Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, J.-L. Borloo.
R.- Bonjour, J.-M. Aphatie.
Q.- L'OCDE - l'Organisation de Coopération et de Développement Economique - tire après d'autres la sonnette d'alarme. Le réchauffement climatique serait plus rapide qu'imaginé. Les dégradations de l'environnement plus importantes que prévu. Il faut agir vite, dit l'OCDE, notamment en instaurant une taxe carbone qui pénaliserait les acteurs économiques les plus polluants. Alors, à quand la taxe carbone, J.-L. Borloo ?
R.- L'OCDE, moi je suis ravi que l'OCDE enfourche le pas du GIEC...
Q.- Le groupe des Experts.
R.- Les scientifiques, Prix Nobel, d'Al Gore et de la France, le Grenelle de l'Environnement...
Q.- Il était temps que l'OCDE s'y mette, c'est ça ? Non, mais c'est bien, c'est bien... Il était temps...
R.- C'est bien. Nicolas Stern, qui a fait un gros rapport il y a deux ans, disant en gros que c'était injouable de continuer comme ça, que le coût de l'inaction était un désastre et coûterait beaucoup plus cher que le coût de l'action. Je résume.
Q.- C'est ce que dit l'OCDE...
R.- L'OCDE dit des choses raisonnables... Il dit, 1, il valide le problème du réchauffement climatique mais en redisant quelles sont les conséquences. : 4 milliards d'individus en stress hydrique, des canicules, des catastrophes absolument insupportables, des problèmes agro-alimentaires, la biodiversité, un tiers de la biodiversité qui est en péril... le panorama est celui-là. Et en même temps, le rapport de l'OCDE, nous le suivons dans ce domaine, dit on est face à une telle mutation et on a les capacités de changer la donne. En d'autres termes, monsieur Aphatie, en d'autres termes, l'OCDE dit 1) : il faut un programme sur les bâtiments, ce que fait la France. ; 2) sur les transports, transports publics, réduction des voitures... Vous avez que nos amis chinois viennent d'indiquer qu'ils demandaient que pour 2020 une voiture sur deux en Chine soit électrique ? Troisièmement, un travail sur la biodiversité absolument majeur.
Q.- Alors, l'OCDE dit il faut adapter la fiscalité, pour contraindre tous les acteurs... alors à quand la taxe carbone J.-L. Borloo ?
R.- Eh bien, on y travaille. On a pris des engagements sur la taxe, ce qu'on appelle nous la contribution climat-énergie.
Q.- Dans le cadre du Grenelle de l'environnement...
R.- Dans le cadre du Grenelle de l'environnement et au plan européen...
Q.- Le Medef a dit "pas question". Il faut revoir la fiscalité. On ne paiera pas une taxe supplémentaire.
R.- Non, mais attendez... personne n'a dit qu'il fallait des taxes en plus... ce n'est pas ça que dit l'OCDE. Ce que dit l'OCDE... Non, non, attendez... est-ce qu'on peut être juste sérieux deux minutes...
Q.- On ne l'est pas jusque-là ?
R.- Ecoutez-moi, monsieur Aphatie. Nous avons une économie industrielle fondée sur un pétrole pas cher et sans tenir compte des conséquences sur le réchauffement climatique. 1- le pétrole est à 100 dollars le baril mais il sera un jour à 200. De toute façon, notre mode économique ne tient pas. Et de toute façon, pour des raisons de réchauffement climatique, on ne peut pas tenir. Il faut donc bâtir une économie sobre en carbone, cela veut dire 1) faire payer au carbone un vrai prix ; ce sont les émissions de quotas sur lesquelles nous travaillons avec l'Europe en faisant attention socialement à ne pas désavantager tel ou tel endroit de production sur la planète qui ne résoudrait pas le problème économique. 2) Lorsqu'on paye des taxes, essayer de les payer plutôt sur le carbone que sur d'autres assiettes fiscales. Donc c'est un déplacement nécessaire. Troisièmement, investir massivement sur les voitures économiques, avoir une fiscalité ou des avantages qui orientent vers les produits écologiques. Prenez monsieur Aphatie ce que la France a décidé dans le cadre du Grenelle avec les voitures. Vous savez, le bonus malus écologique. L'idée était assez simple. Ce n'est pas une mesure automobile, c'est une mesure prix. On va aider financièrement les gens qui achètent des voitures plus écologiques et on va faire payer ceux qui achètent des voitures moins écologiques. Résultat des courses, sur les deux premiers mois, des voitures à plus de 160 grammes ont baissé de 50%, les voitures entre 101 et 120 g de CO² au kilomètre ont augmenté de 50%. On voit bien qu'on est par la fiscalité, par le financement, on oriente le consommateur.
