Texte intégral
O. Nahum, D. Jeambar, E. Le Boucher et J.-M. Lech.- O. Nahum : Bonjour C. Albanel.
R.- Bonjour !
O. Nahum : Ministre de la Culture, ravie de vous accueillir dans une radio qui aime la culture et la communication. D. Jeambar, E. Le Boucher, J.-M. Lech, bon, c'est bien la journée de la femme demain, heureusement que vous êtes là, Madame le ministre, sinon, on pourrait paraître un peu machistes. Alors, parlons donc de la faconde éditoriale de ces trois Messieurs, en forme, malgré l'approche du week-end. E. Le Boucher est arrivé, je rassure sa famille et Eric nous emmène en Espagne, puisque, il ne faudrait pas l'oublier, les Espagnols votent dimanche pour élire leur Parlement et donc leur Gouvernement. Alors pour l'heure, les sondages donnent les socialistes confortables vainqueurs.
[Chronique d'E. Le Boucher sur les législatives espagnoles et de D. Jeambar sur les municipales françaises]
O. Nahum : 8H25 sur Radio Classique, D. Jeambar, E. Le Boucher, J.-M. Lech, heureusement il y a une femme avec nous, C. Albanel, ministre de la Culture. Mais c'est vrai, certains auditeurs nous rappelaient à l'instant que vous vous présentez, que vous êtes numéro deux sur la liste dans le 4ème à Paris et vous mettez en avant l'enjeu culturel. Et c'est vrai qu'au vu des candidats qui se sont succédés, ici, notamment ceux qui représentent la majorité sortante à Paris, vous avez tendance à dire que la culture, la politique culturelle était plutôt une valeur de gauche, plutôt qu'une valeur incarnée par Madame de Panafieu. Qu'est-ce que vous pouvez répondre ? D'ailleurs cela rejoint aussi des questions d'auditeurs ?
R.- Non, je me présente dans le 4ème, mais c'est logique que je mette l'accent sur la culture. Je pense que c'est un arrondissement qui est profondément historique, qui est entièrement chargé de passé. Moi je pense qu'on aurait besoin d'un peu plus de souffle, de souffle à Paris. A la fois, on a besoin de plus de possibilité de proximité, que ce soit dans tous les éléments de la vie quotidienne, mais aussi, je ne sais pas, pratiquer un sport, faire garder ses enfants, pratiquer des disciplines artistiques, etc. Cela avait largement été fait dans le passé, moi j'ai travaillé pour la ville pendant de longues années. J'ai un souvenir de moments où on inventait un peu Paris, c'était sous J. Chirac et je suis très fière d'avoir participé à cela. Et je crois qu'aujourd'hui un projet comme le « Grand Paris » que porte N. Sarkozy et pour lequel, nous au ministère on a lancé un très grand concours, je crois que cela va vraiment faire rêver. Parce que c'est plus de 40 agences internationales qui se sont mobilisées aujourd'hui avec vraiment, les plus grands architectes du monde. On va en choisir dix d'ici quelques semaines, et puis ils vont rêver. C'est-à-dire qu'ils vont se dire : comment on invente Paris, quelle soudure avec l'extérieur, comment imaginer les tissus universitaires, les tissus d'espaces verts - comment sortir de cette vision étroite d'un Paris assez étouffé. Peut-être un peu confortable pour ceux qui vivent au centre, travaillent au centre, ont très peu de famille et un vélib' d'accord, mais assez étouffé. Et je trouve qu'il y a là un beau souffle en fait et je trouve que Paris en manque aujourd'hui, c'est pourquoi je mets l'accent sur la culture.
O. Nahum : Une question des Messieurs qui vous ont écouté avec attention. J.-M. Lech : Oui, vous voulez le boulot de Madame Idrac, puisque c'est elle que l'on annonce au « Grand Paris » ?
R.- Non, mais on va voir ce qui se passe. Vous savez, actuellement, il y a des rumeurs, pratiquement tous les deux jours, cela fleurit, c'est les radis, dans tous les sens, cela pousse ! Bon, voilà.
J.-M. Lech : C'est la saison, c'est le printemps !
R.- Moi, j'ai lancé en tout cas le projet, je m'y intéresse, l'architecture est au ministère de la Culture, liée au patrimoine. Je pense d'ailleurs que cela a un sens d'avoir architecture et patrimoine. Et bien sûr, on travaillera et je suis entièrement prête à travailler avec quelqu'un qui serait plus en charge de l'ensemble des projets, projets régions, tout à fait.
