Texte intégral
C. Barbier.- Vous revenez de l'Estuaire de la Loire, polluée par une fuite d'hydrocarbures. Porterez-vous plainte contre Total, le responsable ?
R.- En l'occurrence, Total, a reconnu sa responsabilité hier, j'étais sur place. J'ai réuni tous les acteurs, tous les maires, 22 communes qui sont touchées. Total, un, a reconnu sa responsabilité ; deux, met tous les moyens matériels et financiers. C'est-à-dire, que dédommage, à la fois, les moyens d'intervention, mais toutes les conséquences de cet accident. Et troisièmement, a présenté ses excuses devant moi, aux collectivités qui étaient concernées. Donc, à partir du moment où il n'y a pas de problème de prise de responsabilité, de financement, et j'allais dire, presque de comportement moral, il n'y a pas de motif particulier de le faire.
Q.- Alors, la marée n'était pas noire mais "rose", dimanche, pendant les municipales. Municipales ratées pour la droite. Cela appelle-t-il une accélération ou au contraire un coup de frein sur les réformes, pour ne pas brusquer le pays ?
R.- Non, je crois qu'il faut évidemment continuer les réformes. Il faut probablement donner, c'est mon sentiment, mais en tous les cas, une appréciation, que l'on perçoive bien que ces réformes sont justes. Elles sont non seulement indispensables pour le pays... Cela, je crois que tout le monde le reconnaît. Mais en même temps, il faut qu'elles soient justes, qu'elles fassent l'objet sinon d'un consensus, mais en tout cas d'une appropriation par chacune et chacun plus importante.
Q.- C'est-à-dire, il ne s'agit pas seulement de faire souffrir la nation, parce que nous sommes dans un moment difficile, ou, au contraire, des sacrifices ?
R.- Non, il s'agit simplement de faire un certain nombre de réformes structurelles sur le marché du travail, aller chercher les points de croissance qui nous manquent, dans le domaine du logement, dans le domaine de la grave crise écologique du monde. Un peu moins en France d'ailleurs qu'ailleurs, mais en tous les cas dans le monde. Ce qui me frappe beaucoup dans ce second tour, c'est un peu le syndrome des législatives de la dernière fois. C'est-à-dire qu'en réalité, à partir du moment où il n'y a plus de Front national, il y a peu de réserves au deuxième tour, en tous les cas, dans la partie du pays où le Front national est plus classiquement, vraiment l'extrême droite.
Q.- Et des réserves, c'est l'abstention ? !
R.- Et on assiste à un léger déplacement de l'ensemble des formations politiques légèrement sur la droite ; l'UMP est plus à droite que ne l'était la somme de l'UDF et du RPR. La gauche a laissé un espace à l'extrême gauche qui est une véritable force politique aujourd'hui, qui a pesé sur les municipales. Et on voit bien que, quand on dit "le deuxième tour amplifie", il amplifie comme aux législatives, enfin, la quasi disparition du Front au premier tour modifie clairement la donne.
Q.- Alors, dans cette légère dérive vers la droite, est-ce que vous recommandez à l'UMP, comme le fait A. Juppé, ce matin, comme l'a fait J.-P. Raffarin, hier, de s'ouvrir plutôt vers le Centre, de reconquérir le Centre ?
R.- Oui, le Centre, les Radicaux, les sociaux-démocrates, le Centre-droit, Centre-gauche, oui, bien entendu. L'ancienne UDF avait cette fonctionlà. Je rappelle que ça réunissait les sociaux-démocrates, les radicaux, les démocrates-chrétiens. C'était ça l'UDF.
Q.- Alors, vous, par exemple, vous présidez le Parti radical, vous êtes associé à l'UMP. Pourriez-vous prendre votre autonomie pour aller chercher ces électeurs-là ?
R.- "Autonomie"...on a un pacte de Gouvernement pour cinq ans. Mais discuter, organiser probablement une association, une fondation avec un certain nombre de formations politiques ou de Clubs de pensée ou de réflexion du Centre-droit et du Centre-gauche, à l'évidence. On voit bien d'ailleurs que les villes "radicales" ont plutôt bien fonctionné...
Q.- À part Saint-Étienne...