Q.- On peut orienter et changer les choses.
R.- Mais ça ne se fera qu'à 62 millions de Français.
Q.- J.-L. Borloo, vous l'avez dit, l'OCDE valide la thèse du réchauffement climatique, qu'est-ce que vous pensez des gens qui comme C. Allègre continuent de contester le réchauffement climatique ?
R.- En réalité, C. Allègre dit surtout ce sont les variations climatiques.
Q.- Oui, il dit on ne peut pas prévoir le changement climatique.
Il y a de grands bouleversements. On ne peut pas définir...
Q.- C'est peut-être naturel.
R.- Je pense très sincèrement qu'il se trompe, ou plus exactement, tous les experts mondiaux... ce que dit Allègre c'est 1, il y a réchauffement, je ne le conteste pas. 2 - Il y a une activité humaine, je ne la conteste pas, je conteste le rapport entre les deux. La probabilité que l'activité humaine rafraîchisse le climat est assez faible.
Q.- Est-ce que vous imaginez pouvoir siéger dans un gouvernement avec C. Allègre qui conteste le réchauffement climatique ?
R.- La question ne se pose pas.
Q.- Si, si...
R.- Je ne vais pas commenter l'hypothèse...
Q.- N. Sarkozy a dit j'aimerais travailler avec C. Allègre.
R.- Je serais ravi de travailler avec vous aussi au gouvernement...
Q.- Non, mais moi il n'est pas question que j'y rentre... Personne ne me l'a proposé... Je refuse si on me le propose.
R.- Je ne suis pas dans la société du commentaire... Parlons si vous voulez bien du réchauffement climatique ou du Grenelle de l'environnement...
Q.- Jean Jouzel, par exemple, membre influent du GIEC que vous citiez, le Groupe international d'experts sur le climat, a dit : on ne peut pas avoir un ministre - il parlait de C. Allègre - qui nie la réalité du changement climatique. Sérieusement, ce serait un problème ça ?
R.- Il faudrait qu'il s'explique. Non, monsieur, on est sérieux. Je suis sérieux. J'ai beaucoup d'estime pour C. Allègre. C'est vrai que maintenant dans ce milieu sur lequel je travaille, à l'étranger comme en France puisqu'on est vraiment sur un sujet mondial, aujourd'hui, il porte la maillot apparent de quelqu'un qui contesterait ça. C'est un sujet... cela dit c'est quelqu'un de suffisamment intelligent et brillant, d'autant que ses premiers livres, il faut bien savoir que tout à fait historiquement, c'est un homme qui est allé assez loin sur les sujets environnementaux, notamment en Afrique, notamment sur la biodiversité. Ça mériterait probablement qu'on en parle. Cela dit...
Q.- Je retiens : sur RTL. Vous dites qu'il faudrait qu'il s'explique.
R.- Oui, qu'on en parle. Enfin, que ce soit soit clarifié.
Q.- Il parait que vous vous resterez ministre de l'Environnement après les élections municipales.
R.- Eh bien je n'en sais rien.
Q.- H. Reeves qui sortait d'un entretien avec N. Sarkozy.
R.- H. Reeves, c'est un type génial, l'astrophysicien H. Reeves...
Q.- Ne déviez pas. Il nous a dit que Borloo resterait à l'Environnement.
R.- Eh bien écoutez, je suis très, très touché qu'H. Reeves se préoccupe de cette question. Je le prends vraiment avec beaucoup de... Je ne sais pas comment le dirais-je... d'émotion parce que pour moi c'est un des types les plus extraordinaires de la planète et qu'il aille demander au Président : "Vous nous le gardez bien celui-là", je trouve cela plutôt sympa.
Q.- Et c'est une bonne nouvelle pour vous, parce qu'on dit vous vous ennuyez à l'Environnement. Je ne sais pas, on dit tellement de choses...
R.- Là, vraiment, s'il y a un truc stupide... Vous savez, je trouve que les commentateurs français sont d'un snobisme effrayant.
Q.- Ah, parce que ce sont les commentateurs qui inventent ça...
R.- Absolument. Je vais vous dire quelque chose... Vous savez, l'écologie aujourd'hui, c'est la vraie nouvelle économie. Face à notre situation, l'économie de demain, c'est évidemment des voitures propres, c'est évidemment l'énergie, l'efficacité énergétique, ce sont les transports, ce sont les aérostructures, c'est l'aéronautique. Or, la France est leader mondial. Le ministère de l'écologie, c'est le ministère de la croissance de demain, la vraie nouvelle industrie française, elle est au ministère de l'Ecologie.
Q.- J.-L. Borloo, ministre de l'Ecologie, et qui risque de le rester, était l'invité de RTL ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mars 2008
R.- Bonjour, J.-M. Aphatie.