D. Jeambar : Précisément, dans le débat sur la culture entre la droite et la gauche, on a toujours tendance à dire que la droite ne s'occupe que du patrimoine et ne fait pas preuve de créativité dans le domaine de la culture.
R.- Moi, je crois que c'est totalement faux, je pense qu'actuellement, ce que les gens ne comprennent pas très bien - je pense qu'on est dans une fin de cycle, probablement. Et on est à un moment où il faut renouveler pas mal notre politique culturelle. On ne peut pas être uniquement dans l'agitation, dans les paillettes, dans la multiplication des fêtes, d'évènements etc. C'est très bien, il y en a déjà énormément, on en a vraiment besoin. Mais je crois qu'aujourd'hui, une nouvelle politique culturelle cela serait, vraiment, traiter le problème du patrimoine, ça, vous avez raison, tout à fait D. Jeambar. Là-dessus, moi j'ai des idées pour trouver les moyens qu'il nous faut, parce qu'on sait qu'avec, entre 50 et 100 millions d'euros, on fait face quasiment à tout, en matière de patrimoine. La deuxième chose, c'est renouveler nos publics, nous avons énormément de pratiquants de la culture en France, c'est un peu toujours les mêmes et le Plan Education artistique aujourd'hui, avec tous les jumelages qui vont être installés entre les écoles, entre tous les équipements culturels, je crois que cela va aller dans ce sens là, c'est assez important. Et surtout, je crois qu'il faut que l'on réponde au Times, en fait, et qu'on dise : comment nous allons créer les moyens d'épanouissement de la culture. Bon, eh bien c'est tout un plan pour la musique que j'ai présenté d'ailleurs au MIDEM, avec la lutte d'ailleurs pour le droit d'auteur, où on est attendu par toute l'Europe, il faut vraiment voir, que vraiment, le monde entier est en train de regarder ce que l'on va essayer de construire par exemple sur ce domaine. C'est aussi l'industrie du livre, moi je mets en place un Plan Livre actuellement, côté numérisation, côté maintien des librairies, avec une mission sur le livre numérique, pour anticiper justement les problèmes. C'est le marché de l'art, cette semaine également on va sortir le rapport - j'ai eu le rapport ces jours-ci. Il y a là, tout un plan pour faire en sorte que Paris redevienne une grande place du marché de l'art. Et que l'on crée, qu'il y ait de nouveaux collectionneurs, qu'on donne aux professionnels les mêmes avantages, les mêmes capacités d'action qu'à l'étranger. Moi je crois beaucoup à des politiques culturelles qui se fixent comme ça de grands objectifs et qui soient moins dans le paraître et dans le l'hyper festif - même si encore une fois, on vit des fêtes formidables ensemble.
O. Nahum : Mais vous trouvez qu'il est trop « Paris Nuit Blanche » Monsieur Delanoë ?
R.- Non, moi la « Nuit Blanche » j'y ai participé quand j'étais à Versailles.
O. Nahum : Eh bien justement !
R.- Non, mais par exemple, la « Nuit Blanche », c'est très bien, mais moi je trouve... enfin pour moi, à mes yeux c'est un peu l'essentiel aujourd'hui de la politique culturelle qui est menée. Voilà, moi, « Paris-Plage », par exemple, ce n'est pas quelque chose qui me paraît particulièrement majeur, si vous voulez, au contraire.
O. Nahum : Et vous pensez que le MoDem aurait la même longueur d'onde que vous sur la politique culturelle ?
R.- C'est très compliqué le MoDem, parce que, comme cela l'a été très justement dit, c'est vraiment à géométrie variable. C'est-à-dire que selon les personnalités, ils sont à droite, ils sont à gauche, ils sont euxmêmes.