R.- À part Saint-Étienne, toutes les autres ont été réélues, on en a même gagnées. Donc, on voit bien que, dans des lieux de complexité, cette sensibilité humaniste et radicale a plutôt été utile.
Q.- C'est-à-dire, vous souhaiteriez une UMP qui soit plus officiellement "confédérale" ?
R.- Je ne sais pas si c'est en termes d'organisation, mais en tous les cas, qu'un certain nombre de points, des amis de M. Besson, de M. Bockel...
Q.- Du Nouveau Centre ?
R.-...Nouveau Centre, des radicaux. Et puis, un certain nombre de radicaux de gauche, et puis, un certain nombre d'écologistes d'ailleurs du pays, les anciens de Génération Ecologie, par exemple, qu'il y ait un groupe de réflexion. Il ne s'agit pas de faire une organisation politique, mais que l'on prenne l'habitude d'avoir un projet en commun, un peu plus fort, un peu plus audible, un peu plus lisible, un peu plus compréhensible.
Q.- Jusqu'aux radicaux de gauche, vous maintenez pour vous de dialoguer avec vos cousins des radicaux...
R.- Ah oui, totalement. Nous sommes convenus de nous revoir après les municipales. Donc on poursuit notre...
Q.- Ils sont sévères avec Sarkozy en ce moment ?
R.- Oui, pas tous. Mais enfin, il y a une partie de la famille radicale de gauche qui peut être réunie.
Q.- Vous ne citez pas le MoDem. Que pouvez-vous faire, vous qui avez été un proche de F. Bayrou, qui avez été à l'UDF, avec le MoDem, quel dialogue ?
R.- Manifestement, le MoDem s'explique en ce moment. Enfin, si j'ai bien compris, il y a des voix discordantes sur la stratégie, que ce soit à Paris ou ailleurs. Je pense qu'il y a une partie des gens du MoDem, des élus du MoDem ou des militants du MoDem avec lesquels on peut faire un bout de chemin, bien entendu.
Q.- Vous appelez, comme le Nouveau Centre, les déçus du MoDem à revenir dans la grande maison de UMP ?
R.- Ou dans la grande maison UMP, pas forcément, mais en tous le cas que le MoDem ait une véritable ligne politique, ligne stratégique, un contenu politique, qu'il ne soit pas qu'une opposition au président de la République, mais qui ait un corpus idéologique, une véritable proposition au pays ou des atténuations ou des modifications éventuelles de la politique gouvernementale.
Q.- Quand même, quand vous voyez l'UMP faire battre Bayrou à Pau, en aidant une maire socialiste à être élue, ce n'est pas la politique comme aimez la pratiquer ?
R.- Je ne sais pas si c'est pour "faire battre"... Tout le monde peut être candidat. F. Bayrou était légitime d'être candidat à Pau, il l'a déjà été. Je ne sais pas si c'est en 1989 ou un peu plus tôt. Il est un peu normal que le maire sortant soit candidat, ça n'a rien de bien extravagant...
Q.- Mais enfin, l'UMP n'était pas obligé de soutenir Urieta qui était socialiste. Enfin il y a eu de la manoeuvre quand même ?
R.- Oui, enfin, F. Bayrou a soutenu des gens au niveau des municipalités de gauche, des municipalités de droite. On voit bien que ces frontières aujourd'hui sont un peu atténuées, très franchement. Et au plan local, il y a des alliances qui en d'autres temps auraient été considérées comme nature et qui ne le sont plus aujourd'hui.
Q.- "Remaniement technique" annoncé pour aujourd'hui au Gouvernement. Est-ce qu'on ne rate pas l'occasion d'un vrai remaniement politique pour relancer l'action ?
R.- Ça, c'est une appréciation qui relève vraiment du président de la République, là, on est vraiment dans ses fonctions, dans le rythme de son quinquennat. Je crois qu'un Président doit rythmer un quinquennat, avec des périodes de réformes, des réformes où on récolte un peu plus, des périodes où on est sur des sujets de société, d'autres sur des réformes structurelles. Il a un quinquennat à conduire, à lui d'apprécier le moment où il fait ces inflexions politiques. Il ne s'agit pas d'un casting...