Q.- L'OCDE - l'Organisation de Coopération et de Développement Economique - tire après d'autres la sonnette d'alarme. Le réchauffement climatique serait plus rapide qu'imaginé. Les dégradations de l'environnement plus importantes que prévu. Il faut agir vite, dit l'OCDE, notamment en instaurant une taxe carbone qui pénaliserait les acteurs économiques les plus polluants. Alors, à quand la taxe carbone, J.-L. Borloo ?
R.- L'OCDE, moi je suis ravi que l'OCDE enfourche le pas du GIEC...
Q.- Le groupe des Experts.
R.- Les scientifiques, Prix Nobel, d'Al Gore et de la France, le Grenelle de l'Environnement...
Q.- Il était temps que l'OCDE s'y mette, c'est ça ? Non, mais c'est bien, c'est bien... Il était temps...
R.- C'est bien. Nicolas Stern, qui a fait un gros rapport il y a deux ans, disant en gros que c'était injouable de continuer comme ça, que le coût de l'inaction était un désastre et coûterait beaucoup plus cher que le coût de l'action. Je résume.
Q.- C'est ce que dit l'OCDE...
R.- L'OCDE dit des choses raisonnables... Il dit, 1, il valide le problème du réchauffement climatique mais en redisant quelles sont les conséquences. : 4 milliards d'individus en stress hydrique, des canicules, des catastrophes absolument insupportables, des problèmes agro-alimentaires, la biodiversité, un tiers de la biodiversité qui est en péril... le panorama est celui-là. Et en même temps, le rapport de l'OCDE, nous le suivons dans ce domaine, dit on est face à une telle mutation et on a les capacités de changer la donne. En d'autres termes, monsieur Aphatie, en d'autres termes, l'OCDE dit 1) : il faut un programme sur les bâtiments, ce que fait la France. ; 2) sur les transports, transports publics, réduction des voitures... Vous avez que nos amis chinois viennent d'indiquer qu'ils demandaient que pour 2020 une voiture sur deux en Chine soit électrique ? Troisièmement, un travail sur la biodiversité absolument majeur.
Q.- Alors, l'OCDE dit il faut adapter la fiscalité, pour contraindre tous les acteurs... alors à quand la taxe carbone J.-L. Borloo ?
R.- Eh bien, on y travaille. On a pris des engagements sur la taxe, ce qu'on appelle nous la contribution climat-énergie.
Q.- Dans le cadre du Grenelle de l'environnement...
R.- Dans le cadre du Grenelle de l'environnement et au plan européen...
Q.- Le Medef a dit "pas question". Il faut revoir la fiscalité. On ne paiera pas une taxe supplémentaire.
R.- Non, mais attendez... personne n'a dit qu'il fallait des taxes en plus... ce n'est pas ça que dit l'OCDE. Ce que dit l'OCDE... Non, non, attendez... est-ce qu'on peut être juste sérieux deux minutes...
Q.- On ne l'est pas jusque-là ?
R.- Ecoutez-moi, monsieur Aphatie. Nous avons une économie industrielle fondée sur un pétrole pas cher et sans tenir compte des conséquences sur le réchauffement climatique. 1- le pétrole est à 100 dollars le baril mais il sera un jour à 200. De toute façon, notre mode économique ne tient pas. Et de toute façon, pour des raisons de réchauffement climatique, on ne peut pas tenir. Il faut donc bâtir une économie sobre en carbone, cela veut dire 1) faire payer au carbone un vrai prix ; ce sont les émissions de quotas sur lesquelles nous travaillons avec l'Europe en faisant attention socialement à ne pas désavantager tel ou tel endroit de production sur la planète qui ne résoudrait pas le problème économique. 2) Lorsqu'on paye des taxes, essayer de les payer plutôt sur le carbone que sur d'autres assiettes fiscales. Donc c'est un déplacement nécessaire. Troisièmement, investir massivement sur les voitures économiques, avoir une fiscalité ou des avantages qui orientent vers les produits écologiques. Prenez monsieur Aphatie ce que la France a décidé dans le cadre du Grenelle avec les voitures. Vous savez, le bonus malus écologique. L'idée était assez simple. Ce n'est pas une mesure automobile, c'est une mesure prix. On va aider financièrement les gens qui achètent des voitures plus écologiques et on va faire payer ceux qui achètent des voitures moins écologiques. Résultat des courses, sur les deux premiers mois, des voitures à plus de 160 grammes ont baissé de 50%, les voitures entre 101 et 120 g de CO² au kilomètre ont augmenté de 50%. On voit bien qu'on est par la fiscalité, par le financement, on oriente le consommateur.