O. Nahum : A Paris, ils feraient mieux d'être à droite ?
R.- Alors à Paris... C'est-à-dire qu'on ne voit jamais trop quelles sont les différences en réalité aujourd'hui. Quelle est la différence qu'il y a entre le MoDem et l'UMP ? Souvent, d'ailleurs, ce sont des personnes qui ont travaillé pendant très longtemps. On a l'impression d'une chose qui est assez opportuniste, selon les personnalités en présence, selon les possibilités ensuite d'alliance, voilà. Alors je crois que ce n'est pas très convaincant et c'est évidemment, c'est un attrape tout pour toutes sortes de personnes venues de tous bords ou qui n'ont pas pu se retrouver sur telle ou telle liste et qui finalement se rassemblent. Alors il y a une écharpe orange, alors ça, cela fait un lien,
O. Nahum : Belle couleur.
R.- Voilà, c'est une belle couleur, et puis des ballons aussi, et puis écoutez, bon, nous allons voir.
O. Nahum : Eh bien écoutez, nous, nous allons écouter dans un instant J.-M. Lech et on continuera d'écouter aussi.
[Deuxième partie : 8h35]
O. Nahum : Nous allons poursuivre notre entretien avec vous Madame Albanel, on va revenir à un propos plus sérieux et à une réflexion qui s'est souvent dégagée quand on recevait des ministres du Gouvernement Fillon qui trouvaient quand même que les attaques de certains intellectuels ou même des représentants de la gauche étaient excessives à l'endroit du président de la République et qu'elles avaient participé à une espèce de climat de guerre civile intellectuelle. Est-ce que vous partagez ce sentiment ? On se souvient également de l'appel qui avait été publié dans Marianne.
R.- Oui, c'est vrai, je partage ce sentiment, je trouve qu'il y a actuellement une espèce, par moment, une espèce d'hystérie anti Sarkozy dans certains milieux et donc je ne comprends pas. Par exemple, hier, je vois quelqu'un pour lequel j'ai beaucoup d'estime, je vois R. Debray, en dernière page du Monde qui se met à écrire une espèce de... enfin comme une fausse décision concernant la littérature en disant que désormais, il va y avoir un Conseil du Livre avec, par exemple, Pierre- Loup Sulitzer, Marc Lévy, etc., que maintenant c'est fini pour le dépôt légal, qu'on va... Enfin bref, on vend les livres, on vend tout, on brade. C'est vraiment, quand même X colonnes, bon, évidemment très parodiques, évidemment très ironiques et en même temps je me dis "pourquoi" ? Comment R. Debray peut-il, finalement se mettre lui aussi à accréditer l'idée qu'il y a une espèce d'anti politique culturelle. Ce qui m'effare, quand j'entends, bon d'abord, tous les gens, toutes les personnalités du spectacle vivant qui sont des gens importants, qui portent notre spectacle etc., disant : c'est affreux, c'est la fin, on coupe les subventions etc. C'est totalement faux, c'est totalement faux. On les soutient puissamment, moi, je me suis battue pour que vraiment, on conforte les choses. Il n'y a aucune espèce de souci, nous sommes et nous allons rester le premier pays d'Europe qui soutient très puissamment le spectacle vivant et qui d'ailleurs accompagne ces créateurs tout au long de leur parcours. Il faut savoir que quand vous avez des personnalités de premier plan qui quittent un Centre dramatique national, une institution, elles créent leur compagnie et ensuite, on continue à subventionner, pendant des années, des années, voire des dizaines d'années. Il y a un soutien inouï de l'Etat, donc tout ça c'est quand même largement de l'ordre du fantasme, si vous voulez, alors même que...
E. Le Boucher : Oui, mais Madame, comment pouvez-vous dire que le modèle culturel ou la politique culturelle doit être renouvelée - tout le monde entend qu'au fond, on doit changer un peu l'exception française - et dire que vous soutenez autant qu'avant le spectacle vivant. Alors, c'est renouvelé ou ce n'est pas renouvelé ?
R.- Oui, je pense qu'il n'y a pas de contradiction dans ce que je dis. Je dis qu'il y a un engagement très fort de l'Etat qui va demeurer et en même temps, quand on discute avec tous les acteurs, tous vous disent et vraiment reconnaissent, on est un peu en fin de cycle, on est cinquante ans après la création des ministères. Au fond, on a cessé pour l'instant de subventionner par strates tout ce qui arrive, si vous voulez. C'est-à-dire, toutes les nouvelles compagnies, avec une espèce de système où, si vous ne mettez pas un peu d'argent, les collectivités locales n'en mettent pas, ou il n'y a pas de réelle définition de ce que l'on veut porter comme intervention publique. Qu'est-ce qui est plutôt du ressort de l'Etat, qu'est-ce qui est plutôt du ressort des collectivités ? Moi je crois qu'il y a besoin d'engagements réciproques, qu'il y a besoin de clarification et c'est ce travail-là qu'on va essayer de mener dans les entretiens de Valois. Il n'y a pas de contradiction, il y a aujourd'hui une façon de dire où cela a du sens. Il y a des endroits où vous avez X, une espèce, mais une offre culturelle, mais proliférante si vous voulez, redondante.