Q.- Pour vous, ce n'est pas le moment d'une grande relance ?
R.- Non, et je pense en plus qu'il faut de la stabilité gouvernementale. Très sincèrement, je l'ai écrit dans un ouvrage, il y a un an. Je veux dire, le zapping permanent des responsables publics en France n'est pas une bonne chose. Être responsable public ce n'est pas prendre des décisions et les imposer, c'est mobiliser autour de vous les autres forces du pays. Et pour cela, il faut de la durée, et pour qu'il y ait de la durée...Enfin, il faut de la confiance, et pour qu'il y ait de la confiance, il faut qu'il y ait de la durée, que l'on sache que vous êtes l'interlocuteur pendant un certain temps.
Q.- Alors, il devrait y avoir un secrétariat d'Etat ou un Haut commissaire au Grand Paris. Cela inquiète-t-il le ministre de l'Aménagement durable que vous êtes, parce qu'on va faire des tours, des autoroutes dans ce Grand Paris ?
R.- Non, non, au contraire, au contraire. Le Grand Paris, enfin, une partie de l'Ile-de-France est indiscutablement l'endroit de France où on concentre le plus de difficultés à tous égards. Difficultés pour se loger...
Q.- Transporter...
R.-...Transporter. Le problème des transports en Ile-de-France est absolument majeur. Dans le cadre du Grenelle, on a décidé, en accord avec les partenaires, de faire un grand "métro ferrique", peu importe comment on l'appelle et quel que soit le statut, en discussion avec l'autorité régulatrice des transports et la région Ile-de-France. 70 % des déplacements en Ile-de-France, c'est de banlieue à banlieue. Or tout le système est aujourd'hui en étoile. Donc, il y a un vrai sujet du Grand Paris, je crois que personne ne le conteste. Alors, ce n'est pas forcément un problème institutionnel, mais par projet, logement, terrain, équipement, aménagement durable, transport, il faut le faire.
Q.- C. Allègre ne rentrera sans doute pas au Gouvernement. Vous êtes rassuré, compte tenu de ses positions sur le climat et l'écologie ?
R.- Alors, j'ignore absolument si C. Allègre rentrera au Gouvernement. Je l'ai rencontré C. Allègre, sur ces sujets-là. Je ne suis pas en accord avec ce qu'il dit concernant le réchauffement, mais il a mis à vrai dire beaucoup d'eau dans son vin. Et je rappelle qu'il a écrit en son temps des livres sur l'écologie qui étaient pertinents. Mais pour le reste, c'est au Président d'apprécier pas à moi.
Q.- A quand votre grande loi issue du Grenelle de l'environnement, quand sera-t-elle votée ?
R.- Avant l'été, entre le printemps et l'été. On va commencer à travailler d'ici une dizaine de jours avec les commissions spécialisées du Parlement, c'est le moment du Parlement, pour que le texte soit voté pour l'été.
Q.- Vous allez créer des contraintes pour l'économie française ?
R.- "Des contraintes", je ne sais pas. Mais en tous les cas, l'écologie c'est le moteur de la croissance. Les grands sujets écologiques, c'est-à-dire les économies d'énergie, l'eau, les déchets, l'efficacité énergétique, le chantier thermique des bâtiments, ce sont des moteurs de croissance. Et ce qui est très, très étonnant c'est que, dans un monde qui est extrêmement inquiet sur son modèle économique, pas seulement sur son modèle bancaire et financier, mais économique, qui est fondé sur l'énergie fossile en réalité, on voit bien que les technologies françaises sur les grands sujets au monde sont les meilleurs au monde. Donc, l'écologie, l'industrie écologique, l'économie écologique, "l'écolonomie" si vous voulez, c'est le principal moteur de croissance des 20 années qui viennent.
Q.- J.-L. Borloo, chef de file de l'UMP à Paris, on l'avait évoqué pour 2008, ça ne s'est pas fait. Cela peut-il se faire pour l'avenir, tout est à reconstruire à droite, à Paris ?