Q.- On peut orienter et changer les choses.
R.- Mais ça ne se fera qu'à 62 millions de Français.
Q.- J.-L. Borloo, vous l'avez dit, l'OCDE valide la thèse du réchauffement climatique, qu'est-ce que vous pensez des gens qui comme C. Allègre continuent de contester le réchauffement climatique ?
R.- En réalité, C. Allègre dit surtout ce sont les variations climatiques.
Q.- Oui, il dit on ne peut pas prévoir le changement climatique.
Il y a de grands bouleversements. On ne peut pas définir...
Q.- C'est peut-être naturel.
R.- Je pense très sincèrement qu'il se trompe, ou plus exactement, tous les experts mondiaux... ce que dit Allègre c'est 1, il y a réchauffement, je ne le conteste pas. 2 - Il y a une activité humaine, je ne la conteste pas, je conteste le rapport entre les deux. La probabilité que l'activité humaine rafraîchisse le climat est assez faible.
Q.- Est-ce que vous imaginez pouvoir siéger dans un gouvernement avec C. Allègre qui conteste le réchauffement climatique ?
R.- La question ne se pose pas.
Q.- Si, si...
R.- Je ne vais pas commenter l'hypothèse...
Q.- N. Sarkozy a dit j'aimerais travailler avec C. Allègre.
R.- Je serais ravi de travailler avec vous aussi au gouvernement...
Q.- Non, mais moi il n'est pas question que j'y rentre... Personne ne me l'a proposé... Je refuse si on me le propose.
R.- Je ne suis pas dans la société du commentaire... Parlons si vous voulez bien du réchauffement climatique ou du Grenelle de l'environnement...
Q.- Jean Jouzel, par exemple, membre influent du GIEC que vous citiez, le Groupe international d'experts sur le climat, a dit : on ne peut pas avoir un ministre - il parlait de C. Allègre - qui nie la réalité du changement climatique. Sérieusement, ce serait un problème ça ?
R.- Il faudrait qu'il s'explique. Non, monsieur, on est sérieux. Je suis sérieux. J'ai beaucoup d'estime pour C. Allègre. C'est vrai que maintenant dans ce milieu sur lequel je travaille, à l'étranger comme en France puisqu'on est vraiment sur un sujet mondial, aujourd'hui, il porte la maillot apparent de quelqu'un qui contesterait ça. C'est un sujet... cela dit c'est quelqu'un de suffisamment intelligent et brillant, d'autant que ses premiers livres, il faut bien savoir que tout à fait historiquement, c'est un homme qui est allé assez loin sur les sujets environnementaux, notamment en Afrique, notamment sur la biodiversité. Ça mériterait probablement qu'on en parle. Cela dit...
Q.- Je retiens : sur RTL. Vous dites qu'il faudrait qu'il s'explique.
R.- Oui, qu'on en parle. Enfin, que ce soit soit clarifié.
Q.- Il parait que vous vous resterez ministre de l'Environnement après les élections municipales.
R.- Eh bien je n'en sais rien.
Q.- H. Reeves qui sortait d'un entretien avec N. Sarkozy.
R.- H. Reeves, c'est un type génial, l'astrophysicien H. Reeves...
Q.- Ne déviez pas. Il nous a dit que Borloo resterait à l'Environnement.
R.- Eh bien écoutez, je suis très, très touché qu'H. Reeves se préoccupe de cette question. Je le prends vraiment avec beaucoup de... Je ne sais pas comment le dirais-je... d'émotion parce que pour moi c'est un des types les plus extraordinaires de la planète et qu'il aille demander au Président : "Vous nous le gardez bien celui-là", je trouve cela plutôt sympa.
Q.- Et c'est une bonne nouvelle pour vous, parce qu'on dit vous vous ennuyez à l'Environnement. Je ne sais pas, on dit tellement de choses...
R.- Là, vraiment, s'il y a un truc stupide... Vous savez, je trouve que les commentateurs français sont d'un snobisme effrayant.
Q.- Ah, parce que ce sont les commentateurs qui inventent ça...
R.- Absolument. Je vais vous dire quelque chose... Vous savez, l'écologie aujourd'hui, c'est la vraie nouvelle économie. Face à notre situation, l'économie de demain, c'est évidemment des voitures propres, c'est évidemment l'énergie, l'efficacité énergétique, ce sont les transports, ce sont les aérostructures, c'est l'aéronautique. Or, la France est leader mondial. Le ministère de l'écologie, c'est le ministère de la croissance de demain, la vraie nouvelle industrie française, elle est au ministère de l'Ecologie.
Q.- J.-L. Borloo, ministre de l'Ecologie, et qui risque de le rester, était l'invité de RTL ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mars 2008