E. Le Boucher : Donc, vous allez faire des tris, c'est ça ?
R.- Trouver en effet des axes d'action d'une façon concertée par les entretiens. Ce que je voudrais simplement rajouter, juste un point sur le président de la République, c'est que, je dis que quand même, N. Sarkozy, c'est lui, qui tout de suite s'est prononcé sur le droit d'auteur, au point de vue musique, au point de vue cinéma - il a lancé une action assez courageuse, parce qu'on sait très bien qu'on est toujours sur des terrains mouvants, par rapport à l'électorat jeune par exemple. Bon, il lance le "Grand Paris" avec un renouveau de l'architecture, moi je suis allée visiter X grandes agences d'architectes, tous le ressentent, tous le disent. Il y a la réforme sur l'audiovisuel, on sait qu'elle n'est pas facile, mais elle porte quand même en elle, une grande ambition et je ne vois pas, je dois dire aujourd'hui, en face à gauche, quels sont ces projets culturels tellement extraordinaires qui justifieraient l'ostracisme d'un côté, le rejet et vous voyez...
O. Nahum : Mais est-ce qu'il n'y a pas un problème de ressenti, parce que, si je ne m'abuse, dans le Nouvel Obs., on lit quelqu'un qu'on a accueilli ici, qui est P. Rambaud, bon, qui a fait le livre que l'on sait, sur N. Sarkozy, qui dit, en substance, que vous, C. Albanel, vous faites de la figuration culturelle. Vous êtes sans doute agacée, mais vous pensez qu'il y a un effort, un travail de com à refaire à l'endroit de ces milieux intellectuels, qui somme toute portent la plume dans des magazines et dans les médias ?
R.- Moi, écoutez, je n'ai pas l'impression de faire de la figuration culturelle, j'ai l'impression vraiment de porter des projets. J'y faisais allusion, on est en train d'écrire en ce moment le projet de loi sur le droit d'auteur, par exemple. On va sortir tout le plan sur le marché de l'art, on a le Salon du livre, là, qui commence dans quelques jours. Il y a vraiment tout un Plan livre, vraiment, le maintien de la librairie, ce sont des choses très très sérieuses.
O. Nahum : Et très concrètes !
R.- Et très concrètes, voilà et on avance un peu sur tous ces fronts. Peut-être que, au départ, je n'ai peut-être pas assez communiqué bon, mais je crois qu'il y a vraiment une vraie politique culturelle très sérieuse et qui à mon avis est davantage, celle dont la vie culturelle a besoin aujourd'hui. C'est-à-dire, vraiment donner les conditions de l'épanouissement, de l'ambition et de la projection à l'étranger. Regardez notre cinéma, c'est absolument formidable ce qu'on a réussi, notamment cette année avec nos films, la façon dont ils ont rayonné, dont ils se sont exportés. C'est aussi dû parce que nous avons un système de soutien formidable et que là aussi, il faut peut-être sans doute faire un peu évoluer.
D. Jeambar : Vous venez d'évoquer le rayonnement du cinéma, est-ce qu'il n'y a pas une crise du rayonnement de la culture française, je pense à deux domaines - j'exclus le cinéma d'ailleurs et peut-être la musique -, je pense à la peinture et à la sculpture, où au fond, nos deux grands représentants sont Soulages et Louise Bourgeois qui ont tous les deux plus de 90 ans. On n'a pas de peintre, d'artiste qui existe sur le marché de l'art international et on sait très bien, vous savez très bien, puisque vous vous occupez du Plan livre qu'on a beaucoup de difficultés à exporter la littérature française aujourd'hui.
