales, qui les a inventées ? Ce n'est peut-être pas N. Sarkozy tout seul, c'est aussi F. Fillon, R. Bachelot. Enfin,, moi, tous les jours, je fais le terrain, je ne vais pas que sur les marchés, je rencontre beaucoup de gens, individuellement, chez eux, qui me parlent de tout ça, qui me disent qu'ils ne sont pas contents. Et moi, ce que je crains, c'est que ça ne s'appellera peut-être pas plan de rigueur, mais il va y avoir un serrage de boulons. Tenez, dans les collèges, par exemple, M. Darcos avait promis le soutien scolaire. Eh bien les principaux, les chefs d'établissement étaient réunis dans les Inspections d'Académie. On leur a dit que les crédits qu'on vous avait promis, eh bien ça s'arrête maintenant. Ça n'aura duré qu'un trimestre. Donc, vous allez voir, après les élections, ça va être dur. C'est pour ça qu'il faut que les Français se défendent, qu'ils se protègent, qu'ils ne se laissent pas faire.
Q.- F. Fillon vous accuse d'entretenir un climat de quasi guerre civile, dit-il, pendant la campagne...
R.- J'ai trouvé ça profondément choquant qu'il dise des choses aussi brutales et caricaturales...
Q.- C'est vrai que le débat est dur, quand même...
R.- Ecoutez ! Le débat est dur !
Q.-...et notamment les attaques contre N. Sarkozy, il y a beaucoup.
R.- Moi, je ne fais pas d'attaques personnelles...
Un peu personnelles, non ? Ah ! Vous n'en faites pas, vous.
R.- Non, c'est la politique qui est menée qui ne me paraît pas juste et qui surtout est inefficace. Je pense que quand on tient de tels propos de la part du Premier ministre, ça ressemble à des gens qui perdent un peu la tête, qui perdent la mesure et qui transmettent au pays au fond leur inquiétude, leur angoisse alors que le pays a besoin a besoin de respect, a besoin de confiance. Aujourd'hui, le moral des ménages est très bas, le moral des chefs d'entreprise aussi. Ça veut dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans le pays. L'élection présidentielle, ce n'est pas le résultat que je souhaitais, mais l'élection présidentielle a eu lieu et a soulevé un certain espoir, que les choses allaient redémarrer, que le pays avec les capacités qu'il a eu mais aussi les problèmes qu'il a résoudre, allait repartir de l'avant. Et là, on retombe encore dans cette sinistrose parce que les équilibres entre les efforts qu'il faut demander et aussi les contreparties pour les plus modestes ne sont pas là. Regardez cette grève dans les supermarchés et les hypermarchés, on n'avait pas ça depuis longtemps. Il n'y a rien eu au bout du compte alors que la hausse des prix est considérable et que les grands groupes...
Q.- Alors, ça c'est les chefs d'entreprise qui...
R.- Mais oui, mais oui, mais que fait le Gouvernement pour organiser une conférence nationale sur les salaires ? Voilà une proposition que nous avons faites, nous les socialistes. Et elle a été refusée aussi.
Q.- Il n'y a pas que N. Sarkozy qui parle aujourd'hui. S. Royal a parlé aussi hier à des journalistes en marge du meeting qu'elle a tenu à Toulouse. Elle a dit : moi, je veux être majoritaire lors du prochain congrès du Parti socialiste. Est-ce que vous la soutiendrez dans cette entreprise, J.-M. Ayrault ?
R.- Je vous dis, franchement, moi, je ne suis pas sur ce calendrier-là. Je suis candidat comme beaucoup...
Q.- Mais vous avez un problème d'organisation du Parti socialiste. Il faut en parler aussi...
R.- On le traitera après.
Q.- Après quoi ?
R.- Après les élections municipales.
Q.- S. Royal a tort d'en parler dès maintenant ?
R.- Il s'agit dans ces différents déplacements de soutenir les candidats ou les candidates aux élections municipales, c'est la priorité. Moi je propose un projet ; comme tous les autres...
Q.- Ça j'ai compris, mais elle a tort de parler de l'organisation du congrès du Parti socialiste, S. Royal ?
R.- Si on veut être écouté des Français, il faut d'abord s'occuper de la question qui leur est posée aujourd'hui. Quelles équipes municipales et quel maire voulez-vous pour conduire la politique dans vos villes, dans vos communes...
Q.- Et le reste, il ne faut pas en parler ?
R.-... mais juste après, j'espère bien qu'on tiendra compte du message des Français, et quel que soit le résultat de l'élection municipale, il faut que le Parti socialiste se rénove, soit une force de proposition et apparaisse comme la grande force d'opposition. C'est sa responsabilité.
Q.- Rénover le parti socialiste, est-ce que soutenir G. Frêche et s'afficher avec lui à Montpellier c'est le signe de la modernisation du Parti socialiste, J.-M. Ayrault ?
R.- Pas vraiment. Voilà. Mais ça, ça vaut pour tout le monde...
Q.- Pour tout le monde, c'est-à-dire pour tous ceux qui s'affichent avec G. Frêche, en l'occurrence F. Hollande et S. Royal...
R.- Voilà. Donc si vous voulez, moi je pense qu'il va falloir changer un certain nombre de choses. Mais il y a une chose à laquelle je tiens particulièrement : c'est qu'on arrête les compétitions de personnes. Combien de fois on m'a dit pendant cette campagne municipale...
Q.- Mais combien de fois vous l'avez dit ça ?
R.- Je l'ai dit moi-même...
Q.- Tout le monde le dit, et puis ça continue...
R.- Attendez ! Monsieur Aphatie, il y a un reproche que vous ne pouvez pas me faire. Je suis président du groupe des députés socialistes, il y a de la diversité là. Est-ce que vous m'avez entendu une fois critiquer un autre dirigeant socialiste depuis que j'exerce ces fonctions ? Non, jamais...
Q.- Je n'ai peut-être pas bien écouté...
R.- Je crois qu'il y en a assez de ces querelles de personnes. Les Français ont envie d'avoir une vraie opposition. Les socialistes rassemblant la gauche et l'ensemble des forces républicaines vont le démontrer dans ces élections municipales, mais il faut ensuite qu'après on prépare l'alternance et que les Français en 2012 aient un vrai choix et ça se demande un gros travail sur nous-mêmes, à la fois exemplaire à titre de comportement, capacité d'innovation, être à l'écoute de la société française, et quand on est sur le terrain, je peux vous dire qu'on est capable d'être à l'écoute, il y a beaucoup de choses qui sont dites, et vous savez les socialistes quand ils gèrent les villes, ils sont souvent très innovants, très entreprenants. Au fond ils sont dans leur temps, et je me dis souvent pourquoi on n'utilise pas davantage ces compétences au plan national sous le Parti socialiste ?
Q.- J.-M. Ayrault, vous étiez avec nous depuis Nantes et c'est terminé.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 mars 2008