R.- C'est vous qui l'avez évoqué, pas moi. J'étais heureux à Valenciennes, et je suis heureux d'ailleurs que D. Riquet ait été réélue dans cette ville, qui est "ma" ville, ma ville. Non, ce n'était pas le sujet de 2008, ce n'est pas plus le sujet aujourd'hui.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 mars 2008
R.- En l'occurrence, Total, a reconnu sa responsabilité hier, j'étais sur place. J'ai réuni tous les acteurs, tous les maires, 22 communes qui sont touchées. Total, un, a reconnu sa responsabilité ; deux, met tous les moyens matériels et financiers. C'est-à-dire, que dédommage, à la fois, les moyens d'intervention, mais toutes les conséquences de cet accident. Et troisièmement, a présenté ses excuses devant moi, aux collectivités qui étaient concernées. Donc, à partir du moment où il n'y a pas de problème de prise de responsabilité, de financement, et j'allais dire, presque de comportement moral, il n'y a pas de motif particulier de le faire.
Q.- Alors, la marée n'était pas noire mais "rose", dimanche, pendant les municipales. Municipales ratées pour la droite. Cela appelle-t-il une accélération ou au contraire un coup de frein sur les réformes, pour ne pas brusquer le pays ?
R.- Non, je crois qu'il faut évidemment continuer les réformes. Il faut probablement donner, c'est mon sentiment, mais en tous les cas, une appréciation, que l'on perçoive bien que ces réformes sont justes. Elles sont non seulement indispensables pour le pays... Cela, je crois que tout le monde le reconnaît. Mais en même temps, il faut qu'elles soient justes, qu'elles fassent l'objet sinon d'un consensus, mais en tout cas d'une appropriation par chacune et chacun plus importante.
Q.- C'est-à-dire, il ne s'agit pas seulement de faire souffrir la nation, parce que nous sommes dans un moment difficile, ou, au contraire, des sacrifices ?
R.- Non, il s'agit simplement de faire un certain nombre de réformes structurelles sur le marché du travail, aller chercher les points de croissance qui nous manquent, dans le domaine du logement, dans le domaine de la grave crise écologique du monde. Un peu moins en France d'ailleurs qu'ailleurs, mais en tous les cas dans le monde. Ce qui me frappe beaucoup dans ce second tour, c'est un peu le syndrome des législatives de la dernière fois. C'est-à-dire qu'en réalité, à partir du moment où il n'y a plus de Front national, il y a peu de réserves au deuxième tour, en tous les cas, dans la partie du pays où le Front national est plus classiquement, vraiment l'extrême droite.
Q.- Et des réserves, c'est l'abstention ? !
R.- Et on assiste à un léger déplacement de l'ensemble des formations politiques légèrement sur la droite ; l'UMP est plus à droite que ne l'était la somme de l'UDF et du RPR. La gauche a laissé un espace à l'extrême gauche qui est une véritable force politique aujourd'hui, qui a pesé sur les municipales. Et on voit bien que, quand on dit "le deuxième tour amplifie", il amplifie comme aux législatives, enfin, la quasi disparition du Front au premier tour modifie clairement la donne.
Q.- Alors, dans cette légère dérive vers la droite, est-ce que vous recommandez à l'UMP, comme le fait A. Juppé, ce matin, comme l'a fait J.-P. Raffarin, hier, de s'ouvrir plutôt vers le Centre, de reconquérir le Centre ?
R.- Oui, le Centre, les Radicaux, les sociaux-démocrates, le Centre-droit, Centre-gauche, oui, bien entendu. L'ancienne UDF avait cette fonctionlà. Je rappelle que ça réunissait les sociaux-démocrates, les radicaux, les démocrates-chrétiens. C'était ça l'UDF.
Q.- Alors, vous, par exemple, vous présidez le Parti radical, vous êtes associé à l'UMP. Pourriez-vous prendre votre autonomie pour aller chercher ces électeurs-là ?
R.- "Autonomie"...on a un pacte de Gouvernement pour cinq ans. Mais discuter, organiser probablement une association, une fondation avec un certain nombre de formations politiques ou de Clubs de pensée ou de réflexion du Centre-droit et du Centre-gauche, à l'évidence. On voit bien d'ailleurs que les villes "radicales" ont plutôt bien fonctionné...
Q.- À part Saint-Étienne...
R.- À part Saint-Étienne, toutes les autres ont été réélues, on en a même gagnées. Donc, on voit bien que, dans des lieux de complexité, cette sensibilité humaniste et radicale a plutôt été utile.