R.- Vous citez Louise Bourgeois, actuellement d'ailleurs, l'exposition est absolument admirable, c'est vrai, vraiment magnifique. Je pense qu'on a quand même des artistes, des artistes tout à fait importants. Regardez là, il y a, nous avons ( ?) ce n'est pas un artiste français, mais bon, il a choisi d'être en France, cela va être Richard Serra, Boltanski, nous avons des gens très importants. Par contre, ce qu'on n'a pas suffisamment, probablement en France, c'est un désir, d'abord de porter nos artistes, peut-être avec encore plus de force. On a une tendance, souvent à aller chercher à l'étranger - quand on veut faire un grand évènement culturel, on va plus chercher à l'étranger - que de regarder chez nous. Deuxièmement, on donne peu une deuxième chance à nos artistes, c'est-à-dire que tel qui aura exposé vers 30 ans, le moment où on lui redonnera une deuxième pulsion de carrière, vers à peu près 50 ans, c'est une chose que nous ne faisons pas, que les autres font. Ça, je crois qu'il faut qu'on ait aussi une politique beaucoup plus dynamique. Et le livre, je trouve, ceci étant je pense qu'on exporte. Nous avons exporté...
D. Jeambar : On exporte très bien les sciences humaines, mais beaucoup plus difficilement la fiction française.
R.- Ecoutez, moi quand je vois les chiffres des pourcentages, nous sommes parmi les pays qui exportons aujourd'hui le plus notre fiction.
O. Nahum : Une question de Jean-Marc qui brûle d'impatience. J.-M. Lech : Oui, parlons de la télé sans pub, on en est où avec les premiers travaux de la Commission Copé ?
R.- Eh bien, on en est à la constitution, des groupes se sont mis à travailler sur différents sujets qui sont, les contenus, le financement, la gouvernance etc., et qui doivent rendre leurs conclusions fin mai. Et on travaille, nous aussi en parallèle pour préparer le projet de loi qui passera peut-être avant l'été... Peut-être avant l'été, si possible, ce serait bien.
J.-M. Lech : On a en France Sotheby's et Christie's qui sont possédés par des groupes français, est-ce que c'est utile pour le marché de l'art en France que vous voulez essayer de ramener, et comment les utiliser ?
R.- Oui, mais moi je crois que Sotheby's et Christie's ce sont des très, très grands groupes. Qu'il y ait ainsi une concurrence, ce n'est pas un problème, quand vous avez Sotheby's qui choisit Paris pour vendre des oeuvres de premier plan, comme on a pu voir récemment avec la vente, il y a eu en particulier le « Bacon » etc., ce n'est pas un problème. Le problème c'est de donner justement envie par exemple à des étrangers de venir vendre en France, c'est ça qu'il faut faire actuellement pour le marché de l'art, le rendre attractif.
D. Jeambar : Je voudrais vous interroger sur un dossier que vous a confié le président de la République, qui est la gratuité des musées nationaux. Est-ce que c'est vraiment une bonne idée quand on sait que 70 à 80 % de recettes de ces musées viennent en fait des visiteurs étrangers et est-ce que l'on ne va pas transférer au fond la charge des musées, ses recettes, sur le contribuable, alors que, c'était jusque là porté par les touristes qui venaient visiter ce pays ?
R.- On fait, comme vous le savez D. Jeambar une expérimentation qui va se terminer en juin, fin juin après il faut voir - et répondre je crois au cas par cas. Il est évident que les grands établissements, les très grands musées qui vivent des touristes à 75 % et qui ont déjà d'ailleurs un monde fou, je ne vois pas, à titre personnel, l'intérêt qu'il y aurait à instaurer la gratuité.
D. Jeambar : Et qui ont des politiques tarifaires qui, en fait sont très proches de la gratuité pour beaucoup de français.
R.- Oui, exactement, avec énormément d'exonérations. En revanche, tel musée qui a vu tout à coup sa fréquentation véritablement augmenter, se transformer et qui en plus ne reçoit quand même qu'un nombre de visiteurs limité, des heures spécifiques pour certains publics, genre les jeunes, de 18 heures à 21 heures, 22 heures, des choses comme ça, moi je serais beaucoup [pour] des tranches de gratuité, les multiplier pour au contraire cibler, attirer du nouveau public. Moi, ma réflexion va plutôt dans ce sens.
O. Nahum : Eh bien, l'essentiel est culturel, c'est ainsi que l'on pourrait terminer notre entretien, merci d'avoir été avec nous C. Albanel, ministre de la Culture et de la communication, merci aux Messieurs.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mars 2008