Q.- C'est-à-dire, vous souhaiteriez une UMP qui soit plus officiellement "confédérale" ?
R.- Je ne sais pas si c'est en termes d'organisation, mais en tous les cas, qu'un certain nombre de points, des amis de M. Besson, de M. Bockel...
Q.- Du Nouveau Centre ?
R.-...Nouveau Centre, des radicaux. Et puis, un certain nombre de radicaux de gauche, et puis, un certain nombre d'écologistes d'ailleurs du pays, les anciens de Génération Ecologie, par exemple, qu'il y ait un groupe de réflexion. Il ne s'agit pas de faire une organisation politique, mais que l'on prenne l'habitude d'avoir un projet en commun, un peu plus fort, un peu plus audible, un peu plus lisible, un peu plus compréhensible.
Q.- Jusqu'aux radicaux de gauche, vous maintenez pour vous de dialoguer avec vos cousins des radicaux...
R.- Ah oui, totalement. Nous sommes convenus de nous revoir après les municipales. Donc on poursuit notre...
Q.- Ils sont sévères avec Sarkozy en ce moment ?
R.- Oui, pas tous. Mais enfin, il y a une partie de la famille radicale de gauche qui peut être réunie.
Q.- Vous ne citez pas le MoDem. Que pouvez-vous faire, vous qui avez été un proche de F. Bayrou, qui avez été à l'UDF, avec le MoDem, quel dialogue ?
R.- Manifestement, le MoDem s'explique en ce moment. Enfin, si j'ai bien compris, il y a des voix discordantes sur la stratégie, que ce soit à Paris ou ailleurs. Je pense qu'il y a une partie des gens du MoDem, des élus du MoDem ou des militants du MoDem avec lesquels on peut faire un bout de chemin, bien entendu.
Q.- Vous appelez, comme le Nouveau Centre, les déçus du MoDem à revenir dans la grande maison de UMP ?
R.- Ou dans la grande maison UMP, pas forcément, mais en tous le cas que le MoDem ait une véritable ligne politique, ligne stratégique, un contenu politique, qu'il ne soit pas qu'une opposition au président de la République, mais qui ait un corpus idéologique, une véritable proposition au pays ou des atténuations ou des modifications éventuelles de la politique gouvernementale.
Q.- Quand même, quand vous voyez l'UMP faire battre Bayrou à Pau, en aidant une maire socialiste à être élue, ce n'est pas la politique comme aimez la pratiquer ?
R.- Je ne sais pas si c'est pour "faire battre"... Tout le monde peut être candidat. F. Bayrou était légitime d'être candidat à Pau, il l'a déjà été. Je ne sais pas si c'est en 1989 ou un peu plus tôt. Il est un peu normal que le maire sortant soit candidat, ça n'a rien de bien extravagant...
Q.- Mais enfin, l'UMP n'était pas obligé de soutenir Urieta qui était socialiste. Enfin il y a eu de la manoeuvre quand même ?
R.- Oui, enfin, F. Bayrou a soutenu des gens au niveau des municipalités de gauche, des municipalités de droite. On voit bien que ces frontières aujourd'hui sont un peu atténuées, très franchement. Et au plan local, il y a des alliances qui en d'autres temps auraient été considérées comme nature et qui ne le sont plus aujourd'hui.
Q.- "Remaniement technique" annoncé pour aujourd'hui au Gouvernement. Est-ce qu'on ne rate pas l'occasion d'un vrai remaniement politique pour relancer l'action ?
R.- Ça, c'est une appréciation qui relève vraiment du président de la République, là, on est vraiment dans ses fonctions, dans le rythme de son quinquennat. Je crois qu'un Président doit rythmer un quinquennat, avec des périodes de réformes, des réformes où on récolte un peu plus, des périodes où on est sur des sujets de société, d'autres sur des réformes structurelles. Il a un quinquennat à conduire, à lui d'apprécier le moment où il fait ces inflexions politiques. Il ne s'agit pas d'un casting...
Q.- Pour vous, ce n'est pas le moment d'une grande relance ?
R.- Non, et je pense en plus qu'il faut de la stabilité gouvernementale. Très sincèrement, je l'ai écrit dans un ouvrage, il y a un an. Je veux dire, le zapping permanent des responsables publics en France n'est pas une bonne chose. Être responsable public ce n'est pas prendre des décisions et les imposer, c'est mobiliser autour de vous les autres forces du pays. Et pour cela, il faut de la durée, et pour qu'il y ait de la durée...Enfin, il faut de la confiance, et pour qu'il y ait de la confiance, il faut qu'il y ait de la durée, que l'on sache que vous êtes l'interlocuteur pendant un certain temps.
Q.- Alors, il devrait y avoir un secrétariat d'Etat ou un Haut commissaire au Grand Paris. Cela inquiète-t-il le ministre de l'Aménagement durable que vous êtes, parce qu'on va faire des tours, des autoroutes dans ce Grand Paris ?
R.- Non, non, au contraire, au contraire. Le Grand Paris, enfin, une partie de l'Ile-de-France est indiscutablement l'endroit de France où on concentre le plus de difficultés à tous égards. Difficultés pour se loger...
Q.- Transporter...
R.-...Transporter. Le problème des transports en Ile-de-France est absolument majeur. Dans le cadre du Grenelle, on a décidé, en accord avec les partenaires, de faire un grand "métro ferrique", peu importe comment on l'appelle et quel que soit le statut, en discussion avec l'autorité régulatrice des transports et la région Ile-de-France. 70 % des déplacements en Ile-de-France, c'est de banlieue à banlieue. Or tout le système est aujourd'hui en étoile. Donc, il y a un vrai sujet du Grand Paris, je crois que personne ne le conteste. Alors, ce n'est pas forcément un problème institutionnel, mais par projet, logement, terrain, équipement, aménagement durable, transport, il faut le faire.
Q.- C. Allègre ne rentrera sans doute pas au Gouvernement. Vous êtes rassuré, compte tenu de ses positions sur le climat et l'écologie ?
R.- Alors, j'ignore absolument si C. Allègre rentrera au Gouvernement. Je l'ai rencontré C. Allègre, sur ces sujets-là. Je ne suis pas en accord avec ce qu'il dit concernant le réchauffement, mais il a mis à vrai dire beaucoup d'eau dans son vin. Et je rappelle qu'il a écrit en son temps des livres sur l'écologie qui étaient pertinents. Mais pour le reste, c'est au Président d'apprécier pas à moi.
Q.- A quand votre grande loi issue du Grenelle de l'environnement, quand sera-t-elle votée ?
R.- Avant l'été, entre le printemps et l'été. On va commencer à travailler d'ici une dizaine de jours avec les commissions spécialisées du Parlement, c'est le moment du Parlement, pour que le texte soit voté pour l'été.
Q.- Vous allez créer des contraintes pour l'économie française ?
R.- "Des contraintes", je ne sais pas. Mais en tous les cas, l'écologie c'est le moteur de la croissance. Les grands sujets écologiques, c'est-à-dire les économies d'énergie, l'eau, les déchets, l'efficacité énergétique, le chantier thermique des bâtiments, ce sont des moteurs de croissance. Et ce qui est très, très étonnant c'est que, dans un monde qui est extrêmement inquiet sur son modèle économique, pas seulement sur son modèle bancaire et financier, mais économique, qui est fondé sur l'énergie fossile en réalité, on voit bien que les technologies françaises sur les grands sujets au monde sont les meilleurs au monde. Donc, l'écologie, l'industrie écologique, l'économie écologique, "l'écolonomie" si vous voulez, c'est le principal moteur de croissance des 20 années qui viennent.
Q.- J.-L. Borloo, chef de file de l'UMP à Paris, on l'avait évoqué pour 2008, ça ne s'est pas fait. Cela peut-il se faire pour l'avenir, tout est à reconstruire à droite, à Paris ?
R.- C'est vous qui l'avez évoqué, pas moi. J'étais heureux à Valenciennes, et je suis heureux d'ailleurs que D. Riquet ait été réélue dans cette ville, qui est "ma" ville, ma ville. Non, ce n'était pas le sujet de 2008, ce n'est pas plus le sujet aujourd'hui.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 mars 2008